Etienne Posté 11 octobre 2005 Signaler Posté 11 octobre 2005 Même si ce n'en est pas un, updates from Stockholm et Les Echos. Le prix Nobel d'économie récompense des travaux sur la théorie des jeux [ 10/10/05 - 13H47 ]L'Américain Thomas Schelling et l'Israelo-américain Robert Aumann se voient récompensés pour leurs recherches sur la compréhension des conflits et de la coopération dans le commerce et les affaires L'Américain Thomas Schelling, 84 ans, et l'Israelo-américain Robert Aumann, 75 ans, viennent de recevoir conjointement le prix Nobel d'économie pour leurs travaux réalisés dans les années soixante et soixante-dix sur la théorie des jeux. Ils ont en particulier permis une meilleure compréhension des conflits et de la coopération entre les individus, les États et les organisations. Thomas Schelling, âgé de 84 ans et qui a pris sa retraite en juin, a publié Théorie des conflits en 1960, ouvrage dans lequel il explique des questions vitales comme la sécurité globale ou la course aux armements par la théorie des jeux. Celle-ci, dont les fondements remontent aux années quarante, cherche à expliquer les choix rationnels des individus en situation d'interdépendance. C'est la deuxième fois que la théorie des jeux reçoit les honneurs d'un prix Nobel d'économie, après la récompense attribuée conjointement à John Nash, John Harsanyi et Reinhard Selten en 1994. Robert Aumann, 75 ans, a travaillé sur les idées de Schelling. Il a utilisé l'analyse mathématique pour souligner les différentes alternatives dont disposait un pays contre un ennemi pendant les périodes de conflits. «Leur travail a transformé les sciences sociales bien au-delà des frontières de l'économie», a déclaré le jury du Nobel. «Ils ont aidé à expliquer les conflits économiques tels que la guerre des prix et les guerres commerciales, ainsi que les raisons pour lesquelles certaines communautés ont plus de succès que d'autres dans la gestion de ressources humaines.» L'an dernier, l'Académie suédoise avait récompensé Finn E. Kydland (Norvège) et à Edward C. Prescott (États-Unis) pour leur contribution à la théorie de la macroéconomie dynamique. Ils avaient souligné l'importance des anticipations des ménages, des entreprises et des marchés pour les politiques économiques. L'analyse de l'Académie Nobel sur les lauréats (pdf) Also : http://permanent.nouvelobs.com/culture/20051010.OBS1655.html. Des commentaires - notamment les étudiants ou anciens étudiants en éco. ?
Le Clown Posté 11 octobre 2005 Signaler Posté 11 octobre 2005 Même si je ne suis pas un grand fan de théorie des jeux, je dois avouer que je suis plutôt satisfait de l'attribution du nobel à Schelling pour plusieurs raisons : il a été un précurseur sur pas mal de thèmes avant même qu'ils ne soient réellement formalisés par la TJ ; ses analyses sont rigoureuses mais justement pas formalisées (enfin pas trop) ; certains de ses travaux étaient vraiment pertinents (par exemple celui sur la discrimination spatiale spontannée). Et puis l'ensemble de ces travaux portent sur un thème essentiel de l'analyse éco : la coordination entre les agents économiques. Je connais moins bien Aumann. J'ai le souvenir d'avoir lu un de ses articles y'a deux ou trois ans et il m'avait donnée une sacrée migraine !
antietat Posté 11 octobre 2005 Signaler Posté 11 octobre 2005 Même si ce n'en est pas un, updates from Stockholm et Les Echos.Also : http://permanent.nouvelobs.com/culture/20051010.OBS1655.html. Des commentaires - notamment les étudiants ou anciens étudiants en éco. ? <{POST_SNAPBACK}> Thomas Schelling, âgé de 84 ans et qui a pris sa retraite en juin Je ne comprends pas ces gens qui partent en retraite si jeune. Après tout Levy Strauss à 96 ans est toujours en activité au collége de France. Alors…?
Le Clown Posté 11 octobre 2005 Signaler Posté 11 octobre 2005 Je ne comprends pas ces gens qui partent en retraite si jeune. Après tout Levy Strauss à 96 ans est toujours en activité au collége de France. Alors…? <{POST_SNAPBACK}> Ah ! universitaire, le seul métier au monde où les gens ne veulent pas partir à la retraite quand ils le peuvent !!
h16 Posté 11 octobre 2005 Signaler Posté 11 octobre 2005 Ah ! universitaire, le seul métier au monde où les gens ne veulent pas partir à la retraite quand ils le peuvent !! [si universitaire est un métier] y'a aussi politique ou syndicaliste…
h16 Posté 11 octobre 2005 Signaler Posté 11 octobre 2005 Même si ce n'en est pas un, updates from Stockholm et Les Echos.Also : http://permanent.nouvelobs.com/culture/20051010.OBS1655.html. Des commentaires - notamment les étudiants ou anciens étudiants en éco. ? Compte tenu de l'impact de la théorie des jeux (en tant que cadre) dans un nombre impressionnant de sciences (evopsy, informatique, mathématique, économie), l'attribution du Nobel à ses inventeurs est à mon avis justifiée.
antietat Posté 11 octobre 2005 Signaler Posté 11 octobre 2005 Ah ! universitaire, le seul métier au monde où les gens ne veulent pas partir à la retraite quand ils le peuvent !! <{POST_SNAPBACK}> Tu as tort de prendre cela à la légère, si cette veulerie se répand d'ici quelques années tout le monde partira à 75 ans !
Le Clown Posté 12 octobre 2005 Signaler Posté 12 octobre 2005 Tu as tort de prendre cela à la légère, si cette veulerie se répand d'ici quelques années tout le monde partira à 75 ans ! <{POST_SNAPBACK}> Je ne prend pas ça à la légère, au contraire, vu que dans l'idéal j'aimerais bien être enseignant-chercheur à la fac d'ici 5 ans. Les vieux qui font de la résistance, ça m'arrange pas du tout parce que pendant ce temps là il y a plein de jeunes doctorants de 25-30 ans qui restent sur le pas de la porte. Mais de toute façon, faut pas rêver. Comme c'est parti, tout ceux de ma génération partiront à la retraite à 70 ans!
Serge Posté 12 octobre 2005 Signaler Posté 12 octobre 2005 Je ne prend pas ça à la légère, au contraire, vu que dans l'idéal j'aimerais bien être enseignant-chercheur à la fac d'ici 5 ans. Les vieux qui font de la résistance, ça m'arrange pas du tout parce que pendant ce temps là il y a plein de jeunes doctorants de 25-30 ans qui restent sur le pas de la porte.Mais de toute façon, faut pas rêver. Comme c'est parti, tout ceux de ma génération partiront à la retraite à 70 ans! <{POST_SNAPBACK}> Oui, il y a un décalage de dix-vingt ans avec les autres professions, mais n'est-ce pas normal pour des individus qui doivent (devraient ) faire valoir une grande sagesse dans l'exercice de leur métier ?.
Le Clown Posté 12 octobre 2005 Signaler Posté 12 octobre 2005 Oui, il y a un décalage de dix-vingt ans avec les autres professions, mais n'est-ce pas normal pour des individus qui doivent (devraient ) faire valoir une grande sagesse dans l'exercice de leur métier ?. <{POST_SNAPBACK}> Sagesse… c'est vite dit! J'ai pu prendre la mesure depuis un an (parfois à mes dépends!) que le milieu socio professionel universitaire est fait de tout sauf de sagesse : hypocrisie, roublardise, ambition mal placée etc. En clair, une ambiance souvent bien pesante et des querelles de cloché incessantes. C'est ça la recherche… à des années lumières de l'image du scientifique mature et au dessus des petites choses de la vie !
h16 Posté 12 octobre 2005 Signaler Posté 12 octobre 2005 Sagesse… c'est vite dit! J'ai pu prendre la mesure depuis un an (parfois à mes dépends!) que le milieu socio professionel universitaire est fait de tout sauf de sagesse : hypocrisie, roublardise, ambition mal placée etc. En clair, une ambiance souvent bien pesante et des querelles de cloché incessantes. C'est ça la recherche… à des années lumières de l'image du scientifique mature et au dessus des petites choses de la vie ! C'est surtout vrai en France avec le mandarinat et la fonctionnarisation des chercheurs… et le CNRS que tout le monde envie.
Serge Posté 12 octobre 2005 Signaler Posté 12 octobre 2005 Sagesse… c'est vite dit! J'ai pu prendre la mesure depuis un an (parfois à mes dépends!) que le milieu socio professionel universitaire est fait de tout sauf de sagesse : hypocrisie, roublardise, ambition mal placée etc. En clair, une ambiance souvent bien pesante et des querelles de cloché incessantes. C'est ça la recherche… à des années lumières de l'image du scientifique mature et au dessus des petites choses de la vie ! <{POST_SNAPBACK}> Oui, bon… j'idéalisais un peu le personnage.
antietat Posté 12 octobre 2005 Signaler Posté 12 octobre 2005 Mais de toute façon, faut pas rêver. Comme c'est parti, tout ceux de ma génération partiront à la retraite à 70 ans! <{POST_SNAPBACK}> Oui, je sais, c'est un peu tôt mais ne t'inquiétes pas, avec la privatisation tu pourras partir à 75 ans comme tu le souhaites.
Le Clown Posté 15 octobre 2005 Signaler Posté 15 octobre 2005 Un article des Echos sur les lauréats : http://www.lesechos.fr/journal20051014/lec…ees/4329371.htm
Coldstar Posté 15 octobre 2005 Signaler Posté 15 octobre 2005 Je connais moins Schelling et Aumann que Kydland et Prescott. Sinon: Compte tenu de l'impact de la théorie des jeux (en tant que cadre) dans un nombre impressionnant de sciences (evopsy, informatique, mathématique, économie), l'attribution du Nobel à ses inventeurs est à mon avis justifiée. Ce ne sont pas les inventeurs de la théorie des jeux:
Sekonda Posté 25 octobre 2005 Signaler Posté 25 octobre 2005 Jacques Garello s'attaque à la théorie des jeux dans les échos (surtout à la répétitibilité des jeux) : Le Nobel à la théorie des jeux : cherchez l'erreurJACQUES GARELLO Le prix Nobel d'économie attribué cette année à Robert Aumann et à Thomas Schelling a également valeur de consécration de la théorie des jeux comme instrument d'analyse de la science économique. Après John Nash, autre lauréat, nos deux économistes ont acquis une grande notoriété dans leur spécialité. Si je connais mal les écrits de Schelling, en revanche j'ai suivi le travail d'Aumann depuis environ vingt-cinq ans (même si je n'avais pas toujours les compétences suffisantes pour en comprendre toutes les subtilités). Je peux donc, avec prudence, vous inviter à une réflexion sur la philosophie de la théorie des jeux, en restant à un niveau de généralité tel que point ne sera besoin pour vous de maîtriser le langage technique de la science économique contemporaine - vous allez le voir. Ces théoriciens s'intéressent aux problèmes de la décision dans l'incertitude. Il est vrai que l'incertitude est inhérente à l'activité économique. Le résultat d'une décision, qu'il s'agisse du choix d'un consommateur ou de la stratégie d'une entreprise, dépend nécessairement d'un grand nombre d'événements que ne maîtrise pas le décideur. Voilà pourquoi depuis Maurice Allais, Johann von Neumann et Oskar Morgenstern, on a placé les problèmes de décision dans un univers probabiliste : faute de savoir ce qui va se passer, on pose des hypothèses sur ce qui pourrait se passer, et on leur attribue des probabilités - connues elles-mêmes avec approximation. La méthode remonte d'ailleurs à des mathématiciens du XVIIe siècle comme Thomas Bayes ou Jacques de Bernouilli. On a ainsi l'impression de pouvoir réduire, sinon éliminer, l'incertitude. On peut au moins la gérer. Cette impression semble à d'autres économistes tout à fait trompeuse. L'école autrichienne, à laquelle j'appartiens, conclut en effet à « l'incertitude radicale », celle que rien ne pourrait vaincre. Après Friedrich A. Hayek et sa théorie de la connaissance, c'est George Shackle qui a insisté sur ce thème : on ne peut probabiliser que des hypothèses existantes, or au moment même où il fait son choix, le décideur ne peut connaître toutes les hypothèses possibles, car beaucoup n'apparaîtront qu'après que la décision aura été prise. Comment connaître l'évolution du marché de la grande distribution quand on estime que plus de la moitié des produits que nous consommerons dans dix ans ne sont pas encore découverts, ni même imaginables aujourd'hui ? Ces théoriciens s'intéressent à des situations dans lesquelles il y a des intérêts a priori contradictoires, situations qui conduiront soit à une coopération, soit à une « guerre ». Ainsi Schelling a-t-il écrit « La Stratégie du conflit », traitant de la course aux armements, tandis qu'Aumann (qui enseigne à Jérusalem) pronostique le futur des relations entre Israéliens et Palestiniens. Pour ce faire, ils doivent imaginer des scénarios et les assimiler à « une infinité de jeux répétés ». L'inconvénient c'est d'abord qu'en économie les jeux se répètent rarement. On peut même soutenir, avec Hayek et Ludwig von Mises, qu'ils ne se répètent jamais. Il y a à cela une bonne raison : les hommes agissent sans cesse et par leurs actions modifient les données du jeu. Ce n'est qu'après que la décision a été prise que l'on peut mesurer son impact, et cela fournit une nouvelle information pour la prochaine décision à prendre : il n'y a donc jamais deux situations historiques semblables, puisque le seul fait qu'il y en ait eu une première fera que la seconde ne sera plus la même. D'autre part, en économie, la coopération et l'échange sont les principes fondateurs, parce que depuis Adam Smith on sait que ce sont les conditions du succès. Hayek explique cela par la diffusion du savoir. Or la théorie des jeux implique qu'une partie de l'infor- mation est masquée, et que la solution dépendra de la façon dont l'autre saura que l'on sait ou que l'on ne sait pas. Voici donc les relations entre les hommes régies non plus par le contrat et le tâtonnement, mais par la spéculation concernant le comportement de l'autre joueur. Dans une logique du libre-échange tous les « joueurs » gagnent simultanément. Mais il est vrai que ce gain est subjectif, ce que la théorie des jeux évacue forcément puisque le jeu est impersonnel. Pourquoi vous dire tout cela ? Simplement pour évoquer par contraste la solution de Hayek et des Autrichiens : pour que l'harmonie sociale existe, il faut que des institutions soient en place et diminuent les chances de se tromper sur la façon dont les gens vont se comporter : vont-ils respecter la parole donnée, exécuter leurs obligations, ne pas tricher ni voler ? L'économie n'est pas un jeu, mais exige une règle du jeu. C'est cette dimension institutionnelle de la vie économique qui échappe à la théorie des jeux. C'est aussi sa dimension humaine, car les règles du jeu n'existent que comme le résultat de la longue expérience sociale, qui nous amène peu à peu vers ce qui est conforme à la nature de l'être humain, à sa personnalité et à sa dignité. JACQUES GARELLO est professeur émérite à l'université Paul-Cézanne.
h16 Posté 25 octobre 2005 Signaler Posté 25 octobre 2005 Je connais moins Schelling et Aumann que Kydland et Prescott.Sinon: Ce ne sont pas les inventeurs de la théorie des jeux: Abus de langage effectivement. Ce ne sont pas les inventeurs, stricto sensu. Il me semble pourtant que ce sont eux qui ont utilisé le dilemme du prisonnier les premiers en éco. Von Neumann a de toute façon pondu tellement de choses qu'il eut été étonnant qu'il ne soit pas mêlé de près ou de loin à ça
Le Clown Posté 25 octobre 2005 Signaler Posté 25 octobre 2005 Jacques Garello s'attaque à la théorie des jeux dans les échos (surtout à la répétitibilité des jeux) : <{POST_SNAPBACK}> Cet article de Garello est intéressant mais finalement il enfonce pas mal de portes ouvertes. En France, ça fait par exemple près de vingt ans que le courant de l'économie des conventions se pose la question de la coordination entre les agents économiques à partir d'un dépassement de la théorie des jeux. Voir par exemple cet ouvrage qui contraste bien les deux approches ("stratégiques" versus "interprétatives") de la coordination économique : L'élément intéressant dans l'article de Garello est qu'il confirme bien le tournant (néo)institutionnaliste de l'école autrichienne : ce n'est pas tant l'activité économique que les règles qui encadrent cette activité qu'il importe d'étudier, ce qui était sous jacent chez Hayek mais pas, à mon sens, chez Mises.
Punu Posté 26 octobre 2005 Signaler Posté 26 octobre 2005 En fait, la théorie des jeux est une théorie qui vise à prévoir les choix en probabilisant uniquement les conséquences potentielles (connues ou non) de ces mêmes choix ?
Le Clown Posté 26 octobre 2005 Signaler Posté 26 octobre 2005 En fait, la théorie des jeux est une théorie qui vise à prévoir les choix en probabilisant uniquement les conséquences potentielles (connues ou non) de ces mêmes choix ? <{POST_SNAPBACK}> J'ajouterai "qui vise à prévoir les choix en probabilisant uniquement les conséquences potentielles (connues ou non) de ces mêmes choix en fonction des choix potentiels des autres joueurs". Le problème de la théorie des jeux, c'est que la plupart du temps elle débouche sur une situation de "spécularité infinie" (expression de J-P Dupuy : j'anticipe le choix de l'autre, sachant qu'il anticipe mon choix, et que j'anticipe qu'il anticipe mon choix and so on…) de telle sorte que la solution du jeux est indécidable : il n'y a aucun équilibre, ou plutôt il y a plusieurs équilibres possibles. En clair, dès que la situation analysée devient complexe, la théorie des jeux n'est pas d'un grand secours, elle permet juste de se rendre compte que la situation est complexe (ce qui est déjà pas mal!). Du coup, pour résoudre le jeu, on fait intervenir des contraintes externes au jeu lui-même (exemple : une convention) mais les contraintes ne sont elles-mêmes pas expliquées. En fait, la théorie des jeux est intéressante pour classifier les configurations basiques et typiques (exemple : "dilemme du prisonnier", "chasse au cerf, règle d'or") et les formaliser. Mais après, elle est limitée (cela dit, on peut ensuite recourir aux jeux répétés ou évolutionnaires). C'est un point de départ, pas une fin en soi.
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