pierreyves Posté 20 octobre 2005 Signaler Posté 20 octobre 2005 Je cherche à qualifier la philosophie de Heidegger du point de vue libéral. J'ai bien quelques idées, mais il ne me semblait pas inutile par exemple d'aller faire un tour sur Mises.org … mais bien que Heidegger soit cité dans plusieurs texte, aucun ne qualifie clairement sa pensée. Martin Heidegger a écrit en particuliers dans "De l'essence de la vérité" : "L'essence de la vérité est la liberté"
melodius Posté 20 octobre 2005 Signaler Posté 20 octobre 2005 Qualifier la pensée d'Heidegger d'un point de vue libéral ? "Nazie" par exemple ?
pierreyves Posté 20 octobre 2005 Auteur Signaler Posté 20 octobre 2005 Qualifier la pensée d'Heidegger d'un point de vue libéral ?"Nazie" par exemple ? <{POST_SNAPBACK}> C'est une bonne réponse - pragmatique - pour sa pensée politique, et pratique (qui n'est peut-être qu'anecdotique). Je pensais plus à sa philosophie fondamentale : si toute sa pensée (qui le mène au nazisme) est "faussée", il faut que ses fondements soient faux. Or je ne trouve pas de réflexion libérale sur les fondements de la pensée de Heidegger. http://membres.lycos.fr/patderam/verite.htm (paragraphe Vérité et Liberté). Bref, comment qualifier (ou disqualifier) les fondements de la philosophie de Heidegger ?
Taisei Yokusankai Posté 20 octobre 2005 Signaler Posté 20 octobre 2005 Si l'on oublie le côté nazillon du bonhomme et d'au moins une partie de son oeuvre, on remarquera que les gens qui sont ses enfants spirituels en philo furent Sartre et les post-modernes. Que du bon!
Dilbert Posté 20 octobre 2005 Signaler Posté 20 octobre 2005 Je cherche à qualifier la philosophie de Heidegger du point de vue libéral. Heidegger n'est pas un philosophe : http://sylvainreboul.free.fr/Heidegger.html
Etienne Posté 20 octobre 2005 Signaler Posté 20 octobre 2005 Martin Heidegger a écrit en particuliers dans "De l'essence de la vérité" : "L'essence de la vérité est la liberté" <{POST_SNAPBACK}> Tout comme Hegel et Marx parlent de la liberté dans leurs écrits. Les concepts de liberté, vérité, esprit, justice, équité, etc. traversent la pensée de la quasi-intégralité de la pensée des philosophes. Tout dépend de la manière dont on comprend ces idées. De plus, sur la question en particulier : C'est là une position antagonique à celle de Kant pour qui la vérité se dégage d'une structuration du réel par l'entendement du sujet. Ce dernier, devenu autonome ne peut certes connaître le monde que par l'entremise des phénomènes, mais son autonomie lui permet de structurer l'ensemble des phénomènes pour en dégager le sens et forger ainsi les concepts qui lui permettent de connaître et d'agir sur le réel. Rien de tel ici, du moins pour le moment, c'est au contraire le réel qui surgit, tel quel, dans la conscience du sujet. Sous peine de voiler l'être des étants, le sujet ne peut se permettre d'interposer entre lui et le monde la moindre "grille d'analyse", il ne peut pour ainsi dire porter de jugement. Puisque j'ai tendance à partager la position de Kant, qui a l'avantage de penser le sujet comme actif, et ne pas personnaliser le "réel", celle de Heidegger m'apparait fort obscure. Sinon, comme melodius.
pierreyves Posté 20 octobre 2005 Auteur Signaler Posté 20 octobre 2005 Heidegger n'est pas un philosophe :http://sylvainreboul.free.fr/Heidegger.html <{POST_SNAPBACK}> Du texte de Sylvain - que je connaissais - je retiens : "Ceci dit certains propos de Heidegger, sur la technique, la poésie et le temps, peuvent susciter la réflexion et il serait peu philosophique de la refuser au nom du fait que cette prétendue philosophie n'est pas rationnelle" Pour Heidegger, sa façon de philosopher, de penser, s'applique en particuliers aux arts, dont le premier est la poésie. Pour poursuivre le débat, je dirais qu'à la lecture des critiques de Heidegger sur Descartes, il semble qu'Heidegger revendique une compréhension du monde qui ne soit pas Cartésienne, mais davantage encreé dans la perception, "instantanée". Dans le doute ultime, l'évidence de Heidegger n'est pas le cogito (intériorisé), mais son équivalent dans la perception : le "je suis là, dans le monde". Il semble donc bien que la philosophie de Heidegger ne soit pas "rationnelle" au sens commun, cartésien, mais soit tout de même intelligente dans le sens où elle comprend le monde. Si elle permet de comprendre le monde, elle permet de prendre des décisions d'action dans le monde et par là est aussi pratique … bien que sa pratique semble mener tout droit au nazisme. il reste que pour qualifier exactement ces actions il serait utile de pouvoir critiquer cette pensée … et apparement aucun libéral ne s'y essaie. On peut aussi se demander si cette façon de comprendre le monde n'est pas celle partagée par les dictateurs ? A ma connaissance, Hitler n'a pas dit "j'ai perdu" mais plutôt "j'ai échoué", ce qui implique qu'il pensait penser juste, être dans une tentative de construction du monde.
pierreyves Posté 20 octobre 2005 Auteur Signaler Posté 20 octobre 2005 De plus, sur la question en particulier : ""C'est là une position antagonique à celle de Kant pour qui la vérité se dégage d'une structuration du réel par l'entendement du sujet. Ce dernier, devenu autonome ne peut certes connaître le monde que par l'entremise des phénomènes, mais son autonomie lui permet de structurer l'ensemble des phénomènes pour en dégager le sens et forger ainsi les concepts qui lui permettent de connaître et d'agir sur le réel. Rien de tel ici, du moins pour le moment, c'est au contraire le réel qui surgit, tel quel, dans la conscience du sujet. Sous peine de voiler l'être des étants, le sujet ne peut se permettre d'interposer entre lui et le monde la moindre "grille d'analyse", il ne peut pour ainsi dire porter de jugement."" Puisque j'ai tendance à partager la position de Kant, qui a l'avantage de penser le sujet comme actif, et ne pas personnaliser le "réel", celle de Heidegger m'apparait fort obscure. Sinon, comme melodius. <{POST_SNAPBACK}> La pensée de Heidegger est naturellement obscure aux adeptes de Kant que nous sommes tous (au moins dans le sens que tu cites)… mais à la longue on parvient à le suivre. Le point délicat est de savoir s'il a tort sur le fond et pourquoi. Je ne crois pas que le sujet de Heidegger ne soit pas actif, mais il prend ses décisions d'action d'une façon que les autrichiens jugeraient irrationnelle. De fait, il applique un jugement (ce qui contredit la fin de la citation) sans grille d'analyse, suivant un mode de pensée "holiste" (Heidegger se réclame à la fois de son maître Husserl, cartésien à l'envie, et de Nietzsche, holiste incorrigible, "philosophe artiste" par excellence). J'ai parfois l'impression que ce mode de pensée est celui des hommes politiques verreux qui réfléchissent essentiellement en terme de pouvoir, Nietsche dirait qu'ils agissent suivant la volonté de puissance … mais peut-être aussi celui des entrepreneurs qui savent "flairer" l'opportunité de profit dans une action incertaine et non rationnelle (en l'absence d'information suffisante).
José Posté 21 octobre 2005 Signaler Posté 21 octobre 2005 La pensée de Heidegger est naturellement obscure aux adeptes de Kant que nous sommes tous… La pensée de Heidegger est obscure pour tous les honnêtes hommes. Mais dès qu'elle se fait plus claire, elle devient vomitive.
Dilbert Posté 21 octobre 2005 Signaler Posté 21 octobre 2005 La pensée de Heidegger est obscure pour tous les honnêtes hommes. Mais dès qu'elle se fait plus claire, elle devient vomitive. <{POST_SNAPBACK}> Mon avis est qu'Heidegger aurait dû se cantonner à sa spécialité, la métaphysique "pure", tendance théologie négative, qui est une très ancienne et très vénérable tendance de la philosophie allemande depuis Maître Eckhart (et qui rejoint les spéculations indiennes). Cependant il faudrait appeler cela poésie ésotérique plutôt que philosophie.
Chitah Posté 21 octobre 2005 Signaler Posté 21 octobre 2005 Dans les deux gros livres de Philippe Nemo (Histoire des idées), les descriptions des travaux de Heidegger m'ont bien montré une chose à peu près claire: ce qu'il a produit est incompréhensible, je me demande même si il n'est pas encore pire que Hegel sur ce plan-là.
Dilbert Posté 21 octobre 2005 Signaler Posté 21 octobre 2005 Dans les deux gros livres de Philippe Nemo (Histoire des idées), les descriptions des travaux de Heidegger m'ont bien montré une chose à peu près claire: ce qu'il a produit est incompréhensible, je me demande même si il n'est pas encore pire que Hegel sur ce plan-là. <{POST_SNAPBACK}> C'est aussi incompréhensible que certaines poésies (connaissez-vous Mallarmé ?), mais cela ne prouve pas que ce soit inutile… Sinon, pire que Hegel, ce n'est pas possible. J'ai toujours dans ma bibliothèque personnelle sa "Science de la Logique" qui n'est ni scientifique ni logique. Et lui, ce n'est pas de la théologie négative, c'est une plate philosophie abracadabrantesque, dont on ne pourrait trouver d'adeptes sincères que dans une maison de fous (Schopenhauer).
pierreyves Posté 21 octobre 2005 Auteur Signaler Posté 21 octobre 2005 C'est aussi incompréhensible que certaines poésies (connaissez-vous Mallarmé ?), mais cela ne prouve pas que ce soit inutile…Sinon, pire que Hegel, ce n'est pas possible. J'ai toujours dans ma bibliothèque personnelle sa "Science de la Logique" qui n'est ni scientifique ni logique. Et lui, ce n'est pas de la théologie négative, c'est une plate philosophie abracadabrantesque, dont on ne pourrait trouver d'adeptes sincères que dans une maison de fous (Schopenhauer). <{POST_SNAPBACK}> J'avais cité ci-dessus Nietsche, en temps que philosophe-artiste, je rejoins Dilbert : Hegel fait bien partie de la même famille que Heidegger, Nietszche et Héraclite. Cependant, à la différence des autres cités, Heidegger conserve une cohérence d'ensemble … je suis troublé par le fait que les seuls arguments exposés contre la façon de penser de Heidegger sont du type "il est fou", ou "il est incompréhensible", ou "il n'est pas scientifique" ou "il n'y a rien à en tirer" …etc. C'est un peu faible comme réfutation. D'autant plus faible qu'il répond lui-même - et contrairement aux autres de cette famille d'artistes - à ces objections en expliquant que sa pensée est opposée à celle des logiciens/cartésiens mais qu'elle décrit néanmoins le monde. Nous sommes dans une situation où il présente une alternative à la pensée cartésienne dont il dit expliquer les limites par ailleurs. Si lui peut critiquer la pensée cartésienne, il nous faut faire de même pour critiquer ou détruire sa pensée. On sait par exemple que la poésie n'a pas vraiment de place dans la réflexion économique. Cependant elle existe, elle a fait vivre nombre de personnes et est donc à prendre en compte dans une réflexion économique. Heidegger déclare que cette art est proche de sa philosophie : n'est-ce pas une raison pratique de tenter de comprendre ou réfuter ses thèses ?
Dilbert Posté 21 octobre 2005 Signaler Posté 21 octobre 2005 Heidegger déclare que cette art est proche de sa philosophie : n'est-ce pas une raison pratique de tenter de comprendre ou réfuter ses thèses ? <{POST_SNAPBACK}> C'est bien le problème de la métaphysique telle qu'il la conçoit : elle n'est pas réfutable, et pour ce qui est de la comprendre, ce n'est pas possible pour tout le monde.
Etienne Posté 21 octobre 2005 Signaler Posté 21 octobre 2005 Dans les deux gros livres de Philippe Nemo (Histoire des idées), les descriptions des travaux de Heidegger m'ont bien montré une chose à peu près claire: ce qu'il a produit est incompréhensible, je me demande même si il n'est pas encore pire que Hegel sur ce plan-là. <{POST_SNAPBACK}> Ca serait tout de même un exploit. Sinon, je n'ai pas de prétention à la réfutation dans la mesure où je connais assez mal son oeuvre, le peu que j'en connais est assez abscon et, pour finir, cela ne m'intéresse pas - alors je veux bien qu'on ne réfute, mais je ne m'y aventuerai pas.
pierreyves Posté 21 octobre 2005 Auteur Signaler Posté 21 octobre 2005 C'est bien le problème de la métaphysique telle qu'il la conçoit : elle n'est pas réfutable, et pour ce qui est de la comprendre, ce n'est pas possible pour tout le monde. <{POST_SNAPBACK}> Disons que si on considère que le monde physique est entièrement compréhensible par la science, la métaphysique par définition n'est pas réfutable par une méthode scientifique. Mais en fait il me semble qu'Heidegger va au-delà de cette opposition définitive physique-métaphysique au sens aristotélicien (ou éthymologique) : il n'est pas rare de le voir parler de relation entre l'Etre et l'Etant. Avouez que dans ce contexte, le fait qu'il indique que la poésie - qui n'a rien de metaphysique ? - est proche de sa philosophie est troublant.
Ronnie Hayek Posté 21 octobre 2005 Signaler Posté 21 octobre 2005 Ca serait tout de même un exploit.Sinon, je n'ai pas de prétention à la réfutation dans la mesure où je connais assez mal son oeuvre, le peu que j'en connais est assez abscon et, pour finir, cela ne m'intéresse pas - alors je veux bien qu'on ne réfute, mais je ne m'y aventuerai pas. <{POST_SNAPBACK}> J'ai pas mal lu Heidegger, et sa philosophie cadre à 200% avec son idéologie totalitaire: pour le "Penseur" de la Forêt-Noire, l'individu n'est rien; la raison n'est qu'une illusion langagière; le langage (traduisez: la langue grecque et la langue allemande…) ne sert pas à communiquer, mais à obéir aux injonctions de l'Histoire de l'Etre; la vérité n'a rien à voir avec l'adéquation pensée-objet, etc. De la bouillie intellectuelle, propre à séduire les snobs et les intellos faussement profonds.
Ronnie Hayek Posté 21 octobre 2005 Signaler Posté 21 octobre 2005 Cependant, à la différence des autres cités, Heidegger conserve une cohérence d'ensemble … je suis troublé par le fait que les seuls arguments exposés contre la façon de penser de Heidegger sont du type "il est fou", ou "il est incompréhensible", ou "il n'est pas scientifique" ou "il n'y a rien à en tirer" …etc. C'est un peu faible comme réfutation. D'autant plus faible qu'il répond lui-même - et contrairement aux autres de cette famille d'artistes - à ces objections en expliquant que sa pensée est opposée à celle des logiciens/cartésiens mais qu'elle décrit néanmoins le monde.Nous sommes dans une situation où il présente une alternative à la pensée cartésienne dont il dit expliquer les limites par ailleurs. Si lui peut critiquer la pensée cartésienne, il nous faut faire de même pour critiquer ou détruire sa pensée. <{POST_SNAPBACK}> Comme Hegel, Marx ou Nietzsche, il ne croit pas en la faculté rationnelle de l'individu (NB: Hegel estimait que l'Histoire était la Raison, ce qui est de l'historicisme, pas du rationalisme) pas plus qu'en l'existence de la vérité. Antirationalisme et relativisme concordent avec l'antilibéralisme de Heidegger, d'autant plus gravement qu'il a clairement et explicitement soutenu le régime national-socialiste jusqu'en 1945 (et sans exprimer le moindre regret, y compris après la guerre). Pour quiconque sait que la vérité existe et que la raison et l'éthique constituent un socle pour l'action des individus, la "pensée" de Heidegger n'est qu'une baudruche gonflée à l'hélium des illusions et mensonges propres aux intellectuels officiels.
pierreyves Posté 22 octobre 2005 Auteur Signaler Posté 22 octobre 2005 Comme Hegel, Marx ou Nietzsche, il ne croit pas en la faculté rationnelle de l'individu <{POST_SNAPBACK}> Je ne crois pas qu'on puisse dire qu'il refuse la faculté rationnelle de l'homme : il reconnaît l'existence d'un "programme" qui consiste à décrire le monde de façon rationnelle, suivant ce qu'il appelle l'Etant. Pour le reste il est assez juste qu'il n'utilise pas cette faculté dans sa philosophie (sinon pour répéter à l'envie qu'il existe autre chose : l'Etre). Il critique en fait une attitude qui consiste à réfléchir à la façon des Lumières pour toutes action et toute relation avec le monde. Sa façon a lui de réfléchir serait différente (non rationnelle au sens de Descartes, mais cependant une intelligence, une compréhension du monde)… et là où cela pourrait être intéressant pour les libéraux c'est qu'il dit ne pas être seul à penser de cette façon : il se sent proche des poètes (qui ne brillent pas par leur rationnalisme évidemment). D'après l'histoire de Heidegger, on pourrait aussi soupçonner que les dictateurs utilisent cette même façon de comprendre le monde …
Ronnie Hayek Posté 22 octobre 2005 Signaler Posté 22 octobre 2005 Je ne crois pas qu'on puisse dire qu'il refuse la faculté rationnelle de l'homme : il reconnaît l'existence d'un "programme" qui consiste à décrire le monde de façon rationnelle, suivant ce qu'il appelle l'Etant. Pour le reste il est assez juste qu'il n'utilise pas cette faculté dans sa philosophie (sinon pour répéter à l'envie qu'il existe autre chose : l'Etre).Il critique en fait une attitude qui consiste à réfléchir à la façon des Lumières pour toutes action et toute relation avec le monde. Sa façon a lui de réfléchir serait différente (non rationnelle au sens de Descartes, mais cependant une intelligence, une compréhension du monde)… et là où cela pourrait être intéressant pour les libéraux c'est qu'il dit ne pas être seul à penser de cette façon : il se sent proche des poètes (qui ne brillent pas par leur rationnalisme évidemment). D'après l'histoire de Heidegger, on pourrait aussi soupçonner que les dictateurs utilisent cette même façon de comprendre le monde … <{POST_SNAPBACK}> S'il est bien un philosophe antirationaliste au XXe siècle, c'est Heidegger - devenu ensuite, comme par hasard, l'idole des postmodernistes en tous genres. C'est pourquoi il a puisé son inspiration aussi bien chez Nietzsche que chez le poète fou Hölderlin. Du reste, contrairement à ce que soutiennent ses exégètes, il n'y a pas de vrai "tournant" (la Kehre) dans sa "pensée": que ce soit en 1933 ou en 1960, il détestait avec la même vigueur les Lumières, le rationalisme (et donc l'idée qu'il existe une logique), l'individualisme, le libéralisme, etc. Simplement, il a délibérément rendu encore plus hermétique son discours, afin de le rendre plus séduisant auprès de gens qui n'étaient pas des sympathisants ou des nostalgiques du nazisme. Il a donc seulement réalisé une opération cosmétique, mais le fond de son propos est resté identique: refus de la pensée logique et tentative de destruction de tout ce qui fonde l'idée de civilisation humaniste.
Dilbert Posté 22 octobre 2005 Signaler Posté 22 octobre 2005 Ce qui est mortel avec ce genre de philosophes, c'est le mélange des genres. La métaphysique est un domaine très particulier qui ne devrait pas empiéter sur les autres (politique, économie, sciences)… Descartes, le soi-disant rationnel avec sa métaphysique dogmatique, a essayé d'empiéter sur la science, avec l'insuccès que l'on sait (relire Revel à ce sujet, qui déboulonne Descartes le "cartésien", qui croit encore que la Nature a horreur du vide). Les métaphysiciens, après Descartes, ont renoncé à investir le domaine scientifique, mais hélas il est resté encore pas mal de domaines où ils ont pu se défouler. Tous les écrits métaphysiques devraient être considérés soit comme de la poésie, soit comme de la religion, soit comme quelque chose entre les deux, qui peut être accessible à celui qui a l'intuition correspondante (mais pour ce dernier l'écrit "métaphysique" n'est qu'une confirmation de son intuition, et n'est donc pas forcément utile).
pierreyves Posté 22 octobre 2005 Auteur Signaler Posté 22 octobre 2005 S'il est bien un philosophe antirationaliste au XXe siècle, c'est Heidegger - devenu ensuite, comme par hasard, l'idole des postmodernistes en tous genres. C'est pourquoi il a puisé son inspiration aussi bien chez Nietzsche que chez le poète fou Hölderlin. Du reste, contrairement à ce que soutiennent ses exégètes, il n'y a pas de vrai "tournant" (la Kehre) dans sa "pensée": que ce soit en 1933 ou en 1960, il détestait avec la même vigueur les Lumières, le rationalisme (et donc l'idée qu'il existe une logique), l'individualisme, le libéralisme, etc. Simplement, il a délibérément rendu encore plus hermétique son discours, afin de le rendre plus séduisant auprès de gens qui n'étaient pas des sympathisants ou des nostalgiques du nazisme. Il a donc seulement réalisé une opération cosmétique, mais le fond de son propos est resté identique: refus de la pensée logique et tentative de destruction de tout ce qui fonde l'idée de civilisation humaniste. <{POST_SNAPBACK}> Tu ne réponds pas à mon post : Heidegger indique qu'il existe autrechose à côté de l'Etant (i.e. de la compréhension rationnelle du monde, à la façon cartésienne). Je suis bien d'accord avec tout ce que tu écris ci-dessus, sauf qu'être antirationnel dans le cas Heidegger, cela ne veut pas dire refuser l'existence de la rationnalité mais refuser de l'utiliser au profit d'autre chose. Et cet autrechose semble être intéressant à connaître (au moins pour le critiquer, à l'image de ce qu'il fait pour la logique). Dire simplement "c'est pas rationnel, donc je refuse", est une critique insuffisante face à quelqu'un qui explique en 25 volumes pourquoi il refuse d'être rationnel… surtout lorsqu'il donne des applications pratiques à sa façon de penser, comme la poésie. Au fait y-at'il des poètes de haut vol sur ce forum ?
pierreyves Posté 22 octobre 2005 Auteur Signaler Posté 22 octobre 2005 Ce qui est mortel avec ce genre de philosophes, c'est le mélange des genres.La métaphysique est un domaine très particulier qui ne devrait pas empiéter sur les autres (politique, économie, sciences)… Descartes, le soi-disant rationnel avec sa métaphysique dogmatique, a essayé d'empiéter sur la science, avec l'insuccès que l'on sait (relire Revel à ce sujet, qui déboulonne Descartes le "cartésien", qui croit encore que la Nature a horreur du vide). Les métaphysiciens, après Descartes, ont renoncé à investir le domaine scientifique, mais hélas il est resté encore pas mal de domaines où ils ont pu se défouler. Tous les écrits métaphysiques devraient être considérés soit comme de la poésie, soit comme de la religion, soit comme quelque chose entre les deux, qui peut être accessible à celui qui a l'intuition correspondante (mais pour ce dernier l'écrit "métaphysique" n'est qu'une confirmation de son intuition, et n'est donc pas forcément utile). <{POST_SNAPBACK}> Très bonne remarque : la métaphysique, par définition ne devrait pas avoir d'incidence pratique … ce mélange des genres apparaît autant dans les religions révélées, que dans les métaphysiques de Descartes ou de Heidegger. Si on prend la définition éthymologique de la métaphysique, ces deux dernières sont autant à rejeter. Ce n'est pas la métaphysique de Heidegger qui m'intéresse le plus mais sa façon de comprendre le monde, de penser et de s'exprimer. Lorsqu'il écrit "L'essence de la vérité est la liberté", cela ressemble furieusement à un poète qui voudrait dire que chacun est libre.
Ronnie Hayek Posté 22 octobre 2005 Signaler Posté 22 octobre 2005 Tu ne réponds pas à mon post : Heidegger indique qu'il existe autrechose à côté de l'Etant (i.e. de la compréhension rationnelle du monde, à la façon cartésienne). Je suis bien d'accord avec tout ce que tu écris ci-dessus, sauf qu'être antirationnel dans le cas Heidegger, cela ne veut pas dire refuser l'existence de la rationnalité mais refuser de l'utiliser au profit d'autre chose. Et cet autrechose semble être intéressant à connaître (au moins pour le critiquer, à l'image de ce qu'il fait pour la logique). Que te répondre, sinon que tu sembles prendre au sérieux les propos d'un fumiste ? Heidegger exerce encore aujourd'hui une telle fascination, même chez ses détracteurs, que ceux-ci se sentent presque obligés de le critiquer à l'aide de ses propres schèmes. C'est un piège qu'il a tendu et dont il faut s'extraire. Une fois fait, on s'aperçoit du temps que l'on a perdu en l'étudiant. "L'autre chose" dont tu parles, c'est ce que Heidegger a appelé selon les moments, l'Etre, l'Etre-qui-se-dévoile-en-se-retirant, le "Quadriparti" (ou "Cadran" selon les traductions), etc. Quant à sa conception négative de la rationalité, elle s'oppose tout simplement à accepter le libre-arbitre, l'idée de progrès, la civilisation, et consiste donc à prêcher le relativisme moral et politique, l'antihumanisme, etc. Dire simplement "c'est pas rationnel, donc je refuse", est une critique insuffisante face à quelqu'un qui explique en 25 volumes pourquoi il refuse d'être rationnel… surtout lorsqu'il donne des applications pratiques à sa façon de penser, comme la poésie. Désolé, c'est une perte de temps que de lire ce bavard intempestif, sentencieux et totalitaire. Et je suis bien placé pour te le dire (sans en avoir lu l'oeuvre intégrale). Au fait y-at'il des poètes de haut vol sur ce forum ? <{POST_SNAPBACK}> La muse habite Dilbert et jabial, me semble-t-il.
Ronnie Hayek Posté 22 octobre 2005 Signaler Posté 22 octobre 2005 Lorsqu'il écrit "L'essence de la vérité est la liberté", cela ressemble furieusement à un poète qui voudrait dire que chacun est libre. <{POST_SNAPBACK}> Cela ressemble surtout à un philosophe n'ayant rien à dire et se prenant pour un poète (de second ordre, de surcroît).
labbekak Posté 22 octobre 2005 Signaler Posté 22 octobre 2005 Cela ressemble surtout à un philosophe n'ayant rien à dire et se prenant pour un poète (de second ordre, de surcroît). <{POST_SNAPBACK}> Ca me rappelle un poète du groupe de Bloomsbury qui se prenait pour un économiste … Les résultats sont les mêmes !
Etienne Posté 22 octobre 2005 Signaler Posté 22 octobre 2005 S'il est bien un philosophe antirationaliste au XXe siècle, c'est Heidegger - devenu ensuite, comme par hasard, l'idole des postmodernistes en tous genres. C'est pourquoi il a puisé son inspiration aussi bien chez Nietzsche que chez le poète fou Hölderlin. <{POST_SNAPBACK}> Hölderlin est néanmoins cité en tête d'un chapitre de La Route de la servitude, par Hayek : "ce qui fait de l'Etat un enfer, c'est que les hommes tentent d'en faire un paradis."
VoyageurLibre Posté 22 octobre 2005 Signaler Posté 22 octobre 2005 Des éléments du débat public autour d'Heidegger: Heidegger a t-il été l'idéologue d'Hitler? Qu'appelle t-on calomnier Heidegger?
Ronnie Hayek Posté 22 octobre 2005 Signaler Posté 22 octobre 2005 Hölderlin est néanmoins cité en tête d'un chapitre de La Route de la servitude, par Hayek : "ce qui fait de l'Etat un enfer, c'est que les hommes tentent d'en faire un paradis." <{POST_SNAPBACK}> Citation maintes fois reprises depuis, au demeurant. Hölderlin avait des moments de lucidité. Ici, mon propos était de souligner que Heidegger avait emprunté à des auteurs penchant vers l'irrationalisme (Hölderlin), l'obscurité (l'auteur - antisémite - Abraham a Santa Clara), voire la démence pathologique (Nietzsche). Pour revenir à la question de Pierre-Yves, je signale que Heidegger lui-même a établi un lien entre sa philosophie et son engagement nazi. Ainsi, dit-il en 1933 dans un "Appel aux étudiants de Fribourg à l'occasion du plébiscite organisé pour le 12 novembre 1933: La révolution nationale-socialiste apporte le bouleversement complet de notre Dasein allemand. Dans le même texte, il déclare pompeusement que ce ne sont ni des principes doctrinaux ni des idées qui doivent guider les étudiants dans la construction de la "future haute école de l'esprit allemand" qu'il appelle de ses voeux, avant d'ajouter: Le Führer, lui-même et lui seul, est la réalité allemande présente et future, et sa loi.
Etienne Posté 22 octobre 2005 Signaler Posté 22 octobre 2005 Pour revenir à la question de Pierre-Yves, je signale que Heidegger lui-même a établi un lien entre sa philosophie et son engagement nazi. Ainsi, dit-il en 1933 dans un "Appel aux étudiants de Fribourg à l'occasion du plébiscite organisé pour le 12 novembre 1933:La révolution nationale-socialiste apporte le bouleversement complet de notre Dasein allemand. Dans le même texte, il déclare pompeusement que ce ne sont ni des principes doctrinaux ni des idées qui doivent guider les étudiants dans la construction de la "future haute école de l'esprit allemand" qu'il appelle de ses voeux, avant d'ajouter: Le Führer, lui-même et lui seul, est la réalité allemande présente et future, et sa loi. <{POST_SNAPBACK}> C'est beau comme du Hegel, je trouve.
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