Chitah Posté 14 novembre 2005 Signaler Posté 14 novembre 2005 Trouvé via les Echos, un article qui intéressera Wapiti et Eti-N…. et d'autres! (ca a été l'objet d'une thèse, soutenue à Strasbourg!) Liberté et choix socialHERRADE IGERSHEIM Tocqueville dénonce la passion « ardente, insatiable, éternelle, invincible » qu'ont les peuples démocratiques pour l'égalité, passion qui peut leur faire préférer l'égalité à la liberté. En mettant en avant le phénomène de l'égalité liberticide, il est donc possible de souligner les enjeux de la mise en place d'une société juste. Mais comment peut-on définir la liberté individuelle au sein de nos sociétés modernes ? Est-il possible de concevoir une liberté qui garantisse une société juste et qui aille de pair avec une certaine forme d'égalité ? Bref, comment concilier l'égalité et la liberté ? Voilà la question centrale à laquelle doivent répondre les Etats modernes. Or, la « tâche infinie » de l'individu moderne consiste à apprendre à réconcilier son identité de bourgeois avec son identité de citoyen. Pour ce faire, comme le souligne John Rawls, il s'agit de mettre en place une société juste et stable au sein de laquelle chaque individu peut poursuivre sa propre conception du bien. Quelles sont donc les conditions d'existence d'une telle société ? La démarche que j'adopte dans mon travail de thèse - la construction puis l'application d'un concept opérationnel et synthétique de liberté - vise à fournir des réponses à cette interrogation fondamentale. Afin de déterminer une définition satisfaisante de la justice sociale, il est nécessaire de statuer sur la manière dont la société s'engage à garantir les droits et les libertés pour tous. En effet, de John Stuart Mill à Amartya Sen, en passant par Benjamin Constant, tous le reconnaissent : la société doit avoir un droit de regard sur les actions individuelles sous peine de ne pas aboutir à un choix social et de voir les droits de ses membres bafoués. Ce qui peut éventuellement différer entre ces auteurs est l'importance de la garantie que la société s'engage à respecter. Plusieurs niveaux peuvent être distingués. S'agit-il simplement de protéger l'espace de décision de chaque individu de l'intrusion directe d'autrui ? La société doit-elle également lutter contre l'oppression économique ? Faut-il, en outre, tenir compte des talents et handicaps des individus afin d'évaluer ce à quoi ils peuvent réellement parvenir ? Quelle place doit-on accorder à la responsabilité individuelle ? Mon concept synthétique et opérationnel de liberté vise à caractériser la liberté « moderne » : il intègre ces différentes préoccupations et préconise, à la suite de Georg Wilhelm Friedrich Hegel et de John Rawls, la réconciliation de la liberté des Anciens - la liberté de participer activement aux décisions de la cité - et de la liberté des Modernes - la liberté individuelle. Il recommande également de tenir compte de la liberté réelle des individus en se référant à la théorie des « capabilités » d'Amartya Sen. En dernier lieu, suivant en cela les travaux de John Roemer, la responsabilité individuelle, assimilée à la notion d'effort, a sa place dans ce concept de liberté et peut être exercée une fois que les opportunités de tous (prenant en compte les différents types de libertés, les richesses, les talents et handicaps individuels) ont été égalisées. Dans la seconde partie de ma thèse, j'applique ce concept de liberté. Il permet de répondre de manière appropriée à la question délicate du traitement des droits et libertés individuels en théorie du choix social, discipline dont l'objectif est de déterminer un choix social satisfaisant à partir de préférences individuelles forcément divergentes. Grâce aux outils formalisés de la théorie du choix social, deux résultats majeurs, qui s'adossent aux principes de mon concept de liberté, sont obtenus. Premièrement, je propose un modèle de métaclassement des préférences individuelles : ce dernier ne se contente pas de considérer les préférences premières des individus, mais tente de prendre en compte leurs motivations, c'est-à-dire leurs préférences sur leurs préférences. Deuxièmement, une analyse exploratoire de la notion de modification des préférences est menée et un mécanisme de modification des préférences, dit « MMP », est élaboré. Ce mécanisme permet de corriger les préférences individuelles jugées contestables au regard des valeurs de la société et conduit de lui-même à un choix social, dès lors qu'il s'applique à une société où émergent des cycles de préférences collectives. Finalement, ce travail approfondit conceptuellement et techniquement les interrogations suscitées par la notion de liberté individuelle. A la question du vivre ensemble, il répond en recommandant des libertés réelles identiques pour tous. HERRADE IGERSHEIM a soutenu sa thèse à l'université de Strasbourg-I.
Sekonda Posté 14 novembre 2005 Signaler Posté 14 novembre 2005 Trouvé via les Echos, un article qui intéressera Wapiti et Eti-N…. et d'autres!(ca a été l'objet d'une thèse, soutenue à Strasbourg!) Ca a l'air intéressant, la thèse complète est en ligne.. D'après ce que j'ai lu, il se restreint, comme Sen, à Nozick pour les analyses libertariennes.
Chitah Posté 14 novembre 2005 Auteur Signaler Posté 14 novembre 2005 C'est l'occasion pour nous de lui parler, si c'est possible, d'autres libertariens!
Hellboy Posté 16 novembre 2005 Signaler Posté 16 novembre 2005 Ca a l'air intéressant, la thèse complète est en ligne.. J'ai un peu la flemme de me lancer dans la lecture de la version intégrale (pour l'instant)… aborde-t-il la question du déterminisme? Et si oui pour la rejeter en bloc ou pour la tempérer?
Sekonda Posté 16 novembre 2005 Signaler Posté 16 novembre 2005 J'ai un peu la flemme de me lancer dans la lecture de la version intégrale (pour l'instant)… aborde-t-il la question du déterminisme? Et si oui pour la rejeter en bloc ou pour la tempérer? Je ne l'ai pas lu en détail mais il y a un paragraphe sur le determinisme et la responsabilité (cf p166) où il parle de l'attitude "compatibiliste" de Rawls.
pierreyves Posté 16 novembre 2005 Signaler Posté 16 novembre 2005 Notre ami est adepte du grand sorcier Hegel, qui a cru déceler, dans sa boule de crystal historique, des étapes dans la croissance de la conscience de l'humanité… j'avoue lire le passage ci-dessous avec un a priori. Premièrement, je propose un modèle de métaclassement des préférences individuelles : ce dernier ne se contente pas de considérer les préférences premières des individus, mais tente de prendre en compte leurs motivations, c'est-à-dire leurs préférences sur leurs préférences. Deuxièmement, une analyse exploratoire de la notion de modification des préférences est menée et un mécanisme de modification des préférences, dit « MMP », est élaboré. Ce mécanisme permet de corriger les préférences individuelles jugées contestables au regard des valeurs de la société et conduit de lui-même à un choix social, dès lors qu'il s'applique à une société où émergent des cycles de préférences collectives. J'espère mal comprendre : le concept de liberté - sans doute tiré par les cheveux - défini par cet auteur permet de classer les préférences des individus avec pour espoir final de "modifier leur motivation"… exit la liberté de conscience en tout cas. Le "MMP" me semble surtout un outils de rêve pour despote obscurci. Notre ami est un socialiste pur jus qui à défaut d'égalité matérielle, rêve d'harmoniser les motivations des individus par le biais de l'état ! J'ai malheureusement la flemme de lire la thèse pour savoir si j'abuse ou si cet homme pense aussi mal … Finalement, ce travail approfondit conceptuellement et techniquement les interrogations suscitées par la notion de liberté individuelle. A la question du vivre ensemble, il répond en recommandant des libertés réelles identiques pour tous. C'est bien connu, s'il est impossible d'égaliser les richesses sans supprimer la liberté, mieux vaut égaliser les libertés. … pas de chance, très logiquement, égaliser les libertés impose de supprimer la motivation … un progrès, c'est sûr .
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