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Politique Fiction


Invité deago

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Invité deago
Posté

Un post que j'avais donné sur un forum consacré à l'immobilier, sur le thème "politique fiction". Je me permets ce recyclage car il fera peut-être rire plus de monde ici que sur le forum où il avait initialement posté.

(2010)

Politique : Le Président a annoncé ce matin la volonté de la France de quitter le système monétaire européen pour revenir à sa monnaie nationale d'ici 6 mois. En effet, le gouvernement n'avait plus les marges de manœuvres nécessaires à la continuation de sa courageuse politique orientée vers la préservation et le développement des corporatismes par la distribution tous azimuts de subventions.

On se souvient que la récente remontée des taux de la BCE, décidée par une clique de fonctionnaires européens aussi hargneux que technocrates, avait provoqué une escalade diplomatique entre Paris et la Commission. Dans un discours fort, le Président avait déclaré à cette occasion : "Ils sont malades ces connards de Bruxelles, on ne va quand même nous obliger à rembourser tout ce paquet de pognon."

La mesure historique prise aujourd'hui par le gouvernement français a permis de conforter le fameux "plan Marchais" destiné à sauver le modèle français que le monde entier nous envie. Rappelons que celui-ci prévoit, entre autres, l'augmentation du SMIC mensuel à 3000 euros net, la renationalisation d'un certain nombre d'entreprises phares dont EDF, Renault et Air France, ainsi que la réouverture des aciéries de Lorraine.

(2011)

Economie : La banque de France a présenté aujourd'hui les pièces et billets libellés en "nouveaux nouveaux-francs français" (NNFF), qui auront cours à partir de l'an prochain. La conversion se fera au cours officiel de 20 NNFF pour un euro. Afin de s'adapter au coût de la vie, les nouvelles pièces auront des valeurs de 10, 20, 50 et 100 NNFF et les valeurs faciales des billets s'échelonneront de 100 à 50000 NNFF.

Les grands hommes représentés sur les billets et les pièces ne seront plus des écrivains ou des scientifiques, mais des économistes comme John Law ou Karl Marx. En présentant le nouveau billet de 50000 francs à l'effigie d'Alan Greenspan, le gouverneur de la Banque de France s'est félicité de la toute nouvelle liberté monétaire de la France, qui permettra de continuer la politique de taux bas. Les yeux brillants, il a déclaré : "Les Français vont pouvoir continuer à s'endetter pour relancer l'économie. On sera tous milliardaires dans 10 ans".

(2015)

Immobilier : Tout va bien ! La chute spectaculaire du NNFF intervenue ces dernières années sur les marchés des changes attire les investisseurs étrangers sur un marché dont les prix sont redevenus attractifs. Les Français eux-mêmes, grisés par la politique monétaire avantageuse de la Nouvelle Banque de France, qui a laissé pour la quatrième année consécutive ses taux directeurs à 0,25%, n'hésitent plus à s'endetter sur 60, voire 70 ans pour acheter le deux-pièces de leurs rêves. Comme on le voit, les rumeurs de krach immobilier qui agitaient la France il y a dix ans se sont finalement avérées aussi ridicules qu'infondées.

Encore mieux : la récente remontée du chômage au-delà de la barre des 40% et les rumeurs de nationalisation du parc immobilier tendent à freiner la progression du marché, ce qui permet au président de la FNAIM de prédire un atterrissage en douceur pour les prochains mois.

(2016)

Société : L'Assemblée a voté hier soir à l'unanimité la loi dite d'infaillibilité populaire, qui décrète qu'à partir du 1er janvier prochain le peuple est uniformément et égalitairement beau et intelligent, légitimant ainsi a posteriori les émeutes qui ont secoué la France ces trois derniers mois.

"C'était ça, ou tirer à balles réelles sur les groupes de retraités qui pillaient les derniers supermarchés privés", a déclaré le ministre de l'Intérieur. Les commerçants et entrepreneurs victimes de déprédations n'auront donc plus aucun recours légal, et les émeutiers arrêtés ont été relâchés dans la journée.

Rappelons que la récente nationalisation du parc immobilier français, décidée afin de loger les fonctionnaires qui représentent désormais 40% de la population active, avait provoqué la fureur de bon nombre de petits investisseurs en privant d'une part importante de leurs revenus les 3 millions de ménages qui avaient investi dans la pierre pour préparer leur retraite.

A l'annonce de la loi, les émeutes se sont spontanément calmées, bien que, de l'aveu même de l'un des dirigeants du mouvement, "c'est pas ça qui nous donnera à bouffer".

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