Serge Posté 12 mars 2006 Signaler Posté 12 mars 2006 Si la lutte contre le terrorisme dans le monde arabo-musulman semble reculer sur le front électoral, avec la montée en puissance des partis islamistes radicaux comme le Hamas, et sur le front militaire, avec l'enlisement des Américains en Irak, elle semble mieux engagée sur le front économique. Il faut le dire avec beaucoup de prudence, mais le pactole du pétrole semble mieux utilisé par les gouvernements de la région que ce ne fut le cas dans les années 1970.La flambée des cours de l'or noir pourrait s'avérer être, si cela se confirmait, une bénédiction pour le monde : elle n'a pas cassé la croissance ni déclenché de crise inflationniste dans les pays développés et elle pourrait permettre aux pays producteurs de pétrole de sortir de la léthargie politico-sociale dans laquelle ils se sont enfoncés après le contre-choc pétrolier des années 1980. La région pourrait rattraper son retard et s'insérer dans la mondialisation avec profit. Le baril cotait 11 dollars fin 1998, niveau le plus bas depuis 1973. Il a atteint 70 dollars à l'été 2005 avant de revenir autour des 65 dollars actuellement. Une multiplication par six en six ans, qui a fait exploser les revenus des pays producteurs : ils auraient encaissé 650 milliards de dollars l'an passé, dont la moitié pour les seuls pays du Golfe, selon les calculs de la BRI (Banque des règlements internationaux, sise à Bâle). Que sont devenues ces montagnes de pétrodollars ? Dans les années 1970, l'argent avait été "recyclé" dans des dépenses somptuaires, des armes et des placements malheureux en Amérique latine. Puis l'inflation a fait son travail de sape. Lorsque le prix du brut est retombé, les gouvernements ont vu leurs budgets asséchés et ils n'ont pu faire face aux demandes de leurs habitants. Deux décennies de faible croissance et de régression sociale : le lit de Ben Laden était fait. Forts de cette expérience et dotés de cadres éduqués aux Etats-Unis ou en Europe, ces pays semblent vouloir éviter de rejouer à la cigale de la fable. Les experts sont loin d'être affirmatifs puisqu'il est très difficile de suivre les pétrodollars à la trace dans la jungle du système financier international. La BRI estime qu'elle perd la trace de 70 % de l'argent du pétrole, qui s'évanouit dans le dédale des banques, des placements et des fonds. Il était paradoxalement plus facile de s'y retrouver en 1970 puisque seuls 50 % des pétrodollars échappaient alors aux experts. Néanmoins, on observe d'abord qu'une partie du trésor pétrolier sert à rembourser les dettes. En trois ans, de 2002 à 2005, la dette publique d'Arabie saoudite est divisée par deux, passant de 97 % du PIB à 41 %. Celle du Koweït de 32 % à 17 %. Une large part des capitaux est aussi placée par les banques centrales en réserve ou en bons du Trésor américains et européens. Les riches familles du Golfe et les fonds d'investissement de la région sont partis à la chasse des valeurs des pays développés : la gestion des ports américains par Dubaï (avant de renoncer), 2 % de Daimler par un autre investisseur de l'Emirat, 5 % des bolides Ferrari par un cousin d'Abou Dhabi, les hôtels canadiens Fairmont par le prince Alwaleed Ben Talal…, la liste est longue, sans compter les rachats d'immeubles de prestige à Paris ou à New York. L'ensemble des avoirs détenus à l'Ouest par les pays du Moyen-Orient se monterait à 1 000 milliards de dollars, plus de la moitié de la capitalisation de la Bourse de Paris, selon le consultant PFC Energy, cité par Business Week. Mais le fait nouveau est qu'une part des pétrodollars est réinvestie sur place. Non seulement pour remédier au sous-investissement dans les champs de pétrole, développer les capacités d'extraction et s'intégrer en aval, dans les raffineries, la liquéfaction de gaz ou la pétrochimie. Mais aussi pour développer une économie à côté du pétrole. Le Golfe ressemble à un petit chantier chinois : autoroutes, aéroports, parcs d'entreprises, immeubles poussent chaque jour, arrosés par l'or noir. "A l'inverse du précédent boom pétrolier, ces pays financent des investissements productifs, capables de créer de la croissance", notent les économistes Ashby McCown, Christopher Plantier et John Weeks ("Petrodollars et Global Imbalances", Department of Treasury). Dubaï montre la voie avec des projets de complexes immobiliers, de cités touristiques des Mille et Une Nuits et de tours, dont la plus haute du monde, dessinées par les meilleurs architectes. Avec, au-delà, l'ambition de devenir un Liban régional, place financière, commerciale et plaque tournante aérienne. La compagnie Emirates a commandé 45 Airbus A380 et 49 Boeing 777. Les Bourses d'Arabie saoudite, du Koweït et des Emirats arabes unis ont plus que quadruplé ces quatre dernières années, hausse en partie spéculative, mais qui repose aussi sur une croissance réelle : les PIB ont crû en 2005 de 6 % en Arabie, de 5,6 % dans les EAU, de 4,8 % en Algérie. Ces économies dépendent encore pour moitié des hydrocarbures. Mais le pactole revenu change la donne régionale. Les gouvernements à nouveau riches, très riches, n'ont pas oublié les échecs passés. Le dirigisme laisse place au secteur privé. Les réformes s'engagent, quoique timidement. Un début de libéralisme vient avec les dollars. Un filet d'espoir avec les flots d'or noir.
Sous-Commandant Marco Posté 12 mars 2006 Signaler Posté 12 mars 2006 Je ne serai pas aussi optimiste. Dubai n'est certes (et malheureusement) pas représentatif de ce qui se passe dans les pays arabes (en plus, l'exemple du Liban est-il vraiment si positif?). De toute façon, la libéralisation économique était déjà bien engagée, les pays arabes étant traditionnellement très commerçants. Les deux principaux pays arabes, l'Egypte et l'Arabie Saoudite, ne me semblent pas vraiment engagés vers la libéralisation en général, ou alors vraiment à dose homéopathique.
Invité phyvette Posté 13 mars 2006 Signaler Posté 13 mars 2006 il est souhaitable que cela ce passe ainsi, un prix du pétrole en augmentation constante pour freiner la consommation , allié a une saine gestion des revenus , plus peux être une démocratisation de ces pays contribuerait a stabilisé une région appelé a de venir la seul capable a exporter les hydrocarbure dont le monde a besoin Mais la réalité pourrait être plus tragique http://www.matin.qc.ca/monde.php?article=20060312135517 Téhéran contre-attaque. En riposte à la décision de transmettre son dossier nucléaire au Conseil de sécurité de l'ONU, l'Iran a décidé dimanche de rejeter une proposition de compromis de Moscou qui aurait consisté en un transfert de son programme d'enrichissement d'uranium sur le sol russe http://www.boursorama.com/forum/message.ph…283&pageForum=1 La Chine rentrerait-elle en conflit si ces attentats avaient lieu après juin 2006 (date de l’alliance militaire) ? La tension actuel entre Iran/USA pourrais selon des rumeurs circulant sur le net dégénérer en guerre nucléaire qui croire ?
h16 Posté 13 mars 2006 Signaler Posté 13 mars 2006 il est souhaitable que cela ce passe ainsi, un prix du pétrole en augmentation constante pour freiner la consommation , allié a une saine gestion des revenus , plus peux être une démocratisation de ces pays contribuerait a stabilisé une région appelé a de venir la seul capable a exporter les hydrocarbure dont le monde a besoin Mais la réalité pourrait être plus tragique http://www.matin.qc.ca/monde.php?article=20060312135517 http://www.boursorama.com/forum/message.ph…283&pageForum=1 La tension actuel entre Iran/USA pourrais selon des rumeurs circulant sur le net dégénérer en guerre nucléaire qui croire ? Guerre nucléaire, je n'y crois pas trop. Guerre conventionnelle plus probablement. Les USA n'ont aucun intérêt à laisser les Iraniens passer en Euro : ce serait un précédent fâcheux, peut-être suivi par les Chinois, qui, changeant leurs dollars par des euros, plomberaient pas mal l'économie américaine… Par contre, je ne crois pas qu'un prix du baril en augmentation freinera un tant soit peu la consommation. D'ailleurs, …
Invité phyvette Posté 13 mars 2006 Signaler Posté 13 mars 2006 Par contre, je ne crois pas qu'un prix du baril en augmentation freinera un tant soit peu la consommation. D'ailleurs, … La consommation énergétique de la France a baissé pour la première fois depuis 1995, notamment dans le secteur des transports. Une performance "historique" qui n'a pas empêché la facture énergétique d'augmenter de 4,7%. http://www.lexpansion.com/compteur/compteu…96.74918.0.html
h16 Posté 13 mars 2006 Signaler Posté 13 mars 2006 La consommation énergétique de la France a baissé pour la première fois depuis 1995, notamment dans le secteur des transports. Une performance "historique" qui n'a pas empêché la facture énergétique d'augmenter de 4,7%.http://www.lexpansion.com/compteur/compteu…96.74918.0.html A l'échelle du monde, il faut quand même reconnaître que la consommation est loin d'avoir baissé. Que la France, à force d'efforts (sur le parc auto, le nucléaire, etc…) et qu'un certain nombre de pays du G8 commencent à diminuer leur consommation de pétrole, soit. Mais avec ce que consomme la Chine ou l'Inde (et ce qu'ils vont consommer), je crois pouvoir dire que la consommation globale de pétrole n'est pas près de diminuer, prix élevé du baril ou pas.
Serge Posté 13 mars 2006 Auteur Signaler Posté 13 mars 2006 Je ne serai pas aussi optimiste. Dubai n'est certes (et malheureusement) pas représentatif de ce qui se passe dans les pays arabes (en plus, l'exemple du Liban est-il vraiment si positif?). De toute façon, la libéralisation économique était déjà bien engagée, les pays arabes étant traditionnellement très commerçants. Les deux principaux pays arabes, l'Egypte et l'Arabie Saoudite, ne me semblent pas vraiment engagés vers la libéralisation en général, ou alors vraiment à dose homéopathique. S'agissant de capitalisme d'Etat dans certains pays arabes, ne peut-on pas parler de réformes sur le plan économique si, effectivement, le dirigisme cède la place à l'entreprise privée ?.
Sous-Commandant Marco Posté 13 mars 2006 Signaler Posté 13 mars 2006 S'agissant de capitalisme d'Etat dans certains pays arabes, ne peut-on pas parler de réformes sur le plan économique si, effectivement, le dirigisme cède la place à l'entreprise privée ?.Il est certain que, même si c'est dans un pays politiquement dictatorial et socialement rigide comme l'Arabie Saoudite, un capitalisme même limité est bien meilleur qu'une économie dirigiste. Mais cette amélioration sur le terrain économique ne causera pas une baisse du terrorisme car ce dernier n'est pas causé par la pauvreté ou même les inégalités, mais par la situation politique.En Arabie Saoudite par exemple, même si l'économie est relativement plus libre que le régime politique, les abus de pouvoir, la monopolisation de la principale ressource entre les mains du pouvoir, les fantaisies et les gaspillages des dirigeants ont aliéné la population. Il y a fort à craindre que l'augmentation de la manne pétrolière servira à financer le terrorisme et les prébendes autant que le bien-être de la population.
Nick de Cusa Posté 17 mars 2006 Signaler Posté 17 mars 2006 Je ne serai pas aussi optimiste. Dubai n'est certes (et malheureusement) pas représentatif de ce qui se passe dans les pays arabes (en plus, l'exemple du Liban est-il vraiment si positif?). De toute façon, la libéralisation économique était déjà bien engagée, les pays arabes étant traditionnellement très commerçants. Les deux principaux pays arabes, l'Egypte et l'Arabie Saoudite, ne me semblent pas vraiment engagés vers la libéralisation en général, ou alors vraiment à dose homéopathique. J'ai peut être tort, mais je vais régulièrement en Egypte pour le boulot et je pense qu'il se passe quand même qqch sur le plan de la réforme économique. Trop lentement peut-être, mais ça bouge. Les jeunes diplomés sont très compétents et enthousiastes, et il ne craignent pas la comparaison avec le collègues Européens et Américains. Ils parlent au moins deux langues, souvent trois ou plus. En tout cas, j'ai plaisir à bosser avec eux.
Sous-Commandant Marco Posté 17 mars 2006 Signaler Posté 17 mars 2006 J'ai peut être tort, mais je vais régulièrement en Egypte pour le boulot et je pense qu'il se passe quand même qqch sur le plan de la réforme économique. Trop lentement peut-être, mais ça bouge. Les jeunes diplomés sont très compétents et enthousiastes, et il ne craignent pas la comparaison avec le collègues Européens et Américains. Ils parlent au moins deux langues, souvent trois ou plus. En tout cas, j'ai plaisir à bosser avec eux.Mais je ne dis pas le contraire. Je pense que l'on peut assister au même phénomène dans tous les pays du Moyen-Orient. En revanche, comme Huntington, je fais la distinction entre modernisation et occidentalisation. Cete dernière consiste en la modernisation économique accompagnée d'un changement dans les coutumes en direction du mode de vie occidental. Un bon exemple d'occidentalisation est la kémalisation de la Turquie, alors que le Japon de l'ère Meiji connut seulement une modernisation.Mon point de vue est que la modernisation seule, à laquelle nous assistons dans tous les pays du Moyen-Orient, ne sera pas suffisante pour juguler les crises politiques (et le terrorisme). J'en veux pour preuve qu'une bonne partie des terroristes et des kamikazes sont plutôt issus de la classe moyenne et ont souvent fait des études dans les pays occidentaux. En fait, ce qu'il faut dans ces pays n'est pas seulement une libéralisation économique, mais une libéralisation dans tous les domaines.
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