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Dernières (mauvaises) Nouvelles De La Liberté D'expression


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Caricatures : l'affaire rebondit au café

Dans un bar parisien, une expo de dessins moquant toutes les religions a été vandalisée.

par Catherine COROLLER

QUOTIDIEN : jeudi 30 mars 2006

Les cadres sont restés en place mais ils sont recouverts d'une feuille blanche marquée «censuré». Mardi après-midi, Marianne, Marika et Zayed, patrons du café la Mer à boire, dans le XXe arrondissement de Paris, ont vu débarquer dans leur établissement une horde sauvage. Les vandales s'en sont pris aux caricatures accrochées un peu partout sur les murs pour une exposition baptisée «Ni Dieu, ni Dieu».

Rémi, Siné… Dans leur «café animé», comme ils l'appellent, Marianne, Marika et Zayed organisent rencontres, concerts et expositions. Depuis le 8 mars, ils présentent des dessins de la crème des caricaturistes français : Berth, Charb, Faujour, Luz, Martin, Rémi, Siné, Tignous et Willem, tous collaborateurs de Charlie Hebdo. Toutes les religions sont égalitairement tournées en ridicule. Mardi, en début d'après-midi, Marianne, Marika et Zayed voient arriver «une bande de mômes de 10-12 ans». Les patrons de la Mer à boire les connaissent bien, ils jouent sur le stade en face du bar et viennent régulièrement réclamer de l'eau. «Ils avaient des barres en acier et des bâtons, raconte Marika. Ils ont cassé quelques cadres.» Patrons et clients s'interposent. Les gamins filent. «Ils sont partis chercher les grands frères», poursuit Marika. En début de soirée, les aînés font leur apparition et semblent conciliants : «C'est pas bien ce que les petits vous ont fait.» Puis soudain menaçants : «Vous êtes ici chez nous, vous devez faire ce qu'on veut. On va aller chercher les Frères musulmans de Belleville, qui vont vous régler votre compte. Nous, on est gentils, mais on vous prévient que le bar va brûler et vous l'aurez bien cherché.» Marianne, Marika et Zayed tentent de faire de la pédagogie, parlent liberté de conscience et d'expression. Peine perdue.

«Front ouvert». Depuis l'ouverture de leur bar, en septembre, ça n'est pas la première fois qu'ils sont ainsi pris à partie : «Il y a eu des gens qui entrent en hurlant, et mettent de la musique alors qu'il y a déjà de la musique dans le bar. Puis des tournées non payées. Puis des consommateurs agressés à l'intérieur. Un client qui se prend une chaise en pleine tronche parce qu'il a refusé de payer la consommation de quelqu'un et qui finit à l'hôpital le front ouvert. Là, on a commencé à entendre qu'on n'était pas chez nous.»

Pourtant, l'affaire est rentable. Le café est superbement situé en face du parc de Belleville. Les habitants de ce quartier très mélangé socialement et ethniquement apprécient le lieu. Selon ses patrons, les agressions n'ont rien à voir avec une opposition bobos-populo, ni Français de souche immigrés. Plutôt au sentiment d'impunité d'une bande qui terrorise le quartier. Et instrumentalise l'islam pour imposer sa loi. Marianne, Marika et Zayed ont prévenu la police, les éducateurs sociaux, la mairie. Sans grand effet pour l'instant. Ils n'envisagent pas de fermer boutique, pour l'heure, mais les événements de mardi les ont laissés sous le choc. Mardi prochain, ils organisent, à 19 h 30, une grande réunion d'information avec les caricaturistes et les habitants du quartier.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=370986

«Libé» en justice pour son Christ en capote

Les traditionalistes poursuivent en appel le journal pour une caricature de Willem.

par Renaud LECADRE

QUOTIDIEN : jeudi 30 mars 2006

Après la polémique sur Mahomet, des catholiques bien de chez nous, emmenés par l'Agrif, de Bernard Anthony, ex-responsable du FN et chef de file des traditionalistes, attaquaient hier Libération devant la cour d'appel pour avoir publié, en avril 2005, une caricature du dessinateur Willem : un Christ en croix portant une capote sur le sexe ­ d'une taille relativement importante. Anthony s'était fait débouter en première instance, au motif que le dessin ne saurait «blesser l'ensemble des chrétiens, lesquels ne paraissent pas tous partager la doctrine du pape sur l'usage du préservatif». Entre-temps, l'Agrif s'est distinguée par ses commentaires sur les caricatures de Mahomet : «Sans doute est-il historiquement faux de l'affubler d'une bombe. En effet, les bombes n'existaient pas au VIIe siècle, Mahomet n'utilisant avec efficacité que des armes blanches.» Anthony peste à juste titre contre des islamistes cherchant à «imposer chez nous leur conception très surveillée de la liberté de la presse».

Du coup, le voilà embarrassé à plaider contre Libé pour offense au Christ et aux chrétiens. Avocat du journal, Me Soussen a plaidé que le dessin de Willem «n'est pas contraire au message évangélique, empreint d'humanisme et d'entraide» face aux épidémies comme le sida. «La doctrine chrétienne n'est pas un humanisme mais une religion de salut», assène au contraire Me Wallerand de Saint-Just, avocat du FN et de l'Agrif. Malgré ses précautions d'usage, ­ «Je sais que vous êtes un tribunal laïc» ­, l'Agrif tend par son action à rétablir le délit de blasphème, aboli en 1791. Arrêt le 17 mai.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=370987

On notera que Libé est plus compréhensif envers les loubards de Belleville - qui "instrumentalisent l'Islam" qu'envers les avocats de l'AGRIF qui "tendent à rétablir le délit de blasphème". Reste que rien de tout cela ne sent très bon. Free-speech defenders, unite!

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Un peu effrayant tout de même. Je sens comme une cristallisation des extrêmes, dans ce pays, un peu comme un catalyseur dans une colle époxy. Tout mou au début, et, exposé à l'oxygène de l'air, pouf, en quelques secondes, on se retrouve avec un machin indémerdable… Là, c'est la liberté d'expression, de l'autre, les étudiants et les syndicalistes, etc… Effectivement, ça ne sent pas bon.

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Un peu effrayant tout de même. Je sens comme une cristallisation des extrêmes, dans ce pays, un peu comme un catalyseur dans une colle époxy. Tout mou au début, et, exposé à l'oxygène de l'air, pouf, en quelques secondes, on se retrouve avec un machin indémerdable… Là, c'est la liberté d'expression, de l'autre, les étudiants et les syndicalistes, etc… Effectivement, ça ne sent pas bon.

ouep

reguliérement je me pause la question de partir.

J'ai travaillé 6 mois en angleterre quand j'était étudiant.

à chaque coup de spleen ça me reprend.

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