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Le Mensuel, Le Libre Tunisien, 20 Avril 2006, N°1


Mourad Dridi

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Posté

Le pouvoir et l’action

Le Libre Tunisien

Edition 1, Numéro 1

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Couverture de, Le Libre Tunisien, du 20 avril 2006

La politique, dans sa définition la plus noble est synonyme d’action et de proposition. Toute prétention politique doit forcement s’accompagner, pour être crédible, de propositions tangibles et de perspectives claires. A défaut, elle se transforme en une course effrénée et pathétique pour le pouvoir. Le pouvoir non plus comme un moyen d’action positive, mais le pouvoir en tant que fin en soi.

Le mouvement, communément appelé, « mouvement du 18 octobre », qui, toute proportion gardée, peut être considéré comme l’action politique d’opposition, la plus aboutie depuis 1987, a révélé un fait inédit. Une configuration nouvelle qui, si elle est prise à sa juste mesure, pourrait changer à jamais la réalité de la scène politique tunisienne. Ce qu’a confirmé l’après 18 octobre c’est l’existence en Tunisie d’une nouvelle forme d’oppositions. A l’instar du pou -voir pour le pouvoir, il existe maintenant, l’opposition politique comme un moyen d’exister ; L’opposition comme une fin en soi.

Une fois la fièvre de cet élan démocratique du 18 octobre retombée, et tous les beaux discours d’unions et de concertations se sont transformés en une grande sauterie politicienne, la nature profonde de chacun des protagonistes a repris le dessus. La nature de ces tractations entre les forces politiques d’opposition n’était pas de savoir comment faire pour être à la hauteur des espérances suscitées, mais comment faire pour étendre un peu plus son pouvoir d’opposant !

Alors que l’action et la proposition, donnent à la politique tout son pouvoir, l’action et la proposition sont devenues, pour l’opposition tunisienne, leurs pires ennemis. Cette peur viscérale de l’action et le manque de projets qui la caractérise, reflètent principalement, l’incapacité de l’opposition actuelled’apporter une critique constructive aux actions du pouvoir en place. En dehors de ce qui sert le pouvoir à se maintenir, à savoir la répression, la censure et l’intimidation, inévitable au sein d’un régime totalitaire, les forces politiques d’oppositions n’arrivent pas à formuler la moindre contre proposition, le moindre projet d’alternance crédible.

Pour pallier à ce manque d’idées, les chefs de files de l’opposition dite « démocratique » ont choisi la solution de la facilité. En anaphore au désert intellectuel qui caractérise leurs rangs, ils appellent à la révolution et au soulève- ment populaire. De la phraséologie, pour remédier aux manques de propositions ! Ce qui consiste en somme à vendre de l’utopie pour pouvoir condamner ce qui existe par ce qui n’existe pas.

La force politique en place, en plus de posséder le pouvoir absolu, se trouve être dans les faits le vrai moteur de l’action politique, économique et sociale dans le pays. Le régime actuel, en plus de faire le nécessaire pour s’accaparer le pouvoir, tante tant bien que mal de s’inscrire dans une logique d’action. Apres presque vingt années du même pouvoir politique, personne ne peut contester que le vecteur du progrès soit incontestablement positif.

Toutes les forces vives de cette nation qui acceptent par défaut le pouvoir politique en place, ont indubitablement fait le choix de l’action. Ils acceptent de payer de leur liberté cette action, en étant convaincu que c’est le prix à payer pour ne pas se complaire dans les affres de l’immobilisme et la régression. Entre être « des chiens errants » selon le vocabulaire d’un baron de l’opposition, partir en croisade contre des moulins à vent ou sacrifier une partie de leurs libertés pour aller de l’avant, et cela même, à pas de tortu, les tunisiens semblent avoir choisi…mais avaient-ils vraiment le choix ?

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SOMMAIRE :

EDITORIAL :………….. page 2

ACTUALITES

- Grippe aviaire : Pourquoi les tunisiens doutent-ils des déclarations officielles ?

Malek Khadhraoui………..page 3

- Grippe aviaire : quels risques pour l’Homme ?

Chiheb Lakhoua………….page 4

- Rapprochement stratégique entre la Tunisie et l’Algérie dans le domaine des hydrocarbures

Selma Alouani……………page 6

- Pour la promotion d’une économie libre

Mourad Dridi………………page 8

AFFAIRES INTERNATIONALES

- Menaces américaines de frappes nucléaires sur des sites stratégiques iraniens

Malek Khadhraoui………..page 9

- La communauté internationale hésite devant l’intransigeance de l’Iran

Walid Snoussi…………..page 10

- L’Ukraine peine à se libérer de l’emprise de son voisin Russe

Leila Fourati……………..page 11

REFLEXIONS ET OPINIONS

- Discours et réalités des clans de la démocratie en Tunisie

Mokhtar Yahyaoui………page 13

- Toutes les économies libres mènent à la liberté

Mourad Dridi…………….page 17

HISTOIRE ET CIVILISATIONS

- histoire, mémoire et identité où les piliers de la conscience citoyenne

Cyrine Ben Hammouda..page 20

CULTURE

- Anselm Kiefer, majestueux !

Fraj Brik………………….page 22

PINCE-SANS-RIRE

- Péage douloureux

Zahwa……………………page 24

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Invité Aurel
Posté

Anselm Kieffer, mon idole ! (enfin, l'une de mes idoles)

Un peu trop cher pour moi, mais tellement émouvant : excellent choix.

Bravo Mourad.

Posté

Merci à vous Ronnie Hayek, et Aurel de vos encouragements, pour ce travail d'équipe qui je l'espère est entrain de monter crescendo pour retrouver sa forme définitive qu'on veut parfaite et de qualité.

Posté

Je profite de ce sujet pour faire un petit point sur Neila Charchour Hachicha , fondatrice du Parti Libéral Méditerranéen, dont on avait parlé ici à plusieurs reprises.

Elle a connu une actualité assez importante ces derniers temps.

Voici un concentré.

I - Voici les premiers faits, rapportés par un site d'opposants tunisiens anti-américains :

(on verra que plusieurs positions seront démenties par la suite)

http:// quibla.net/mda2006/tunisie2006.htm

Neila Charchour ou le fiasco du Programme Américain de Démocratie dans le Monde Arabe

par Mondher Sfar, 8 avril 2006. Courriel : msfar@wanadoo.fr

Neila Charchour réside à Tunis. Elle est la fille d'une importante personnalité de l'ère bourguibienne. Elle est fondatrice du Parti Libéral Méditerranéen (blog : http:// plmonline.blogs.com/) et activiste dans les forums tunisiens où on l'a soupçonnée injustement de velléités pro-benaliennes. Le 13 Janvier 2006 elle a été conviée à la première conférence organisée par l'American Enterprise Institute à Washington sur le thème de « Dissidence et Réformes dans le monde arabe ». Peu après, elle donne une interview sur Al Jazeera, en faveur de la démocratie. C’en était trop pour le démocrate Ben Ali : le mari de Neila écope immédiatement de dix mois de prison pour une affaire qui remonte à une décennie miraculeusement déterrée et jugée à ses dépens. La voiture de Neila est confisquée, et sa fille sujette à un chantage de type pornographique, spécialité benalienne.

Ce qui est important dans cette affaire, c’est l'incapacité quasi-totale de l'Administration Bush à exercer la moindre pression pour sauver Neila de ce pétrin. Cela nous révèle que ce ne sont pas les Américains qui décident des affaires tunisiennes malgré leur prépondérance politique, stratégique voire militaire en Tunisie. Alors, qui décide à leur place (question à 7 centimes de shekel) ?

Il n'y a plus aucun doute pour les militants démocrates du monde arabe : Le Programme Américain pour la Démocratie dans le Monde Arabe est mort de sa belle mort. Il est définitivement enterré par ses propres promoteurs américains ! Ceux-ci n'ont même pas pu défendre leur illustre et néanmoins courageuse protégée : Neila Charchour. Elle est leur première victime, et espérons qu'elle en reste la dernière.

Espérons aussi que les centaines de militants du monde arabe qui ont appuyé le programme américains en tirent les leçons et ne se fassent pas Œcouillonner' à leur tour.

Les militants arabes doivent savoir que les Américains investissent énormément en Tunisie et ils ont établi des programmes de tous genres avec la Tunisie. Cependant, Ben Ali est en perte de vitesse et il est affaibli et isolé. Le peuple le déteste parce qu'il lui a menti en lui promettant la démocratie et les libertés. Même les hommes d'affaires ne trouvent plus leur compte avec le régime. Et pourtant, il aurait suffi de la part de Bush d'une simple remarque pour que Ben Ali s'exécute. Mais l'administration américaine ne l'a pas fait. Et elle ne l'a pas fait parce qu'elle n'a jamais voulu sérieusement démocratiser le monde arabe. Au fond d'elle-même, elle pense que la démocratie et la liberté sont contraires stratégiquement parlant avec les intérêts se son principal allié : Israël.

En somme, avec ou sans le pseudo Programme de Démocratisation, le Monde arabe va continuer pour encore quelques décennies à vivre sous la férule des dictatures soutenues par les promoteurs de ce Programme de Démocratisation.

La situation ne changera qu'avec l'arrivée des Islamistes purs et durs au pouvoir, comme en Palestine. C'est la seule issue qui reste pour le rétablissement de laŠ démocratie !

II - Malheureusement pour la thèse défendue par ces anti-Américains, et heureusement pour elle, Neila Charchour n'a pas été abandonnée par Washington. Un des responsables de l'American Enterprise Institute a publié un article appelant le gouvernement américain à prendre ses responsabilités, à soutenir officiellement Neila et la justesse de son combat pour la liberté d'expression, conformément aux objectifs proclamés par Washington :

THE NEILA TEST

Michael Rubin

The corner of National review online

Wednesday, March 29, 2006

Neila Charchour Hachicha, a Tunisian democracy activist, is quickly becoming a test case for White House seriousness about democracy promotion and rule-of-law. Last year, she gave an interview to the Middle East Quarterly about impediments to reform in Tunisia. She later spoke at AEI about the need for democracy.

In the last couple weeks, Neila’s car has been confiscated, her internet connection severed, and her daughter threatened. Police have been stationed outside Neila’s house and have written down the license plate numbers of anyone who has visited her. Last night, we learned that Neila’s husband had been sentenced to ten months in prison on accusations that appear to have no legal basis. She was called in for four hours of questioning.

The U.S. Embassy in Tunisia remains silent. If the Bush administration does not stand up for its friends in the region, it will soon learn it has none. Willingness to stand up for dissidents is more powerful than any message Karen Hughes can give.

III - Peu après, le Département d'Etat faisait une déclaration de soutien à Neila Charchour Hachicha, relayée par l'agence Reuters, puis par toutes les agences un peu partout dans le monde :

US concerned about harassment of Tunisia activist

Friday March 31, 2006 7:55 PM ET

WASHINGTON (Reuters) - The United States expressed concern on Friday about the harassment of Tunisian activist Neila Charchour Hachicha and urged the Tunis government to allow its citizens to express opinions freely.

Hachicha's pro-democracy views received wide attention after she spoke out at a seminar for Arab reformers at the conservative American Enterprise Institute think tank in Washington. AEI organizers consider her a test case of the U.S. commitment to democracy, one of President George W. Bush's central foreign policy goals.

"The United States is concerned about the harassment of political activist Neila Chachour Hachicha and her family following her recent remarks on the need for press freedom and democratic reform in Tunisia," said Tom Casey, a State Department spokesman.

The department raised these concerns with the Tunisian government "and we call on it to grant her and all citizens the right to express their views peacefully and without interference," he added.

Writing in Beirut's Daily Star newspaper on Friday, Hachicha said for four years she espoused moderate political views using a personal blog and her party's Web site and the government largely left her alone.

But after she attended the AEI seminar and addressed a wider public audience, including on al-Jazeera satellite television network, "it did not take long for the repressive machinery to kick into action," she said.

"The problem is that most Tunisians do not want to admit that they are terrorized," she added.

Earlier in the week, AEI Middle East expert Michael Rubin said that Hachicha had been interrogated for four hours and her husband had been "sentenced to 10 months in prison on accusations that appear to have no legal basis."

"In the last couple weeks, Neila's car has been confiscated, her Internet connection severed, and her daughter threatened. Police have been stationed outside Neila's house and have written down the license plate numbers of anyone who has visited her," he said in remarks e-mailed to a reporter.

A spokesman for the Tunisian Embassy in Washington, Taoufik Chebbi, insisted his government respected the rule of law and "has nothing to do … with these allegations."

As for the case against Hachicha's husband, Chebbi told Reuters he was convicted of real estate fraud but would remain free while appealing the verdict.

IV - Suite à cela, Le Monde publiait un nouvel article :

Tunisie : Washington dénonce le "harcèlement" de l'opposition

LE MONDE | 07.04.06 | 14h19 • Mis à jour le 07.04.06 | 14h19

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Cinq mois après la tenue, à Tunis, du Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI) organisé par les Nations unies, la situation des droits de l'homme en Tunisie enregistre une nouvelle détérioration, au point de susciter une réaction officielle de la part de Washington.

"Les Etats-Unis s'inquiètent des récentes informations sur le harcèlement à l'encontre de militants et d'organisations de la société civile en Tunisie, et notamment de la situation de Neila Charchour Hachicha et de sa famille (…) qui a été, à notre avis, visée injustement", a déclaré, lundi 3 avril, un porte-parole du département d'Etat, avant de citer le cas de l'avocat Mohammed Abbou, emprisonné depuis mars 2005 pour avoir publié sur Internet un article critique à l'égard du président Ben Ali. En grève de la faim depuis le 11 mars, cet avocat de 39 ans est, selon ses proches, dans un état de santé extrêmement préoccupant.

"Tout cela s'ajoute aux difficultés faites aux organisations civiles (…) et aux efforts pour limiter la liberté d'expression des partis de l'opposition légale", a encore indiqué le porte-parole américain, invitant le gouvernement tunisien à prendre "des mesures conformes à ses intentions déclarées de lancer des réformes démocratiques".

BRIMADES ET AGRESSIONS

Fondatrice du Parti libéral méditerranéen, lancé en 2002 mais jamais agréé, Neila Charchour Hachicha ne faisait pas partie, jusqu'à une date récente, de l'opposition tunisienne. Elle était même considérée comme plutôt proche du régime. Ce sont les tracasseries de la vie quotidienne infligées en Tunisie à toutes les voix un tant soit peu critiques qui ont fini par la faire basculer dans la contestation.

A la suite d'un entretien accordé au Monde (16 novembre 2005) puis d'une conférence à Washington à l'American Enterprise Institute sur le thème "Dissidence et réformes dans le monde arabe", et enfin d'un entretien à la chaîne de télévision Al-Jazira, Neila Charchour Hachicha s'est vu infliger le même traitement que des personnalités telles que Souhayr Belhassen, vice-présidente de la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH), ou la journaliste Naziba Rjiba, alias "Om Zied", l'une des "plumes" du magazine en ligne Kalima.

Tour à tour insignifiantes ou lourdes de conséquences, en tout cas presque toujours impossibles à prouver, ces brimades vont de la privation de passeport à la confiscation de la voiture, au montage photo pornographique mettant en scène l'intéressé ou un membre de sa famille, en passant par l'agression physique.

Florence Beaugé

Article paru dans l'édition du 08.04.06

http:// www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3212,36-759259@51-752565,0.html

V - Enfin, interpellé par le gouvernement tunisien qui contestait les accusations de Neila, le New York Sun publie un éditorial déclarant que Neila Charchour a davantage de crédibilité que le gouvernement tunisien

"Ms. Hachicha has more credibility than her government"

Truth About Tunisia

New York Sun Staff Editorial

April 12, 2006

The press counselor at Tunisia's embassy in Washington, Taoufik Chebbi, has written in contesting Eli Lake's March 31 news story about the Tunisian regime's intimidation of Neila Charchour Hachicha after she gave an interview to al-Jazeera complaining of the lack of free speech in her native land. Mr. Chebbi talks about free speech but neglects to mention that our State Departments human rights report for 2005 says that of the eight "mainstream" dailies in the country, "two were owned by the ruling party, and two, though nominally private, took editorial direction from senior government officials. All media were subject to significant governmental pressure over subject matter."

If Tunisia's press is free then why was lawyer Mohamed Abbou charged with disturbing the public order for printing a statement comparing his country's political prisoners with those held in Abu Ghraib prison in Iraq? Why was Ali Ramzi Bettibi arrested in 2005 for posting a statement from Human Rights Watch on a Web site? Mr. Chebbi insists that Tunisia is a pluralistic society and opposition parties are free to compete in federal elections. But he neglects to mention that President Ben Ali racked up at 94% margin of victory in the 2004 vote.

To be sure, Tunisia is not Cuba, Libya or Iran. But we have had enough experience with soft authoritarianism to understand that official detentions, torture and death squads are not always necessary to keep control. Dissidents in Tunisia complain of the kind of intimidation of which Mr. Chebbi says is impossible. Ms. Hachicha told us last month that too many things have happened to her and her family since her interview on al-Jazeera to think this is a coincidence. Her husband has been charged with fraud, her daughter has been humiliated, her car has been stolen, and her friends have been urged to walk away from her. The sad fact about Tunisia is that Ms. Hachicha has more credibility than her government

http://www.nysun.com/article/30855

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