alex6 Posté 15 mai 2006 Signaler Posté 15 mai 2006 Plus grand Il s'agit d'un tableau, fort connu, de Cueco, imminent artiste communiste mais nettement moins doué que Picasso (question de modèle peutêtre…) Personnellement la première fois que j'ai vu ce tableau j'y ai vu une image plutôt juste de ce qu'a été le communisme, le regard actuel rend du coup l'impact de ce tableau bien différent de celui qui a voulu être donné en 1969. Plusieurs aspects, non prédit par l'auteur en son temps (et pour cause…): - La perspective donne une impression de glissement pour les trois compères, interprétation actuelle possible de l'échec cinglant des diverses révolutions communistes - Une analogie possible entre le lit de pavés, initiateurs des flots de sang qui coulérent en Chine par la suite de l'imprégnation idéologique communiste de mai68 (et autres) - Marx au bord du lit de mort, symbole de l'oubli de la théorie initiale par les communistes réels, comme voudrait nous le faire croire les nouveaux extrémistes de gauche. Bref, au-delà de l'aspect saisissant de l'oeuvre (en vrai au musée d'art moderne, c'est mieux), je la trouve être un beau symbole de l'abérration communiste, et donc indirectement du libéralisme. Votre avis?
alex6 Posté 15 mai 2006 Auteur Signaler Posté 15 mai 2006 C'était plus sur l'interprétation symbolique que je me penchais. Esthétiquement c'est d'un style des plus discutables je te l'accorde… (Cueco a fait pire)
Fredo Posté 15 mai 2006 Signaler Posté 15 mai 2006 Excellent ! Je comprends mieux maintenant le qualificatif de "réaliste" pour l'art communiste. En fait les cocos ne sont pas que de doux rêveurs : ils ont un sens pragmatique et une efficacité concrète pour asseoir leurs idées.
Dilbert Posté 15 mai 2006 Signaler Posté 15 mai 2006 Freud n'était pas communiste me semble-t-il. En effet, parmi les "maîtres du soupçon", c'est un des plus fréquentables. Sans doute son éducation scientifique. Et puis quelqu'un qui a traduit John Stuart Mill dans sa jeunesse ne peut être entièrement mauvais (pas un coco en tous cas).
Legion Posté 15 mai 2006 Signaler Posté 15 mai 2006 En effet, parmi les "maîtres du soupçon", c'est un des plus fréquentables. Sans doute son éducation scientifique. Et puis quelqu'un qui a traduit John Stuart Mill dans sa jeunesse ne peut être entièrement mauvais (pas un coco en tous cas). La notoriété de Freud l'a bien servi, même les nazis n'ont pas osé l'arretter…
Dilbert Posté 15 mai 2006 Signaler Posté 15 mai 2006 La notoriété de Freud l'a bien servi, même les nazis n'ont pas osé l'arretter… Je ne sais pas si l'anecdote qu'on raconte quand il a quitté l'Allemagne (ou l'Autriche ?) est vraie. "Je puis recommander la Gestapo à tout le monde" aurait-il écrit sur un papier que les Allemands lui avaient fait signer attestant qu'il n'avait reçu aucun mauvais traitement de la Gestapo… Humour juif…
Coldstar Posté 15 mai 2006 Signaler Posté 15 mai 2006 C'est très laid. Largement moins que la moyenne en Art Contemporain.
alex6 Posté 15 mai 2006 Auteur Signaler Posté 15 mai 2006 Tu veux dire comme cela? (ok, ça n'est pas du pur contemporain) Tout jugement sur l'art est fortement subjectif, à savoir aussi si l'art ne peut avoir un autre but que d'être beau dans l'absolu… c'est tout l'intérêt que je trouve à l'art moderne que de chercher une réponse à cette question. Sinon pour la présence de Freud sur le tableau de Cueco, je tenterai une amorce de réponse: Peutêtre Freud a-t-il pu être la caution de l'aversion psychologique de l'homme pour la religion que prônait Marx sur un registre "économique". Le fil conducteur pourrait donc être cette haine (soupçon, pour être gentil) de la pratique religieuse qui s'est retrouvée avec tant de ferveur chez les communistes et de manière très forte chez Mao. Cela dit je ne connais pas bien les interactions Marx-Freud, il y a peutêtre d'autres raisons… à moins que Cueco n'ai trouvé personne d'autre à mettre dans le vide Marx-Mao, j'aurai personnellement plutôt opté pour y mettre une limace
ronan Posté 16 mai 2006 Signaler Posté 16 mai 2006 Cela dit je ne connais pas bien les interactions Marx-Freud, il y a peut-être d'autres raisons.. Le psychanalyste élève de Freud Wilhelm Reich a tenté une synthèse entre les deux doctrines, je crois. Sinon, c'est presque un tableau hayékien. Son tryptique Droit, Législation et Liberté se termine par trois paragraphes particulièrement significatifs : -La fabrication d'une nouvelle morale pour servir de vieux instincts : Marx (Cf. p. 202, tome 3) -La destruction de valeurs indispensables par erreur scientifique : Freud (Cf. p. 207, ibid.) -À fronts renversés (Cf. p. 210, ibid.) quelques extraits des deux derniers § : La destruction de valeurs indispensables par erreur scientifique : Freud(…) Après avoir loué ci-avant mes amis de Vienne, Popper, Lorenz, Gombrich et Bertalanffy, je suis au regret de devoir concéder que le positivisme logique de Carnap et le positivisme juridique de Kelsen ne sont pas, de loin, les pires choses qui sont venues de Vienne. Par ses profondes répercussions sur l'éducation, Sigmund Freud est probablement devenu le plus grand démolisseur de la culture. (…) son objectif fondamental qui fut d'abolir les répressions culturellement acquises et d'affranchir les pulsions naturelles a ouvert la plus fatale offensive contre la base de toute civilisation. (…) C'est la moisson de cette semence que nous récoltons aujourd'hui. Ces sauvages non domestiqués qui se représentent comme aliénés de quelque chose qu'ils n'ont jamais appris, et qui même entreprennent de bâtir une "contre culture", sont l'inévitable produit de l'éducation permissive qui se dérobe au devoir de transmettre le fardeau de la culture, et se fie aux instincts naturels qui sont les instincts du sauvage.(…) Que pouvons-nous attendre d'une génération qui a atteint l'âge adulte pendant les cinquante années où la scène intellectuelle britannique a été dominée par une personnalité qui avait publiquement déclaré avoir toujours été et vouloir toujours rester un immoraliste ? (…) À fronts renversés Si notre civilisation survit - ce qu'elle ne pourra sans renoncer à ces erreurs - je crois que les hommes de l'avenir regarderont en arrière notre temps comme une époque de superstition, principalement caractérisée par les noms de Karl Marx et Sigmund Freud.
Dilbert Posté 16 mai 2006 Signaler Posté 16 mai 2006 Je n'ai jamais remarqué que l'intention de Freud soit d'"affranchir les pulsions naturelles", son but était plutôt de les étudier. Non pas le triomphe du "ça", mais plutôt l'éclairage du "ça" par le moi.
melodius Posté 16 mai 2006 Signaler Posté 16 mai 2006 Je ne connais pas assez bien l'oeuvre de Freud pour en juger, mais il me semble par contre exact que nombre d'adeptes de la psychanalyse correspondent point pour point au portrait qu'en fait le bon Frédéric. Je crois que ronan a trouvé la clef du tableau : Reich et à travers lui le marxisme '68. Si on se place à cette époque, le rapprochement Marx-Freud-Mao est bien moins surprenant qu'il ne l'était avant ou depuis.
Salatomatonion Posté 16 mai 2006 Signaler Posté 16 mai 2006 Votre avis? J'aimais mieux l'ancienne version de Tetris. Tout jugement sur l'art est fortement subjectif, à savoir aussi si l'art ne peut avoir un autre but que d'être beau dans l'absolu… c'est tout l'intérêt que je trouve à l'art moderne que de chercher une réponse à cette question. Je comprends mieux maintenant mon aversion pour l'art contemporain. Trop occupés à chercher la réponse à cette question les artistes ont oublié qu'il fallait parvenir à susciter chez moi autre chose qu'indifférence, voire dégoût.
alex6 Posté 16 mai 2006 Auteur Signaler Posté 16 mai 2006 Je crois que ronan a trouvé la clef du tableau : Reich et à travers lui le marxisme '68.Si on se place à cette époque, le rapprochement Marx-Freud-Mao est bien moins surprenant qu'il ne l'était avant ou depuis. Bien joué, la rétrovision à la période 68 me semble aussi la bonne. Merci Ronan, je préfère m'en tenir à cette explication plutôt que de chercher les analyses critiques sur le monde diplomatique… Trop occupés à chercher la réponse à cette question les artistes ont oublié qu'il fallait parvenir à susciter chez moi autre chose qu'indifférence, voire dégoût. L'indifférence, le dégoût sont des réactions qui elles peuvent donc, à l'image de l'idéalisation de la représentation de la beauté dans l'art antique, être une piste dans le sondage de l'âme humaine. Disons que parfois la sonde s'égare franchement… Finalement même la réaction "pfff, je fais la même chose chez moi, c'est juste une tâche" me fais sourire (fut un temps où elle m'agaçait fortement)
Salatomatonion Posté 16 mai 2006 Signaler Posté 16 mai 2006 L'indifférence, le dégoût sont des réactions qui elles peuvent donc, à l'image de l'idéalisation de la représentation de la beauté dans l'art antique, être une piste dans le sondage de l'âme humaine.Disons que parfois la sonde s'égare franchement… Finalement même la réaction "pfff, je fais la même chose chez moi, c'est juste une tâche" me fais sourire (fut un temps où elle m'agaçait fortement) Ca ne me paraît pas très flatteur pour un artiste de savoir qu'il provoque ce type de réaction chez le spectateur. Et puis la perspective de servir de cobaye humain dans un laboratoire artistique me déplaît tout autant.
Punu Posté 16 mai 2006 Signaler Posté 16 mai 2006 Le psychanalyste élève de Freud Wilhelm Reich a tenté une synthèse entre les deux doctrines, je crois. Sinon, c'est presque un tableau hayékien. Son tryptique Droit, Législation et Liberté se termine par trois paragraphes particulièrement significatifs :-La fabrication d'une nouvelle morale pour servir de vieux instincts : Marx (Cf. p. 202, tome 3) -La destruction de valeurs indispensables par erreur scientifique : Freud (Cf. p. 207, ibid.) -À fronts renversés (Cf. p. 210, ibid.) quelques extraits des deux derniers § : Reich était marxiste, c'est vrai, mais je ne pense pas qu'il ait tenté une synthèse entre les deux doctrines (en fait il a simplement prôné l'utilisation de la psychanalyse par le prolétariat, avant d'effacer toute trace de marxisme de ses livres). C'était juste un type complètement à la masse qui a inventé une machine à détruire les nuages et une autre à concentrer l'orgone (une sorte d'énergie vitale sexuelle universelle). Woody Allen se moquait de la machine à orgone dans "Sleeper".
ronan Posté 16 mai 2006 Signaler Posté 16 mai 2006 Merci Ronan, je préfère m'en tenir à cette explication plutôt que de chercher les analyses critiques sur le monde diplomatique… Bien vu : il ne manque plus que Castro pour que le tableau soit complet ! Pour les déçus de l'art contemporain et les amateurs de la beauté classique, je recommande le site de l'expo Ingres qui vient de se tenir au Louvre. Excellent et très complet, à mon grand étonnement : http://mini-site.louvre.fr/ingres/ Reich était marxiste, c'est vrai, mais je ne pense pas qu'il ait tenté une synthèse entre les deux doctrines (en fait il a simplement prôné l'utilisation de la psychanalyse par le prolétariat, avant d'effacer toute trace de marxisme de ses livres). C'était juste un type complètement à la masse qui a inventé une machine à détruire les nuages et une autre à concentrer l'orgone (une sorte d'énergie vitale sexuelle universelle). Sur Reich et le marxisme : http://www.universalis.fr/corpus-universal…is.htm#04000000 Sur le courant du Freudo-Marxisme : http://fr.wikipedia.org/wiki/Freudo-marxisme Un article (non lu) d'une revue marxiste, Matérialisme dialectique et psychanalyse selon Wilhelm Reich : http://www.psychanalyse.lu/articles/SimonelliMaterialismeDialectique.htm Source : google
alex6 Posté 16 mai 2006 Auteur Signaler Posté 16 mai 2006 Pour les déçus de l'art contemporain et les amateurs de la beauté classique, je recommande le site de l'expo Ingres qui vient de se tenir au Louvre. J'ai hésité la dernière fois mais je n'aime pas trop le style d'Ingrès, je le trouve trop répétitif. Ton avis me donne tout de même envie d'aller y jeter un coup d'oeil Sur le courant du Freudo-Marxisme : http://fr.wikipedia.org/wiki/Freudo-marxisme Vraiment pas terrible l'article de Wiki…
ronan Posté 16 mai 2006 Signaler Posté 16 mai 2006 J'ai hésité la dernière fois mais je n'aime pas trop le style d'Ingrès, je le trouve trop répétitif.Ton avis me donne tout de même envie d'aller y jeter un coup d'oeil Dans l'expo, c'est paradoxalement la variété de son style et la multiplicité de son inspiration qui m'ont étonné. Je ne connaissais pas les peintures religieuses par exemple, ni les portraits de jeunesse.
Punu Posté 16 mai 2006 Signaler Posté 16 mai 2006 Sur Reich et le marxisme : http://www.universalis.fr/corpus-universal…is.htm#04000000Sur le courant du Freudo-Marxisme : http://fr.wikipedia.org/wiki/Freudo-marxisme Un article (non lu) d'une revue marxiste, Matérialisme dialectique et psychanalyse selon Wilhelm Reich : http://www.psychanalyse.lu/articles/SimonelliMaterialismeDialectique.htm Source : google Si tu ne prends pas la peine de lire tes sources, tu t'imagines que je vais le faire pour toi ? Reich s'est fait vider du PC dès 1933 et, comme je l'ai dit plus haut, il a supprimé toute référence au marxisme dans son oeuvre. On peut donc tout dire sauf que sa psychanalyse était marxiste. Il fut un psychanalyste marxiste, ce qui n'en fait pas le créateur ni un tenant du freudo-marxisme.
melodius Posté 16 mai 2006 Signaler Posté 16 mai 2006 J'avoue que la subtilité de la distinction m'échappe un peu; si j'ai bien compris, il s'agit de savoir si Reich était un psychanalyste marxiste ou s'il a tenté de marier marxisme et psychanalyse ?
ronan Posté 16 mai 2006 Signaler Posté 16 mai 2006 Si tu ne prends pas la peine de lire tes sources, tu t'imagines que je vais le faire pour toi ? Pourquoi pas, si ce n'est pas au-dessus de ta dignité ? Et puis, j'ai une imagination fertile de toutes façons. Reich s'est fait vider du PC dès 1933 et, comme je l'ai dit plus haut, il a supprimé toute référence au marxisme dans son oeuvre. On peut donc tout dire sauf que sa psychanalyse était marxiste. Il fut un psychanalyste marxiste, ce qui n'en fait pas le créateur ni un tenant du freudo-marxisme. Je renvoie le lecteur consciencieux et le grand spécialiste de la psychanalyse reichienne que tu es au dossier de l'Universalis que j'ai mis en lien. Ce sera du reste mon dernier mot. Je te laisse poster ta réponse de bonne grâce vu que tu as l'air d'y mettre un point d'honneur. Mais je n'y répondrai pas, de tels ergotages sur un sujet qui m'ennuie déjà passablement finissent par me lasser complètement.
alex6 Posté 16 mai 2006 Auteur Signaler Posté 16 mai 2006 Dans l'expo, c'est paradoxalement la variété de son style et la multiplicité de son inspiration qui m'ont étonné. Je ne connaissais pas les peintures religieuses par exemple, ni les portraits de jeunesse. J'avoue en être resté à ses peintures de femmes ce qui est sans doute très réducteurs. Par curiosité donc… Pourquoi pas, si ce n'est pas au-dessus de ta dignité ? La dignité semble au contraire pour Gadrel, dès que l'on touche à la psychanalyse, lui ôter toute condescendance envers les non-initiés à la sacro-sainte théorie de la psychanalyse. Je me permet donc, Ronan, de te conseiller la plus grande prudence sur ce terrain (par expérience) Non mais sans blagues, si tout les non-spécialistes se mettaient à vouloir approfondir leurs connaissances, où irait-on!!
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