Serge Posté 25 mai 2006 Signaler Posté 25 mai 2006 Les activistes anti-pauvreté ont la vie dure. Malgré l'allègement de la dette, les nations pauvres à nouveau dans le rouge. Emad Mekay.WASHINGTON, 24 mai (IPS) - Un nouveau rapport de la section d'audit interne de la Banque mondiale a peint un tableau sombre des résultats d'un plan de la banque et du Fonds monétaire (FMI), qui s'étale sur une décennie et vise à accorder aux nations les plus pauvres du monde un allègement de la dette. Le rapport rédigé par 'Independent Evaluation Group' (IEG) basé à Washington indique que dans la moitié des pays qui ont bénéficié de l'allègement de la dette dans le cadre du programme connu sous le nom d'initiative de Pays pauvres très endettés (PPTE), la dette s'est en fait accrue et est retournée au niveau où elle était avant le plan d'allègement de dette. Jusqu'ici, l'initiative PPTE a effacé 19 milliards de dollars de dettes dans 18 pays, réduisant de moitié leurs ratios de dettes. Toutefois, l'IEG a constaté que dans 11 des 13 pays que le rapport évalue, et qui sont passés par le programme qui leur donne qualité pour commencer par bénéficier de l'allègement de la dette, dénommé point d'achèvement, la dette extérieure a en fait augmenté. L'IEG de la Banque mondiale dit que dans huit de ces pays -- qui sont tous en Afrique -- la dette vis-à-vis du ratio d'exportation, qui mesure le niveau de l'endettement, a, une fois encore, dépassé le seuil de sécurité de la dette des PPTE, de 150 pour cent. ''Ce que cela signifie, c'est que l'allègement de la dette par lui-même ne garantit pas que le pays aura une voie viable. Il faut que beaucoup d'autres choses arrivent au même moment à part l'allègement de la dette'', a déclaré à IPS, Victoria Elliott, directrice de l'équipe d'évaluation des entreprises de l'IEG et l'un des auteurs du rapport. L'étude a expliqué que les changements dans les taux de change ont réussi à accroître les ratios de la dette, et que l'effet positif d'exportations croissantes et de plus grands revenus sur les ratios de la dette a été contrebalancé par de nouveaux emprunts. Il se trouve que six des huit pays qui sont passés par le programme présentent toujours un risque modéré de détresse de la dette, tandis qu'ils restent tous vulnérables aux chocs d'exportation et ont besoin d'un ''financement très concessionnel et d'une gestion prudente de la dette''. Les huit pays sont le Rwanda, l'Ethiopie, l'Ouganda, la Tanzanie, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Ghana et le Mali. Le rapport de 98 pages, qui reconnaît que le but ultime de l'allègement de la dette est de réduire la pauvreté endémique, a également constaté que tous les 18 pays du post-point d'achèvement n'ont fait que ''des progrès modestes'' par rapport aux Objectifs du millénaire pour le développement, qui cherchent à réduire de moitié la pauvreté d'ici à 2015. Le programme des PPTE a vu le jour en 1996 après des années d'intenses campagnes des activistes anti-pauvreté. Les architectes du programme, notamment les institutions multilatérales de prêts comme la Banque mondiale et le FMI, ainsi que le Club de Paris, un cartel de riches prêteurs des nations riches, ont approuvé l'initiative PPTE comme une approche globale pour réduire la dette extérieure des nations les plus pauvres du monde. Mais ce n'est qu'au sommet des huit nations les plus industrialisées (G-8) à Gleneagles, en Ecosse, quand les dirigeants du G8 ont promis d'annuler la dette des pays les plus endettés du monde, dont la plupart se trouvent en Afrique, que la certification de leur adhésion aux programmes prescrits par la Banque mondiale et le FMI a commencé en réalité. A ce jour, 29 pays PPTE ont atteint leurs points de décision, où ils commencent par se qualifier pour l'annulation de la dette et acceptent une nouvelle série de politiques économiques approuvées par les institutions de prêt. Sur les 29 pays, 18 ont atteint leur point d'achèvement, la note à laquelle l'allègement de la dette est accordé en réalité. Dans l'étude, l'équipe de l'IEG explique que parmi les raisons pour lesquelles les nations pauvres retombent dans la dette, il y a le fait qu'elles n'aient pas pu diversifier les exportations ou accroître les revenus pour satisfaire de nouvelles conditions strictes de prêt. ''Ce qui est arrivé à ces pays jusqu'ici est que leurs ratios de dette sont affectés par les modalités et conditions de nouveaux prêts qu'ils ont contractés et cela est affecté par leur capacité à accroître et à diversifier leurs exportations et leur capacité à accroître leurs revenus fiscaux'', a déclaré Eliott. ''Et ces choses sont toutes guidées par des facteurs hors du champ de l'initiative d'allègement de la dette''. Selon le rapport, pour que le monde crée une sortie ''permanente'' de la dette qui libérerait des ressources pour des dépenses sociales visant la réduction de la pauvreté, des actions des donateurs et des gouvernements PPTE, au-delà du champ et des ressources de l'initiative, seront indispensables. L'IEG de la banque dit que celles-ci devront inclure des gouvernements qui adoptent des cadres de ''politique fiable'' et des stratégies de développement équilibrées. Il faudrait que la communauté internationale aide les pays à accroître leurs exportations, à construire des capacités institutionnelles nécessaires, et à s'assurer que l'allègement de la dette des PPTE viendra vraiment en complément d'autres flux d'aide. Les militants anti-dette ont accueilli favorablement le rapport, mais ont insisté sur un plan beaucoup plus complet pouvant permettre aux nations pauvres de sortir du cycle de la dette, et comprenant l'augmentation de l'aide des nations riches et des règles plus équitables sur le commerce mondial. ''L'on ne peut pas s'attendre à ce que des pays puissent sortir du cycle du sous-développement sans plusieurs autres mesures, notamment un changement dans les relations commerciales, qui, par exemple, autorisent l'octroi de grosses subventions aux agriculteurs américains et européens, faisant ainsi baisser les prix perçus par les producteurs des pays pauvres'', a indiqué Stephen Mandel du 'New Economics Foundation' à Londres. Mandel a indiqué à IPS que l'ouverture forcée des marchés dans les produits comme dans les services aux sociétés transnationales par les nations riches et leurs institutions affiliées comme le FMI, la Banque mondiale et l'Organisation mondiale du commerce, empêche la croissance de l'industrie locale dans les nations pauvres. Dans son examen du rapport, le groupe de réflexion 'Eurodad' basé à Bruxelles a dit que le rapport de l'IEG prouvait comment les responsables de la banque et du FMI, y compris l'ancien président de la Banque mondiale James Wolfensohn, ont, par le passé, accru artificiellement les avantages du programme PPTE. ''Ceci est loin de 'la sortie résolue du poids de la dette non supportable' qui a été proclamée par l'ex-président de la Banque mondiale Wolfensohn comme le principal objectif de l'initiative'', a indiqué le groupe. (FIN/2006) IPS
Saragator Posté 25 mai 2006 Signaler Posté 25 mai 2006 Les activistes anti-pauvreté ont la vie dure. IPS Pas le courage de lire le texte. Mais le sujet m'intéresse…Problème posé à la communauté : sans états, pas de dettes inter étatiques (seulement des dettes privées), maintenant que les états se sont endettés les uns vis-à-vis des autres, comment considérer cette dette… Peut-elle être réduite (volonté d'un état qui se substitue à la volonté d'un agent rationnel) ou ne doit-on plus toucher à ce stock de dette actuel ? La question est aussi floue que l'état actuel de mes connaissances à ce sujet.
William White Posté 25 mai 2006 Signaler Posté 25 mai 2006 Réduire les dettes, c'est libérer les mains de ceux qui en sont directement les responsables. Ils peuvent alors se maintenir au pouvoir et continuer leur petit jeu. Il n'y a rien de nouveau. On peut ensuite rechercher des problèmes au niveau du commerce international. Peut-être aussi que les huit pays montrés du doigt n'arrivent toujours pas à tirer leur épingle du jeu, en trouvant et développant leurs avantages dans les échanges mondiaux.
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