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La France, Pays Des Grèves ?


Serge

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Posté
Après le passage en revue de ces sept études comparatives, il est clair que la grève, qu’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore, ne peut pas être considérée comme un « sport national français ». Tout au long du XXe siècle, la France est globalement restée dans la moyenne basse des pays industrialisés.

Une autre conclusion qui peut être tirée de ces statistiques est que la « culture de la négociation », tant vantée par les médias, n’empêche pas, loin s’en faut, les conflits sociaux. Le fait de négocier avant n’empêche pas de faire grève. Ainsi, [il apparait] que les pays scandinaves sont relativement conflictuels : le Danemark est en tête du classement, la Norvège est 4e et la Finlande 7e. Ainsi, la « culture de la négociation » n’implique pas forcément une « faible intensité conflictuelle ». Et, à l’inverse, la « culture de la confrontation » (tant décriée par les médias français) n’engendre pas automatiquement une « forte intensité conflictuelle ».

Autant d’observations qui tendent à montrer que, lorsqu’ils évoquent les grèves, les grands médias préfèrent la « culture de l’ignorance » à celle de l’exactitude.

Voilà qui devrait donner bonne conscience à certains … :icon_up:

Invité Sensual Touch
Posté
la grève ne peut pas être considérée comme un « sport national français »
La peur grandissante de l'ultra-liberalisme finira par l'elever au rang de religion..
Posté

L'indicateur retenu est le nombre de journées de grève pour 1000 salariés. C'est donc une moyenne entre le secteur privé (environ 3/4 des effectifs) et le secteur public. Or les grèves les plus visibles et les plus désagréables concernent les services publics en situation de monopole ou de quasi-monopole, comme les transports (RATP et SNCF), l'Education Nationale… Qu'en est-il dans le secteur privé?

En outre, l'argument comme quoi cela démontre qu'il n'y a pas d'obstruction aux réformes se retourne comme un gant. En effet, c'est peut-être parce qu'il n'y a quasiment aucune réforme, contrairement aux autres pays europénes, que les salariés filent doux….

Posté
L'indicateur retenu est le nombre de journées de grève pour 1000 salariés. C'est donc une moyenne entre le secteur privé (environ 3/4 des effectifs) et le secteur public. Or les grèves les plus visibles et les plus désagréables concernent les services publics en situation de monopole ou de quasi-monopole, comme les transports (RATP et SNCF), l'Education Nationale… Qu'en est-il dans le secteur privé?

Et non :icon_up:

… ce résultat doit être nuancé (de même, certainement, que tous les précédents). Car l’auteur de ce travail indique n’avoir pris en compte, pour la France, que les données du secteur privé, ce qui exclut donc toutes les grèves de la fonction publique (dont on verra plus loin qu’elles sont de plus en plus nombreuses en France). Sans doute lui manquait-il des données pour pouvoir les inclure dans ses statistiques. En effet, comme évoqué précédemment, les grèves dans la fonction publique d’Etat n’ont été « publiées systématiquement [qu’]à partir de 1982 » en France (Sirot, 2002, p. 34) alors que la période étudiée va de 1970 à 1993. L’étude qui suit va cependant nous permettre de voir que, même si les grèves de la fonction publique sont comptabilisées, la place de la France dans le classement général n’est pas sensiblement changée.
…La France est 12e sur 15. Si l’on redresse les données en ajoutant les données manquantes de la fonction publique, elle passe à la 10e place. On voit donc que, même après redressement des données, la France est restée, entre 1984 et 1993, un pays assez peu conflictuel : plus « calme » que le Royaume-Uni, que la plupart des pays scandinaves (Norvège, Suède, Danemark) et à peu près au même niveau que l’Allemagne.
.

Mais…

alors que les statistiques sur les grèves dans le privé sont constituées par les services du ministère du Travail, celles du public sont élaborées au sein du ministère de la Fonction publique. Auteur d’une thèse de droit sur « La grève dans les services publics », Eric Devaux évoque le manque de fiabilité des chiffres publiés par le ministère de la Fonction publique : celui-ci « ne recense – et encore de façon parcellaire […] – que les conflits déclenchés par les fonctionnaires stricto sensu. Par conséquent, toutes les grèves affectant les agents des services publics lato sensu sont, globalement, peu ou mal connues, ce qui est fort regrettable » (1993, p. 10).

Et encore…

Evolution récente des grèves dans la fonction publique (et dans le secteur privé) : au cours des deux dernières décennies du XXe siècle, les grèves dans le secteur privé tendent à diminuer. Pour ce qui est de la fonction publique d’Etat, l’évolution est plus irrégulière mais la tendance générale semble plutôt être à la hausse.

Bref…

Le fait que « le secteur public au sens large » arrive seulement en troisième position dans l’ensemble des pays alors que, en France, la fonction publique (au sens restreint) est à l’origine de la majorité des journées non travaillées nous autorise sans doute effectivement à conclure à une sorte de « spécificité française » (le nombre important de grèves dans la fonction publique) en la matière.
Posté
Et non :icon_up:

Mais…

Et encore…

Bref…

On retiendra surtout que la soupe est si épaisse qu'elle en est indigeste ; que les stats boulottées par l'enquête ne sont pas fiables du tout, et qu'on peut leur faire dire tout et n'importe quoi.

Pour ma part, je reste factuel : quand je vais à l'étranger, j'observe moins de grève dans les journaux (papier, télé, radio) qu'en France sur une période donnée. Je constate que les services publics dans bien d'autres pays sont plus fiables, moins sujets à des arrêts intempestifs, etc… Le reste, à savoir si la France (entité large et floue) fait plus ou moins de grève que le Platopabo ou le Boukistan, m'est indifférent : pour la taille du pays, et pour l'ampleur qu'elles prennent, les services publics font trop de grèves pour ce qu'est capable de supporter la population qui paye pour les pots cassés. Point.

Posté

Je crois que la grande différence entre la France et la plupart des autres pays industrialisés est qu'en France une grève est nécessairement politique et dirigée contre le gouvernement.

On connait par ailleurs la merveilleuse habitude de la gauche française d'organiser un troisième tour dans les rues lorsqu'elle perd des élections.

Posté
On connait par ailleurs la merveilleuse habitude de la gauche française d'organiser un troisième tour dans les rues lorsqu'elle perd des élections.

C'est une impression que j'ai, furieusement chevillée au corps, qu'effectivement, la droite au pouvoir signifie la gauche dans la rue en session barbecue de boulevard… Cette impression serait probablement renforcée par les chiffres, visant à voir si le nombre de grève augmente ou diminue alors que la gauche est au pouvoir…

Posté
C'est une impression que j'ai, furieusement chevillée au corps, qu'effectivement, la droite au pouvoir signifie la gauche dans la rue en session barbecue de boulevard… Cette impression serait probablement renforcée par les chiffres, visant à voir si le nombre de grève augmente ou diminue alors que la gauche est au pouvoir…

Pour avoir subi en plein les 14 années de Mitterrandie, j'en garde un souvenir plutôt agréable en ce qui concerne la fréquence des grèves. Un ami bien introduit (selon la formule consacrée dans le milieu politique et qui me semble on ne peut plus appropriée) m'avait laissé entendre qu'une sorte de consigne avait été passée aux syndicats par le pouvoir. Le ministère des transports ayant été dévolu au PCF lors du permier mandat, les syndicats ne pouvaient manifestement pas descendre dans la rue pour protester contre l'exploitation.

Posté
Je crois que la grande différence entre la France et la plupart des autres pays industrialisés est qu'en France une grève est nécessairement politique et dirigée contre le gouvernement.

On connait par ailleurs la merveilleuse habitude de la gauche française d'organiser un troisième tour dans les rues lorsqu'elle perd des élections.

Ça donne des idées à la gauche Mexicaine. Tu vois que la grande nation est toujours la lumière du monde.

Invité jabial
Posté

En France, il y a relativement peu de grèves au sens propre du terme. Ce qu'on a généralement, ce sont des fausses grèves qui sont des abus manifestes du droit de grève.

  • La grève est dirigée non pas contre le patron de l'entreprise, mais contre le gouvernement
  • Elle se produit comme par hasard dans une entreprise monopolistique pour prendre les gens en otage
  • Elle a lieu pour des raisons politiques qui n'ont rien à voir avec les salariés qui font grève
  • Elle s'accompagne systématiquement d'actes illégaux pour empêcher ceux qui le désirent de travailler

Posté
Je suis d'accord. Ce qui est déplaisant, c'est la conclusion trompeuse publiée sur Acrimed.

Faut dire que si tu espères des analyses objectives et subtiles de la part des stalino-halimiens d'Acrimed…

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