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Pierre Assouline Ou Le Copinage En Action


Taranne

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Assouline, on le sait, est en bons termes avec ceux qui décernent les prix comme avec ceux qui les reçoivent. Aussi lance-t-il chaque année à cette époque une attaque préventive contre les hérétiques qui, en plus de penser que nos jurys sont un peu ripoux sur les bords, estiment que des jurés tournants à l'anglo-saxonne ne seraient pas forcément une mauvaise chose.

Jurys : le modèle anglais en est-il un ?

C'est un rite annuel auquel on ne saurait déroger. A quelques jours de l'ouverture de la chasse aux prix littéraires, nul doute que les jurys vont être à nouveau soupçonnés de prévarication, copinage et autres joyeusetés, et que dans le même temps, on louera dans le modèle anglais son indépendance, sa qualité et sa diversité. Le Man Booker prize, équivalent de notre Goncourt, vient juste d'être remis à Kiran Desai, 37 ans pour son deuxième roman The Inheritance of loss, dédié à sa mère l'écrivain Anita Desai plusieurs fois finaliste du Booker et jamais couronnée. En quoi le fonctionnement du fameux prix anglais est-il différent des français ? Outre que le vainqueur reçoit un chèque de 50 000 livres sterling au lieu d'un chèque de 10 euros, ses ventes en sont pareillement dopées avec des variations selon la popularité de l'auteur ou l'intérêt de son roman : l'an dernier, The Sea de John Banville s'est vendu à 250 000 exemplaires. Soit, mais le jury ? Cette année, il était présidé par Hermione Lee, professeur de littérature anglaise à Oxford et biographe de Virginia Woolf et Edith Wharton ; à ses côtés siégeaient le poète et romancier Simon Armitage, la romancière Candia McWilliam, le critique Anthony Quinn et l'actrice Fiona Shaw. Ils collaborent aux pages littéraires des grands journaux, leurs livres sont publiés par des maisons d'édition qui sont dans la course aux prix et il leur arrive d'avoir des amis écrivains qui se trouvent être parfois candidats à la récompense suprême. On ne voit pas vraiment en quoi cela diffère des jurys français. Si, tout de même : le jury est tournant. Il se renouvelle chaque année, ce qui impose aux lobbyistes d'avoir chaque année un peu plus d'imagination. Lobbying est le mot anglais et poli pour "trafic d'influence". Ultime différence : on ne se souvient pas avoir jamais vu d'actrice sièger au Goncourt, sauf à penser que ce sont tous des comédiens. Alors, un modèle, vraiment ?

http://passouline.blog.lemonde.fr/livres/2006/10/jurys_le_modle_.html

Quand on voit les palmarès comparés du Booker et du Goncourt, on se dit que s'il y a lobbying alors il donne de meilleurs résultats dans un cas que dans l'autre, mais on ne va pas faire de la peine à Pierrot… Quant à l'argument voilé selon lequel une actrice serait par essence incapable de juger de la valeur d'un livre, c'est le genre d'élitisme à la c.. qui fait tout le non-charme des cultureux parisiens.

Posté

Sérieusement, le palmarès du Booker, c'est pas vraiment ça non plus. J'ai lu deux des six finalistes de cette année, et ça ne volait pas bien haut. La description du vainqueur ne me donne vraiment pas envie de le lire.

Les meilleurs auteurs anglais actuels n'ont pas gagnés le Booker. Zadie Smith, David Mitchell, Lawrence Norfolk, Martin Amis…

La différence, c'est que pour le Goncourt, les jurés seraient même compétents qu'ils auraient du mal à trouver un bon livre français, tandis que les anglais ne devraient pas avoir le même problème.

Les prix littéraires sont en général très mauvais, dans quelque pays que ce soit. La seule exception est peut-être le National Book Award américain, bien supérieur au Pulitzer.

Posté
Sérieusement, le palmarès du Booker, c'est pas vraiment ça non plus. J'ai lu deux des six finalistes de cette année, et ça ne volait pas bien haut. La description du vainqueur ne me donne vraiment pas envie de le lire.

Je sais pas. Il me semble tout de même que le Booker a plus d'écrivains majeurs à son palmarès que le Goncourt.

Les meilleurs auteurs anglais actuels n'ont pas gagnés le Booker. Zadie Smith, David Mitchell, Lawrence Norfolk, Martin Amis

Son père l'a eu, c'est sans doute en partie pour ça. Et puis Amis - c'est de famille - n'est pas d'un commerce facile…

La différence, c'est que pour le Goncourt, les jurés seraient même compétents qu'ils auraient du mal à trouver un bon livre français, tandis que les anglais ne devraient pas avoir le même problème.

Il y a des bons livres français, mais cela nécessiterait d'aller un peu plus loin que les maisons d'édition qui ont pignon sur rue. Si Les Bienveillantes remporte le Goncourt, ça en fera un de plus pour Gallimard.

De toute manière, la mauvaise foi de Assouline est patente.

Posté
Je sais pas. Il me semble tout de même que le Booker a plus d'écrivains majeurs à son palmarès que le Goncourt.

C'est certain. La descente aux enfers du Booker est relativement récente.

Posté

Zadie Smith, c'est très sympa, mais rien de plus.

De plus, la qualité des finalistes dépend quand même largement de la production de l'année en cours, donc je ne trouve pas que ta critique du Man Booker soit très pertinente.

L'un dans l'autre, je trouve qu'il est largement supérieur à tous les prix français.

Posté
De plus, la qualité des finalistes dépend quand même largement de la production de l'année en cours, donc je ne trouve pas que ta critique du Man Booker soit très pertinente.

Justement! David Mitchell et Martin Amis sont les auteurs de deux livres qui valent nettement mieux que les deux livres finalistes que j'ai lu - et que le reste de la liste, a en croire une bonne partie de la presse et des lit-bloggers britons.

Et franchement, en 2004 il y avait nettement meilleur que le Hollinghurst, en 2003 que la merde immonde de DBC Pierre… Le dernier grand roman récompensé, c'est "Disgrâce" de Coetzee, et avant ça il faut remonter à Byatt en 1990.

Le Booker souffre d'une maladie: les jurés donnent en général dans ce que l'on appelle en politique le consensus à la belge. On ne veut facher personne, et on finit par ne satisfaire personne. Cette année encore, il y a eu de nombreux articles sur les problèmes du Booker et de sa procédure de sélection.

Ceci dit, tu as raison, il est meilleur que les prix français, mais ça, ça vient surtout d'une meilleur qualité de la littérature en langue anglaise :icon_up:

Posté

Et le Banville? J'ai cru comprendre que ce choix n'a pas plu à tout le monde… Sinon je crois que l'autre problème du Booker c'est sa volonté d'être aussi multiculturel que possible, même si cela implique de couronner une grosse bouse d'un auteur "colonial" plutôt que le chef-d'oeuvre d'un anglais bon teint.

Posté
Et le Banville? J'ai cru comprendre que ce choix n'a pas plu à tout le monde…

Ne l'ayant pas lu, je ne commente pas. J'ai lu pas mal de mauvaises choses ces dernières semaines à son sujet, mais j'en avais lu pas mal de bonnes il y a un an, notamment de la part de Martin Amis, qui s'y connait en bonne littérature.

Posté
L'un dans l'autre, je trouve qu'il est largement supérieur à tous les prix français.

Bah, cela tient peut-être au fait que l'attribution des prix littéraires en France est un tantinet calquée sur le mode d'attribution des marchés quant à la rénovation des lycées de l'Ile de France.:icon_up:

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