Nick de Cusa Posté 14 février 2007 Signaler Posté 14 février 2007 Compte rendu A Tel-Aviv, juifs et catholiques débattent de la sécurité d'Israël LE MONDE | 13.02.07 | 15h20 • Mis à jour le 13.02.07 | 15h20 TEL-AVIV ENVOYÉ SPÉCIAL Il est loin le temps où Mgr Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris converti du judaïsme, suscitait des débats houleux en Israël. En mars 2000, le voyage de Jean Paul II à Jérusalem a constitué un tournant. Mgr André Vingt-Trois, successeur du cardinal Lustiger à Paris, a été reçu, lundi 12 février à Tel-Aviv, avec les honneurs, par le gouvernement israélien. Initiative sans précédent, il conduit en Israël, pour quatre jours, un pèlerinage de 600 catholiques français. Comment concilier sécurité et éthique ? Sur cette question au coeur des controverses israéliennes, l'archevêque de Paris a débattu, lundi soir, à l'université de Tel-Aviv, avec Schlomo Amar, grand rabbin d'Israël, et Isaac Herzog, ministre du tourisme. Mgr Vingt-Trois a réaffirmé la position de l'Eglise dans le conflit israélo-palestinien : "Le seul fondement de la sécurité est le respect de la justice. Sans justice, il ne peut y avoir de paix. Sans paix, il ne peut y avoir de sécurité." Si les religions n'ont pas de recettes politiques à donner, leur devoir, a-t-il insisté, est de rappeler que "le respect du droit passe par celui des droits de chaque peuple, ami ou ennemi". La surprise est venue du grand rabbin séfarade d'Israël, habitué à des propos convenus mais qui n'a pas craint, cette fois, dans un amphithéâtre de près de mille personnes, de dire qu'Israël ne devait pas "perdre la tête pour sa sécurité". Pour lui, il y a des "rééquilibrages délicats" à opérer. "Les autres aussi ont besoin de sécurité, de vie, besoin d'exister", a-t-il déclaré. Le dialogue entre l'Eglise et Israël, qui semblait tourner au ralenti, a témoigné à Tel-Aviv d'une nouvelle vigueur. Devant les journalistes français et israéliens, l'archevêque de Paris a déclaré que le dialogue des chrétiens avec les juifs, malgré les réticences, "passait obligatoirement par Israël". Et il a demandé aux catholiques de France de se mettre aux côtés de leurs compatriotes juifs "qui ont le sentiment de vivre une pandémie d'antisémitisme". "PAROLES DE VÉRITÉ" Président du Congrès juif mondial, le grand rabbin américain Israël Singer s'est aussi réjoui de cette "normalisation" du dialogue : "Ce n'est plus un dialogue de belles paroles. Nous échangeons des paroles de vérité, y compris sur des thèmes tabous comme l'éthique et la sécurité. L'Eglise est notre seul partenaire exemplaire dans le monde religieux", a-t-il déclaré. Il reste que ce voyage suscite une irritation dans les communautés chrétiennes, propalestiniennes, d'Israël. Il a été organisé et pris en charge intégralement par le ministère israélien du tourisme, qui veut relancer les pèlerinages venant de France. "Voyage unilatéral, très malheureux dans le contexte actuel de souffrances du peuple palestinien", entend-on chez des catholiques locaux. Les organisateurs ont rectifié dans l'urgence les contours d'un pèlerinage qui les conduira aussi au patriarcat latin de Jérusalem, dans des communautés religieuses et dans les mairies palestiniennes de Bethléem, Beit Jala et Beit Sahour. Henri Tincq Article paru dans l'édition du 14.02.07
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