Leepose Posted July 5, 2007 Report Posted July 5, 2007 On a (encore) voulu faire une réforme symbolique de l’Université. La réformera-t-on ? Mettre dans une loi des dispositions pour satisfaire l’idéologie des uns, entraînera probablement les réactions de ceux dont les représentations sont différentes, et dont les prérogatives ou les droits leur paraîtront à tort ou à raison amputés. Il y a donc fort à penser que certains aspects de la « réforme » susciteront (inutilement) des critiques. Pour ne prendre qu’un exemple : Les Conseils d’Universités sont pléthoriques, les discussions y sont longues, et l’envie de les alléger, doublée de celle de redonner le pouvoir à ceux qui, depuis 1968, pensent l’avoir perdu, peut être forte. Mais ceux qui ont étudié le fonctionnement de conseils savent que le pouvoir, compte tenu de divers facteurs, appartient au président de l’université et à un petit groupe d’enseignants, qui font en réalité ce qu’ils veulent. Mais le système participationniste tel qu’il est savamment organisé depuis 1968, permet (entre autres) que les étudiants (minoritaires), les enseignants de grade inférieur (dont la carrière dépend du noyau dirigeant) et les personnels administratifs (dont la carrière au sein de l’université de déroulera d’autant mieux qu’ils seront dociles lors des débats au conseil d’administration) soient battus dans tous les scrutins défavorables au pouvoir universitaire. Réduire le nombre des membres du conseil n’est vraiment pas ce qu’il y a de plus astucieux à faire. Sur le plan des symboles, il peut être choquant que les étudiants votent en même temps que les professeurs sur certaines questions. Mais au conseil, les étudiants sont minoritaires … Pas sur le campus, notamment lorsqu’ils bloquent les cours. Pas dans la rue, lorsqu’il y contraignent le pouvoir à capituler. On attend en tous cas avec impatience de connaître ce que le projet de loi donnera au concept d’autonomie universitaire, quand il sera voté ou … s’il est voté (Alain Dewaquet était certain d’avoir raison, mais il a été contraint à l’abandon de ses fonctions après une violente résistance au sein des universités et la mort d’un jeune). Car le « gros problème », c’est que selon les universités, selon les disciplines, la situation est très variable. Et l’autonomie (uniforme), peut permettre, selon les cas de faire mieux ou de faire pire. Avec, qui plus est, la constitution d’un secteur malade, dans lequel les universitaires qui ne pourraient s’en échapper, joueraient un rôle d’animation et de gardiennage pour une jeunesse de deuxième zone (auquel cas la constitution d’universités à deux vitesses ne réglerait pas le besoin de réforme de toutes les universités). Telle est notre opinion, que nous illustrerons comme suit. Les enseignants titulaires des universités sont payés 12 mois sur 12 pour faire 128 heures de cours par an. Comme il n’y a que 20 à 23 semaines ouvrables par an, le service est assez vite expédié, encore plus vite pour ceux qui ne font pas leurs heures. Ce privilège (tout à fait exorbitant) est expliqué par le fait que les fonctionnaires des universités sont des enseignants (trait d’union) chercheurs. Or c’est vrai dans certaines disciplines et pour certains, pour lesquels l’activité de recherche est une activité plus qu’à plein temps.. Mais d’autres ne mènent aucune espèce d’activité de recherche d’aucune sorte. Même pas (dans certaines disciplines qui se prêtent moins à la recherche dans son acception première, comme le droit) l’habituel « copier coller » de textes ou de jurisprudence ou de paraphrase d’articles rédigés par d’autres : rien. Ce qui permet à ces retraités par anticipation d’utiliser le temps libre pour voyager (sur le budget de recherche) ou pour exercer un deuxième métier. Le système de recrutement est confié aux intéressés qui se cooptent. Il est fait en théorie pour sélectionner les meilleurs enseignants-chercheurs. C’est ce qui se passe dans certaines disciplines ou à certains endroits. A d’autres endroits, la bonne idée que les jurys se font d’un candidat conduit à recruter les vassaux qui pensent bien, la progéniture des amis (avec retour d’ascenseur aux pères de famille), les courtisans qui sont appréciés moins par leurs mérites scientifiques, que pour la souplesse de leur échine et de leur esprit. C’est ainsi que cohabitent sous la même appellation, des universitaires dont le travail et l’intelligence permet de sauver des vies humaines , et d’autres universitaires qui sont de parfaits crétins, dont la connaissance de la matière qu’ils enseignent est parfois très … moyenne, qui envoient leurs étudiants à l’échec, et pour lesquels le statut de chercheur se limite à l’encaissement automatique de la prime de recherche annuelle. Et qui, non notés (quand on ne les laisse pas interroger par téléphone –sic-), non évalués, inamovibles peuvent se moquer du monde et gâcher l’argent du contribuable jusqu’à l’âge de la retraite et au delà (puisqu’il est possible de le dépasser). A cet égard, ce n’est pas un hasard si on enregistre (avec consternation) que dans certaines filières 60 % des étudiants échouent. Alors qu’il n’y a pas, dans une classe d’âge, 60 % de fainéants ou de débiles mentaux. Il en va de même avec l’utilisation des crédits. Dans certaines universités on se bat pour trouver l’argent nécessaire pour acheter le matériel et payer les chercheurs qui font progresser les connaissances humaines et qui sauvent les vies. Mais dans d’autres …. Dans telle université on n’a pas assez de locaux, bien que le nombre d’étudiants soit en diminution. C’est que les enseignants choisissent le jour, l’heure et la durée de leurs (rares) cours (un enseignant décide de faire cours de 9 h 15 à 10 h 45, un autre veut faire cours de 10 h 30 à 11h 30 … : il faut donc deux salles). Imposerait-on aux enseignants de respecter des créneaux horaires ce qui ferait gagner 30 % de salles ? Non : on construit de nouveaux locaux ! Quant au budget de recherche, il peut parfois servir à acheter des ordinateurs portables ou des réveils matins aux enseignants - chercheurs qui ont besoin de se réveiller pour assister à tel colloque philosophique sur les abris de jardins (sic). Dans certaines universités, on a besoin de postes pour faire avancer la science. Dans d’autres on réclame des postes pour assurer la carrière de certains, même si le poste fait doublon. (Ce qui entraînera le besoin de justifier ces postes, avec la création de cours inutiles et fréquentés par cinq étudiants ou trois ou deux …au moins sur le « papier » … la réalité n’étant pas toujours connue.) Le tout au détriment des autres disciplines, des étudiants qui s’inscrivent dans des cours inutiles pour leur future carrière, et des contribuables. Et on pourrait allonger la liste des situations contrastées avec le personnel administratif qui manque ici et qui ne compte plus ses heures. Ou dont l’utilisation obéit à une logique originale (et coûteuse) ailleurs. Dans telle université, le personnel administratif est occupé selon un critère temporel : service des inscriptions qui n’a de travail qu’au moment des inscriptions… quelques jours au début de l’année. Ce qui amène le recrutement de vacataires pour faire l’essentiel du travail, les titulaires s’occupant alors à encadrer ces derniers, c’est à dire … à ne pas inscrire. Et puis après … les vacataires partent et les titulaires attendent les prochaines inscriptions. Id pour les périodes d’examens … Si on, laisse les universités fixer librement les droits d’inscriptions, on voit la super « gabegie » qui va s’installer dans certains endroits. Si on laisse les universités sélectionner les étudiants à l’entrée, on voit les beaux jours que les enseignants « fumistes » pourront couler : les étudiants étant « bons, » il n’y aura pas besoin de faire de meilleurs cours. Bref, si on augmente l’autonomie, on augmente la … liberté. Liberté de faire ce que certains on l’habitude de faire : Enormément pour beaucoup, mais rien ou pas grand ’chose pour quelques uns. En se contentant d’organiser une autonomie des établissements tels qu’ils existent, on permettra aux universités les plus fortes, d’être en plus les plus sélectives et les plus chères. Ce qui leur permettra d’avoir de bons résultats avec les enfants des bonnes familles. Les autres devenant ipso facto à des degrés divers , les universités des « quartiers ». C’est un choix, dont les aspects gênants pourront être un peu rectifiés si Paris 1 ou Paris 2 acceptent d’accueillir (selon l’excellent exemple de Sciences po ou d’Henri 4), avec une bourse adéquate, quelques étudiants humbles, mais particulièrement méritants de Paris 8 ou de Paris 10, de Tours ou de Valenciennes. Mais on pourrait éviter la constitution d’universités de seconde zone. * ** Il faudrait évidemment faire éclater le statut d’enseignant-chercheur tel qu’on le pratique. Par exemple en définissant les obligations de service d’enseignement d’un côté et celle de chercheur d’un autre côté. En affectant à chaque activité une rémunération spécifique. Les universitaires ne pouvant pas justifier d’activités de recherche pourraient ainsi substituer des enseignements supplémentaires à leur défaillance en matière de recherche. Et l’on pourrait aussi organiser (enfin) la rétribution des (vrais) chercheurs à hauteur de leur travail et de leurs résultats. Et ce d’autant plus que le sujet de thèse, et la recherche -quand elle existe- n’ont pas forcément de rapport avec le contenu des enseignements qui doivent être distribués. Et de même que le financement des diplômes est la contrepartie du respect d’un programme, il n’est pas invraisemblable de penser que la puissance publique n’a pas forcément à financer ce que chaque enseignant veut bien chercher ou considère comme entrant dans le concept de recherche. Dans certaines disciplines, le recrutement souple par contrat de personnalités utiles, soit à l’enseignement, soit à la recherche, devrait concurrencer le recrutement de personnels viagers. Il faudrait sans doute aussi faire diriger les universités par des managers, et non plus par des enseignants élus par leurs pairs, qui ont en commun l’objectif de conserver les avantages statutaires et les libertés de la profession, lesquels ne sont pas toujours en accord avec l’intérêt général. Un peu comme les hôpitaux publics, qui ne sont pas dirigés par les universitaires qui y enseignent, qui y effectuent leurs recherches, et qui y travaillent. Mais ces réformes nous paraissent difficiles à imaginer : la réaction corporatiste serait forte. L’élimination des étudiants oui ; leur faire payer plus : oui . Toucher à la profession et à ses avantages : non. Alors, pourquoi ne pas penser à mettre chaque université, déjà à titre expérimental, en concurrence, pas tellement avec les autres (ce qui précipiterait le déclin des plus vulnérables à raison de leur taille et à raison des disciplines ), mais en s’inspirant des délégations de service public dans certains secteurs (comme le secteur du service public de transport) ? Les enseignements conduisant à un diplôme universitaire sont actuellement distribués par les unités de formation et de recherche (UFR), avec leurs bons ou leurs mauvais enseignants. Pourquoi ne pas mettre en concurrence pour tel diplôme, la structure UFR de l’Université, et une autre structure concurrente (groupe -statut à déterminer- d’enseignants d’une université ou de plusieurs universités présentant un projet plus performant, voire … société commerciale …) ? Le choix entre les soumissionnaires pourrait être fait par un organisme public (comme la chancellerie des universités), qui lourait les locaux soit à l’UFR, soit au groupement ou à la société. Que l’Etat alloue une somme par étudiant et au mètre carré à une UFR ou à une société commerciale ou à un autre organisme, cela ne coûterait plus cher ni à l’étudiant (si les droits d’inscription continuent à être réglementés) ni à l‘Etat. Si les résultats de la structure sont aussi mauvais que ceux de l’actuelle université (60 % d’échecs) la délégation de service public ne serait pas renouvelée. I Il peut en aller de même avec la recherche. L’« externalisation » permet de « casser » indirectement le statut d’enseignant-chercheur, là où il sert d’alibi circulaire (le statut de chercheur autorise que l’on enseigne mal ; les obligations d’enseignement ou d’administration expliquent que l’on fasse peu ou pas de recherche). De faire donner aux enseignants des objectifs de performance. De donner aux chercheurs plus de moyens de … trouver. Il faudrait aussi développer les filières et les diplômes par correspondance et par internet (comme cela commence à être fait magnifiquement par certaines universités) C’est d ‘ailleurs à l’évidence le seul véritable moyen d’assurer l’égalité des chances et de développer la formation permanente. De bons étudiants ont dû faute de moyens, arrêter leurs études. Parce qu’ils doivent travailler et que leurs patrons ne veulent et ne peuvent les autoriser à aller à l’université aux heures auxquelles les enseignants placent leurs heures de service. D’ailleurs, beaucoup de cours dans lesquels les enseignants se contentent de lire des paragraphes empruntés à des ouvrages du commerce ne nécessitent pas qu’on se déplace. Car beaucoup de cours ne sont pas le fruit de recherches. Cela ne changerait d’ailleurs rien non plus aux devoirs, lesquels sont et demeureraient faits au domicile de l’étudiant , et sont (ou seraient … un peu plus) corrigés au domicile de l’enseignant. Pour un coût encore plus faible, on pourrait ainsi faire tellement mieux ! * ** Bref. A l’université, il y a des gens merveilleux, qui font honneur à la science, à l’intelligence, au dévouement, à la compétence. Mais il y a les autres … qui ont le même statut et les mêmes droits … Et qui probablement seront ceux qui crieront le plus fort si on touche à leur sinécure à travers une réforme de l’Université. Difficile autonomie !
vincponcet Posted July 5, 2007 Report Posted July 5, 2007 … quand on copie/colle un texte, il faut mettre la source et si possible l'url originale.
pankkake Posted July 5, 2007 Report Posted July 5, 2007 Pour sauver l'université, il faut la privatiser. Nooooooooon ?
Marchange Posted July 5, 2007 Report Posted July 5, 2007 Pour sauver l'université, il faut la privatiser. Sans déconner ?
vincponcet Posted July 6, 2007 Report Posted July 6, 2007 Pour sauver l'université, il faut la privatiser. biiiiip !!!! mauvaise réponse. privatiser un monopole, ça n'a pas d'intérêt. Il faut plutôt libérer le secteur.
Leepose Posted July 6, 2007 Author Report Posted July 6, 2007 quand on copie/colle un texte, il faut mettre la source et si possible l'url originale. C'est un prof de fac, ami d'enfance de mon père qui a écrit ce texte. Apparemment on dit "maitre de conférence", je ne sais pas s'il y a une nuance. Vous ne trouverez donc ce texte nul part ailleurs, et je ne voulais pas polluer le texte par une phrase d'introduction.
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