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Beaucoup, un peu, pas du tout libéraux,...


Serge

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L'engouement soudain des nouveaux partis pour l'appellation d'origine libérale

ELECTIONS. Les groupes et mouvements qui émergent en marge des grandes formations politiques associent tous la notion de libéralisme à leur spécificité propre. Chez certains ce n'est pas très sérieux, chez d'autres plus significatif.

Analyse

Qui aurait pensé que la problématique des appellations d'origine contrôlée pourrait déborder du domaine des vins, fromages et saucissons pour frôler celui des idéologies. A la fin d'une semaine qui a vu porter sur les fonts baptismaux plusieurs mouvements, groupuscules, simulacres ou nouveaux partis politiques, on est conduit à penser que la question d'une AOC va prochainement se poser pour les formations qui se réclament du libéralisme.

Il y a quelque temps, le Parti libéral avait choisi pour slogan «Le libéralisme, une idée qui fait son chemin». C'était plutôt bien vu, sauf que l'idée paraît avoir fait autant de chemin chez les concurrents que chez les électeurs. Les politiques semblent aujourd'hui s'être donné le mot, à l'instar des créateurs de mode et des détecteurs de tendances, pour décréter que la rentrée politique de cet automne se ferait sous le signe du libéralisme.

De la droite au centre le plus extrême, il n'y a plus guère de niche écologique, dans le paysage politique helvétique, qui ne prétende associer le libéralisme aux caractéristiques spécifiques du biotope local. Ecologie libérale, les Verts libéraux, les Libéraux sociaux, le Forum libéral du centre pour l'homme, l'environnement et l'économie - il manque les ratons laveurs -, tous s'affichent comme membres de la famille libérale. Il est vrai que celle-ci, même si elle tend à la groupusculisation, demeure foisonnante et tolérante. N'a-t-on pas vu, l'année dernière, les quatre survivants du canal historique encore présents aux Chambres fédérales soutenir quatre positions différentes dans la campagne sur les révisions des lois sur l'asile et sur les étrangers. On ne saurait donc exclure de voir apparaître, dans les semaines à venir, un mouvement libéralo-trotskyste ou un groupe de squatters libéraux. Harry Potter est-il désormais libéral ? On devrait le savoir ce samedi.

Une occasion perdue

Là où l'on voit que le Parti libéral suisse est bien loin de représenter l'univers de la finance vorace et opportuniste, c'est dans le fait que nul n'y a sauté sur l'occasion de négocier en franchise l'appellation, en prévoyant une modeste redevance par suffrage enregistré le 21 octobre. Par siège obtenu aux Chambres fédérales, ce serait nettement moins prometteur. Le parti n'a pas non plus élevé de protestation pour usurpation d'identité. Ce sont les radicaux qui se sont manifestés, par la voix de leur secrétaire général, dans leur dernier service de presse. En dehors de Bâle, c'est-à-dire partout où le Parti libéral n'a pas d'existence historique, les radicaux de Suisse alémanique se reconnaissent dans le vocable «Wir Liberalen». Les radicaux et les libéraux constituent également, depuis 2005, l'Union libérale radicale, sorte de holding politique regroupant les deux partis au niveau fédéral.

Ironie sur les copieurs

Guido Schommer se félicite de ce que le Parti radical rencontre avec cette connotation de mouvement libéral de plus en plus d'acceptation et de soutien et ironise sur les suiveurs et les copieurs. Il réserve ses flèches les plus acérées aux Libéraux sociaux, qui sont d'authentiques démocrates-chrétiens camouflés, dont le programme n'a rien de libéral, en dénonçant une pure orientation de marketing.

Il est d'autant plus étonnant de voir le label libéral devenir aussi furieusement tendance que le néolibéralisme était encore, tout récemment, frappé du signe de l'infamie, considéré comme l'origine, avec la mondialisation, de tous les maux qui s'abattent sur la planète. Le terme néolibéral représentait pratiquement une injure à lui tout seul. Encore faut-il distinguer les néolibéraux des nouveaux libéraux. Les premiers étant des rapaces prédateurs, les deuxièmes des coucous qui pondent les œufs des autres dans leur propre nid, selon une définition qui gagne en pouvoir d'illustration politique ce qu'elle perd en pertinence ornithologique.

Si l'on dépasse l'aspect de pur marketing, l'effet mode faisant du libéralisme l'équivalent des oméga 3 en diététique, il est tout de même intéressant de constater que le libéralisme est aujourd'hui un référentiel privilégié par les groupes qui entendent se construire une identité. Cela n'aurait pas été imaginable au cours de la précédente législature et cela pourrait ouvrir certaines perspectives pour la prochaine.

Beaucoup, un peu ou pas du tout libéraux

• L'Union libérale radicale existe depuis 2005. C'est une sorte de holding qui réunit les deux partis au niveau suisse et organisant leur collaboration. C'est la première étape d'une fusion entre radicaux et libéraux.

• Ecologie libérale est un mouvement politique en marge des partis bourgeois. Il a voulu présenter une liste autonome dans certains cantons romands. Cela a provoqué un drame dans le canton de Vaud, où les intéressés ont été exclus du Parti libéral. Ecologie libérale s'est apparentée sans peine aux partis bourgeois ailleurs.

• Les Verts libéraux, déjà présents à Zurich et à Saint-Gall, ont créé cette semaine un parti national. Il s'agit d'une dissidence des Verts, qui partage leurs préoccupations écologiques mais ne se reconnaît pas dans leurs autres positions.

• Les libéraux sociaux figurent sur une liste apparentée au PDC bernois. Il s'agit d'une manœuvre tactique locale menée par le secrétaire général du PDC suisse.

• Le Forum libéral du centre se résume à la personne d'Ulrich Siegrist, conseiller national argovien qui a quitté l'UDC en mai 2006.

© Le Temps, 2007 . Droits de reproduction et de diffusion réservés. Samedi 21 juillet 2007

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