Harald Posté 6 août 2007 Signaler Posté 6 août 2007 Suite à cette tribune éloquente: http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-937131,0.html Financement politique : ce que je veux dire aux Français, par Jacques ChiracLE MONDE | 19.07.07 | 10h51 • Mis à jour le 19.07.07 | 19h17 Conformément à l'idée que je me fais des exigences qui s'imposent à un responsable politique, j'ai, dès la fin du second mandat que m'ont confié les Français, fait savoir au magistrat chargé du dossier relatif au financement du Rassemblement pour la République que j'étais à sa disposition pour répondre aux questions qu'il voudrait me poser. Rendez-vous est pris à cet effet. Je ne vois rien là que de très normal et de conforme à la conception qui a toujours été la mienne des principes républicains. C'est elle aussi qui me conduit à m'exprimer ici, afin d'éclairer, pour les Français également, la question du financement de la vie politique, devenue avec le temps de plus en plus incompréhensible, notamment pour les plus jeunes de nos concitoyens. La durée et la diversité des responsabilités politiques que j'ai exercées m'autorisent à procéder à ce rappel. Au tournant des années 1970, avant l'explosion des besoins de communication des formations politiques et par voie de conséquence des nécessités de leur financement, aucune disposition juridique n'encadrait ce sujet. C'était le temps où le droit était beaucoup moins présent qu'aujourd'hui. Des organisations aussi différentes que les partis politiques, les associations, les syndicats ou les cabinets ministériels fonctionnaient largement sur la base d'usages apparus au fil du temps. S'agissant des formations politiques, au-delà des contributions des adhérents, par essence limitées, il était fait appel à la générosité des uns et des autres. Des particuliers, militants ou non, des entreprises, voire des budgets publics, contribuaient ainsi au financement des formations politiques, à la prise en charge de leurs coûts ou au financement proprement dit des campagnes par le biais de financements directs, de prise en charge de frais, de mise à disposition de personnel ou de rémunération de permanents. Cet état de fait, connu de beaucoup, était au fond accepté parce que les partis, qui jusqu'en 1988 n'avaient pas de statut, concouraient conformément à l'article 4 de la Constitution à l'expression du suffrage et assumaient à ce titre une mission d'intérêt général sans laquelle la démocratie n'aurait pu fonctionner. La première élection du président de la République au suffrage universel en 1965 et l'apparition de deux scrutins majeurs – les européennes et les régionales – conduisaient inéluctablement à un changement. Le bouleversement a été rendu plus irrésistible encore du fait de l'explosion des dépenses de communication et de publicité liée au développement des médias. S'ils voulaient continuer à être entendus et à jouer leur rôle dans le débat démocratique, tous les partis étaient obligés de suivre, et donc de mobiliser des moyens financiers sans commune mesure avec ce qu'on avait jusqu'alors connu. Les juges, enfin, ont secoué le système en mettant au jour des pratiques occultes auxquelles nul ne s'était vraiment intéressé avant eux. Parce que les esprits avaient évolué et que les sommes en jeu n'étaient plus les mêmes, un changement en profondeur des conditions de financement des formations politiques s'imposait. Il a fallu passer, en quelques années, d'un monde d'usages et d'arrangements à un régime clairement fixé par la loi. En France, mais aussi aux Etats-Unis, en Allemagne, au Royaume-Uni, les partis ont dû s'adapter à cette nouvelle réalité. Toutes les grandes démocraties ont connu une période difficile de passage d'une zone de non-droit ou d'usages devenus obsolètes à la fixation par la loi de principes clairs et adaptés aux besoins de financement des partis politiques. Il n'est pas rare qu'on ait dû s'y reprendre à plusieurs fois pour parvenir à une situation satisfaisante. En France, où nous sommes aujourd'hui à la pointe de la rigueur et de la modernité , il ne nous a fallu pas moins de trois lois entre 1988 et 1995 : deux proposées par la droite et une par la gauche, mais toujours votées par une large majorité de parlementaires. Avec le président Mitterrand, nous avons fait adopter, le premier texte, la loi de 1988. Elle concernait le financement des campagnes électorales. C'est la loi de 1990 qui a traité du financement des partis par les entreprises. Mais ce n'est qu'en 1995 que nous sommes parvenus, au terme de ce processus, à ce qui me paraît être la meilleure solution : l'interdiction de tout financement par des entreprises. Nous avons mis en place un financement public, équitable et transparent, des partis politiques et des campagnes électorales. C'est à cette période antérieure à la loi de janvier 1995, marquée par l'explosion des besoins et par l'inadaptation de règles parcellaires, que remontent ce que l'on a appelé les affaires de financement des partis politiques. Elles ont concerné toutes les formations, de gauche comme de droite. Dans un esprit de clarté et de responsabilité, je compte rappeler précisément aux magistrats ce contexte sans lequel on ne peut pas comprendre. En ma qualité de président du Rassemblement pour la République, j'ai souhaité, dès 1984, la création de la société de développement et de publicité dont l'objet était de garantir la transparence du financement du mouvement. Et, j'ai voulu, d'une manière générale, que soient abandonnés les usages anciens. C'est ce que je compte aussi expliquer aux juges. Je le ferai porté par une conviction que je veux faire partager aux Français : les responsables politiques de l'époque ont agi avec probité et dans le souci de l'intérêt général. Un effort pour se replacer à cette époque permet de mesurer à quel point leur tâche a été lourde. Sept ans de tâtonnements se sont avérés nécessaires pour parvenir au bon régime juridique et, dans le même temps, il a fallu passer au plus vite de pratiques héritées d'un passé parfois lointain et devenues inacceptables à des règles claires et transparentes, fixées par la loi. Au-delà des présentations caricaturales, il y a une réalité : que ce soit à gauche comme à droite, ces dossiers n'ont que très exceptionnellement porté sur des cas d'enrichissement personnel – d'ailleurs sanctionné, parfois lourdement – et les lois mises en place dans cette période assurent aujourd'hui un cadre démocratique exemplaire. De tout cela, je suis prêt à témoigner et à répondre, témoigner devant l'opinion, répondre devant les juges. Dans les deux cas, je le ferai en conscience. Jacques Chirac, ancien président de la République Je me devais de rappeler le contexte français de l'époque où le grand Jacques venait de quitter Matignon pour fonder le RER. http://www.inreallife.be/Articles/SCAaffaireDeBroglie.php Deux scandales majeurs de la cinquième République prouvent que la France n'est pas différente de l'Italie dès qu'il est question intérêts et de partage des pouvoirs. Le meurtre du prince De Broglie, le 24 septembre 1976, dont le dénouement officiel fut unanimement contesté fut un cas unique de géologie politique. Une affaire que le président de la 1ere section de la cour d'assise de Paris qui présida contre vents et marées le procès, le magistrat André Giresse, appela le Watergate français. Un scandale qui n'explosa pas, la droite comme la gauche au pouvoir au moment du jugement intrigant au nom de sombres tractations politiques pour couvrir une police qui avait caché la vérité et bafoué la justice de la République. On y trouve en strates les principaux composants de l'histoire de France de ces trente dernières années.Le prince De Broglie, député de l'Eure, secrétaire d'état sous les gouvernements Debré puis Pompidou, signataire des accords d'Evian qui mirent fin à la guerre d'Algérie, fut également l'un des fondateurs du parti des républicains indépendants au coté de Valéry Giscard d'Estaing et de Raymond Marcellin. Malgré les déclarations de Michel Poniatowski, alors ministre de l'intérieur, il apparu que la police était au courant d'un contrat lancé sur la tête du prince et pire que la surveillance dont il faisait l'objet avait été levée un peu avant son assassinat. Ce fut les deux fameux rapports de l'inspecteur Roux, ignorés par sa hiérarchie et révélés par le Canard Enchaîné en 1980 qui firent rebondir l'affaire. Quatre pistes furent évoquées au procès cachant le même mobile. La piste politique après la disgrâce du prince, mis au banc du tout nouveau UDF de Giscard d'Estaing et qui devait rallier avec armes et bagages le RPR de Jacques Chirac au moment de sa création en 1976. La piste arabe mêlait le prince à de sombres tractations d'armes et de pétrole destinées à financer les services secrets algériens en générant de juteuses commissions. Plus crédible fut la piste espagnole qui voyait le prince lié au scandale de la Matesa, l'un des plus grands procès politico financier des dernières années du franquisme. Entre 1959 et 1969, 80 % des crédits espagnols à l'exportation dans le domaine du textile ont été alloués à la Matesa, fleuron de cette industrie en Espagne. 800 millions de francs allaient disparaître, la presse révélant en 1969 que tous les ministres et les industriels impliqués dans l'affaire étaient membres de l'Opus Deï. Cette organisation catholique internationale crée en 1928 par le très influent José maria Escrima (béatifié en 1992 par Jean Paul II) s'est lancé dans le recrutement international des élites pour imposer au monde un régime théocratique futur… Implantée en France depuis 1956, l'Opus Deï cherche à bâtir l'élite européenne qui doit arriver un jour au pouvoir, sous couvertd'échanges culturels et d'octroi de bourses. Parallèlement, la sainte Mafia prit pied dans le monde des affaires français, ses ambitions nécessitant de l'argent. Investissant à hauteur de plus d'un tiers des actions de la Banque des intérêts français, l'Opus Deï allait ainsi siéger au coté de l'actionnaire principal de la banque, la Société financière pour la France et les pays d'outre mer présidée par Edmond Giscard d'Estaing, le père de Valéry. Un VGE qui, ministre des finances, était très lié à Antoine Pinay, sympathisant actif de l'Opus Deï et père du nouveau franc… En 1967, De Broglie rencontrait Juan Vila Reyes, administrateur de la Matesa, pour créer la Sodetex, vraisemblablement présenté par un personnage trouble, escroc et ancien collaborateur qui devint le cerveau financier des affaires avalisées par le prince, Raoul de Leon. Ce dernier aurait aussi arrangé une réunion entre Vila Reyes et Giscard d'Estaing ainsi qu'un voyage à Madrid du futur président français pour rencontrer des membres de l'Opus Deï. Il aurait été question d'un projet de création d'un parti politique espagnol sur le modèle des républicains indépendants français. La Sodetex, dans l'esprit de Vila Reyes et de l'Opus Deï était au centre d'un dispositif financier mis en place dans le monde pour remplir les caisses de la sainte Mafia. En fait, la société servait de super taxi, utilisant des fausses factures pour blanchir l'argent que l'état espagnol versait à la Matesa pour soutenir ses exportations. De Broglie, naïf, aurait accepté de prendre la tète de la Sodetex, vraisemblablement sur ordre. Lorsque l'état espagnol, après la liquidation de la Matesa, demanda la restitution du capital au prince, il fut dans l'impossibilité de le restituer, très certainement versé à une caisse politique. Raoul de Leon et jean de Broglie signèrent un protocole d'accord en juin 1974 pour rembourser l'état espagnol, un mois après l'élection de Valéry Giscard d'Estaing. Un protocole qui ne fut jamais honoré… La quatrième piste, croisant la piste espagnole remontait au plus puissant des gangs de la Mafia française d'après guerre et de la cinquième république, le gang des ferrailleurs. Le prince De Broglie, prêt à toutes les compromissions pour rembourser ses dettes prit part à un gigantesque trafic de faux bons du trésor qui devait être écoulés en Europe et surtout en Afrique (ils coûteront 140 millions de francs au Gabon). Proche de ceux qui fabriquent les bons et qui organisent le trafic, il aurait voulu en profiter personnellement et mis en danger l'organisation. Le juge Michel, un peu avant qu'il ne meure assassiné à Marseille en 1981, cherchait à prouver que les bénéfices de ce trafic de faux bons et de faux billets auraient très bien pu être destinées à financer des laboratoires d'héroïne marseillaise d'une french connection renaissante (l'originale fut démantelée en 1973), la french sicilian connection. L'affaire fit surtout la lumière sur les relations inquiétantes entre des truands fichés au grand banditisme, des barbouzes proche de l 'organisation et des policiers de la IIeme section des renseignements généraux, la police politique française. La section politique la plus sensible, s'occupant des affaires spéciales, de la surveillance des personnages importants, la police des coups tordus, des opérations montées à l'occasion pour neutraliser des gêneurs ou des adversaires trop irritants des régimes en place. La république a aussi sa police secrète, bien que les renseignements généraux ait été crées en 1941 sous le régime national du maréchal Pétain. La IIeme section, chargée du suivi des partis politiques fut officiellement suspendu à la suite d'une plainte des socialistes, en 1994, mais elle peut toujours être chargée de prévisions électorales. L'indignation de ces derniers n'empêcha pas François Mitterand d'utiliser illégalement la cellule anti terroriste de l'Elysée de 1981 à 1995 (écoutes téléphoniques, désinformation, intimidation…) de la même manière qu'hier les gaullistes utilisèrent le SAC pour leur manoeuvres de basse politique. Quoi qu'il en soit, le cadavre du prince De Broglie fut enterré en grande pompe, le pouvoir intrigant face à une opinion publique anesthésié et indifférente pour éviter ce Watergate français. L'autre affaire qui défraya la chronique de la Vème république fut le scandale des avions renifleurs. Une escroquerie non éludée officiellement dont l'appellation prêtait pourtant à sourire. Les 650 pages du rapport de la commission parlementaire, rendu publique en 1984, laissèrent les lecteurs sur leur faim. Manquant de moyens d'investigations, les parlementaires se sont heurtés à la fois au secret défense que l'état brandit (quels que soit les dirigeants )dès qu'il s'agit de ses basses oeuvres et au silence des principaux témoins. Le 28 mai 1976, pierre Guillaumat, PDG d'Elf Erap signe avec Philippe De Weck, directeur de l'union des banques suisses, un contrat peu ordinaire. Pour 400 millions de francs, la société française s'assure pour une année l'exclusivité d'un procédé de détection pétrolière révolutionnaire connu sous le nom de code de projet Aix. C'est Jean Tropel, le responsable de la sécurité chez Elf qui a été le cheval de Troie en introduisant dans la compagnie pétrolière l'homme clef de l'affaire, jean Violet, avocat international. Les deux hommes se sont connus au SDECE (ancêtre de la DGSE, le service d'espionnage français) dont Tropel est un ancien colonel, ex responsable de la sécurité du fameux service VII démantelé après l'affaire Ben Barka en 1965 et Violet un ex honorable correspondant. Ce dernier a fait une brillante carrière internationale grâce au parrainage Antoine Pinay (surnuméraire de l'Opus Deï et ancien président du conseil sous la IVeme république) qui le recommandera au patron du SDECE, Pierre Boursicot. En 1955, Antoine Pinay qui est ministre des affaires étrangères fait accréditer l'avocat à la délégation française de l'ONU à New York avec pour mission d'empêcher une condamnation de la politique algérienne de la France. Jean Violet y rencontre un homme qui va jouer un rôle capital dans sa vie, le révérend père Dubois, dominicain français chargé des missions spéciales pour le compte du Vatican (plus exactement pour certain Monsignori dont le cardinal Siri). Le père Dubois en liaison avec le colonel Hervé, chef du SDECE en poste à l'ONU, et jean Violet parviendront en 1959 à éviter une condamnation de la France en soudoyant les ambassadeurs du Brésil, du Pérou puis du Paraguay et du Nicaragua affiliés au camp tiers mondiste. Un religieux que l'on retrouvera à tous les moments décisifs de l'affaire des avions renifleurs. Devant la commission parlementaire, le responsable des dominicains en France, Jean René Bouchet, affirmera que le père Dubois, mort en 1979, était mêlé à des affaires étranges pour un ecclésiastique : financements clandestins, lutte contre la subversion en Amérique latine, soutien de l'église derrière le rideau de fer… Le père Dubois paraissait s'intéresser plus aux moyens qu'au but. Un autre religieux, l'abbé Marnier, membre de l'Opus Deï, correspondant de l'abbé Dubois à Fribourg en territoire helvétique, confesseur et ami de Philippe De Weck, directeur des Banques suisses, sera également présent à la signature des différents contrats. L'affaire pourrait être comparable à celle de la Matesa en Espagne à la fin des années soixante, l'argent détourné servant l'oeuvre de Dieu. Jusque en 1982, date de son rattachement direct au pape Jean Paul II qui le chérit, l'Opus Deï a constamment eu besoin d'argent pour ses missions évangéliques. L'hypothèse selon laquelle l'escroquerie aurait été décidé en haut lieu afin de rembourser l'Opus Deï de ses efforts financiers antérieurs ou pour honorer des dettes contractées dans le passé apparaît vraisemblable (l'argent disparu via la Sodetex dirigée par jean De Broglie ?). Mr Violet a informé jean Tropel qui lui même a convaincu Jean Guillaulat, P. D. G. d'Elf, d'un projet qui devait être une révolution technologique capable de détecter à plusieurs milliers de mètres sous terre du pétrole. Certaines mauvaises langues affirment que c'est Valéry Giscard d'Estaing lui même qui aurait introduit jean Violet chez Elf Erap. L'invention est une escroquerie, la machine ne détectant que des nappes de pétroles dûment répertoriées. Le premier contrat signé par Elf en 1976 porta sur 400 millions de francs, l'incontournable Antoine Pinay à qui Giscard d'Estaing doit son premier portefeuille ministériel, apportant sa caution morale à l'invention. L'affaire fut suivie au plus haut niveau puisque le président français autorisa Elf à méconnaître les obligations de contrôle administratif et financier et le contrôle des changes. Un transfert illégal de capitaux vers la Suisse qui sera reproché à la société nationale. Sans aucune garantie, Elf a versé la première fois 400 millions de francs pour un projet que garantissait la seule parole de jean Violet. Les inventeurs, un ingénieur belge fantasque, Alain De Villegas, et un réparateur de télé italien aux talents d'escroc, Aldo Bonasoli, ont auparavant eu leur projet financé durant quatre ans par Carlos Pesenti, un gros industriel italien qui aurait été membre de la loge P2. Une piste italienne qui ne sera pas exploitée, pierre Péan révélant dans son livre sur l'affaire que des réunions avaient eu lieu en Suisse pour empêcher toute investigation en Italie. Pourtant, en 1977, soit un an après la signature du premier accord, Alexandre De Marenches, patron du SDECE de 1970 à 1981, enverra à la présidence une note sur jean Violet qu'il a lui même évincé du service, suspecté être un agent du Vatican : méfiez vous, c'est (jean Violet) un spécialiste de ce genre d'activités, nous le connaissons bien, à vous d'aviser. Jean Violet est resté jusqu'à son licenciement l'honorable correspondant le mieux payé du service. La note ne dissuadera pas Raymond Barre, alors premier ministre, de classer l'affaire prioritaire, arrangeant un dîner avec Antoine Pinay, jean Violet, Alain De Villegas, Philippe De Weck et Pierre Guillaumat ou le projet ne sera pas remis en question. Sous l'égide d'Albin Chalandon, nouveau P.D.G. d'Elf Erap, un nouvel accord portant sur 500 millions de francs supplémentaires est signé à Zurich en 1978. Elf exploitera le procédé à parts égales avec la Fisalma (société implantée à Panama, paradis fiscal, représenté par Philippe De Weck). Malgré une note présidentielle datant de 1979 que Giscard brandira au procès en 1984, attestant du doute de la présidence par rapport à l'invention, la supercherie aura duré trois ans. Un véritable scientifique, Jules Horrowick, physicien au centre d'essai atomique, confondra les inventeurs du système des avions renifleurs à l'occasion d'un test. Il est clair que les escrocs ont dû avoir recours à des complicités internes à l'état major d'Elf (véritable état dans l'état possédant son propre service de renseignement qu'Alexandre De Marenches, atlantiste proche des américains tentera de dénoncer… ) pour avoir les clichés des nappes de pétrole déjà existantes. La piste italienne conduisant à la loge P2 montre le rôle de Carlos Pesenti, banquier du 12eme groupe financier italien qui a été l'actionnaire principal de la banque Ambrosien. La banque qui détenait une partie des fonds du Vatican et qui travaillait avec l'IOR de Mgr Marcinkus. Une close spéciale du premier contrat signé en 1976 imposait à Elf de dédommager Carlos Pesenti à hauteur de 80 millions de francs. Un pactole que l'intéressé, mort en 1984, affirmait avoir touché. On parle d'un détour vers une caisse politique, une organisation secrète. La démocratie chrétienne dont Pesenti a été le trésorier ? La loge P2 dont il fut très probablement membre ? Pour preuve de sa bonne foi, il envoya 30 millions de francs à Elf quand éclata le scandale. Un geste qui peut être interprété comme un dédouanement pour éviter qu'on aille fourrer le nez dans ses affaires. Les inventeurs, ainsi que jean Violet, ne seront pas inquiétés par Elf, la société nationale ne portant pas plainte contre eux malgré un trou de 800 millions de francs. L'ombre de l'Opus Deï plane sur toute cette affaire. La plupart des protagonistes, jean Violet, le père Dubois, l'abbé Marnier, Antoine Pinay étaient des membres ou des sympathisants de cette organisation. Pierre Guillaumat, dans un courrier adressé à Raymond Barre, soulignera le rôle important qu'ils semblaient jouer dans ce scandale. Avec le retour de la droite aux affaires après la complaisante parenthèse mitterandienne, l'Opus Deï, institutionnalisé par Jean Paul II et dépendant directement du saint siège, semble avoir mis les bouchés doubles pour accélérer le recrutement des élites européennes chargées de bâtir le régime théocratique et totalitaire de demain. Le démantèlement du bloc soviétique a redonné à l'église un pouvoir considérable, Jean Paul II désignant la France comme le prochain levier de sa politique européenne après ses échecs en Pologne et en Irlande. L'Opus Deï étant autant derrière les olympes-frics de Mr Samaranch, affilié à l'oeuvre de Dieu qui supprima en 1981 le mot amateur de la charte olympique, que derrière la béatification de soixante quatre martyrs de la révolution française lors d'un voyage de Margie Sudre, secrétaire d'état chargée de la francophonie du gouvernement Juppé en octobre 1995. Le président Chirac a d'ailleurs été reçu une première fois le 26 septembre 1995 par le cardinal Angelo Sodano, secrétaire d'état du Vatican, ainsi qu'en janvier 1996 où le président est venu témoigner de la fidélité de la France à son héritage chrétien. C'était la première visite d'état d'un président français au Vatican depuis 1959. Jacques Chirac a assuré que c'est notamment auprès de l'église, de son message, de son guide dans le secours de la foi que beaucoup d'hommes cherchent une raison d'espérer, la force de surmonter leurs souffrances. Estimant que la république française est largement inspirée par les valeurs évangéliques, Jean Paul II s'est insurgé contre la remise en cause du droit à la vie des personnes de la conception jusqu'à la mort. Une allusion à l'IVG et à l'euthanasie qui reste le credo préféré du pape. La multiplication des actions anti I.V.G. coordonnées par le Vatican masque la volonté papale d'opposer au Maghreb et à l'Afrique une natalité européenne. Les préoccupations spirituelles du saint père ne concernent apparemment pas les africains puisqu'il autorise archevêque de Nairobi au Kenya a brûler des préservatifs, des brochures d'informations sur le SIDA et des livres d'éducation sexuelle comme symboles pornographiques dans un pays gravement touché par cette maladie. Pour contrôler ses ouailles en France, le Vatican a délégué dans notre pays en octobre 1995 son nouvel ambassadeur, le nonce apostolique Mario Tagliaferri en remplacement de Laurenzo Antonietti rappelé à Rome pour avoir fait preuve de mollesse dans l'affaire des évêques d'Evreux dont Mgr Gaillot. Mgr Tagliaferri, véritable commissaire du pape, qui n'a jamais eu une vision très optimiste sur l'évolution des démocratie occidentales est le responsable de la canonisation des martyrs espagnols (franquistes) de la guerre civile. A quand la béatification de Pétain, Bousquet, Touvier et Cie… . ? Membre de l'Opus Deï comme tous les responsables du saint siège, le nonce apostolique qui est particulièrement conservateur entend mettre au pas les évêques conciliaires (fidèles au précepte d'ouverture du concile Vatican II) et préparer la venue du pape en septembre 1996 pour la célébration de Clovis. Les obscures tractations électorales d'une droite voulant récupérer les électeurs catholiques intégristes sensibles au discours du Front national conduisent des représentants de la république laïque à célébrer Clovis qui était jusqu'à présent uniquement un symbole pour les monarchistes. On compte dans le gouvernement Chirac un certain nombre de membres ou de sympathisants de l'Opus Deï, Gaudin, Codacionni, De Veyrinas ainsi que le lumineux chrétien des Alpes, Hervé Gaymard, ministre de la santé, (dont la femme, directrice de cabinet de Colette Codaccionni est membre de l'association du professeur Lejeune, instigateur d'actions anti I. V. G. ) qui a eu la charitable idée d'imposer une loterie pour l'obtention des nouvelles thérapies anti SIDA, projet heureusement abandonné. Un parti démocrate chrétien français renaît apparemment de ses cendres (Douste Blazy, Bayroux, … ), tendance dont les membres ont brillé par l'absence de déclarations lorsque furent défoncées à la hache les portes de l'église St Bernard où étaient réfugiés des maliens condamnés à faire la grève de la faim pour la régularisation de leurs papiers, préférant intriguer pour annihiler l'abominable responsable de la décadence : l'esprit de 1968. Le pouvoir politique qui a voulu lancer un signal fort au tiers monde avec l'affaire des sans papiers est beaucoup plus indulgente envers les intégristes catholiques qui occupent l'église St Laurent du Chardonnet depuis plus de dix ans, fief de sympathisants du Front national.
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