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Al-Aqsa TV


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Al-Aqsa TV : LE HAMAS FAIT SA TELE

Midi, l'heure du journal sur Al-Aqsa TV, la chaîne de télévision du Mouvement de la résistance islamique (Hamas). Dans un studio baigné d'une lumière bleutée, avec des simulations d'écrans en arrière-plan, le présentateur, vêtu à l'occidentale d'un costume sombre et d'une cravate orange, le visage ceint d'un collier de barbe soigneusement taillé, égrène les titres de l'actualité du jour : "Un tireur d'élite des Brigades Ezzedine Al-Qassam a tué un soldat israélien au nord de Beit Lahiya" ; "Les services de sécurité palestiniens ont envahi une mosquée de Kalkiliya et arrêté une vingtaine de membres du Hamas" ; "Les Brigades Ezzedine Al-Qassam affrontent les forces sionistes à Abassan".

Les reportages se suivent, entrecoupés de séquences en plateau et de micros-trottoirs dans les rues de Gaza, le tout réalisé dans le style trépidant des chaînes d'information en continu du monde arabe. Les commentaires mettent l'accent sur l'audace des combattants de l'aile militaire du Hamas, ignorant le fait que l'armée israélienne n'a déploré, ce mardi 14 août, aucune perte. Ils révèlent, par contre, images à l'appui, la rafle opérée à Kalkiliya (Cisjordanie) par les policiers du Fatah, le parti du président Mahmoud Abbas. Un événement que les agences de presse internationales n'ont pas mentionné. Après un quart d'heure, le journal se clôt sur un slogan à l'intention du Fatah, imprimé en lettres de feu sur fond noir : "Ils nous ont attaqués, ils nous ont diffamés, mais nous tenons bon. La justice aura le dernier mot."

Modernisme, dogmatisme et propagande : Al-Aqsa TV a fait de ce grand écart permanent la recette de son succès. Lancée en novembre 2005 comme une simple station locale, la télévision du Hamas est devenue, en l'espace d'un an et demi, une chaîne satellitaire généraliste dont l'audience ne cesse de grimper. Aux programmes bricolés des débuts, à base de clips à la gloire de la "résistance" et d'interminables séances de récitation du Coran, a succédé une grille éclectique, où alternent journaux, documentaires animaliers, dessins animés, cours de religion et talk-shows. L'univers doucereux des Télétubbies, une émission pour enfants créée par la BBC, cohabite avec les prêches volcaniques de Younès Al-Astal, l'un des cheikhs les plus virulents du Hamas. Les clips édifiants, mettant en scène de jeunes pseudo-débauchés, sauvés du vice par la pratique de la prière, voisinent avec une revue de la presse israélienne sous-titrée : "Apprenez à connaître votre ennemi."

Sur Al-Aqsa TV, même le sport a droit à l'antenne. Pendant l'été 2006, ses spectateurs, comme ceux de toutes les chaînes locales palestiniennes, ont pu suivre gratuitement la Coupe du monde de football, grâce à un piratage d'ART, la chaîne saoudienne qui avait acquis les droits de retransmission dans le monde arabe. Il y a quelques jours, un match opposant deux équipes de la bande de Gaza a également été diffusé, avec une mise en scène "halal" cette fois-ci, puisque les joueurs avaient les jambes recouvertes d'un pantalon !

"Nous sommes très fiers de notre travail", dit Fathi Hamad, directeur de la société Ribat, la holding audiovisuelle du Hamas, qui gère Al-Aqsa TV ainsi que sa grande soeur, Al-Aqsa Radio. "En dépit d'un budget maigrelet - 90 000 dollars par mois - alimenté par les caisses du parti et par des mécènes étrangers et locaux, nous avons bâti un groupe de médias efficace et proche de son public. Durant les affrontements avec le Fatah, au mois de juin, presque tous les foyers de la bande de Gaza nous regardaient. Pour une chaîne qui n'a pas soufflé sa deuxième bougie, c'est plutôt pas mal", se réjouit M. Hamad.

Le siège d'Al-Aqsa TV est installé dans un immeuble flambant neuf du centre-ville de Gaza, avec administration dans les étages et studios au sous-sol. Dans les bureaux, organisés en plateaux, la moquette est épaisse et le mobilier luxueux. Cinq fois par jour, l'appel à la prière mugit dans les oreilles du personnel, composé en majorité de jeunes hommes, vêtus du costume réglementaire.

L'ambiance de travail, où se mêlent l'enthousiasme des débuts et le rigorisme de l'islam ultra, donne à la chaîne du Hamas une allure de start-up barbue. "Nous voulons être les meilleurs", clame Ahmed Qadoura, le directeur des relations publiques, tout juste sorti, à 22 ans, de la faculté d'anglais : "Nous essayons de nous approcher d'Al-Jazira (la chaîne d'information qatarie) pour le professionnalisme et d'Al-Manar (la chaîne du Hezbollah libanais) pour le patriotisme."

Nerf de la guerre entre le Fatah et le Hamas, l'information est la carte maîtresse d'Al-Aqsa TV. Pour se doter d'un vernis professionnel, la chaîne a envoyé une trentaine de ses journalistes en formation à Doha, siège d'Al-Jazira. Durant les combats fratricides de juin, ses cameramen, naturellement "embedded" (embarqués) dans les jeeps de la Tanfiziya, la police du Hamas, ont rapporté de nombreuses exclusivités. Leurs images de la prise du quartier général de la Sécurité préventive, l'unité de police la plus honnie de l'Autorité palestinienne, ont été reprises par Al-Jazira et sa concurrente saoudienne, Al-Arabiya.

Pour ce qui est du commentaire, en revanche, le vocabulaire provient tout droit de la vulgate Hamas. Israël est désigné sous la formule "territoires occupés de 1948" ou sa variante "ennemi sioniste". Les collaborateurs du président Mahmoud Abbas sont qualifiés de "putschistes". Le cabinet de Salam Fayad, intronisé en représailles au coup de force du Hamas à Gaza, est parfois présenté comme "le gouvernement du général Dayton", une référence à Keith Dayton, l'émissaire des Etats-Unis pour les questions de sécurité. Quant à la chaîne de télévision officielle du régime de Mahmoud Abbas, la rivale exécrée, elle est désignée comme "la chaîne qui prétend s'appeler Palestine TV". Un lexique auquel Ahmed Qadoura, en bon soldat endoctriné, ne trouve rien à redire. "C'est ça, le véritable professionnalisme, affirme-t-il. Israël, ça n'existe pas. Ce n'est qu'une grande colonie peuplée par des clans mafieux. La télévision palestinienne, pareil : ce n'est qu'une chaîne aux ordres du Fatah. Nous, au moins, on ne triche pas. On représente le Hamas et on le dit."

La direction d'Al-Aqsa TV ne reconnaît qu'une seule erreur. La diffusion des images de la mort de Samih Al-Madhoun, le chef des miliciens du Fatah, massacré en pleine rue, le 15 juin. "Nous avons décidé de baisser le niveau de la propagande", assure le directeur, Fathi Hamad. Bientôt, promet-il, Al-Aqsa TV diffusera des spots de publicité. Comme une vraie chaîne de télévision.

Benjamin Barthe

source: lemonde.fr

Z'ont leur chaîne et tout maintenant…

Invité jabial
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L'argent euro-américain. Et aussi israélien si on compte le reversement de TVA.

Faudrait peut-être envoyer les avions israéliens applatir Strasbourg, Paris, et Bruxelles :icon_up: Et au retour, ils pourraient descendre leur propre capitale.

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