Chitah Posté 11 octobre 2007 Signaler Posté 11 octobre 2007 Je trouve cette analyse super bien vue : Lionel Jospin dans une impasse [ 11/10/2007 - 12h27 ]Il faut lire le dernier livre de Lionel Jospin [1]. Pas pour les critiques au vitriol portées contre Ségolène Royal, qualifiée, entre autres amabilités, de « figure secondaire de la vie publique ». Elles sont si outrancières qu’elles décrédibilisent la parole de celui qui les porte. L’ouvrage a, en revanche, valeur de témoignage historique, car derrière le démolissage en règle de la candidate socialiste apparaît une rupture plus grave entre les anciens et les modernes, comme si la chaîne de transmission, si importante dans la vie de ce parti, s’était, à un moment, rompue. Lionel Jospin a écrit « L’Impasse » avec, comme il le dit, « quelques titres » à faire valoir. Compagnon de route de François Mitterrand à partir de 1971, il a participé à la construction du « cycle d’Epinay », dirigé le Parti socialiste dans des périodes clefs, et reste, avec l’ancien président, « le seul socialiste à avoir conduit la gauche au pouvoir pendant un demi-siècle ». De ce long parcours, basé sur une stratégie indéfectible - l’union de la gauche -, il garde la nostalgie de tout ce qui fondait, à l’époque, l’idéal du parti : le sens du collectif, le goût prononcé pour l’idéologie, et la patience face à l’obstacle. Le regard qu’il porte sur la génération qui lui a succédé, celle qu’incarnent Ségolène Royal mais aussi François Hollande, est fait d’incompréhension et de cruauté. Lionel Jospin n’est pas loin de taxer d’opportunistes ces nouveaux socialistes, qui ont découvert la politique en 1981 « dans les lieux de pouvoir » sans avoir eu le temps de forger leur caractère dans les années d’opposition. Il moque « leur désir de victoire » et analyse à cette aulne le « goût immodéré » de la candidate socialiste pour les sondages, son « face-à-face narcissique avec l’opinion », ou encore sa propension à défier Nicolas Sarkozy sur des valeurs de droite - l’autorité, la sécurité - au lieu de défendre l’héritage socialiste. Dans ce réquisitoire implacable, la blessure personnelle affleure à chaque instant. Lionel Jospin ne supporte pas que Ségolène Royal ait voulu construire sa campagne en faisant table rase de son propre bilan. Mais il paraît en même temps réellement sincère lorsqu’il clame que Nicolas Sarkozy aurait pu être facilement défait si le Parti socialiste était resté solidement ancré dans ses valeurs, autrement dit dans le bilan jospinien. C’est là que le livre tourne à l’impasse : le candidat battu de 2002 croit sincèrement qu’il aurait pu être le candidat victorieux de 2007. Ce faisant, il ne parvient toujours pas à faire l’examen lucide de son propre bilan. Il refuse obstinément de voir que le logiciel socialiste était largement épuisé dès 2002, qu’il laissait le champ libre à l’offensive idéologique de Nicolas Sarkozy et que, faute de rénovation, l’ultime carte à jouer était l’émancipation maladroite et brutale tentée en dernier recours par Ségolène Royal. L’échec de 2007 est indéfectiblement lié à celui de 2002. Il laisse aux troupes défaites la rude tâche de procéder à un double droit d’inventaire.
roubachov Posté 11 octobre 2007 Signaler Posté 11 octobre 2007 Je trouve cette analyse super bien vue : Personnellement, je prétends que DSK ou Fabius auraient été, à des titres différents, bien plus dangereux pour NS que l'ancienne Ministre de l'Environnement.
Chitah Posté 11 octobre 2007 Auteur Signaler Posté 11 octobre 2007 Le point le plus important à retenir, c'est que le cycle d'Epinay est bel et bien terminé. Un autre point connexe, est qu'il est évidentissime qu'un parti politique ne sert, essentiellement, qu'à propulser celui qui l'a créé vers l'Elysée (ou tout du moins quelqu'un de très proche du 1er cercle) : - Miterrand a commencé l'union de la guache en 64-65, puis l'a scellée au congrès d'Epinay en 1971 en créant le PS : entre 10 et 17 ans pour prendre le pouvoir; lorsque le fondateur disparaît, ledit PS se prend raclée sur raclée aux présidentielles. - Chirac a dû créé le RPR après avoir démisionné en 1976 : 19 ans pour prendre le pouvoir; ses proches, s'aperçoive assez vite qu'il faut changer de parti pour partir à la conquête de la succession de Chirac; Juppé créé l'UMP en 2002, manque de bol en 2004 direction l'exil canadien. Et le petit nabot de Neuilly s'empare de ladite UMP au nez et à la barbe de tout le monde…et on connait la suite.
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