Luc Douillard Posté 6 novembre 2007 Signaler Posté 6 novembre 2007 Externaliser la souffrance des Sans-papiers ? Vous le paierez tous en tuberculose ultrarésistante… Aujourd'hui mardi 6 novembre dans « Ouest-France », un articulet page 5 signale que l'association « Médecin du Monde » (MDM) demande que les préfectures « fassent cesser la pression policière qui provoque le départ précipité de familles potentiellement contagieuses », citant en exemple deux campements en région parisienne où ont été recensés plusieurs cas de personnes malades de la tuberculose. Pour MDM, les expulsions de Roms atteints de tuberculose conduisent à « de graves conséquences sanitaires individuelles et collectives. » Sachez, monsieur Sarkozy, en dépit de vos pulsions de propreté sanitaire et génétique, qu'on n'expulse jamais une maladie contagieuse. Aucun pouvoir d'Etat, même les plus méthodiques comme ceux des années 1930 et 40, ne sont parvenus à cette capacité. Leur seul pouvoir en ce domaine est un pouvoir de nuisance aggravée : En prétendant expulser et éliminer les indésirables, on ne ferait que favoriser la contagion de tous par des bacilles devenus résistants à tous les traitements, faute de soins méthodiques et de suivis. C'est ainsi : Il faudra apprendre à cohabiter avec les maladies d'autrui dans un univers mondialisé par les transports modernes, et je ne connais pas d'autre solution rationnelle que la restauration intégrale du Programme du Conseil national de la Résistance de 1944 : les mêmes droits sanitaires pour tous à une médecine de qualité, préventive et curative. Les microbes ont cela de bon : ils nous ramènent à la réalité en nous sortant des idéologies racistes. En croyant externaliser les souffrances sur les plus faibles que nous, nous ne faisons qu'aggraver leur virulence. Tandis que les souches de tuberculose ultrarésistantes seront déjà passées, d'un groupe social vulnérable à l'autre, jusqu'à nous tous : étrangers sans papiers africains ou est-européens, SDF locaux, travailleurs français paupérisés, CMU mal soignés, usagers de tous les espaces publics… jusqu'à vos propres enfants, monsieur Sarkozy ! Et ce ne sont pas vos gardes du corps qui vous protégeront de la misère que vous avez cultivée ! Voici des années que je lis attentivement les articles de presse signalant la montée de la nouvelle tuberculose résistante aux antibiotiques, qui pour une grande part est née dans les prisons russes où les conditions sanitaires sont épouvantables. (Je ne parle pas ici de l'autre grand système pénitentiaire, celui des Etats-Unis, qui aurait eu, dit-on, un rôle décisif dans la dissémination du Sida, notamment en relâchant sans soin des détenus d'origine étrangère qui ne se savaient pas porteurs du VIH. Le « containment » des classes dangereuses ? Encore un leurre des idéologies punitives et antihumanistes.) Samedi dernier, un article dans « Le Monde » (Paul Benkimoun, rubrique « Environnement et sciences », page 7) révélait l'alerte lancée la veille vendredi 2 novembre par le rapport du Forum pour une recherche collaborative sur le VIH, issu d'un symposium qui s'est tenu en juillet à Sydney. « La combinaison tuberculose-sida fait des ravages dans le tiers-monde. » Les deux maladies travaillent en synergie opportuniste, si j'ose dire, tandis que les spécialistes restent déplorablement divisés, même dans les pays les plus concernés. « Près d'un quart des 40 millions de personnes infectées par le virus du sida (VIH) le sont également par le bacille de la tuberculose. » Notamment en Afrique. La co-infection entraîne une mortalité cinq fois supérieure à celle de la tuberculose seule. Déjà environ 200 000 morts par an dans le monde. Voici encore deux chiffres à retenir, car ils vont très vite augmenter, notamment sur le territoire français, où la chasse policière prive des populations entières de veille et de soins. « En 2007, l'OMS estime à 400 000 le nombre d'individus ayant une tuberculose multirésistante dans le monde, 28 000 développant une forme ultrarésistante. » Combien aux portes de Neuilly, monsieur le président ? on ze webblog : http://lucky.blog.lemonde.fr
A.B. Posté 6 novembre 2007 Signaler Posté 6 novembre 2007 Le collectivisme est un mal contagieux virulent, et plus dur a soigner que la tuberculose. Par ailleurs je vois un paradoxe dans l'article, c'est en soignant les malades que l'on crée des sources ultra-résistances - on augmente la pression évolutive sur le bacille. Soigner gratuitement tous les tuberculeux - comme préconisé dans l'article - devrait donc avoir l'effet inverse de celui annoncé: favoriser l'évolution de souches résistantes.
Luc Douillard Posté 6 novembre 2007 Auteur Signaler Posté 6 novembre 2007 La question n'est seulement pas de "soigner" (ou pas), mais surtout de soigner bien ou mal. Ce qui augmente la pression évolutive sur le bacille (mais le mal est déjà fait : les sources ultrarésistantes sont déjà là), c'est d'abandonner le traitement avant la fin de la maladie (et non bien entendu la gratuité, ou non, des soins !!!). Il faut donc un suivi du malade et de son entourage, difficilement compatible avec des poursuites policières et l'insécurité juridique. Voici une question difficile posée aux libéraux, à laquelle on ne peut se contenter de répondre par un slogan idéologique réponse-à-tout. Le collectivisme est un mal contagieux virulent, et plus dur a soigner que la tuberculose.Par ailleurs je vois un paradoxe dans l'article, c'est en soignant les malades que l'on crée des sources ultra-résistances - on augmente la pression évolutive sur le bacille. Soigner gratuitement tous les tuberculeux - comme préconisé dans l'article - devrait donc avoir l'effet inverse de celui annoncé: favoriser l'évolution de souches résistantes.
A.B. Posté 6 novembre 2007 Signaler Posté 6 novembre 2007 Voici une question difficile posée aux libéraux, à laquelle on ne peut se contenter de répondre par un slogan idéologique réponse-à-tout. Les épidémies sont un des fameux problèmes de bien publics. L'analyse de l'existence de ces problèmes est correcte, fonder ses espoirs sur l'état pour le résoudre est illusoire. Le libéralisme ne prétend avoir la clef de tous les problèmes, mais il nous enseigne que nourrir l'espoir de résoudre ces problèmes par l'État est immoral et illusoire… notre état a produit un système de santé en faillite, du sang contaminé et subventionne l'homéopathie, avoir foi en lui pour lutter contre la tuberculose est du domaine de la pensée magique.
DoM P Posté 6 novembre 2007 Signaler Posté 6 novembre 2007 La question n'est seulement pas de "soigner" (ou pas), mais surtout de soigner bien ou mal. Ce qui augmente la pression évolutive sur le bacille (mais le mal est déjà fait : les sources ultrarésistantes sont déjà là), c'est d'abandonner le traitement avant la fin de la maladie (et non bien entendu la gratuité, ou non, des soins !!!). Il faut donc un suivi du malade et de son entourage, difficilement compatible avec des poursuites policières et l'insécurité juridique. Voici une question difficile posée aux libéraux, à laquelle on ne peut se contenter de répondre par un slogan idéologique réponse-à-tout. Oui, m'enfin, c'est quoi la logique là-derrière ? - Entrée illégale de clandestins - Poursuite par la police de ces clandestins (C'est son boulot et sa responsabilité) - Problème sanitaire - Donc arrêt des poursuites Ca, c'est le processus visé par les gogos de service Mais ça ne s'arrête pas là : - Donc augmentation de la pression d'immigration clandestine. - Donc augmentation des problèmes classiques liées à l'immigration - Donc pression pour que la police fasse son boulot - Donc augmentation des problèmes sanitaires, pires qu'avant. La solution libérale, sans idéologie, c'est : - Arrêt de toute aide économique aux immigrés (comme aux non immigrés, d'ailleurs) - Donc incitation à l'immigration drastiquement réduite - Dans un deuxième temps, cessation des restrictions à l'immigration - Donc plus de poursuites nécessaires - Donc plus de risque sanitaire. C'est facile, c'est sain, c'est honnête, c'est juste.
labbekak Posté 6 novembre 2007 Signaler Posté 6 novembre 2007 Beaucoup de "sans papiers" ne se font jamais hospitaliser par crainte d'être expulsés.
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