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Le sultan d'Oman parraine Tariq Ramadan aux Pays-Bas


Serge

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Posté
La prestigieuse Université de Leyde, aux Pays-Bas, a accepté que sa chaire d'islamologie soit subventionnée par le Sultanat d'Oman, pays qui applique la charia. Le poste sera occupé par le Suisse Tariq Ramadan. Cette nomination soulève l'incompréhension d'un spécialiste des religions. Au niveau politique, certains dénoncent un risque pour la sécurité nationale.

Rembrandt et Descartes, dont les noms sont associés à Leyde, la plus ancienne et la plus prestigieuse université néerlandaise, ont dû sursauter dans leurs tombes. Ce temple de la connaissance vient d'accepter que sa chaire d'islamologie soit financée à hauteur de 2,5 millions d'euros (4,1 millions de francs) par le sultan d'Oman. Qabous Ben Saïd, s'il n'est pas le pire des dictateurs, n'est tout de même pas un modèle de démocratie. Au pouvoir depuis trente-sept ans, après avoir renversé son père, il cumule les fonctions de chef d'Etat, de premier ministre, de ministre des Affaires étrangères, de la Défense et des Finances.

Plus grave encore: non seulement Oman est le fief de l'ibadisme, une branche schismatique de l'islam, mais dans ce pays - où l'islam est religion d'Etat - la Charia est la source de la législation. «C'est invraisemblable qu'une université telle que Leyde, réputée autant pour son ouverture d'esprit et que pour la qualité de son enseignement, se compromette avec le Sultanat d'Oman et avec Tariq Ramadan. Il faut savoir que Leyde édite «L'Encyclopédie de l'islam». Elle a compté parmi ses professeurs l'orientaliste Christiaan Snouck Hurgronje, le pionnier de l'islamologie», déclare, suffoqué, le Libanais Habib Tawa, docteur en histoire contemporaine à la Sorbonne.

«Un risque pour la sécurité nationale»

La nomination du Suisse Tariq Ramadan, 45 ans, comme titulaire de cette chaire d'islamologie, n'est pas non plus passée inaperçue dans un pays toujours marqué par l'assassinat du cinéaste Theo Van Gogh en novembre 2004 par un islamiste fanatique. Au Parlement néerlandais, conservateurs et populistes ont dénoncé le Sultanat d'Oman, qualifié de «dictature islamo-fasciste», et laissé entendre que Tariq Ramadan pouvait présenter «un risque pour la sécurité nationale» des Pays-Bas. Ce petit pays, connu pour son extrême libéralisme, a basculé en quelques mois de la tolérance à la méfiance vis-à-vis des musulmans (ils seraient un million, essentiellement des Marocains et des Turcs).

Au nom de l'indépendance des universités, Ronald Plasterk, ministre de l'Education et de la Culture, a refusé de se prononcer sur cette nomination. Du côté de Leyde, on souligne que Tariq Ramadan aurait été choisi parmi quarante candidats, et que le prédicateur donne déjà un cours intitulé «Identité et Citoyenneté» à l'Université Erasmus de Rotterdam.

Une icône idéologico-politique

Le Genevois a toujours dénoncé sans ambiguïté le terrorisme. Toutefois, il ne passe pas pour un rénovateur de l'islam, se qualifiant lui-même de «salafiste» (il revendique un retour à l'islam des origines). «Tariq Ramadan est une icône idéologico-politique, mais ce n'est pas un scientifique, encore moins un penseur. Je ne comprends pas que Leyde ait pu faire appel à lui», s'indigne le Lausannois Ahmed Benani, anthropologue des religions.

De son côté, Tariq Ramadan n'a pas souhaité répondre à nos questions. Curieusement, au moment où nous écrivons ces lignes, son propre site n'évoque même pas sa nomination. Il est vrai que se faire sponsoriser par le sultan d'Oman n'incite pas à vous classer dans l'islam des lumières.

Ian Hamel - 17/11/2007

Le Matin Dimanche

Tariq Ramadan est connu sur le forum, apparemment.

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