Chitah Posté 22 décembre 2007 Signaler Posté 22 décembre 2007 Un article sur le producteur de la série à succès 24, la fin en gras est hallucinante. Joel Surnow-Jack Bauer, même combat LE MONDE 2 | 21.12.07 | 15h23 • Mis à jour le 21.12.07 | 16h13 envoyé spécial à Rome oel Surnow vit dans un film. Des lunettes aux épais et larges verres fumés barrent en permanence son visage. Un costume Armani bleu nuit, une chemise blanche négligemment ouverte, un verre de whisky incrusté dans sa main droite, s'imposent comme les marques d'une extrême décontraction. Quand il parle, il tutoie d'emblée ses interlocuteurs, les appelle par leur prénom, mais les regarde à peine. Joel Surnow a assimilé à une vitesse record les principes de la dolce vita. La moindre des choses quand on se retrouve à Rome. Demain il rentre chez lui, à Los Angeles. Là-bas la dolce vita se poursuivra. C'est la moindre des choses quand on est producteur et créateur, avec Robert Cochran, de "24 heures chrono", ("24" en VO), la série télévisée la plus populaire de la décennie. Une série qui a révolutionné les règles du cinéma d'action – chaque épisode de "24 heures chrono", dont la sixième saison est diffusée depuis le 22 novembre sur Canal+, se déroule en temps réel – et traduit génialement les angoisses d'un monde tourmenté par la menace terroriste depuis le 11-Septembre. De retour à son bureau de Los Angeles, Joel Surnow retrouvera son objet fétiche. Trop précieux pour voyager avec lui. Trop encombrant aussi. Ce véritable "rosebud" résume à lui seul l'éthique de vie de ce "patriote", comme il aime à se définir. Il a accroché au-dessus de son bureau la bannière étoilée, cadeau d'un régiment de l'armée américaine en Irak dont le coffret DVD de "24 heures chrono" avait été détruit lors d'un bombardement rebelle. Ce drapeau fut l'un des premiers à entrer dans Bagdad libérée du joug du dictateur Saddam Hussein, symbole d'une Amérique qui pensait alors exporter sa démocratie. Joel Surnow ne se fait plus d'illusions sur la réussite de cette mission. "Il fallait dégager Saddam, estime-t-il, mais ne surtout pas s'incruster dans cette contrée. J'aurais rendu le pays aux anciens baasistes. Ces derniers auraient mis un autre type, comme Saddam, allergique au bazar, mais proaméricain." Joel Surnow est un homme seul. Républicain militant, il détonne à Hollywood, bastion démocrate, où les supporteurs de George W. Bush se comptent sur les doigts d'une main. "Penser du mal de notre président ne suffit pas ici. Il faut le haïr. Notre pays n'a pourtant jamais été aussi prospère que sous George W. Bush. Nous sommes devenus des enfants gâtés. Quand je pense qu'Hillary Clinton prétend devenir présidente. Quel cauchemar !" FIGURE DE PROUE Ce statut d'outsider colle à la peau du producteur de "24 heures chrono". Issu d'une famille d'immigrants originaires de Lituanie, Joel Surnow faisait enfant du porte-à-porte avec son père, vendeur de tapis. "Les représentants de commerce jouent leur gagne-pain en cinq minutes. C'est une vie difficile. On en a pris plein la gueule." Le destin conservateur du citoyen Joel Surnow se noue dans les années 1960, sur le campus de l'université de Berkeley, l'un des lieux de la contre-culture et de la lutte contre la guerre du Vietnam. "J'étais boursier. Mes camarades étaient fils de milliardaires et gauchistes. Ils faisaient la révolution la journée, insultaient notre pays tout en roulant le soir dans la voiture de sport offerte par papa. Moi, je bossais la nuit pour payer mes études. J'en ai eu marre de ces connards qui dénigraient le pays qui m'a tout donné." Avec le temps, le producteur de "24 heures chrono" est parvenu à fédérer autour de lui d'autres hommes et femmes esseulés : républicains, allergiques à l'establishment libéral hollywoodien et patriotes. Surnow est l'une des figures de proue du Liberty Film Festival, une organisation conservatrice qui organise un festival annuel à Los Angeles. Le spectateur peut découvrir des téléfilms et des documentaires qui défendent l'intervention américaine en Irak, la guerre contre la terreur, ou cherchent à réhabiliter le sénateur Joseph McCarthy, l'homme de la liste noire des années 1950, qui contraignit des dizaines de réalisateurs, scénaristes et comédiens, communistes ou ex-communistes, à quitter Hollywood pour s'installer en Europe. Joel Surnow aime poser les questions. C'est sa manière de prendre l'ascendant sur son interlocuteur. D'amener la discussion sur son terrain. La sécurité des Etats-Unis et, plus globalement, celle du monde occidental, le préoccupe au plus haut point. Il tient donc à prendre la mesure exacte de votre engagement contre l'islamisme radical. "Si un terroriste détenait votre femme et vos deux enfants, plaçait une bombe en haut de la tour Eiffel, et se trouvait entre vos mains, vous feriez tout ce qui est en votre pouvoir pour le faire parler, à commencer par l'usage de la torture, n'est-ce pas ?" L'auteur de ces lignes étant journaliste, et non agent du contre-terrorisme, un tel dilemme ne se pose pas. La question de la torture hante Joel Surnow. La controverse autour de "24 heures chrono" s'est faite trop pressante aux Etats-Unis ces derniers mois pour lui permettre d'échapper à un tel débat. Depuis la diffusion de sa première saison en 2001 (la série avait été écrite avant le 11-Septembre), Jack Bauer, l'agent vedette du bureau de Los Angeles de la CTU (Counter Terrorism Unit), est parvenu à sauver son pays de plusieurs holocaustes nucléaires et autres virus bactériologiques ou gaz innervants. Ses adversaires sont originaires des Balkans, de Russie, d'Amérique du Sud et du Proche-Orient. LIBERTÉ OU SÉCURITÉ La série a pris un tour plus polémique depuis la saison 4, avec l'irruption d'une menace issue de l'intérieur incarnée par des citoyens américains originaires du Proche-Orient, obéissant à la seule loi de l'islam radical. Une menace réitérée dans la saison 6 où la sécession d'une minorité d'américains musulmans provoque un début de guerre civile. "Vous avez vu ce qui s'est passé à Londres en 2005, puis ce qui a failli se produire en juin à Glasgow. La Grande-Bretagne a un problème avec une partie de ses citoyens musulmans, et elle n'est pas près de le résoudre. Après la Grande-Bretagne, ce peut être le tour des Pays-Bas puis de la France." Dans chaque saison, Jack Bauer se trouve devant la même alternative : la liberté ou la sécurité. Ce choix conceptuel trouve une illustration concrète à l'écran. Confronté à un terroriste, ou à un suspect susceptible de détenir des informations de première importance, Jack Bauer privilégie systématiquement la torture à la dialectique. Le principe de la série – une intrigue en temps réel – avec une menace terroriste destinée à frapper le pays au plus tard dans les vingt-quatre heures ne permet guère à Jack Bauer de s'embarrasser de la moindre rhétorique. Les suspects sont, au gré des épisodes, battus, étranglés, électrocutés, étouffés, lacérés, drogués, noyés, charcutés ou mutilés. Pour un résultat optimal. Soumis à la méthode Bauer, le terroriste parle sans coup férir. La saison 6 marque une étape supplémentaire dans ce moulin des supplices. On y assiste à une véritable surenchère de la torture où la cruauté, alliée au sadisme, permet à l'agent Bauer d'obtenir son précieux sésame. La justice rêvée de Joel Surnow s'est récemment heurtée à un mur. Le magazine américain The New Yorker rendait compte, dans son numéro du 12 février dernier, d'une visite de Patrick Finnegan, général de brigade de l'armée américaine, doyen de l'académie militaire de West Point, accompagné de trois interrogateurs du FBI sur le plateau de "24 heures chrono". Ce dernier voulait expliquer à quel point l'usage systématique de la torture par une équipe de contre-terrorisme ternissait gravement l'image des Etats-Unis. Avocat de formation, Finnegan enseigne le droit militaire à ses étudiants de West Point, lesquels sont appelés à occuper des postes de commandement en Irak et en Afghanistan. Il a constaté, depuis la diffusion de "24 heures chrono", à quel point il était devenu difficile d'expliquer à ses étudiants la nécessité d'appliquer le droit, même si les terroristes ne s'y plient pas. "Si la torture est néfaste, quid de 24 heures chrono ? demandent-ils. Torturer crée chez Jack Bauer une certaine angoisse, mais c'est toujours la bonne chose à faire dans l'intérêt de l'Etat. " UN HOMME TOURMENTÉ La question de la torture occupe le débat public aux Etats-Unis depuis la révélation en 2004 des actes perpétrés par les soldats américains sur les détenus des prisons d'Abou Ghraib, à Bagdad, et de Guantanamo, à Cuba. Finnegan estime que "24 heures chrono" joue un rôle central dans ce scandale. La population accepte plus facilement le principe d'une telle pratique quand une série télévisée, vue par quinze millions de téléspectateurs aux Etats-Unis, sans compter les ventes de DVD, en fait l'apologie. L'un des autres experts présents avec Patrick Finnegan, Tony Larouganis, un ex-interrogateur de l'armée américaine en Irak, notait l'effet néfaste de "24 heures chrono" sur les soldats américains en Irak. Certains sont persuadés du bien-fondé de la méthode de Jack Bauer et appliquent sans coup férir les pratiques de la vedette du petit écran. Le résultat est toujours décevant. Tony Larouganis faisait remarquer qu'en plus d'être illégale, la torture ne fait jamais parler un suspect. Seule une "pédagogie" dans le questionnement permet d'obtenir des informations. Cette polémique laisse indifférent le créateur de "24 heures chrono". "Je crois qu'il y a des problèmes bien plus graves que cette histoire de torture à la télévision. Je ne laisserai pas insulter Jack Bauer de la sorte. Ce n'est pas un tortionnaire, juste un citoyen qui sait se montrer convaincant quand il faut. C'est un homme tourmenté, qui perd sa femme, sa fille et son âme. Il paye très cher ce qu'il fait, tout ça pour sauver des millions de vies humaines. Il est l'incarnation même de la justice. Une machine à tuer dont nous rêvons tous en secret car elle ne sanctionne que les raclures." Malheureusement, ce golem n'existe pas. En l'absence de Jack Bauer, que ferait Joel Surnow s'il se trouvait confronté aux choix imposés à l'écran à sa créature ? "Face à un terroriste détenteur d'informations capitales pour la sauvegarde de mon pays, je n'hésiterais pas une seconde, je le torturerais avec force et conviction, aussi longtemps que nécessaire, pour la sauvegarde de ma famille et de ma patrie." ——————————————————————————-- A voir : "24 heures chrono", cinq saisons parues en DVD, Fox Pathé Europa. La saison 6 est actuellement diffusée sur Canal+ chaque jeudi à 20 h 50. Samuel Blumenfeld
Harald Posté 22 décembre 2007 Signaler Posté 22 décembre 2007 Un article sur le producteur de la série à succès 24, la fin en gras est hallucinante. Pas tant que cela en fait. Pour faire un bon soldat, il faut d'abord le formater pour qu'il obéisse aux ordres sans se poser de questions. Le premier principe que l'on te carre dans le cerveau c'est "réfléchir, c'est commencer à désobéir". Partant de là, ce genre de débilité n'a rien d'étonnant. Sans compter que pour les légers du cortex, il y a une part de valorisation à reproduire le comportement de ce que l'on considère comme un modèle. Je ne compte plus dans mon secteur les émules de Jackass que j'ai dû ramasser sur le bitume à une époque. Ceci dit, il est intéressant de constater qu'un producteur peut-être plus intelligent que le président qu'il admire : "Il fallait dégager Saddam, estime-t-il, mais ne surtout pas s'incruster dans cette contrée. J'aurais rendu le pays aux anciens baasistes. Ces derniers auraient mis un autre type, comme Saddam, allergique au bazar, mais proaméricain." P.S : J'ai jamais vu une seule minute de "24", c'est grave docteur ?
pankkake Posté 22 décembre 2007 Signaler Posté 22 décembre 2007 C'est vrai que les séries comme 24 ou par exemple les James Bond (qui font croire qu'il y a vraiment des méchants qui veulent détruire le monde et que ce sont des super-héros fonctionnaires qui nous sauvent et consomment tout ces milliards d'impôts) ne sont pas du tout libérales.
Pan Posté 22 décembre 2007 Signaler Posté 22 décembre 2007 Jack Bauer et James Bond sont de parfaits petits socialistes. C'est l'apologie du fonctionnaire au-dessus des lois qui a le "droit de tuer".
Harald Posté 22 décembre 2007 Signaler Posté 22 décembre 2007 Jack Bauer et James Bond sont de parfaits petits socialistes. C'est l'apologie du fonctionnaire au-dessus des lois qui a le "droit de tuer". Le rêve de tout nomenklaturiste: belles fringues, belles bagnoles, belles nanas et alcool à gogo et puis surtout ne jamais regarder à la dépense, c'est terriblement mesquin et petit bourgeois.
Taranne Posté 22 décembre 2007 Signaler Posté 22 décembre 2007 Dans chaque saison, Jack Bauer se trouve devant la même alternative : la liberté ou la sécurité. Ce choix conceptuel trouve une illustration concrète à l'écran. Confronté à un terroriste, ou à un suspect susceptible de détenir des informations de première importance, Jack Bauer privilégie systématiquement la torture à la dialectique. Je puis me tromper, étant donné que je ne les ai pas revues depuis la première diffusion, mais il me semble que la torture ne joue pas un très grand rôle dans les deux premières saisons: c'est à partir de la troisième que les choses se corsent, et que la série prend un virage idéologique à 180°. Même ainsi, elle demeure complexe: on ne peut pas dire que la saison 5 représente une véritable déclaration d'amour inconditionnel à l'exécutif américain. Quant à l'explication d'Abu Ghraib fournie par ce Finnegan, elle me paraît pour le moins douteuse, et fait l'impasse sur le fait que les tortionnaires d'Abu Ghraib obéissaient à des ordres qu'ils recevaient de chefs (jamais inquiétés pour la plupart) qui ne s'appellent pas Jack Bauer ni Joel Surnow. Le rêve de tout nomenklaturiste: belles fringues, belles bagnoles, belles nanas et alcool à gogo On voit que tu n'as jamais regardé 24…
Invité Arn0 Posté 22 décembre 2007 Signaler Posté 22 décembre 2007 Je puis me tromper, étant donné que je ne les ai pas revues depuis la première diffusion, mais il me semble que la torture ne joue pas un très grand rôle dans les deux premières saisons: c'est à partir de la troisième que les choses se corsent, et que la série prend un virage idéologique à 180°. Même ainsi, elle demeure complexe: on ne peut pas dire que la saison 5 représente une véritable déclaration d'amour inconditionnel à l'exécutif américain. Il me semble quand même que dans la deuxième saison Bauer s'infiltre dans un réseau en tuant de sang froid un homme désarmé en guise de gage aux terroristes, il obtient aussi des renseignements d'un détenu en exécutant un de ses enfants et en menaçant d'en exécuter un autre. On apprend ensuite que c'était un montage vidéo mais on peut dire que c'est une forme de torture psychologique.
Taranne Posté 22 décembre 2007 Signaler Posté 22 décembre 2007 Il me semble quand même dans la deuxième saison Bauer s'infiltre dans un réseau en tuant de sang froid un homme désarmé en guise de gage aux terroristes, il obtient aussi des renseignements d'un détenu en exécutant un de ses enfants et en menaçant d'en exécuter un autre. On apprend ensuite que c'était un montage vidéo mais on peut dire que c'est une forme de torture psychologique. Attention, je n'ai pas dit que 24 avant la saison trois était sponsorisé par l'ONU; je ne crois pas du reste qu'une série d'espionnage qui se conformerait à la lettre aux conventions de Genève rencontrerait un grand succès. Mais la série a, de mon point de vue, pris sa "vitesse de croisière" avec la saison 3 où l'assassinat, la torture et autres joyeusetés deviennent les moyens quasi-uniques de régler les problèmes (je me rappelle encore Bauer exécutant son propre chef afin de satisfaire aux demandes des terroristes…)
Ronnie Hayek Posté 22 décembre 2007 Signaler Posté 22 décembre 2007 On voit que tu n'as jamais regardé 24… Alcool à gogo et acrobaties, dans la vie réelle de K. Sutherland :
Jesrad Posté 22 décembre 2007 Signaler Posté 22 décembre 2007 Et jamais on ne verra dans "24" la conséquence logique que ce genre de méthodes auraient dans le monde réel: les terroristes en question s'assureraient, de toutes les manières possibles et avec excès de précautions et autres techniques "préventives", de ne jamais tomber dans les mains de Jack vivants.
Taranne Posté 22 décembre 2007 Signaler Posté 22 décembre 2007 Et jamais on ne verra dans "24" la conséquence logique que ce genre de méthodes auraient dans le monde réel: les terroristes en question s'assureraient, de toutes les manières possibles et avec excès de précautions et autres techniques "préventives", de ne jamais tomber dans les mains de Jack vivants. L'anonymat du personnage est en effet des plus surprenants; il sauve les Etats-Unis (et le monde) à six reprises, éradique à lui tout seul plusieurs réseaux terroristes, provoque la chute d'un président des Etats-Unis, et pourtant personne ne semble le connaître dans les milieux spécialisés. Vous avez dit "fiction"?
Invité Arn0 Posté 22 décembre 2007 Signaler Posté 22 décembre 2007 L'anonymat du personnage est en effet des plus surprenants; il sauve les Etats-Unis (et le monde) à six reprises, éradique à lui tout seul plusieurs réseaux terroristes, provoque la chute d'un président des Etats-Unis, et pourtant personne ne semble le connaître dans les milieux spécialisés. Vous avez dit "fiction"? Ceci dit dans la saison 6 il est connu aussi bien du chef terroriste repentit que du nouveau leader.
Hadrien Posté 24 décembre 2007 Signaler Posté 24 décembre 2007 C'est bizarre parce que Surnow est parfois présenté comme un paleocons isolationniste.
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