Ronnie Hayek Posté 2 mars 2008 Signaler Posté 2 mars 2008 La maçonnerie est aussi un choix de vie, relevant de la sphère privé, qui ne regarde personne. Non, ce n'est pas la même chose - et j'ai expliqué pourquoi dans mon message (que tu as donc tronqué).
Silhouette Posté 2 mars 2008 Signaler Posté 2 mars 2008 Non, ce n'est pas la même chose - et j'ai expliqué pourquoi dans mon message (que tu as donc tronqué). Tu n'as pas expliqué, tu as posé une hypothèse infondée. Edit : il est vrai, cependant, que je n'y ai pas répondu. Voici donc. En revanche, la franc-maçonnerie entretient depuis sa naissance un lien avec la vie publique, par l'influence efficace qu'elle exerce. La maçonnerie était à l’origine une sorte de club, et n’avait d’autre but que d’organiser une sociabilité. Elle est ensuite devenue un atelier de perfectionnement de soi : comment devenir un bon ouvrier, un bon époux, … Avec le temps elle s’est transformée et ses orientations se sont multipliées, d’où la scission de la maçonnerie en plusieurs obédiences. Certaines se préoccupant de la vie publique (pas forcément par la politique) et d’autres non. Il ne faut pas confondre le GODF et la maçonnerie en générale.
Ronnie Hayek Posté 2 mars 2008 Signaler Posté 2 mars 2008 Tu n'as pas expliqué, tu as posé une hypothèse infondée. Ceci, une hypothèse infondée ? => (…) la franc-maçonnerie entretient depuis sa naissance un lien avec la vie publique, par l'influence efficace qu'elle exerce. C'est un fait, étayé par la Grande Loge régulière de Belgique elle-même. http://www.glrb.org/fmain.htm La Franc-Maçonnerie sur le continentIntroduite à Paris dès 1726, la Franc-Maçonnerie se répandit dans tout le royaume, puis en Europe, et en particulier dans nos régions, alors Pays-Bas autrichiens. Une première Grande Loge fut établie en France en 1738. Le Grand Orient de France se constitua en 1773 sous la présidence du duc de Chartres, futur Philippe-Egalité, et coexista avec la Grande Loge jusqu'à la Révolution. Dès cette époque se dessina une certaine tendance de la Franc-Maçonnerie "latine" vers la discussion de sujets philosophiques et moraux, voire politiques. L'amour du verbe et le goût de la polémique firent que dans les Loges françaises on cultiva souvent le discours au détriment de la démarche initiatique. Ces Loges furent d'abord le lieu d'une vie conviviale consacrée aux divertissements honnêtes de l'amitié, de l'éloquence et de la table. Elles jouèrent ainsi un rôle modeste dans la propagation des "Lumières" sans en être, il s'en faut de beaucoup, un agent important. Il est faux de voir dans leur action supposée la source ou une des sources de la Révolution française. Cette légende, née au XIXe siècle dans l'imagination d'un auteur antimaçonnique virulent, l'abbé Barruel, fut curieusement reprise plus tard par des membres du Grand Orient de France gagnés définitivement par la passion politique. En réalité, par sa composition sociale, touchant les trois ordres de la société, la Franc-Maçonnerie n'aurait pu combattre la hiérarchie sociale traditionnelle sans provoquer sa propre désagrégation, et elle n'y a pas songé. De nombreux documents démontrent la neutralité de la Franc-Maçonnerie dans les événements révolutionnaires, et s'il y eut des maçons parmi les pourvoyeurs de la guillotine, il y en eut plus encore parmi ses victimes. Ces événements faillirent d'ailleurs, en France, être fatals à l'institution. En 1792 toutes les Loges étaient fermées et il a fallu la réaction thermidorienne pour que ce ne fut pas définitif. La période impériale marqua un tournant capital dans l'évolution de l'Ordre en France. Sous l'Empire en effet, il devint l'instrument docile du pouvoir. Les nobles et les ecclésiastiques de l'ancien Régime se virent remplacés par les fonctionnaires impériaux, les officiers de la Grande Armée, les notables de l'industrie et du commerce. Le Grand Orient de France, pouvoir régulateur et centralisé, devint un instrument de l'ordre politique. La chute de l'Empire entraîna la disparition de cette symbiose et le déclin brutal d'une institution par trop liée au régime déchu. Mais cet éloignement du pouvoir fit naître parmi certains le désir de retrouver l'influence perdue et les conduisit à intervenir de façon de plus en plus manifeste dans la vie politique en tant que maçons. Cette évolution sonnait le glas de la Franc-Maçonnerie traditionnelle en France et annonçait l'apparition d'une institution transformée visant à propager dans le monde une doctrine de progrès social basée sur la fraternité humaine, le refus des croyances anciennes et la suprématie de la Raison. C'est ce qu'un auteur maçonnique, Jean Baylot, a appelé la "Voie Substituée" . Cette évolution fut largement aggravée par le conflit avec l'Eglise catholique. Celle-ci avait déjà condamné, dès 1738, une société qui recevait sans distinction des hommes de toutes confessions et faisait de la tolérance religieuse le premier de ses principes. Cette première condamnation n'avait guère eu de suites. Par contre ses réitérations multiples et virulentes, au cours du XIXe siècle, chassèrent des Loges la plupart des catholiques, qui s'y trouvaient en nombre. Elles devinrent un refuge pour ceux pour qui le combat contre l'Eglise finit par apparaître comme le devoir de tout homme épris de liberté. Ces deux facteurs, nostalgie du pouvoir et refus de la suprématie romaine, furent déterminants et donnèrent à la maçonnerie continentale irrégulière le visage qu'on lui connaît encore. Sur le plan intérieur, la radicalisation des attitudes dans la seconde moitié du XIXe siècle conduisit à des réformes profondes de l'institution : suppression de l'interdiction des discussions politiques et religieuses en Loge, suppression de l'affirmation déiste et de toute référence à Dieu dans les rituels, ouverture de la Franc-Maçonnerie aux femmes par la création d'une obédience mixte, le "Droit humain" … Dans les pays latins le conflit entre catholiques et partisans de la laïcité eut pour conséquence, d'une part, l'adhésion de nombreux Francs-Maçons aux partis de centre gauche de ces pays - ils y exercèrent parfois une influence notable - d'autre part, la politisation des obédiences maçonniques. Les maçons de ces obédiences furent amenés à prendre position sur les problèmes du moment (éducation, laïcité, congrégations religieuses, influence du Vatican, etc.) et certains militèrent plus ou moins ouvertement en faveur de causes défendues par les partis opposés aux catholiques. Aussi y eut-il une certaine osmose entre obédiences maçonniques et partis politiques (républicains et libéraux italiens, libéraux belges et surtout radicaux français). Depuis 1945, l'évolution politique, le rôle accru des syndicats, des partis de gauche et d'extrême gauche, ont bouleversé la situation antérieure. Le parti radical français a perdu presque toute son influence, le parti libéral belge a considérablement évolué. Mais les affinités politico-maçonniques du passé ont laissé des traces dans la maçonnerie irrégulière. En France par exemple le Grand Orient a gardé beaucoup d'intérêt pour la vie publique : témoins ses convents consacrés le plus souvent à des questions politiques, sociales et économiques, dont les Loges ont préalablement été invitées à débattre. Il se croit parfois tenu de prendre position sur des problèmes généraux de société. De son côté, le Grand Orient de Belgique connaît parmi ses membres une survivance tenace d'un anti-catholicisme profondément enraciné, conditionnant souvent une aversion instinctive pour toute mention de la divinité. III. Renaissance de la Franc-Maçonnerie traditionnelle Cette évolution de la Franc-Maçonnerie française et belge au cours des XIXe et XXe siècles eut des conséquences dramatiques au sein de l'Ordre. En effet, la plupart des Grandes Loges étrangères rompirent toutes les relations avec ce qu'elles considéraient comme une insupportable dissidence. Refusant quant à elles toute ingérence politique, exigeant de leurs membres une croyance en Dieu et restant attachées aux anciennes coutumes héritées des Loges originelles,elles ne pouvaient que condamner cette déviation. Elles le firent sans équivoque dès la fin du XIXe siècle et n'ont jamais eu depuis de raisons de modifier leur position. Ce schisme rejetait les maçonneries française et belge dans un isolement qu'elles acceptaient au bénéfice de leurs options idéologiques et politiques. Certains cependant ressentirent toujours douloureusement cet isolement, comprenant bien qu'il signifiait l'abandon de valeurs essentielles. Une réaction se dessina dès la fin du siècle dernier et prit progressivement quelque ampleur. Quelques-uns voulurent faire revivre le contenu spirituel et le message initiatique du rituel maçonnique. Isolés, très minoritaires, leur action fût mal comprise et souvent mal reçue. A vrai dire ces tentatives, certes méritoires, mais trop souvent marquées par leur époque, n'étaient guère satisfaisantes. Certains comme Oswald Wirth voulurent expliquer rituels et symboles maçonniques par un recours à l'occultisme et à la spiritualité incertaine qui fleurissait en ce XIXe siècle finissant dans des arrière-boutiques littéraires. D'autres, comme Goblet d'Alviella en Belgique, tentèrent de replacer la maçonnerie dans la vaste fresque des religions humaines et de montrer qu'elle les contenait en les dépassant. Malheureusement les limites des connaissances de l'époque et surtout une interprétation toute extérieure du phénomène religieux conduisirent à des résultats parfois décevants. Même imparfaite, cette volonté de redressement devait conduire à l'apparition de Loges refusant toute immixtion politique, et à la résurgence des vieilles règles maçonniques d'amour du prochain basé sur la croyance en Dieu, principe créateur. En France, ce mouvement mena à l'établissement en 1913 de la "Grande Loge Indépendante et Régulière pour la France et les Colonies" par deux Loges, "Le Centre des Amis", de Paris et "L’Anglaise" de Bordeaux. Cette obédience, devenue plus tard la "Grande Loge Nationale Française", compte actuellement plus de 24000 membres. Reconnue universellement, elle connaît un dévellopement extraordinaire. En Belgique, le réveil de la maçonnerie traditionnelle se fit en deux étapes. Malgré plusieurs tentatives faites entre les deux guerres et après 1945, le Grand Orient de Belgique ne put jamais renoncer à la tentation de l'extériorisation ni, en opposition avec les Landmarks de la Maçonnerie universelle, à accueillir des néophytes faisant profession d'athéisme. Prenant acte de cette impuissance, cinq Loges créèrent en 1959 la "Grande Loge de Belgique", qui voulait renouer avec l'universalité. Elle adopta une Constitution qui satisfaisait, dans sa déclaration liminaire, aux principes de la régularité maçonnique. Sur la base de ces documents, la nouvelle Grande Loge fut reconnue par la quasi-unanimité des Grandes Loges du monde. Tout semblait donc parfait. Malheureusement il s'avéra au bout de quelques années que la Constitution était encore insuffisamment explicite, car bientôt se manifestèrent des manquements aux règles qui purent paraître d'abord bénins, mais qui prirent au cours des années un caractère plus aigu. Ces règles furent même mises en question par des dirigeants de l'obédience, certains d'entre eux vidant les principes de base de tout contenu réel. Désireux à la fois de conserver une caution internationale et de renouer des relations avec les irréguliers, et en particulier les Loges du Grand Orient de Belgique, des membres en nombre grandissant ne purent conserver une attitude nette sur les points fondamentaux que constituent l'affirmation de l'existence de l'Etre Suprême et l'abstention de relations maçonniques avec des obédiences non reconnues. La conséquence de l'équivoque ainsi créée fut que la Grande Loge de Belgique perdit au printemps de 1979 la reconnaissance de plusieurs Grandes Loges et qu'il devint évident qu'elle allait inévitablement perdre la quasi totalité des autres. Une partie des maçons de la Grande Loge de Belgique entendirent réagir contre cet état de choses et, dès le 15 juin 1979, neuf Loges créèrent la Grande Loge Régulière de Belgique. Sans oublier un article que j'avais déjà mentionné, signé par un ancien grand maître (mais le lien hypertexte n'est plus actif), lui aussi sans doute converti à l'antimaçonnisme primaire ? Aux temps bénis de la IIIe RépubliqueVoici sans nul doute l'âge d'or de la franc-maçonnerie. Aux problèmes qui agitent la société française, les frères offrent des solutions. Une omniprésence dont ils feront les frais à l'heure de la défaite de 1940. Par Jean-Robert Ragache * Dès la proclamation du nouveau régime en septembre 1870, conséquence de la défaite de Sedan, les francs-maçons sont présents dans le gouvernement : vieux républicains comme Adolphe Crémieux, Garnier-Pagès, Eugène Pelletan, ou plus récents tels Emmanuel Arago, Léon Gambetta ou Jules Simon. Ils n'apparaissent pas ici comme francs- maçons, mais comme tenants des idées nouvelles. Ils ne sont pas seuls, ces hommes politiques appelés à la postérité. Ils sont relayés dans les provinces par des préfets, sous- préfets, eux-mêmes cadres de la république naissante et membres du Grand Orient de France. Le maillage de la France républicaine commence, et il est d'autant plus nécessaire que le pays est encore majoritairement monarchiste ou bonapartiste, avec le soutien d'une Eglise catholique unie par des sentiments contre-révolutionnaires et donc antirépublicaine. La Commune de 1871 confirme dans les esprits conservateurs que la république, c'est le désordre. Si le président du Conseil de l'Ordre - on ne dit plus Grand Maître depuis 1870 - condamne le mouvement de son propre chef, le convent de 1871 ne vote pas de sanctions contre les frères impliqués dans la Commune, suivant en cela les préceptes politiques des Constitutions d'Anderson de 1723 qui prônent la fidélité des maçons aux gouvernements en place, tout en se refusant à les punir s'ils s'avisent de les combattre et de comploter contre eux. Si la république s'instaure, c'est lentement. Il ne suffit pas de proclamer un régime, de voter quelques lois constitutionnelles, dont l'une instituant un président de la République, pour avoir une France républicaine. Il faut un travail dans les esprits, notamment dans les campagnes où l'influence de l'Eglise est encore forte. L'image caricaturale de la lutte entre l'instituteur et le curé est en fait proche de la réalité. Cet instituteur est souvent franc-maçon. Il est le vecteur de la politisation républicaine de la France, et le médiateur dans la diffusion des idées. Face à lui, le représentant d'une Eglise qui ne se ralliera officiellement, quoique du bout des lèvres, au régime républicain que dans les années 1890. Ce clivage marque toute la IIIe République et se trouve amplifié lors des crises. C'est parce que l'Eglise est le héraut organisé de la volonté conservatrice qui, en l'absence de partis, n'a pas d'unité, que se développe en franc-maçonnerie un anticléricalisme, dénominateur commun de tous les frères. Il ne suffit pas de combattre « l'infâme », encore faut-il élaborer un système qui puisse imposer un esprit républicain. Cette république va se construire dans les ateliers, non pas dans une optique révolutionnaire - la franc-maçonnerie n'aspire pas au bouleversement - mais réformiste. En témoignent les travaux des convents du Grand Orient de France et la nature des conférences (on dit « planches ») prononcées en loges. Car, à partir des principes énoncés dans la Constitution du Grand Orient, les frères ne se contentent pas de concevoir des doctrines, ils émettent des voeux qui témoignent de leur volonté d'action dans la vie publique. Ce sont essentiellement les questions sociales et scolaires qui dominent ; toutefois, la franc-maçonnerie ne peut échapper à l'influence de l'environnement économique, politique, international. Ainsi les questions travaillées en loges sont-elles discutées lors des convents et montrent bien la nature des préoccupations maçonniques. Sont traitées, entre autres : en 1900 et 1901, la réforme de l'enseignement, la question de la dépopulation, la création d'une caisse de retraite pour la vieillesse ; en 1903 : la participation des ouvriers aux bénéfices de l'entreprise, la réglementation du travail des femmes et des enfants, les rapports entre le capital et le travail ; en 1911 et 1912 : l'alcoolisme, la prostitution, la criminalité juvénile ; en 1931-1932 : la crise morale de la démocratie, le chômage, ses causes et ses remèdes - la grande crise commence à se faire sentir en France. En 1933, Hitler vient de prendre le pouvoir en Allemagne : la question du désarmement et de la sécurité internationale est alors étudiée. Depuis l'instauration de la IIIe République, l'osmose entre paysage politique et paysage maçonnique est importante. On définit alors la franc-maçonnerie comme « la république à couvert ». D'un côté, les dirigeants du Grand Orient sont souvent des hommes politiques : Colfavru est député, Desmons sénateur, Thulié président du conseil municipal de Paris, Viguier et Lucipia sont présidents du conseil général de la Seine, Blatin député du Puy- de-Dôme, Delpech est sénateur et Lafferre député. A la Grande Loge, Mesureur est ministre. Et parmi les membres des obédiences, on trouve bon nombre de députés, de maires et d'élus de toutes sortes. D'un autre côté, un certain nombre de gouvernements sont présidés par des francs-maçons. Si Charles Floquet et Léon Bourgeois sont les seuls présidents du Conseil ouvertement soutenus par le Grand Orient, il y a aussi Dupuy, Combes, Brisson, et on trouve quantité de frères ministres, jusqu'à 60 % entre 1889 et 1893 et de 1902 à 1906. D'ailleurs, le premier parti politique qui voit le jour en 1902 - la loi sur les associations date de 1901 - dit dans l'article premier de ses statuts : « Il est formé entre les comités, ligues, unions, fédérations, sociétés de propagande, groupes de libre-pensée et loges […], une association dénommée parti républicain-radical et radical-socialiste. » Malgré cette présence affirmée dans le monde politique, la franc-maçonnerie a du mal à faire passer ses idées. Entre un voeu émis lors d'un convent et sa réalisation sous forme de loi, le temps est parfois long. Ainsi l'impôt progressif sur le revenu proposé en 1872 ne sera-t-il voté qu'en 1914, les congés payés, approuvés en 1876, ne deviendront légaux que soixante ans plus tard. Ceci montre les limites de l'influence maçonnique sur le monde politique. Certes, les lois scolaires des années 1880 qui assurent la gratuité, l'obligation et la laïcité de l'enseignement sont l'oeuvre du frère Jules Ferry. Elles ont pour objet de ne pas laisser les consciences enfantines aux mains de l'Eglise. Ces lois veulent en faire des Français par la langue et des républicains par le coeur, dans une volonté d'unification du pays. Ce que n'avait pu réaliser la Révolution, la république le construit. La loi du 9 décembre 1905, encore en vigueur aujourd'hui et qui va fêter ses cent ans, institue la séparation de l'Eglise et de l'Etat qui était réclamée par les francs-maçons depuis 1886. Elle stipule que « la république ne reconnaît, ne salarie, ne subventionne aucun culte », qu'elle assure la liberté de conscience et qu'elle garantit le libre exercice des cultes. C'est le fondement juridique de la laïcité française, complété constitutionnellement en 1946 et en 1958. Cette séparation, qui apportera la paix religieuse dans notre pays jusqu'à aujourd'hui, vaudra néanmoins à la franc-maçonnerie les foudres de l'Eglise. Les travaux des loges ne concernent pas seulement le rôle de l'Eglise dans la société. Dans ces « laboratoires législatifs » que sont les convents, les études mènent souvent à des propositions de loi comme le statut des fonctionnaires, les habitations à bon marché ou les accidents du travail. Avec pour relais les hommes politiques, les préfets ou les fonctionnaires de tous échelons. Le rôle de la maçonnerie se décèle aussi lors des grands moments de la république, avec des fortunes diverses selon les époques. Partagé lors de la Commune de Paris (lire p. 66) , le Grand Orient se retrouve uni dans la lutte contre Boulanger, ce général élu dans plusieurs départements, trop populaire au goût des républicains qui craignent le retour à un régime autoritaire. C'est d'ailleurs le ministre de l'Intérieur, Constans, qui provoque la chute du général, sous la présidence du Conseil du frère Charles Floquet. La Ligue des droits de l'homme, créée à cette époque, le sera avec la bénédiction laïque du Conseil de l'Ordre et dans les locaux de la rue Cadet (siège du Grand Orient). Lors de l'affaire Dreyfus, qui va diviser le pays - ou révélera ses divisions -, le rôle de la franc-maçonnerie est plus ambigu. Mais cet événement est essentiel à la compréhension de la réalité maçonnique et des rapports de l'Ordre avec le politique. Le mythe du complot judéo-maçonnique resurgit : « Comment la franc-maçonnerie aurait-elle pu se dispenser de prendre fait et cause pour Dreyfus, alors que les juifs et les protestants avaient fait de son affaire, leur affaire ? » écrit Edouard Drumont, en 1899, dans son journal La Libre Parole . Comme dans la période qui suit la Révolution, les francs-maçons vont s'approprier le mythe construit par leurs adversaires en le positivant. Ils finissent par se persuader que la réhabilitation de Dreyfus est leur oeuvre. Or, dans les faits, leur intervention sera tardive. Il faudra près de quatre ans pour que l'obédience se lance dans la bataille. Les consignes du Conseil de l'Ordre incitent les frères à la modération et à la non-intervention dans le climat passionnel du monde profane. De 1894 à la fin de 1897, la majorité des frères reste neutre, voire foncièrement antidreyfusarde. Les quelques voix qui s'élèvent dans leurs rangs le font non pas tant en faveur de Dreyfus que contre l'illégalité du premier procès. C'est le J'accuse de Zola, en janvier 1898, qui réveillera les consciences maçonniques. A l'aube du XXe siècle, la franc-maçonnerie française connaît une prospérité qui va durer jusqu'à la Première Guerre mondiale. Certes, elle est loin d'atteindre les effectifs que lui prêtent ses adversaires : le Grand Orient de France dépasse tout juste les 17 000 membres, la Grande Loge de France, nouvellement créée compte 5 000 frères, le Droit Humain encore moins. En tout donc, moins de 25 000 francs-maçons. Cependant, leur influence dans la républicanisation du pays est forte. Les mesures inspirées par les travaux dans les loges sont parfois votées au parlement avec l'appui des frères députés ou sénateurs. L'influence maçonnique est bien sûr liée à la victoire du Bloc des gauches en 1902. La présidence du Grand Orient est tenue par des radicaux : Lucipia, Desmons, Delpech, Lafferre, et il en est de même à la Grande Loge avec notamment Gustave Mesureur. Pour les élections, des comités républicains, créés et animés par les loges partout en France, ont fait campagne de façon ouverte en faveur des candidats de gauche. Lorsque le franc-maçon Emile Combes est nommé à la présidence du Conseil, sa politique anticléricale lui vaut le soutien des obédiences. Elles sont en grande partie entendues comme en témoigne la loi de Séparation de décembre 1905 votée après le départ de Combes pour cause d'« affaire des fiches » (lire encadré) . C'est d'ailleurs cette affaire qui va provoquer la fin de l'intervention directe de la maçonnerie dans la vie politique. Les risques de telles ingérences apparaissent clairement aux dirigeants maçonniques. A cela s'ajoute, suite à la loi sur les associations de 1901, la constitution de partis politiques, à gauche notamment les radicaux et les socialistes de la SFIO. La franc-maçonnerie n'est plus le seul lieu de réflexion politique. Son rôle de relais entre les idées et l'action se voit concurrencer par celui des partis. Néanmoins, dans une large majorité, les loges continuent de se préoccuper de réformes sociales. Les grands projets côtoient les voeux d'améliorations pratiques : le code du travail comme le statut juridique des enfants naturels, les coopératives ouvrières comme la surveillance des logements malsains, la création d'un ministère du Travail comme la criminalité juvénile. Les actions concrètes non plus ne manquent pas : en témoigne l'ouverture, dans les locaux maçonniques, d'universités populaires. Tous les problèmes sont y abordés, à l'exception de ceux provoqués par la situation internationale. En 1914, un maçon, René Viviani, est président du Conseil et son cabinet d'Union sacrée compte neuf maçons, tandis que le frère Joffre dirige l'armée française. Pendant la guerre, du fait de la mobilisation, les obédiences voient leur activité se ralentir. Les convents ne se réunissent plus mais les discussions continuent au sein des loges, notamment à partir de 1917 avec la chute du tsarisme en Russie et l'avènement du bolchevisme. On discutera d'ailleurs après la guerre de l'opportunité de reconnaître la République des soviets. On débat également du type de paix à négocier avec l'adversaire. Cette même année 1917, les maçons des pays alliés se réunissent par deux fois à Paris. A nouveau on évoque la création d'une Société des nations. Si la fin de la guerre et la victoire marquent l'affermissement de la IIIe République, l'élection d'un parlement conservateur - la chambre « bleu horizon » - ne répond pas, loin s'en faut, aux attentes des maçons. Cela détermine d'ailleurs le Grand Orient à lancer le Manifeste aux républicains , tiré à 100 000 exemplaires, qui recense les nombreux sujets de mécontentement en matière économique et sociale et dénonce les atteintes à la laïcité. Toutefois, l'unité des frères n'est plus de mise, confrontés qu'ils sont aux positions prises par les partis politiques. Au congrès de Tours de 1920, les maçons se divisent entre une majorité choisissant la SFIO, et une minorité, plus jeune d'ailleurs, qui se rallie à la IIIe Internationale et au futur parti communiste. Le clivage va encore s'accroître lorsqu'en 1922, le IVe congrès de l'Internationale vote, à la demande de Zinoviev, l'interdiction de double appartenance au parti communiste et la franc-maçonnerie, ce qui va éloigner les communistes des loges jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale - et qui explique aussi dès lors, dans la composition socioprofessionnelle des obédiences, la faible importance numérique des ouvriers. Les élections de 1924 vont donner l'occasion au Grand Orient d'intervenir directement, et pour la dernière fois, dans la vie politique. Un nouveau manifeste, intitulé Aux forces de gauche , est tiré à 500 000 exemplaires et distribué. C'est une déclaration de guerre aux partis conservateurs et une exaltation de l'ardeur des obédiences dans le combat électoral. La victoire du Cartel des gauches semble être, en partie, le résultat de cet engagement maçonnique. Mais une fois la joie exprimée, le Grand Orient rappelle à la nouvelle majorité la nécessité d'appliquer ses promesses. L'échec du gouvernement de gauche auquel va succéder en 1926 un gouvernement d'Union nationale, sous la direction de Raymond Poincaré, va inciter la maçonnerie à s'éloigner de l'arène politique pour reprendre ses travaux de réflexion. D'ailleurs, la crise économique mondiale et la situation internationale exigent la production d'idées. A la veille de la Seconde Guerre mondiale, les maçons tentent d'établir des contacts au-delà des frontières avec la Ligue universelle des francs-maçons et l'Association maçonnique internationale qui regroupe une trentaine d'obédiences européennes et américaines. Celles-ci s'inquiètent en effet des interdictions de la maçonnerie en Union soviétique comme en Italie fasciste et en Allemagne nazie. Devant la montée des périls, peut-on encore être pacifiste et prôner le désarmement ? De plus, le danger extrémiste menace aussi la France. L'affaire Stavisky éclate sous la présidence du Conseil du frère Chautemps. La collusion entre l'escroc et certains membres du parti radical, et partant avec des milieux maçonniques, est dévoilée. D'où la colère, après le 6 février 1934 où les ligues tentent de renverser le régime, de l'extrême droite contre l'Ordre. Le mythe du complot judéo-maçonnique reprend du service. Des actes de violence sont commis contre des temples, des frères sont menacés. Malgré la radiation des maçons compromis et une volonté de rigueur dans le recrutement, la baisse des effectifs est révélatrice d'un certain flottement dans les convictions. Or la période est mal choisie pour une crise interne. A l'extérieur, le péril se précise. Le Grand Orient de France prend conscience de la menace et soumet à l'étude des loges : « Les doctrines fascistes et les moyens de les combattre ». Pendant ce temps, l'antimaçonnisme va bon train. Quelques parlementaires, parmi lesquels Xavier Vallat et Philippe Henriot, demandent au parlement l'interdiction de la franc-maçonnerie. La proposition est rejetée mais les débats et leur écho montrent combien l'image de l'Ordre s'est dégradée. Et pourtant, le Front populaire, arrivé au pouvoir en 1936, semble répondre aux aspirations maçonniques : voilà soixante ans que le Grand Orient de France a proposé les congés payés et des années qu'il réitère ses voeux de semaine de quarante heures. Les liens entre franc-maçonnerie et politique semblent renoués. Au défilé du 14 juillet 1936, le Grand Orient est officiellement représenté. Le gouvernement comprend un nombre important de maçons socialistes ou radicaux : Ramadier, Salengro, Viollette, Chautemps, Zay, entre autres. Toutefois, ce sont les problèmes extérieurs qui vont vite prendre le pas sur les questions intérieures. Interdite dès l'été 1940, la maçonnerie paye le prix de son attachement à la devise « Liberté, Egalité, Fraternité ». * Ancien Grand Maître du Grand Orient de France (en 1987 puis entre 1989 et 1992), Jean-Robert Ragache a publié La Vie quotidienne des écrivains et des artistes sous l'Occupation avec Gilles Ragache (Hachette Littératures, 1992) et Comment être franc-maçon ? avec Charles Conte (éditions Charles Corlet, 1996).
Silhouette Posté 2 mars 2008 Signaler Posté 2 mars 2008 Les articles que tu cites ne traitent pas de la fondation originelle de la maçonnerie, et ne sont pas exhaustifs quant à la multiplicité des obédiences. Mais on peut y aller à coups de citations si tu veux. Texte de la Grande Loge de France (http://www.gldf.org) : La Grande Loge de France et ses Loges ne s’immiscent dans aucune controverse touchant à des questions politiques ou confessionnelles. Pour l’instruction des Frères, des exposés sur ces questions, suivis d’échanges de vues, sont autorisés. Toutefois, les débats sur ces sujets, ne doivent jamais donner lieu à un vote, ni à l’adoption de résolutions, lesquels seraient susceptibles de contraindre les opinions ou les sentiments de certains Frères. Texte de la Grande Loge Nationale Francaise (http://www.glnf.asso.fr) : La Grande Loge exige de toutes ses Loges et de leurs membres, l'adhésion aux anciennes obligations de l'Ordre, à savoir notamment :- les Travaux sont ouverts et fermés à la Gloire du Grand Architecte de l'Univers. - durant les Travaux, un Volume de la Loi Sacrée est ouvert sur l'autel des serments devant la chaire du Vénérable Maître. [principes intéressants vu l'athéisme prétendu de la franc-maçonnerie, selon de nombreuses personnes] - toute discussion politique ou religieuse est formellement interdite en Loge. […] La Loge est un milieu paisible et harmonieux dans lequel ne peuvent être évoquées des questions politiques ou confessionnelles.
Ronnie Hayek Posté 2 mars 2008 Signaler Posté 2 mars 2008 Les articles que tu cites ne traitent pas de la fondation originelle de la maçonnerie, et ne sont pas exhaustifs quant à la multiplicité des obédiences. Mais on peut y aller à coups de citations si tu veux.Texte de la Grande Loge de France (http://www.gldf.org) : Texte de la Grande Loge Nationale Francaise (http://www.glnf.asso.fr) : J'ai l'impression que j'ai touché un point sensible, puisque tu te contentes de répéter le discours-langue de bois maçonnique (aïe, ça doit faire mal aux dents, le ciment plus le bois) à l'usage du profane. Mes textes sont plus éloquents au regard de la critique historique que les tiens. EDIT : quant au Grand Architecte de l'Univers, c'est du pur déisme. Et la limite entre celui-ci et l'athéisme est finalement assez ténue - quoi qu'en disent ceux qui adhèrent à cette croyance. Cela dit, je te rappelle ce passage du premier texte que j'ai mentionné : Sur le plan intérieur, la radicalisation des attitudes dans la seconde moitié du XIXe siècle conduisit à des réformes profondes de l'institution : suppression de l'interdiction des discussions politiques et religieuses en Loge, suppression de l'affirmation déiste et de toute référence à Dieu dans les rituels
Silhouette Posté 2 mars 2008 Signaler Posté 2 mars 2008 Cela dit, je te rappelle ce passage du premier texte que j'ai mentionné : Et je te rappelle que cette réforme n'est pas générale à toute la maçonnerie.
Ronnie Hayek Posté 2 mars 2008 Signaler Posté 2 mars 2008 Et je te rappelle que cette réforme n'est pas générale à toute la maçonnerie. Je sais bien, mais peu importe puisque c'est ce qui fut appliqué dans les loges ayant pignon sur rue ici.
melodius Posté 2 mars 2008 Signaler Posté 2 mars 2008 Et je te rappelle que cette réforme n'est pas générale à toute la maçonnerie. Non, elle est juste ultra-majoritaire chez nous. Et la maçonnerie recrutant toujours dans un vivier très circonscrit, la différence réelle entre un maçon dont la loge est membre d'une obédience régulière et celui dont la loge est membre d'une obédience irrégulière est largement symbolique.
Nick de Cusa Posté 2 mars 2008 Signaler Posté 2 mars 2008 Ce secret est pratique pour des escrocs. Je n'apprécie pas de me faire escroquer. Si on comprend la nature humaine on voit que ce secret va nécessairement être exploité par des gens malhonnêtes.
pankkake Posté 2 mars 2008 Signaler Posté 2 mars 2008 http://www.metal-archives.com/band.php?id=20153 (tombé dessus totalement par hasard)
Invité jabial Posté 3 mars 2008 Signaler Posté 3 mars 2008 La différence essentielle entre la FM et les sectes? C'est un peu la même que celle entre les social-démocraties et les républiques populaires. Les sectes, il est facile d'y entrer et difficile d'en sortir. La FM, il est facile d'en sortir et difficile d'y entrer.
Ash Posté 11 juillet 2008 Signaler Posté 11 juillet 2008 Vous ne le saviez-pas ? La déclaration des droits de l'Homme est maçonnique : [dailymotion]x5p8c0&related=1[/dailymotion] J'adore l'accent d'ste gars !
Ash Posté 8 octobre 2008 Signaler Posté 8 octobre 2008 Un reportage sur la françs-maçonnerie (dans la ville de Charleroi principalement) : [dailymotion]k7Iq6Knd8Oa8dDNjth&related=1[/dailymotion] [dailymotion]knBZFqqbDOmH6BNjBw&related=1[/dailymotion] [dailymotion]k5NYPsC1exITaiNjGX&related=1[/dailymotion] Ainsi qu'une vidéo instructive sur l'origine de la franc-maçonnerie : [dailymotion]k2jbHJXWYht1EDh8FD&related=1[/dailymotion]
Silhouette Posté 11 janvier 2009 Signaler Posté 11 janvier 2009 Superbe ! [dailymotion]k6fcyIckN8c5WfUokB&related=1[/dailymotion]
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