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Poésie :)


Henri

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Posté

Conseil tenu par les rats.

Un Chat, nommé Rodilardus

Faisait des Rats telle déconfiture

Que l'on n'en voyait presque plus,

Tant il en avait mis dedans la sépulture.

Le peu qu'il en restait, n'osant quitter son trou,

Ne trouvait à manger que le quart de son sou,

Et Rodilard passait, chez la gent misérable,

Non pour un Chat, mais pour un Diable.

Or un jour qu'au haut et au loin

Le galant alla chercher femme,

Pendant tout le sabbat qu'il fit avec sa Dame,

Le demeurant des Rats tint chapitre en un coin

Sur la nécessité présente.

Dès l'abord, leur Doyen, personne fort prudente,

Opina qu'il fallait, et plus tôt que plus tard,

Attacher un grelot au cou de Rodilard ;

Qu'ainsi, quand il irait en guerre,

De sa marche avertis, ils s'enfuiraient en terre ;

Qu'il n'y savait que ce moyen.

Chacun fut de l'avis de Monsieur le Doyen,

Chose ne leur parut à tous plus salutaire.

La difficulté fut d'attacher le grelot.

L'un dit : "Je n'y vas point, je ne suis pas si sot";

L'autre : "Je ne saurais."Si bien que sans rien faire

On se quitta. J'ai maints Chapitres vus,

Qui pour néant se sont ainsi tenus ;

Chapitres, non de Rats, mais Chapitres de Moines,

Voire chapitres de Chanoines.

Ne faut-il que délibérer,

La Cour en Conseillers foisonne ;

Est-il besoin d'exécuter,

L'on ne rencontre plus personne.

de La Fontaine Jean.

C' est un de mes poèmes préférés. :icon_up:

Et vous quel est votre poème préféré?

Posté

Mignonne, allons voir si la rose



A Cassandre

Mignonne, allons voir si la rose

Qui ce matin avoit desclose

Sa robe de pourpre au Soleil,

A point perdu ceste vesprée

Les plis de sa robe pourprée,

Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d'espace,

Mignonne, elle a dessus la place

Las ! las ses beautez laissé cheoir !

Ô vrayment marâtre Nature,

Puis qu'une telle fleur ne dure

Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croiés, mignonne,

Tandis que vostre aage fleuronne

En sa plus verte nouveauté,

Cueillez, cueillez vostre jeunesse

Comme à ceste fleur la vieillesse

Fera ternir vostre beauté.

Pierre de Ronsard

Posté

La noche oscura

En una noche oscura,

con ansias en amores inflamada,

(¡oh dichosa ventura!)

salí sin ser notada,

estando ya mi casa sosegada.

A oscuras y segura,

por la secreta escala disfrazada,

(¡oh dichosa ventura!)

a oscuras y en celada,

estando ya mi casa sosegada.

En la noche dichosa,

en secreto, que nadie me veía,

ni yo miraba cosa,

sin otra luz ni guía

sino la que en el corazón ardía.

Aquésta me guïaba

más cierta que la luz del mediodía,

adonde me esperaba

quien yo bien me sabía,

en parte donde nadie parecía.

¡Oh noche que me guiaste!,

¡oh noche amable más que el alborada!,

¡oh noche que juntaste

amado con amada,

amada en el amado transformada!

En mi pecho florido,

que entero para él solo se guardaba,

allí quedó dormido,

y yo le regalaba,

y el ventalle de cedros aire daba.

El aire de la almena,

cuando yo sus cabellos esparcía,

con su mano serena

en mi cuello hería,

y todos mis sentidos suspendía.

Quedéme y olvidéme,

el rostro recliné sobre el amado,

cesó todo, y dejéme,

dejando mi cuidado

entre las azucenas olvidado.

Saint Jean de la Croix

Posté

Chanson de la plus haute tour



Oisive jeunesse

A tout asservie,

Par délicatesse

J'ai perdu ma vie.

Ah ! Que le temps vienne

Où les coeurs s'éprennent.

Je me suis dit : laisse,

Et qu'on ne te voie :

Et sans la promesse

De plus hautes joies.

Que rien ne t'arrête,

Auguste retraite.

J'ai tant fait patience

Qu'à jamais j'oublie ;

Craintes et souffrances

Aux cieux sont parties.

Et la soif malsaine

Obscurcit mes veines.

Ainsi la prairie

A l'oubli livrée,

Grandie, et fleurie

D'encens et d'ivraies

Au bourdon farouche

De cent sales mouches.

Ah ! Mille veuvages

De la si pauvre âme

Qui n'a que l'image

De la Notre-Dame !

Est-ce que l'on prie

La Vierge Marie ?

Oisive jeunesse

A tout asservie,

Par délicatesse

J'ai perdu ma vie.

Ah ! Que le temps vienne

Où les coeurs s'éprennent !

Arthur Rimbaud

Posté

(récup de friendly)

Maître Renard, paumé dans un trou de cambrousse



De la glaise du patelin, courrait tous les loinqués

Visé par les cabots, n'ayant rien à becqueter,

Il pétardait seulâbre, en se faisant de la mousse.

"Je vais, bonissait-il, tomber en digue-digue !"

Quand levant ses carreaux vers le mur d'un rupin

Son regard y gaffa de baths ravaisavins

Qu'on avait, semble-t-il, collé là pour mézigue.

Voilà donc mon renard, loin des clebs et des cognes

Se haussant pour faucher les grapuches en cinq secs,

Mais étant trop mignard il tombe sur un bec.

L'obligeant de faire tintin et de se passer la pogne.

"Ils sont trop verdoches et bon pour les salingues !"

Et ayant trop les grolles de se prendre un coup d'flingue

Il s'en va sans se brieffer et sans ravaisavins.

Moralité :

"Mieux vaut se remplir la hotte

que de bluffer les potes."

Invité jabial
Posté

Trop long pour tout poster ici…

Depuis quatre mille ans il tombait dans l'abîme.

Il n'avait pas encor pu saisir une cime,

Ni lever une fois son front démesuré.

Il s'enfonçait dans l'ombre et la brume, effaré,

Seul, et derrière lui, dans les nuits éternelles,

Tombaient plus lentement les plumes de ses ailes.

Il tombait foudroyé, morne, silencieux,

Triste, la bouche ouverte et les pieds vers les cieux,

L'horreur du gouffre empreinte à sa face livide.

Il cria : Mort ! - les poings tendus vers l'ombre vide.

Ce mot plus tard fut homme et s'appela Caïn.

Il tombait. Tout à coup un roc heurta sa main ;

Il l'étreignit, ainsi qu'un mort étreint sa tombe

Et s'arrêta. Quelqu'un d'en haut lui cria : - Tombe !

Les soleils s'éteindront autour de toi, maudit !

Et la voix dans l'horreur immense se perdit.

Et pâle, il regarda vers l'éternelle aurore.

Les soleils étaient loin, mais ils brillaient encore.

Satan dressa la tête et dit, levant ses bras :

- Tu mens ! - Ce mot plus tard fut l'âme de judas.

Pareil aux dieux d'airain debout sur leurs pilastres

Il attendit mille ans, l'oeil fixé sur les astres.

Les soleils étaient loin, mais ils brillaient toujours.

La foudre alors gronda dans les cieux froids et sourds,

Satan rit, et cracha du côté du tonnerre

L'immensité qu'emplit l'ombre visionnaire,

Frissonna. Ce crachat fut plus tard Barabbas.

Un souffle qui passait le fit tomber plus bas…

Posté
Six ans estoient coulez, et la septiesme annee

Estoit presques entiere en ses pas retournee,

Quand loin d'affection, de desir et d'amour,

En pure liberté je passois tout le jour,

Et franc de tout soucy qui les ames devore,

Je dormois dés le soir jusqu'au point de l'aurore.

Car seul maistre de moy j'allois plein de loisir,

Où le pied me portoit, conduit de mon desir,

Ayant tousjours és mains pour me servir de guide

Aristote ou Platon, ou le docte Euripide,

Mes bons hostes muets, qui ne faschent jamais:

Ainsi que je les prens, ainsi je les remais.

O douce compagnie et utile et honneste!

Un autre en caquetant m'estourdiroit la teste.

Puis du livre ennuyé, je regardois les fleurs,

Fueilles tiges rameaux especes et couleurs,

Et l'entrecoupement de leurs formes diverses,

Peintes de cent façons, jaunes, rouges et perses,

Ne me pouvant saouler, ainsi qu'en un tableau,

D'admirer la Nature, et ce qu'elle a de beau:

Et de dire en parlant aux fleurettes escloses,

Celuy est presque Dieu qui cognoist toutes choses,

Posté
C’est la saison où tout tombe

Aux coups redoublés des vents ;

Un vent qui vient de la tombe

Moissonne aussi les vivants :

Ils tombent alors par mille,

Comme la plume inutile

Que l’aigle abandonne aux airs,

Lorsque des plumes nouvelles

Viennent réchauffer ses ailes

À l’approche des hivers.

C’est alors que ma paupière

Vous vit pâlir et mourir,

Tendres fruits qu’à la lumière

Dieu n’a pas laissé mûrir !

Quoique jeune sur la terre,

Je suis déjà solitaire

Parmi ceux de ma saison,

Et quand je dis en moi-même :

Où sont ceux que ton cœur aime ?

Je regarde le gazon.

(…)

C’est une mère ravie

À ses enfants dispersés,

Qui leur tend de l’autre vie

Ces bras qui les ont bercés ;

Des baisers sont sur sa bouche,

Sur ce sein qui fut leur couche

Son cœur les rappelle à soi ;

Des pleurs voilent son sourire,

Et son regard semble dire :

Vous aime-t-on comme moi ?

C’est une jeune fiancée

Qui, le front ceint du bandeau,

N’emporta qu’une pensée

De sa jeunesse au tombeau ;

Triste, hélas ! dans le ciel même,

Pour revoir celui qu’elle aime

Elle revient sur ses pas,

Et lui dit : Ma tombe est verte !

Sur cette terre déserte

Qu’attends-tu ? Je n’y suis pas !

C’est un ami de l’enfance,

Qu’aux jours sombres du malheur

Nous prêta la Providence

Pour appuyer notre cœur ;

Il n’est plus ; notre âme est veuve,

Il nous suit dans notre épreuve

Et nous dit avec pitié :

Ami, si ton âme est pleine,

De ta joie ou de ta peine

Qui portera la moitié ?

C’est l’ombre pâle d’un père

Qui mourut en nous nommant ;

C’est une sœur, c’est un frère,

Qui nous devance un moment ;

Posté
I met a traveller from an antique land

Who said:—Two vast and trunkless legs of stone

Stand in the desert. Near them on the sand,

Half sunk, a shatter'd visage lies, whose frown

And wrinkled lip and sneer of cold command

Tell that its sculptor well those passions read

Which yet survive, stamp'd on these lifeless things,

The hand that mock'd them and the heart that fed.

And on the pedestal these words appear:

"My name is Ozymandias, king of kings:

Look on my works, ye mighty, and despair!"

Nothing beside remains: round the decay

Of that colossal wreck, boundless and bare,

The lone and level sands stretch far away.

Ozymandias, Percy Shelley

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