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http://www.lefigaro.fr/politique/20041227.FIG0231.html

Débat animé sur un retour au centralisme au PCF

Rodolphe Geisler

[27 décembre 2004]

Trois ans après la révolution du XXXIe congrès du Parti communiste français, qui avait notamment abouti à la suppression du «centralisme démocratique» au profit du «pluralisme de droit», la direction du Parti communiste français avoue craindre l'émergence en son sein de tendances, qu'elle n'hésite pas à qualifier, comme à la bonne époque, de «dérives». Du coup, à la mi-décembre, au cours d'une réunion regroupant quelque sept cents animatrices et animateurs de sections et du conseil national, la Place du Colonel-Fabien a proposé un certain nombre de «pistes de travail» pour modifier les statuts du Parti. Et, surtout, éviter de laisser à la contestation toute possibilité de s'organiser.

Tout en réaffirmant le «pluralisme de droit» comme règle de gestion du Parti, la commission ad hoc chargée du dossier a ainsi avancé un certain nombre de modifications devant être maintenant débattues par les militants, avant leur adoption lors du prochain congrès prévu en 2006. Echaudée en septembre dernier, lors du XXXIIe congrès, qui avait été émaillé de quelques psychodrames en raison de deux textes alternatifs déposés par un «collectif» et une fédération, la direction entend surtout reprendre le parti en main. En clair : le «pluralisme de droit», auquel est très attachée la secrétaire nationale, Marie-George Buffet, permet, certes, des expressions diverses, mais à condition qu'elles ne conduisent pas à l'instauration de courants divergents au sein du Parti.

Bras droit de Marie-George Buffet, Patrice Cohen-Seat, assure ainsi qu'«on ne veut pas renoncer au pluralisme, mais nous sentons, à l'expérience, un risque de dérive vers l'établissement de tendances. Ce que nous ne voulons pas». Selon lui, «si on organise des tendances, chacune fixe alors sa position, et on fige le débat». Bref, le PCF, après en avoir officiellement fini, en 2001, avec la structure héritée de l'époque staliniste, ne veut pas non plus devenir un parti où s'opposent les sensibilités, comme le sont les Verts ou le PS. Sinon, poursuit Patrice Cohen-Seat, «on aboutit à une sorte de centralisme, proche du césarisme, à l'intérieur de chaque tendance. On n'est plus alors dans une logique de débat intellectuel mais de pouvoir entre chaque tendance».

Dans son rapport, François Auguste, membre de la direction chargé de travailler sur ce dossier, reconnaît également, sans toutefois le remettre en cause, que «le pluralisme de droit a posé des problèmes de lisibilité». Allusion encore au dernier congrès, sans doute le fond du problème, les communistes se divisant notamment sur la stratégie à choisir pour la désignation d'un candidat communiste pour 2007, ainsi que sur les relations à adopter vis-à-vis du PS.

Un «problème de lisibilité» que Nicolas Marchand, le patron de la fédération du Nord, considère, de son côté, comme la tentation de «recentraliser le parti». Pour lui, derrière les discours sur le pluralisme, le PCF aurait au contraire «régressé» en la matière, ces dernières années. Maxime Gremetz, député de la Somme, va plus loin. Et parle, sans détours pour Marie-George Buffet, d'«un changement de statut de circonstance pour convenance personnelle».

Qualifiant encore le rapport Auguste d'«usine à gaz», Maxime Gremetz accuse la direction du Parti de faire preuve de «régression démocratique». Selon le député communiste, «la direction réaffirme le pluralisme, mais quand quelqu'un, comme moi, utilise la parole, on renforce les sanctions de l'autre côté». Ainsi, la direction proposerait de rajouter aux statuts un motif d'exclusion pour «atteinte à l'éthique et aux intérêts du Parti». «C'est vague comme définition, pour exclure les gens», s'emporte encore Maxime Gremetz, qui dénonce un «retour de cinquante ans en arrière»…

Mais «le plus grave», explique-t-il encore, «ce sont les arrière-pensées de la direction», qu'il accuse d'avoir déployé un «écran de fumée» pour berner la base, en proclamant le retour des cellules. Lesquelles s'étaient effacées au profit d'une organisation «plus transversale» en réseaux. En fait, Maxime Gremetz, qui se dit «bien évidemment pour ce retour» des cellules – relayant d'ailleurs une très large demande de la base –, y voit surtout une manoeuvre pour «éclipser» la vraie modification suggérée par la direction : l'abolition du système qui limite à deux mandats la durée d'action d'un secrétaire national. En effet, si le mode de désignation de la direction n'est pas modifié, Marie-George Buffet ne pourra pas se représenter lors du prochain congrès.

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