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Une base militaire russe en Libye?


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Assurances tous risques

par K. Selim

Le colonel Mouammar Kadhafi serait prêt à accepter une base militaire navale russe à Benghazi. Certains vont s'empresser de mettre cela sur les sorties inattendues et imprévisibles du colonel.

Pourtant, ce «non-alignement» relooké par le «guide» pourrait relever d'une analyse froide, celle qui consiste à ne pas mettre ses oeufs dans un seul panier. Depuis des années, la politique libyenne a consisté à complaire aux Occidentaux et à s'attirer leurs bonnes grâces. Avec des résultats plutôt mitigés, même si les hommes d'affaires et les affairistes d'Occident ont afflué vers les hôtels du rivage de Syrte.

Le guide libyen, en visite actuellement à Moscou, a décidé visiblement de procéder à un rééquilibrage d'une politique tournée vers l'Occident largement drivée par son fils, Seif Al-Islam. En vieux renard, le colonel semble penser qu'il est plus sûr de s'offrir des garanties diversifiées et de ne pas miser sur un seul cheval. Donc, la Jamahiriya semble diviser son marché selon un barème plutôt clair : un peu aux Français, un peu plus aux Italiens, beaucoup aux Américains et autant aux Russes. Une diplomatie d'équilibriste destinée à assurer un filet de sécurité maximal. Cela pourrait sembler déroutant comme démarche politique, mais, apparemment, le guide paraît avoir le pressentiment, raisonnable, que les choses risquent de déraper.

A l'aune de l'expérience de l'histoire, rien n'interdit de voir dans la crise économique globale et la récession sévère qui risque de l'accompagner, les signes annonciateurs d'une ou de plusieurs crises internationales. Les discours des vice-présidents potentiels dans la course aux présidentielles américaines, passés presque inaperçus, ont eu tendance à placer l'Iran et la Russie comme des adversaires potentiels à brève échéance. Le prochain président américain, fût-il Barack Obama, aura pour mission immédiate d'oeuvrer à préserver une hégémonie américaine très secouée par l'actuelle crise économique, qui est venue se surajouter au bilan sinistre de George W. Bush. Les années à venir pourraient ne pas être de tout repos, et c'est bien un euphémisme.

Le colonel libyen, en jouant sur tous les registres, s'éloigne d'une vision pure du non-alignement - qui d'ailleurs se situe encore dans cette logique ? - en cherchant à obtenir toutes les assurances possibles. A l'évidence, il semble penser que le parapluie russe est plus rustique mais beaucoup moins problématique que celui des Occidentaux.

Mais une base navale russe en Libye comporte le risque pour le colonel d'être, à nouveau, voué aux gémonies par les Américains et donc classé dans la liste des «pays hostiles». Si le colonel Kadhafi saute le pas - cela n'est pas encore confirmé -, cela signifierait qu'il considère, in fine, que les louanges reçues des Occidentaux, et très récemment de Madame Rice, ne constituent pas des garanties suffisantes à ses yeux.

http://www.lequotidien-oran.com/?news=5111…date=2008-11-01

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