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Un film qu'il a l'air sympa


Taranne

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"Louise-Michel", comédie joyeusement anar contre les "patrons voyous"

Deux auteurs de l'irrévérencieux "Groland" de Canal+, Benoît Delépine et Gustave Kervern, signent avec "Louise-Michel" non pas une biographie filmée de la "Vierge rouge", mais une joyeuse comédie sur des oubliés de la mondialisation vent debout contre les "patrons voyous".

Magazine - Cinéma ven 19 déc, 15:14

Deux auteurs de l'irrévérencieux "Groland" de Canal+, Benoît Delépine et Gustave Kervern, signent avec "Louise-Michel" non pas une biographie filmée de la "Vierge rouge", mais une joyeuse comédie sur des oubliés de la mondialisation vent debout contre les "patrons voyous".

Louise et Michel sont tout simplement les prénoms des deux paumés hilarants dont on suit la fuite en avant, incarnés respectivement par les acteurs belges Yolande Moreau et Bouli Lanners, qui habitent leurs personnages d'une humanité rude mais touchante.

L'argument du film est basé sur quelques idées futées, qui ont d'ailleurs valu à ce long métrage le prix du meilleur scénario au Festival de San Sebastian (Espagne).

Dix ouvrières d'une usine picarde de textiles, licenciées après que leurs machines ont été déménagées nuitamment en vue d'une délocalisation en Chine, décident de réunir leurs indemnités (20.000 euros en tout) pour financer une oeuvre commune: faire buter leur patron par un spécialiste.

En fait de professionnel, c'est un loser alcoolique, Michel, vivant dans un cimetière de caravanes, que va recruter Louise, la meneuse de la bande d'ouvrières, qui échappe tout juste à l'implosion de sa barre HLM parce qu'elle n'a pas su lire l'avis d'évacuation affiché.

Le tueur à gages est tellement courageux qu'il demande à des mourants (sa cousine cancéreuse, un voisin…) détachés de toute contingence judiciaire d'appuyer à sa place sur la gâchette.

Ce qui ne sert à rien: le patron "cost killer", en fait un investisseur, n'est pas là où on le croit (le siège du groupe "Nin-Nin" à Bruxelles) et coule des jours paisibles dans un paradis fiscal, l'île de Jersey, que Louise et Michel gagnent en voyageant comme des clandestins dans une cale de bateau.

Le spectateur n'attendra pas de ce film radical une analyse approfondie des éventuels dysfonctionnements de la mondialisation capitalistique. Mais l'actualité (la crise financière et ses conséquences) rend salutaire ce mauvais esprit très "Groland", qui est peut-être mieux adapté à un format court (les sketches de l'émission) mais ne perd pas totalement de sa pertinence sur 1h34.

Delépine (le "Michael Kael" grolandais) et Kervern ("Gus") ont aligné une belle équipe d'acteurs. Parmi eux, Benoît Poelvoorde joue un doux dingue cherchant à invalider la cause communément admise des attentats du 11 septembre en projetant un modèle réduit d'avion sur des tours jumelles miniatures. Mathieu Kassovitz campe pour sa part un fermier écolo qui fait venir des mini-mangues bio… par avion.

Le film privilégie les plans longs et fuit les effets de caméras. "On ne peut pas réaliser un film sur l'anarchie avec des techniques de publicitaire", font valoir les deux réalisateurs dans l'album du film illustré par Rabaté, qui sort aux éditions Danger Public parallèlement au long métrage.

En fait, Louise était jadis un homme, et Michel une femme. Une allusion limpide à la célèbre militante libertaire (1830-1905), qui avait pensé se travestir pour aller tuer Thiers.

Le film donne d'ailleurs le mot de la fin à celle qui lui a donné son nom, avec un petit poème qui en dit bien le ton: "Maintenant que nous savons que les riches sont des larrons, si notre père, notre mère n'en peuvent purger la terre, nous quand nous aurons grandi, nous en ferons du hachis".

Quand on pense que des collèges et des lycées portent le nom de cette bonne femme…

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