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Liberté d’installation des médecins


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Les députés prêchent sur les déserts médicaux

Le désert, il connaît. Pierre Morel A l’Huissier est député UMP de Lozère. Alors dans sa hotte de parlementaire, il a entassé une pléthore d’amendements qu’il entend bien exposer à l’Assemblée nationale sur la question des «déserts médicaux». Hier, en effet, les députés ont repris leur débat sur le projet de loi «Hôpital, patients, santé, territoires», présenté par la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot.

Après s’être longuement écharpés sur l’organisation hospitalière, ils ont commencé la partie la plus polémique du texte, celle sur l’organisation des soins sur le territoire, et la démographie médicale. L’équation est connue : la France a une particularité, elle détient un nombre record en Europe de médecins libéraux (plus de 200 000), mais ils sont mal répartis. Au point que certaines régions, voire certains départements comme la Lozère se trouvent en manque. Et cette pénurie est d’autant plus inquiétante qu’en raison d’une démographie vieillissante, les dix prochaines années vont voir le nombre de médecins fortement diminuer.

Stage en zone rurale.

Faut-il alors en finir avec la sacro-sainte liberté d’installation qui, au final, fait que les médecins préféreront toujours s’installer dans le sud de la France plutôt que dans le nord ou le centre ? Faut-il aller jusqu’à l’interdiction de nouvelles installations dans des régions déjà surdotées médicalement ? «A situation exceptionnelle, réponses exceptionnelles, répond Pierre Morel A l’Huissier. Aujourd’hui, j’ai des cantons entiers sans médecin. Dans d’autres endroits, c’est plus d’une heure de route pour aller voir un spécialiste, et je ne vous parle pas du soir, ou du week-end. On me dit : "Attendez cinq à dix ans que l’on forme de nouveaux médecins." Ce n’est pas possible.» D’où la kyrielle d’amendements qu’il a déposés.

Ainsi, l’un vise à obliger tout étudiant en médecine à un stage en zone rurale. Un autre demande l’interdiction de toute nouvelle installation dans des zones de surdensité médicale : dans le cas où il passerait outre, le médecin serait déconventionné. Enfin, le député propose des schémas d’organisation sanitaire qui ne soient pas seulement indicatifs mais contraignants. «On me dit que les mesures autoritaires sont contre-productives. Mais cela fait dix ans que l’on se contente de mesures incitatives - il y en a plus de 40 - et cela ne marche pas. L’Etat doit prendre ses responsabilités. Les politiques ont l’obligation de faire vivre l’égalité de l’accès aux soins pour tous», dit le député de Lozère, qui souligne que «ces mesures contraignantes seront transitoires, le temps de régler ces inégalités régionales».

Numerus clausus.

Des députés de gauche ont déposé des amendements allant dans ce sens. Roselyne Bachelot reconnaît que, sur le principe, elle n’a rien contre des mesures contraignantes. «Mais, ajoute-t-elle aussitôt, dans les pays où cela s’est fait, cela n’a pas eu les effets escomptés.» D’où la proposition du texte de loi de modifier simplement le numerus clausus - c’est-à-dire le nombre de médecins formés chaque année -, en le régionalisant, pour coller au plus près du terrain. Certes… Mais rien ne dit qu’ensuite ces médecins iront s’installer dans les régions désertées.

(badurl) http://www.liberation.fr/politiques/0101466319-les-deputes-prechent-sur-les-deserts-medicaux (badurl)

Dans la foulée, a-t-il prévu un amendement pour empêcher les toubibs français de partir à l'étranger ?

Posté

Encore une fois, tout ceci ne tiendra pas la distance. D'une part, si ces amendements et lois passent, elles seront contournées et l'artifice explosera au museau de l'impétrant. D'autre part, les directives européennes vont progressivement imposer que tout ceci (à commencer par le numerus clausus) saute. Et ce sera bien fait :icon_up: .

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La seule solution étatique pour l'installation des médecins en zone rurale c'est celle qui consiste à signer un contrat avec les 2èmes années pour financer leurs études en échange d'une installation en zone rurale pour x années.

Inconvénient former un médecin prend 10 ans.

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La seule solution étatique pour l'installation des médecins en zone rurale c'est celle qui consiste à signer un contrat avec les 2èmes années pour financer leurs études en échange d'une installation en zone rurale pour x années.

Comme en Pologne communiste jusqu'en 1989 ! :icon_up:

Invité jabial
Posté

C'est bien le système communiste : plus on est utile, plus on est opprimé. Les gens qui sauvent tous les jours des milliers de vies sont déjà traités comme des serfs avec les lois sur la NAPD ; les attacher à la terre n'est guère qu'un pas de plus. Si j'étais médecin, j'irais manifester avec un joug.

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C'est bien le système communiste : plus on est utile, plus on est opprimé. Les gens qui sauvent tous les jours des milliers de vies sont déjà traités comme des serfs avec les lois sur la NAPD ; les attacher à la terre n'est guère qu'un pas de plus. Si j'étais médecin, j'irais manifester avec un joug.

Leur profession est totalement protégée par l'Etat, puisque l'exercice illégal de la médecine est un délit pénal… Qui dit bénéfice d'un monopole d'Etat, dit forcément quelques concessions à faire :icon_up:

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Leur profession est totalement protégée par l'Etat, puisque l'exercice illégal de la médecine est un délit pénal… Qui dit bénéfice d'un monopole d'Etat, dit forcément quelques concessions à faire :doigt:

Et j'en sais quelque chose :icon_up:

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Et donc ?

Pour gagner en crédibilité, les médecins qui revendiquent plus de liberté dans leur pratique devrait aussi prôner la libre concurrence sur leur marché…

Invité jabial
Posté
Leur profession est totalement protégée par l'Etat, puisque l'exercice illégal de la médecine est un délit pénal… Qui dit bénéfice d'un monopole d'Etat, dit forcément quelques concessions à faire :icon_up:

Il faut donc abolir cet oligopole d'urgence. Ceci dit, en pratique, je ne vois guère les gens aller se faire soigner chez des sorciers, hein.

Ceci dit, si la seule sanction pour ceux qui choisissent de ne pas respecter les règles d'installation est le déconventionnement, alors tant mieux : ça créera enfin un vrai secteur libéral ici, comme en Angleterre.

Posté
Il faut donc abolir cet oligopole d'urgence. Ceci dit, en pratique, je ne vois guère les gens aller se faire soigner chez des sorciers, hein.

En effet, par contre, ne plus être obligé de payer un médecin en situation de monopole pour renouveler l’autorisation royale d’aller payer un pharmacien (qui a prêté serment de défendre la sécu…) pour avoir accès a la molécule qui me tiens en vie, ca serait pas mal.

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En effet, par contre, ne plus être obligé de payer un médecin en situation de monopole pour renouveler l’autorisation royale d’aller payer un pharmacien (qui a prêté serment de défendre la sécu…) pour avoir accès a la molécule qui me tiens en vie, ca serait pas mal.

De toute façon, si on se place dans cette logique libérale, le monopole de la vente des médicaments saute également, et il n'est plus nécessaire de présenter une ordonnance pour obtenir des médicaments…

Posté
De toute façon, si on se place dans cette logique libérale, le monopole de la vente des médicaments saute également, et il n'est plus nécessaire de présenter une ordonnance pour obtenir des médicaments…

Tout à fait: il va de soi que la vente libre des médicaments va de pair avec la suppression du monopole des médecins.

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De toute façon, si on se place dans cette logique libérale, le monopole de la vente des médicaments saute également, et il n'est plus nécessaire de présenter une ordonnance pour obtenir des médicaments…

Je ne crois pas : s'il y a des effets secondaires, les clients peuvent attaquer en justice la pharmacie qui a vendu les médicaments. Les pharmacies auraient intérêt à garder un système d'ordonnance avec des medécins agréés (par des labels privés, hé oui ça existe) pour se protéger de possibles dérives.

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De toute façon, si on se place dans cette logique libérale, le monopole de la vente des médicaments saute également, et il n'est plus nécessaire de présenter une ordonnance pour obtenir des médicaments…

Ton assurance privée la demandera peut-être si tu veux être remboursé. Mais ça sera entre elle et toi.

Posté
Je ne crois pas : s'il y a des effets secondaires, les clients peuvent attaquer en justice la pharmacie qui a vendu les médicaments. Les pharmacies auraient intérêt à garder un système d'ordonnance avec des medécins agréés (par des labels privés, hé oui ça existe) pour se protéger de possibles dérives.

Bah, la grande distribution vend de l’alcool, des produits ménagers dangereux, et des outils de jardinage impressionnants sans que les services juridiques n’imposent de mécanisme bizarre de partage de responsabilité avec une corporation labellisée, et ca marche pas mal.

Ensuite, pour ce qui est de l’assurance, oui, bien sur que l’assurance peut imposer des critères pour rembourser, mais l’assurance sers principalement a gérer les risques couteux et peu probables, la majorité des dépenses de santé dans les médicaments sont des traitements a vie (aucune assurance digne de se nom n’assurera contre un risque déjà exécuté, donc certain) ou des traitements peu couteux et saisonniers (il n’y a pas franchement d’intérêt a couvrir contre le risque d’avoir a consommer du paracétamol… c’est statistiquement régulier, même si imprévisible, et peu couteux).

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En réalité, on se rend compte qu'on ne sait pas vraiment de quelle façon la société pourrait évoluer en cas de libéralisation de tous les marchés et de toutes les professions.

C'est intéressant, mais il faut reconnaitre que c'est potentiellement inquiétant également. On sait ce qu'on perd mais pas ce qu'on gagne.

Concernant les médicaments, le risque principal me semble être le commerce de faux médicaments. On paye moins cher mais on ne sait pas ce qu'on a comme dans certains pays d'Afrique.

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En réalité, on se rend compte qu'on ne sait pas vraiment de quelle façon la société pourrait évoluer en cas de libéralisation de tous les marchés et de toutes les professions.

C'est intéressant, mais il faut reconnaitre que c'est potentiellement inquiétant également. On sait ce qu'on perd mais pas ce qu'on gagne.

Au moins, on y gagne plus de liberté. Ce n'est pas rien, ça. Quant à la mouse-mentality "c'est inquiétant", sortir dans la rue après 23H, parfois, c'est inquiétant aussi.

Posté
En réalité, on se rend compte qu'on ne sait pas vraiment de quelle façon la société pourrait évoluer en cas de libéralisation de tous les marchés et de toutes les professions.

C'est intéressant, mais il faut reconnaitre que c'est potentiellement inquiétant également. On sait ce qu'on perd mais pas ce qu'on gagne.

Concernant les médicaments, le risque principal me semble être le commerce de faux médicaments. On paye moins cher mais on ne sait pas ce qu'on a comme dans certains pays d'Afrique.

Tout ce que nous mangeons et buvons peut facilement nous tuer ou nous blesser gravement avec certaines contaminations. Il y a d'autres solutions de surveillance de ce type de risque que le monopole étatique.

Dans la plupart des cas, tuer ou blesser ses clients est mauvais pour les affaires.

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Pour gagner en crédibilité, les médecins qui revendiquent plus de liberté dans leur pratique devrait aussi prôner la libre concurrence sur leur marché…

C'est pas demain la veille.

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Tout à fait: il va de soi que la vente libre des médicaments va de pair avec la suppression du monopole des médecins.

La plus grande tendance du libéralisme, environ 95% du total, est la tendance : Mais Touche Pas à MA Rente.

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Au moins, on y gagne plus de liberté. Ce n'est pas rien, ça. Quant à la mouse-mentality "c'est inquiétant", sortir dans la rue après 23H, parfois, c'est inquiétant aussi.

Bah, il y a peu d'individus qui ont fait de la liberté leur valeur exclusive.

Lorsqu'on observe la vie de la plupart des individus, on se rend compte que la liberté n'est probablement pas un but dans leur vie.

D'autant plus que la liberté prônée par les libéraux n'est pas un absolu, c'est une liberté de droit qui n'a en réalité que peu à voir avec la liberté réelle.

Ce que je veux dire c'est qu'il est compréhensible que le discours libéral passe difficilement.

Posté
Bah, il y a peu d'individus qui ont fait de la liberté leur valeur exclusive.

Lorsqu'on observe la vie de la plupart des individus, on se rend compte que la liberté n'est probablement pas un but dans leur vie.

Effectivement. Ça ne peut être un but, c'est un contexte.

Posté

Je vois quand même un problème à la libéralisation totale des professions médicales : un médecin a quand même le droit de porter atteinte à l'intégrité physique des gens… Libéraliser ce droit est quand même problématique. Et je doute que ça puisse se régler simplement par le simple consentement… L'assymétrie d'information est telle par rapport au médecin qu'on ne peut pas uniquement compter sur ça.

Posté
Je vois quand même un problème à la libéralisation totale des professions médicales : un médecin a quand même le droit de porter atteinte à l'intégrité physique des gens… Libéraliser ce droit est quand même problématique. Et je doute que ça puisse se régler simplement par le simple consentement… L'assymétrie d'information est telle par rapport au médecin qu'on ne peut pas uniquement compter sur ça.

Je ne parle pas de libéraliser ce droit, mais tout simplement de le supprimer pour tout le monde au lieu de garder une caste de priviligiés (l'abolition des privilèges, tout ca…)

Quand a l'asymetrie d'information, elle n'est pas toujours en faveur du medecin hein…

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Je ne parle pas de libéraliser ce droit, mais tout simplement de le supprimer pour tout le monde au lieu de garder une caste de priviligiés (l'abolition des privilèges, tout ca…)

Quand a l'asymetrie d'information, elle n'est pas toujours en faveur du medecin hein…

Supprimer ce droit, cela veut dire plus d'opérations (mutilations), plus de traitement (empoisonnement) etc… En bref, c'est la suppression de la médecine.

Pour l'assymétrie, elle est quand même très largement en faveur du médecin

Posté
Je vois quand même un problème à la libéralisation totale des professions médicales : un médecin a quand même le droit de porter atteinte à l'intégrité physique des gens… Libéraliser ce droit est quand même problématique. Et je doute que ça puisse se régler simplement par le simple consentement… L'assymétrie d'information est telle par rapport au médecin qu'on ne peut pas uniquement compter sur ça.

Je ne sais pas pour les médecins mais je ne connais pas d'industrie où blesser, voire tuer, ses clients est bon bon prospérer.

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Je ne sais pas pour les médecins mais je ne connais pas d'industrie où blesser, voire tuer, ses clients est bon bon prospérer.

La médecine fonctionne un peu différemment. Il faut peser le bénéfice/risque pour déterminer si la patient a plus de chances de mourir du traitement ou de sa maladie. Et ça devient encore plus compliqué quand on parle de pronostic fonctionnel.

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La médecine fonctionne un peu différemment. Il faut peser le bénéfice/risque pour déterminer si la patient a plus de chances de mourir du traitement ou de sa maladie. Et ça devient encore plus compliqué quand on parle de pronostic fonctionnel.

Privé / public ne change rien à la difficulté de ce jugement. Ici, tu trouveras pas mal de gens qui pensent que le public offre moins des "checks and balances" nécessaires et non pas plus. Mais merci effectivement de mettre au clair la différence fondamentale avec d'autres industries.

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Privé / public ne change rien à la difficulté de ce jugement. Ici, tu trouveras pas mal de gens qui pensent que le public offre moins des "checks and balances" nécessaires et non pas plus. Mais merci effectivement de mettre au clair la différence fondamentale avec d'autres industries.

Qu'il n'y a pas de méprise, je ne pense pas qu'une intervention publique soit nécessaire. Un système privé de reconnaissance du diplome de médecin est tout à fait imaginable, et me semble en fait indispensable, au vu des insuffisances du control étatique (pensons au docteur Maure…) On ne peut laisser n'importe qui exercer la médecine.

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