Aller au contenu

Trafic de diplômes


Messages recommandés

Posté

Content (et pas tellement surpris) de voir que c'est Caccomo qui refuse cette corruption. Réaction bien nuancée et qui ne sombre dans l'attaque anti-chinoise.

«Un étudiant m’a tendu une liasse de billets»

JEAN-LOUIS CACCOMO, maître de conférence à l’université de Perpignan

Propos recueillis par Charles de Saint-Sauveur | 24.04.2009, 07h00

Docteur en sciences économiques de l’université d’Aix-Marseille-II, Jean-Louis Caccomo est actuellement maître de conférences à l’université de Perpignan (Pyrénées-Orientales), qui accueille une forte proportion d’étudiants chinois. Au sein de cette fac, il dirige par ailleurs le master des métiers de la banque et de l’assurance à l’institut d’administration des entreprises (IAE), pour lequel il parcourt de nombreuses régions du monde, pour recruter des étudiants étrangers.

Il nous livre en exclusivité un témoignage édifiant.

A-t-on déjà tenté de vous corrompre ?

Jean-Louis Caccomo . Oui. Cela m’est même arrivé il y a trois ans, avec un étudiant chinois à qui il manquait des points pour valider son diplôme. Il est venu à plusieurs reprises pour négocier, mais j’avais déjà été suffisamment conciliant. Il a fini par déposer sur mon bureau une enveloppe avec une grosse liasse de billets de 500 €.

Qu’avez-vous fait ?

J’ai immédiatement signalé la tentative de corruption. Cet étudiant est passé en conseil de discipline et son année a été invalidée. Mais je comprends que certains enseignants, plus jeunes ou plus fragiles, puissent être tentés. A l’université, nous sommes très mal payés et c’est relativement facile de modifier les notes.

Quelles autres pratiques frauduleuses avez-vous repérées ?

Elles sont diverses. Un collègue s’était entiché d’une étudiante chinoise avec qui il s’est marié. Visiblement, seul le titre de séjour l’intéressait et, quelques mois après la noce, elle a filé en Angleterre ! J’ai récemment repéré un jeune Chinois qui avait dissimulé un mini-ordinateur sur les genoux. Comme lui, une dizaine d’étudiants étrangers se font pincer chaque année. Mais beaucoup ne sont pas pris. Il m’est arrivé de corriger cinq copies conformes d’étudiants chinois.

Pourquoi tant de tricheries ?

Pour une raison simple : beaucoup n’ont pas le niveau pour être étudiants chez nous et parlent extrêmement mal le Français. Une fois, l’un d’eux a répondu à trois questions lors d’un examen alors qu’il fallait en choisir une ! Normalement, ils passent dans leur pays un certificat d’aptitude en Français, mais sur place, en Chine notamment, nous avons constaté que des certificats étaient achetés, voire que certains diplômes étaient bidonnés. Le problème c’est que nos universités ne sont pas toujours très regardantes…

Les facs fermeraient les yeux ?

Le système français de financement des universités est un peu pervers, puisque l’argent qu’elles reçoivent du ministère dépend du nombre d’étudiants inscrits. Comme les amphis ont eu tendance à se vider ces dernières années, il leur a fallu les remplir en recrutant à l’étranger…

La France n’accueille donc pas les meilleurs étudiants chinois ?

Non. Il y en a certes d’excellents, mais ils s’inscrivent en priorité dans les masters anglo-saxons, quitte à payer 9 000 € de frais d’inscription. En France, c’est… 500 € environ.

Les étudiants chinois sont seuls en cause ?

Absolument pas, mais on les stigmatise parce qu’ils sont désormais très nombreux en France et que ce pays fascine. Dans beaucoup de pays émergents, c’est un peu le far west, tout se vend et tout s’achète, même les diplômes. J’ai eu ainsi maille à partir avec une université ukrainienne qui m’avait présélectionné quelques étudiants. Curieusement, ce n’étaient plus les mêmes à l’arrivée, mais des élèves moins bons, qui ont été retenus grâce à leurs relations et sans doute un peu de bakchichs.

Comment en finir avec ces dérives ?

En se rendant sur place. A Perpignan, nous avons réagi en multipliant les missions à l’étranger, pour nous assurer du réel niveau de nos futurs étudiants. Nous avons également mis en place un campus d’été pour permettre aux nouveaux arrivants d’améliorer leur français. Quand ces filtres marchent bien ce sont de formidables étudiants, qui finissent même parfois par maîtriser le catalan !

http://www.leparisien.fr/faits-divers/un-e…2009-489908.php

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×
×
  • Créer...