Adrian Posté 19 juin 2009 Signaler Posté 19 juin 2009 8 mai 2002: un attentat à la bombe sur un bus fait 14 morts, dont 11 ingénieurs français travaillant pour les anciens arsenaux d'Etat DCN ou des sous-traitants. La piste d'Al-Qaeda est d'abord évoquée. En 2003, deux hommes présentés comme proches de l'organisation sont condamnés à mort. L'enquête sommeille plusieurs années mais elle est relancée en octobre 2008. Un document est alors saisi par hasard à la DCN. Cette note anonyme, baptisée «Nautilus», sème le trouble quant à la version officielle, évoquant la responsabilité des services secrets pakistanais et français dans l'attentat. D'autant plus qu'en mai dernier, les deux hommes condamnés à mort sont acquittés. Un collectif de familles décédées, apprenant l'entrevue entre Nicolas Sarkozy et le président pakistanais, écrit alors au chef de l'Etat et demande dans une lettre le «total soutien de l'Etat français». Les choses s'accélèrent avec l'audition de l'auteur de «Nautilus», le 14 mai dernier dans le cabinet du juge antiterroriste Marc Trévidic. Selon les révélations du site d'information en ligne Mediapart, il s'agit d'un ancien membre des services secrets français, ex-agent de la Direction de la surveillance du territoire (DST), Claude Thévenet. Instrumentalisation du groupe terroriste pakistanais Cet ancien espion, qui jouit d'une excellente réputation, confie à Mediapart les raisons pour lesquelles il a rédigé ce rapport, daté du 11 septembre 2002: «J'avais été chargé par les instances dirigeantes de la DCN de recouper un certain nombre d'informations parce que la DCN avait peur que les services officiels, comme la DGSE ou la DST, lui livrent des informations inexactes ou tronquées sur ce qui s'est réellement passé au Pakistan». L'enquête officielle se serait donc dirigée vers une fausse piste, jusqu'à la saisie de «Nautilus» il y a neuf mois. Le document évoque clairement le scénario d'une instrumentalisation du groupe islamiste par des militaires pakistanais: «les personnalités militaires ayant instrumentalisé le groupe islamiste qui a mené à bien l'action poursuivaient un but financier […] Il s'agissait d'obtenir le versement de commissions non honorées». «Derrière le mot «commissions», c'est bien évidemment celui de corruption qu'il faut lire», décrypte Mediapart. Pour comprendre la référence, il faut remonter à 1994. Le Pakistan achète alors trois sous-marins à la DCN pour 5,5 milliards de francs. Une vente assortie de promesses de commissions à des militaires pakistanais et de rétro-commissions à des responsables politiques français. Campagne présidentielle de 1995 A l'époque, Edouard Balladur est Premier ministre. Quelques mois plus tard, il se déclare candidat à l'élection présidentielle de 1995. Il pourrait avoir bénéficié durant la campagne de ces rétro-commissions, par le biais d'un intermédiaire dans la vente, l'homme d'affaires libanais Abdul Rahman El-Assir. Cela impliquerait également Nicolas Sarkozy, alors directeur de campagne du Premier ministre. Jacques Chirac est finalement élu. Celui-ci décide alors d'arrêter le versement de ces commissions (180 millions de francs au total). L'objectif, selon Claude Thévenet, est d'«assécher les réseaux de financement occultes de l'Association pour la Réforme d'Edouard Balladur». Selon Gérard-Philippe Menayas, ancien directeur financier de la DCN et auteur d'un mémorendum à l'intention de la justice et cité par Mediapart, «l'arrêt des paiements aurait pu avoir une conséquence dramatique: l'attentat de Karachi du 8 mai 2002, en rétorsion contre la défaillance française dans l'accomplissement de ses engagements commerciaux». Sarkozy: «Ridicule» Le site d'information signale que l'attentat de Karachi a eu lieu trois jours après la réélection de Jacques Chirac en 2002. La conclusion du rapport Nautilus est d'ailleurs formelle: «L'attentat de Karachi a été réalisé grâce à des complicités au sein de l'armée [pakistanaise] et au sein des bureaux de soutien aux guérillas islamistes de l'ISI [les services secrets pakistanais, ndlr». Comme le souligne Mediapart, qui signale que «le nom de Nicolas Sarkozy […] apparaît en marge d'affaires de la DCN», l'Elysée prend l'affaire très au sérieux. Et ce en dépit des déclarations du chef de l'Etat cet après-midi lors d'une conférence à Bruxelles: «Ecoutez, franchement, c'est ridicule. Qui peut croire à une fable pareille ? C'est grotesque. (…) Dans un monde où tout se sait, où la notion de secret d'Etat n'existe plus, quatorze ans après, est-ce que vous êtes au courant de rétro-commissions qui n'auraient pas été versées à des Pakistanais dans le cadre de la campagne de Balladur?». (badurl) http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/06/18/l-attentat-de-karachi-de-2002-est-une-affaire-d-etats-selon-les-victimes_1208654_3224.html (badurl) Nicolas Sarkozy a tenu à réagir, vendredi 19 juin, aux nouvelles informations sur l'attentat de Karachi qui a coûté la vie à quatorze personnes, dont onze ingénieurs français, le 8 mai 2002. MeOlivier Morice, un des avocats de sept familles de victimes, annonçait, jeudi, que "le mobile de l'attentat apparaît lié à un arrêt des versements de commissions" de la France au Pakistan dans le cadre de la vente de sous-marins. Des commission "arrêtées à l'arrivée de Jacques Chirac à la présidence de la République en 1995 afin que des rétrocommissions" destinées à financer la campagne d'Edouard Balladur, premier ministre à l'époque, "ne soient pas versées", a-t-il ajouté. "C'est ridicule (…) C'est grotesque (…) Respectons la douleur des victimes. Qui peut croire une fable pareille ?", a répondu M. Sarkozy en marge du Conseil européen réuni à Bruxelles. Il a jugé impossible que le scénario, s'il était authentique, soit resté inconnu jusqu'ici. "On est dans un monde où la notion de secret d'Etat n'existe plus", a-t-il ajouté. L'attentat de Karachi, qui a eu lieu quelques mois après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, avait été imputé à la nébuleuse Al-Qaida. Jeudi, les deux juges d'instruction antiterroristes chargés de l'enquête en France, Marc Trévidic et Yves Jannier, ont informé les familles de victimes que la piste islamiste était abandonnée. L'enquête s'orientant désormais plutôt vers une "affaire d'Etat", selon les termes employés par Me Morice. "DES PERSONNALITÉS DE PREMIER PLAN VONT ÊTRE ENTENDUES" Cette piste avait surgi en 2008 dans le cadre d'une enquête sur des faits présumés de corruption et de ventes d'armes. Des policiers avaient alors mis la main lors d'une perquisition au siège de la DCNS (ex-DCN) sur des documents portant sur des sociétés par lesquelles ont transité des commissions versées en marge de contrats d'armements. Un de ces documents, baptisé "Nautilus" et non signé, faisait état d'une "instrumentalisation" de militants islamistes par des membres des services secrets pakistanais et de l'armée. Il indiquait que "l'attentat de Karachi a été réalisé grâce à des complicités au sein de l'armée (pakistanaise) et au sein des bureaux de soutien aux guérillas islamistes" des services secrets pakistanais. Selon cette note, versée au dossier de l'instruction, "les personnalités ayant instrumentalisé le groupe islamiste qui a mené à bien l'action poursuivaient un but financier (…). Il s'agissait d'obtenir le versement de commissions non honorées" dans le cadre d'un achat de sous-marins français par le Pakistan en 1994. Cette nouvelle orientation du dossier menace les relations entre la France et le Pakistan, un pays-clé dans la lutte contre l'islamisme radical. Il est aussi encombrant pour l'Elysée, puisque le contrat d'armement a été négocié en 1994 sous le gouvernement d'Edouard Balladur, dont Nicolas Sarkozy était le lieutenant. Interrogé jeudi par France 3, M. Balladur a déclaré avoir certes "entendu parler de cette histoire depuis des années" mais souligné que tout, selon ce qu'il savait, s'était déroulé de manière "parfaitement régulière". "Il y a eu effectivement des accords qui ont été passés avec le gouvernement pakistanais", a dit l'ancien chef de gouvernement, ajoutant : "A ma connaissance tout cela était parfaitement régulier, je n'ai rien à ajouter". "Si quelqu'un a un témoignage, une preuve à apporter, qu'il saisisse la justice, c'est tout", a-t-il poursuivi. Cette piste, un temps écartée par les juges chargés de l'enquête, serait de nouveau prise très au sérieux au vu "d'éléments nouveaux entrés récemment dans le dossier", selon un enquêteur, sans préciser la nature de ces nouveaux éléments. "On s'oriente nécessairement vers des actes de grande importance. Des personnalités politiques de premier plan vont être entendues", a estimé (badurl) http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/06/18/l-attentat-de-karachi-de-2002-est-une-affaire-d-etats-selon-les-victimes_1208654_3224.html (badurl) Les journalistes d'investigation se réveillent ? Enfin ?…
Jesrad Posté 20 juin 2009 Signaler Posté 20 juin 2009 Foutaises. Les commissions occultes avaient déjà été versées.
Adrian Posté 20 juin 2009 Auteur Signaler Posté 20 juin 2009 Ceux pour Balladur ou pour les pakistanais ? Ou les deux ?
Fedaykin Posté 15 septembre 2009 Signaler Posté 15 septembre 2009 L'élysée toujours silencieux sur l'affaire de Karachi… Lettre ouverte des familles Le plus marrant (enfin triste) c'est l'énorme gaffe montrant le mépris du président pour la question lors d'une conférence, vidéo dont la retranscription sur le site de l'élysée a été bidouillée. cf la citation à la fin de la lettre.
Démosthène Posté 21 septembre 2009 Signaler Posté 21 septembre 2009 L'élysée toujours silencieux sur l'affaire de Karachi… La presse pas plus bavarde
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