Aller au contenu

Florilège d'édits chinois


Esperluette

Messages recommandés

Posté

Soûlez-vous et saluez les voitures ou les édits étranges de l’administration chinoise

07.01.2010 | The New York Times

A l’école élémentaire de Luolang, tous les élèves connaissent les règles de base : on ne court pas dans les couloirs et on lève la main quand on veut poser une question. Ah oui, et on salue toutes les voitures qu’on croise sur le chemin de l’école.

Cette nouvelle directive, soutenue par des responsables de l’éducation, vise à réduire le nombre d’accidents de la route et à apprendre la politesse aux enfants. Vu les milliers de commentaires négatifs qui ont fleuri sur Internet, l’initiative est loin de faire l’unanimité. Seuls des fonctionnaires ineptes pouvaient infliger une telle règle au lieu d’installer des dos-d’âne, s’indigne-t-on sur la Toile. La Chine est loin d’être le seul pays où les bureaucrates locaux font un peu trop de zèle. Reste que dans cette nation – où bon nombre de responsables officiels sont particulièrement mal formés et ne peuvent être renvoyés que par le Parti –, critiquer les décisions douteuses de l’administration locale est devenu un véritable sport national pour les internautes. Les médias d’Etat eux-mêmes s’y mettent, bien qu’ils précisent rarement l’origine de telle ou telle réglementation. La plupart du temps, la critique paie. En avril dernier, un district de la province du Hubei, dans le centre de la Chine, s’est couvert de ridicule devant tout le pays après que des responsables locaux eurent enjoint aux fonctionnaires et aux employés des entreprises publiques d’acheter chaque année 23 000 paquets de cigarettes de la marque locale, sous peine de payer une amende. Les responsables locaux tentèrent d’expliquer que les revenus liés à la taxe sur les cigarettes contribueraient à stimuler l’économie locale. Après des semaines d’embarras, les responsables du district de Gong’an se fendirent d’un message lapidaire sur leur site officiel : “Nous avons décidé de supprimer cette réglementation.” L’administration de Hanchuan, dans la province du Hubei, a tenté une manœuvre similaire, avec les mêmes conséquences. Soucieux de doper les ventes de spiritueux, les responsables locaux ont ordonné à leurs fonctionnaires d’acheter pour près de 300 000 dollars par an de baijiu. Selon les calculs des journalistes, cela représentait trois bouteilles de liqueur extraforte par jour et par personne. Ce règlement a finalement été abrogé. L’année dernière, dans un autre district de la province du Ghizhou, dans le sud de la Chine, les fonctionnaires ont été mis à contribution pour accroître la fréquentation de ruines antiques. Chaque service devait organiser des excursions afin que l’administration locale puisse se targuer d’avoir reçu quelque 5 000 visiteurs en l’espace de deux mois. Les visiteurs forcés devaient changer plusieurs fois de bus pour se rendre jusqu’au site, situé à plus de 30 kilomètres de leur siège administratif. Ils devaient ensuite louer un deux-roues pour parcourir les quinze derniers kilomètres de sentier, précise le quotidien Guangzhou Daily. Le journal Guizhou Commercial News rapporta que certaines administrations étaient fermées pendant que les employés jouaient aux touristes. Le mois suivant, cette directive était retirée.

Selon les spécialistes, la multiplication de telles mesures traduit le manque de professionnalisme des représentants locaux. Le Parti communiste chinois s’efforce depuis quelques années de rectifier le tir en améliorant la formation de ses fonctionnaires et en permettant à la population de s’exprimer davantage. Les écoles du Parti où sont formés les fonctionnaires n’insistent pas seulement sur l’idéologie, mais aussi sur les compétences administratives. L’attribution des postes est censée correspondre à des résultats concrets. Certains responsables peu scrupuleux ont été sanctionnés. Le secrétaire du Parti de la ville de Feicheng, dans le nord-est du pays, a été démis de ses fonctions après avoir décidé de punir d’une amende de 73 dollars chaque paysan coupable d’avoir coupé un pied de maïs sans autorisation. Les paysans s’étaient plaints de ne pas pouvoir faire leur récolte, de crainte d’être sanctionnés. Les responsables locaux des quelque 637 001 villages de Chine semblent particulièrement enclins aux excès de zèle. Jusqu’en 2005, les responsables d’un village proche de Chongqing obligeaient les femmes célibataires à passer un test de virginité avant de pouvoir recevoir une compensation pour des terres accaparées par le gouvernement. Selon eux, seules les femmes vierges pouvaient prétendre à être dédommagées. En comparaison, le salut aux voitures imposé aux élèves de l’école de Luolang est bien peu de chose. Les responsables précisent d’ailleurs que cette règle n’a qu’une valeur facultative. Quand on leur demande s’ils s’y conforment, la plupart des élèves se contentent de glousser nerveusement.

http://www.courrierinternational.com/artic…nistration-chin

  • 2 months later...
Posté

Juste en passant, essayez de vous intéresser à l'ancien président turkmène Niazov, les décrets qu'il a publié sont, comment dire…. :doigt:

Par exemple : interdiction aux présentateurs télé de se maquiller, parce qu'il avait du mal à distinguer les hommes des femmes. Ou le fait que dans ses discours au peuple, il revisitait l'histoire en expliquant que Pythagore, Einstein, étaient turkmènes. :icon_up:

Il faudra un jour écrire un livre sur ces dictateurs passant des décrets hallucinants.

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×
×
  • Créer...