FVH Posté 11 décembre 2010 Signaler Posté 11 décembre 2010 Bonsoir, deux motifs à l'origine de ce message. Premièrement, celui de m'introduire sur le forum. Je vous lis il est vrai depuis pas mal le temps en aimant beaucoup les débats que vous parvenez à animer. Et c'est également pour cette raison que vient mon second motif. Je m'intéresse plus particulièrement (mais néanmoins très très modestement) à la monnaie et au marché monétaire en général. A cet effet, je ne comprends pas vraiment les liens qui animent dette américaine, déficits jumeaux américains, réserves de changes chinoises, inflation chinoise et comment au travers de ces liens, la Chine continue de bénéficier d'un yuan relativement faible. Après avoir lu beaucoup d'articles là dessus, je vous avoue clairement que je ne saisis pas nécessairement tous ces liens. Désolé de vous importuner pour un sujet qui pour beaucoup doit vous paraître "simple" mais j'espère vivement un éclairage de votre part Encore une fois merci d'avance et en général pour le plaisir que j'ai de vous lire.
xavdr Posté 12 décembre 2010 Signaler Posté 12 décembre 2010 Bienvenue FVH ! Nous sommes honorés de l'intérêt que tu portes à ce forum. Voici un essai de réponse (ou au moins d'explicitation contextuelle en réponse) à ta question, qui est complexe. Les déficits extérieurs occidentaux viennent en partie importante des flux commerciaux avec les PNI dont la Chine. La Chine et d'autres PNI sous évaluent artificiellement depuis des décennies leurs monnaies. Cette sous évaluation stimule la croissance commerciale extérieure de la Chine et d'autres PNI et les déficits commerciaux occidentaux. Quand les cours des monnaies sont flottants (laissés libres), ils tendent à équilibrer dans la durée les échanges financiers. C'est une forme d'optimum économique. Celui qui veut altérer de façon importante le cours d'une monnaie doit financer de façon monumentale cette altération. En outre les échanges économiques et migratoires internationaux tendent à neutraliser les écarts de prix réels (une fois éclairci le brouillage des signaux prix par les prismes réglemento-socio-fiscaux-monétaires). Par exemple ils engendrent des tensions inflationnistes dans les pays où les monnaies sont artificiellement sous évaluées. Le Yuan chinois durant des décennies a été artificiellement sous évalué. La Chine a "acheté" au prix fort cette sous évaluation en retardant sa consommation. Elle a aussi retardé son investissement intérieur mais ce dernier a été compensé par l'investissement de l'extérieur en Chine, ce qui n'est pas sans poser des problèmes de sécurité régalienne en présence d'une Chine ou le régime est répressif, violent, et se réclame toujours du communisme historique si ce n'est idéologique. Ces échanges économiques favorisent les échanges culturels et l'ouverture de la Chine. C'est un cercle vertueux placé sous une épée de Damoclès. Pour sous évaluer une monnaie la voie normale consiste à neutraliser les liquidités apportées par les excédents financiers engendrés par les échanges économiques extérieurs. Cette neutralisation se produit en stockant à l'excès et/ou en achetant dans des conditions défavorables des titres étrangers (devises, bon du trésors, titres para public e.g. Fannie Mae et Freddy Mac, etc.). Plus ces titres sont proches des puissances régaliennes étrangère, plus leur sur stockage et leur sur évaluation seront favorables à la pérennisation du reflux de liquidité, à la sur-évaluation des monnaies étrangères et à la pérennisation de l'endettement de ces pays. La Chine a stocké d'importantes quantités de devises, bons du trésor et titres para publics occidentaux. Ceci dit cette histoire de sous évaluation monétaire artificielle ne doit pas cacher des phénomène de fond puissants notamment la relative perte de spécificité de l'Occident, l'ouverture économique de ces immenses pays que sont la Chine et de l'Inde, leur conversion relative à la libre entreprise, la difficulté qu'il y a à résorber rapidement sans engendrer de troubles les décalages de niveau de vie avec une moitié de la planète humaine nouvellement (et espérons le pérennement) sortis du socialisme, et a contrario les rigidités des démocraties sociales convertissant trop facilement en chômage et en déficits sociaux ces évolutions extérieures.
FVH Posté 12 décembre 2010 Auteur Signaler Posté 12 décembre 2010 Désolé de tant de temps pour répondre mais le sommeil a eu raison de moi ! Sinon, merci pour ta réponse qui m'éclaire un peu plus sur le sujet. Mais réévaluer le Yuan en tant que tel va donc créer un pouvoir d'achat supplémentaire à l'importation, mais est-ce que ce sont réellement les exportateurs américains qui vont en bénéficier ? Et pas plutôt le Japon ou les NPI justement qui pourraient représenter une offre plus adaptée ? Encore une fois merci de ta réponse, et si vous avez un livre sur ce sujet à me conseiller, je suis preneur <–< .
p.a Posté 12 décembre 2010 Signaler Posté 12 décembre 2010 une entreprise chinoise exporte 100$ et importe 50$. il lui reste 50$ et elle voudrait les dépenser chez elle en yuan mais le gouvernement lui interdit de vendre ses dollars sur le marché pour acheter des yuan car ça ferait monter le yuan et le gouvernement il veut pas car il pense qu'il faut favoriser les exportations avec un yuan bas. alors la banque centrale chinoise propose à l'entreprise chinoise de lui échanger des dollars contre des yuan au taux officiel. Elle garde les dollars (ne veut pas les vendre pour faire augmenter le yuan) et les place sur des obligations US. Quant aux yuan donnés à l'exportateur, vu qu'elle ne les a pas achetés sur le marché, soit elle les a trouvés sous la moquette, soit elle les a créés. la banque centrale se retrouve avec plein de dollars et d'obligations US puisque les entreprises chinoises exportent plus qu'elles n'importent. Et il y a de l'inflation vu que plein de yuans sont créés.
xavdr Posté 12 décembre 2010 Signaler Posté 12 décembre 2010 Le Japon est aux 1ères loges et le pb de déficit avec la Chine se pose de façon aigüe au Japon. Le pb de sous évaluation monétaire vaut pour d'autres PNI même si la Chine est l'exemple le plus lourd. Je n'ai pas étudié en détail le cas du Japon. A mon avis on gagnerait à étudier de près ce qui s'est passé au Japon. Cela fait pas mal d'années que leur banque centrale offre des taux d'intérêts proches de 0 alors qu'ils ont une croissance faible. Or ils sont aux 1ères loges avec la Chine. Le Japon est traditionnellement exportateur de biens de production. La Chine est en pleine croissance industrielle. Aussi une balance commerciale japonaise "simplement" équilibrée avec la Chine ressemble fortement à une anomalie commerciale d'origine monétaire. En outre une monnaie dont la banque centrale maintient des taux proches de 0 devient habituellement une monnaie de mauvaise qualité. Cela ressemble à une concession faite pour limiter l'effet de la sous évaluation du Yuan. Edit
Messages recommandés
Archivé
Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.