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Monnaie, pseudo-obligation de l'État


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La nature de la monnaie contemporaine est implicitement définie par le Code Monétaire, mais pas explicitement. C'est le fonctionnement administratif de la monnaie qui est décrit, et non pas sa nature juridique. L’État ne définit pas la monnaie en termes juridiques d'obligation et de droit. L’État est l’émetteur de la monnaie par le truchement de la Banque Centrale. L’État est donc le seul qui aurait pu donner légitimement une définition juridique de la monnaie.

La monnaie est aujourd’hui un "Objet Juridique Non Identifié", un OJNI. Certains économistes se résignent à dire "ne demandez pas quelle est la nature de la monnaie, mais comment elle fonctionne". Une définition claire est une condition préalable d'un raisonnement logique en science économique. Le bon économiste ne se résigne pas à étudier un objet sans en définir la nature. L'économiste s'efforce ainsi de trouver les droits et les obligations mis en oeuvre dans la création et dans l'utilisation de la monnaie. Définir juridiquement la monnaie, c'est décourir les obligations de l'émetteur de monnaie et les droits de l'utilisateur d'un support monétaire, d'un titre monétaire, d'un billet de banque. Des termes différents désignent la monnaie selon le contexte du discours. Ces termes sont souvent ambigus.

Dans les siècles anciens, la pièce d'or fut une monnaie-marchandise. Entre 1715 et 1845, pendant 130 ans, les banques écossaises étaient des sociétés commerciales concurrentes sans contrôle de l’État, ni d'une Banque Centrale. Chaque billet de ces banques écossaises était une promesse commerciale de verser de l'or. La monnaie était alors une monnaie-promesse, ou une monnaie-créance. La nature juridique de la monnaie était alors un contrat commercial de la banque émettrice. Ce contrat explicitait l'obligation unilatérale de la banque. Un tel billet de ces banques écossaises serait aujourd’hui une créance, une obligation, un titre financier, ou encore un instrument financier.

La valeur de la monnaie contemporaine provient de son pouvoir d'acheter des marchandises. L’État fait en sorte que la monnaie émise donne à l'utilisateur un certain pouvoir d'achat. Comment l'Etat procède-t-il afin que la monnaie ait ce pouvoir d'achat. C'est le monopole monétaire et le cours forcé qui donne à la monnaie son pouvoir d'achat.

Je regarde mon billet de dix euros. J'y vois « 10 euros BCE». La Banque Centrale Européenne a produit mon billet de banque. J'en suis le propriétaire. J'ai un droit de propriété sur ce billet de banque. Ce billet de banque me donne un droit. Tout droit provient de l'obligation d'un autre. La BCE a donc une obligation envers moi. Tel Sherlock Holmes, je m'enquiers de la nature de cette obligation de la BCE envers moi. Je pars à la découverte de ces obligations de la BCE envers moi. La BCE me promet que mon billet me donnera un certain pouvoir d'achat.

Lorsque je paye un commerçant avec mes euros, il accepte mon billet de 10 euros. Et j'emporte la marchandise achetée. Par quel mécanisme la BCE est-elle parvenue à honorer son obligation envers moi? D'une part le commerçant est obligé d'accepter mes euros. D'autre part, grâce au monopole monétaire, le commerçant sait que mon billet de 10 euros aura de la valeur pour lui. Le commerçant est certain de pouvoir acheter d'autres marchandises grâce au cours forcé de l'Euro. Ainsi, c'est en contraignant tous les habitants que l’État donne une valeur à la monnaie.

Le monopole monétaire et le cours forcé donnent une valeur à la monnaie. L’euro se définit ainsi par une obligation de la BCE envers chaque possesseur d'Euro. Cette obligation est la même pour un billet ou pour une somme sur un compte bancaire. Il n'existe donc pas, pour l'utilisateur, une différence de nature de l'obligation entre un billet de banque et de l'argent sur un compte bancaire. Le cours forcé contraint tout agent économique du pays à accepter cette monnaie. La valeur de chaque billet de banque, et de chaque support matériel ou informatique de cette monnaie étatique, résulte d'un pseudo-engagement, d'une pseudo-obligation de l’État.

Chaque billet de monnaie actuelle apparait ainsi comme une "pseudo-obligation" de l’État. Cette obligation de l’État existe en l'absence de contrat commercial. C'est une sorte d'obligation politique. L'existence d'une obligation de l’État est de droit et de fait. Cette définition de la monnaie contemporaine comme "pseudo-obligation" de l’État est une reconstitution juridique de la nature de la monnaie actuelle.

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Imaginez qu'en France la monnaie puisse être émise par des sociétés privées, comme en Ecosse durant la période que vous donnez. Imaginez ensuite une grande surface : elle vend des milliers de produits différents. Ou plutôt, elle achète des milliers de produits dans l'espoir de les revendre. Considérez maintenant que parmi les sociétés qui vendent à cette grande surface, toutes n'utilisent pas la même monnaie. Ne trouvez-vous pas qu'il serait très contraignant pour elle d'acheter des tas de produits à des sociétés en utilisant des monnaies différentes ? Et qu'en est-il du consommateur ? Comment fera-t-il pour payer s'y retrouver avec toutes ces monnaies différentes quand il voudra faire ses courses ?

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Imaginez qu'en France la monnaie puisse être émise par des sociétés privées, comme en Ecosse durant la période que vous donnez. Imaginez ensuite une grande surface : elle vend des milliers de produits différents. Ou plutôt, elle achète des milliers de produits dans l'espoir de les revendre. Considérez maintenant que parmi les sociétés qui vendent à cette grande surface, toutes n'utilisent pas la même monnaie. Ne trouvez-vous pas qu'il serait très contraignant pour elle d'acheter des tas de produits à des sociétés en utilisant des monnaies différentes ? Et qu'en est-il du consommateur ? Comment fera-t-il pour payer s'y retrouver avec toutes ces monnaies différentes quand il voudra faire ses courses ?

La question est : pourquoi y aurait-il 50 monnaies différentes ?

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La question est : pourquoi y aurait-il 50 monnaies différentes ?

Peut-être parce qu'il y a des millions de consomateurs et d'agent économiques différents. Que tout le monde n'a pas les mêmes convictions économiques.

Certains ne jurent que par une monnaie-promesse émise par les états. D'autres ne jurent que par une monnaie-marchandise comme l'or. D'autres souhaitent une monnaie émise par une entreprise privée.

Chercher à imposer un standard unique en matière monétaire est une forme d'autoritarisme. Certes, il est utile qu'un standard existe. Mais un tel standard doit émerger du marché, pas des esprits d'une poignée de technocrates.

Pour moi l'essentiel est qu'il existe des plateformes de change performantes entre toutes ces monnaies.

Il n'y a aucune raison d'interdire à un commerçant de vendre ses produits dans la monnaie de son choix. Si par exemple il vend contre de l'or (ou une monnaie convertible en or) et que tu veux acheter un de ses produits, tu as deux possibilités:

* tu possèdes déjà de l'or, et donc tu peux acheter directement ;

* tu ne possèdes pas d'or, mais tu as d'autres monnaies dont tu peux vendre une quantité suffisante pour acheter la quantité d'or requise par le marchand ;

Différentes monnaies, différentes réponses économiques, et le marché libre permet d'adapter les cours des monnaies aux besoins de l'économie.

Je cite l'or à dessein, car après tout l'or a été défendu comme monnaie par l'un des plus célèbres directeurs de banquie centrale américains, Alan Greenspan lui-même: http://ami.du.laissez-faire.eu/_greens1.php5

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Pour moi l'essentiel est qu'il existe des plateformes de change performantes entre toutes ces monnaies.

Il n'y a aucune raison d'interdire à un commerçant de vendre ses produits dans la monnaie de son choix. Si par exemple il vend contre de l'or (ou une monnaie convertible en or) et que tu veux acheter un de ses produits, tu as deux possibilités:

* tu possèdes déjà de l'or, et donc tu peux acheter directement ;

* tu ne possèdes pas d'or, mais tu as d'autres monnaies dont tu peux vendre une quantité suffisante pour acheter la quantité d'or requise par le marchand ;

Différentes monnaies, différentes réponses économiques, et le marché libre permet d'adapter les cours des monnaies aux besoins de l'économie.

Tout ça me paraît farfelu et peu pratique alors que le but principal de la monnaie et du marché est de réduire les coûts de transaction et faciliter les échanges. Avec un tel système je vois moultes difficultés pour l'acheteur notament pour les petits achats quotidiens. Si le boucher veut être payé en or, le boulanger en monnaie dutruc, l'épicier en monnaie dumachin ça complique beaucoup la taĉhe du client qui ira alors plutôt vers un commerçant acceptant toutes les monnaies ou utilisant une monnaie standard acceptée par toutes les banques. Je ne comprends pas l'utilité d'avoir autant de monnaie que de banques. L'histoire économique nous a donné l'or et l'argent comme standard, à quoi bon réinventer la roue ?

Que des banques garantissent leur monnaie promesse sur différents actifs soit, cela permet aux client de choisir sa banque en fonction de ces garanties, mais qu'est ce qui empêche d'emettre une monnaie marchandise standardisée acceptée par tous ? Quel est l'intérêt économique d'avoir 10000 monnaies marchandise différentes ?

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Imaginez qu'en France la monnaie puisse être émise par des sociétés privées, comme en Ecosse durant la période que vous donnez. Imaginez ensuite une grande surface : elle vend des milliers de produits différents. Ou plutôt, elle achète des milliers de produits dans l'espoir de les revendre. Considérez maintenant que parmi les sociétés qui vendent à cette grande surface, toutes n'utilisent pas la même monnaie. Ne trouvez-vous pas qu'il serait très contraignant pour elle d'acheter des tas de produits à des sociétés en utilisant des monnaies différentes ? Et qu'en est-il du consommateur ? Comment fera-t-il pour payer s'y retrouver avec toutes ces monnaies différentes quand il voudra faire ses courses ?

Imaginez qu'en France une grande surface achète des produits de part le monde entier. Considérez maintenant que parmi les sociétés qui vendent à cette grande surface, toutes n'utilisent pas la même monnaie. Ne trouvez-vous pas qu'il serait très contraignant pour elle d'acheter des tas de produits à des sociétés en utilisant des monnaies différentes ? Et qu'en est-il du consommateur ?

Imaginez maintenant un consommateur français se rendant à Londres comment fera-t'il pour payer si il n'a sur lui de livres. Il paiera avec sa carte bancaire, qui selon le contrat le liant avec sa banque paiera ou non une somme pour les frais de change.

Imaginez maintenant que vous êtes Genève, et que vous n'avez pas de carte bancaire sur vous et seulement des euros comment allez-vous faire pour payer et bien c'est simple les magasins acceptent les Francs Suisses et les euros.

Ce que vous décrivez existe déjà, et ne pose pas de problèmes, donc avoir une seule monnaie ou plusieurs sur le territoire national ne change pas grand choses, à ce titre l'Andorre c'est très bien accommodée durant des décennies de la coexistence de deux monnaies sur son territoire l'ADF valant 1 FRF et L'ADP valant 1 peseta.

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Imaginez qu'en France la monnaie puisse être émise par des sociétés privées, comme en Ecosse durant la période que vous donnez. Imaginez ensuite une grande surface : elle vend des milliers de produits différents. Ou plutôt, elle achète des milliers de produits dans l'espoir de les revendre. Considérez maintenant que parmi les sociétés qui vendent à cette grande surface, toutes n'utilisent pas la même monnaie. Ne trouvez-vous pas qu'il serait très contraignant pour elle d'acheter des tas de produits à des sociétés en utilisant des monnaies différentes ? Et qu'en est-il du consommateur ? Comment fera-t-il pour payer s'y retrouver avec toutes ces monnaies différentes quand il voudra faire ses courses ?

à l'heure de l'électronique, la conversion dans la monnaie de son choix est immédiate et sans frais. Chaque commerçant peut organiser une telle conversion automatique dans son magasin ou sur son site web. Par exemple, une puce sur un vêtement identifie la monnaie choisie. Lorsque le client avance sa main, le prix s'affiche aussitôt en euros ou en dollars.

Posté
La question est : pourquoi y aurait-il 50 monnaies différentes ?

Deux banques émettent chacune des billets de banque équivalent à l'or. Il s'agit alors de deux monnaies différentes. Pourtant, un commerçant acceptera indifféremment l'une ou l'autre monnaie. Il les considérera comme égales entre elles. Ainsi, il peut exister 50 monnaies équivalents à l'or, mais toutes différentes, sans que cela gêne les échanges commerciaux.

Posté
Tout ça me paraît farfelu et peu pratique alors que le but principal de la monnaie et du marché est de réduire les coûts de transaction et faciliter les échanges.

Oui, un but de la monnaie est de réduire le coût de transaction des échanges. C'est le marché libre des monnaie qui dira comment les clients et les vendeurs préfèrent réduire leurs coûts de transaction. Il serait présomptueux d'affirmer, a priori, que l'obligation légale d'une seule monnaie réduirait les coûts de transaction.

Avec un tel système je vois moultes difficultés pour l'acheteur notament pour les petits achats quotidiens. Si le boucher veut être payé en or, le boulanger en monnaie dutruc, l'épicier en monnaie dumachin ça complique beaucoup la taĉhe du client qui ira alors plutôt vers un commerçant acceptant toutes les monnaies ou utilisant une monnaie standard acceptée par toutes les banques.

Vous donnez vous-même la réponse à votre question. Seul le jeu libre du marché donnera la réponse. Peut-être le client imposera au commerçant d'accepter sa monnaie. Ou peut-être le vendeur imposera au client telle monnaie afin que le client bénéficie de prix plus bas. Nul ne peut prévoir à l'avance la réponse du marché.

Je ne comprends pas l'utilité d'avoir autant de monnaie que de banques. L'histoire économique nous a donné l'or et l'argent comme standard, à quoi bon réinventer la roue ?

Non, les monnaies furent infiniment plus diverses que l'or et l'argent. L'or et l'argent, et d'autres marchandises, devaient avoir les trois qualité classiques de la monnaie: facilité d'échange, stabilité de la valeur, et divisibilité. Grâce à l'électronique, les monnaie-promesse sont a priori toutes des bonnes candidates à devenir des monnaies. Tout titre financier peut devenir une monnaie. Le nombre de monnaie-promesse peut augmenter à l'infini.

Que des banques garantissent leur monnaie promesse sur différents actifs soit, cela permet aux client de choisir sa banque en fonction de ces garanties, mais qu'est ce qui empêche d'emettre une monnaie marchandise standardisée acceptée par tous ?

Seul l'Etat peut interdire qu'un tel standard puisse exister ET être accepté par tous.

Quel est l'intérêt économique d'avoir 10000 monnaies marchandise différentes ?

Seul le marché donnera la réponse à votre question. Mais il est, dès à présent, possible de deviner les réponses du marché dans une zone de freebanking.

Invité jabial
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En admettant que l'on vive dans un pays où il y a un Etat, dans quelle monnaie le contribuable paiera-t-il ses impôts ?

Dans la monnaie où l'État en question réclame ses impôts.

Ce que tu veux sans doute dire, c'est plutôt : "dans quelle monnaie seront-ils calculés ?"

À mon sens, le plus logique est d'utiliser la monnaie de la transaction imposée, ce qui revient à effectuer le change au moment du paiement de l'impôt.

Posté
Dans la monnaie où l'État en question réclame ses impôts.

Ce que tu veux sans doute dire, c'est plutôt : "dans quelle monnaie seront-ils calculés ?"

À mon sens, le plus logique est d'utiliser la monnaie de la transaction imposée, ce qui revient à effectuer le change au moment du paiement de l'impôt.

Justement, effectuer un change est une contrainte, et ça coûte de l'argent.

Posté
Justement, effectuer un change est une contrainte, et ça coûte de l'argent.

Pas forcément car vous ne posséderez pas tous dans la même monnaie et sauf à ce que la monnaie qu'utilise l'état soit une monnaie de singe, vous en aurez.

Posté
Justement, effectuer un change est une contrainte, et ça coûte de l'argent.

Ceux qui préfèrent éviter cette contrainte peuvent tenir leurs comptes dans la monnaie de l'état et refuser les clients riches qui veulent payer en or…

Dans le cadre d'un impôt, c'est marrent, moi la contrainte, je la sens plus dans le nominal que je dois payer que dans le spread que prends le cambiste, mais bon, la subjectivité de la valeur, tout ça…

Posté
Que des banques garantissent leur monnaie promesse sur différents actifs soit, cela permet aux client de choisir sa banque en fonction de ces garanties, mais qu'est ce qui empêche d'emettre une monnaie marchandise standardisée acceptée par tous ? Quel est l'intérêt économique d'avoir 10000 monnaies marchandise différentes ?

Pour les mêmes raisons qui font qu'il est bon qu'il existe plusieurs marques de café, de voitures, plusieurs fabriquants de pizzas et de papier toilette.

Une monnaie est un outil qui répond à un besoin. Il existe plusieurs façons de répondre à ce besoin. Certes il serait utile qu'il existe un standard en matière monétaire, tout comme il serait plus simple s'il existait une seule marque de café (ça éviterait l'embarras du choix, ou d'avoir à changer de magasin si je n'y trouve pas ma marque préférée). Mais c'est au marché de décider quelle produit doit s'imposer contre les autres. Un standard doit émerger de la diversité, et non d'une décision autoritaire. La concurrence monétaire est utile car elle permet l'émergence de solutions plus efficaces. Elle permet l'innovation.

Posté
Oui, un but de la monnaie est de réduire le coût de transaction des échanges. C'est le marché libre des monnaie qui dira comment les clients et les vendeurs préfèrent réduire leurs coûts de transaction. Il serait présomptueux d'affirmer, a priori, que l'obligation légale d'une seule monnaie réduirait les coûts de transaction.

Seul le jeu libre du marché donnera la réponse. Peut-être le client imposera au commerçant d'accepter sa monnaie. Ou peut-être le vendeur imposera au client telle monnaie afin que le client bénéficie de prix plus bas. Nul ne peut prévoir à l'avance la réponse du marché.

Les monnaies furent infiniment plus diverses que l'or et l'argent. L'or et l'argent, et d'autres marchandises, devaient avoir les trois qualité classiques de la monnaie: facilité d'échange, stabilité de la valeur, et divisibilité. Grâce à l'électronique, les monnaie-promesse sont a priori toutes des bonnes candidates à devenir des monnaies. Tout titre financier peut devenir une monnaie. Le nombre de monnaie-promesse peut augmenter à l'infini.

Une monnaie entièrement dématérialisée (porte monnaie électronique), avec une valeur et un change géré automatiquement en temps réel me semble (comme ça) une idée séduisante. En effet, si je paie avec une monnaie promesse "demabanque" dématérialisée et qu'au moment T de l'échange corrélé aux cours des marchés, il est plus avantageux pour les 2 parties que la valeur tangible de la transaction interbancaire soit du blé, du métal… ou des actions ce serait certainement plus dynamique que de la monnaie fiat. Mais peut on encore parler de monnaie dans ce cas ? Ne pourrions nous pas nous passer tout à fait de monnaie par ce biais et n'avoir que le marché ?

Posté
Une monnaie entièrement dématérialisée (porte monnaie électronique), avec une valeur et un change géré automatiquement en temps réel me semble (comme ça) une idée séduisante. En effet, si je paie avec une monnaie promesse "demabanque" dématérialisée et qu'au moment T de l'échange corrélé aux cours des marchés, il est plus avantageux pour les 2 parties que la valeur tangible de la transaction interbancaire soit du blé, du métal… ou des actions ce serait certainement plus dynamique que de la monnaie fiat. Mais peut on encore parler de monnaie dans ce cas ? Ne pourrions nous pas nous passer tout à fait de monnaie par ce biais et n'avoir que le marché ?

Oui, on pourrait. C'est même ce qu'on fait de plus en plus, sans que tout le monde s'en rende réellement compte:

Si l'émission de monnaie reste à l'heure actuelle le monopole des banques centrales et un attribut régalien fondamental, l'émergence de nouvelles formes de marchés financiers a ôté une grande partie de son intérêt au concept de monnaie privée. En effet, le fort développement depuis le début des années 1980 des marchés à terme d'instruments financiers et des autres produits dérivés permet aux entreprises et aux banques de constituer sur mesure et de détenir des titres présentant toute combinaison raisonnable de liquidité et de risque. De ce fait, les échanges de titres sur les marchés financiers ont accaparé une grande partie des bénéfices que pourraient trouver les banques à l'émission de monnaie privée. Le montant quotidien de tels échanges est ainsi supérieur à la totalité de la masse monétaire mondiale, à tel point que certains économistes (Maurice Allais, Joseph Stiglitz,…) estiment que la monnaie est désormais de facto essentiellement privée, les banques centrales n'ayant en quelque sorte plus d'autre choix que de suivre le mouvement global imposé par les banques commerciales.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Monnaie_priv%….A9s_financiers

Posté
Une monnaie entièrement dématérialisée (porte monnaie électronique), avec une valeur et un change géré automatiquement en temps réel me semble (comme ça) une idée séduisante. En effet, si je paie avec une monnaie promesse "demabanque" dématérialisée et qu'au moment T de l'échange corrélé aux cours des marchés, il est plus avantageux pour les 2 parties que la valeur tangible de la transaction interbancaire soit du blé, du métal… ou des actions ce serait certainement plus dynamique que de la monnaie fiat.

Oui, une monnaie est définie comme tout bien économique qui a ces trois qualités: divisibilité, stabilité de sa valeur, et facile à échanger. Lorsqu'une monnaie se rapproche de ces trois critères, elle est une bonne monnaie. Aucun bien économique ne possèdera jamais entièrement ces trois qualités définissant une monnaie. Un instrument financier peut ainsi être une bonne monnaie. Toute marchandise peut devenir une monnaie, mais rarement une bonne monnaie.

Le critère monétaire de stabilité de la valeur est, bien évidement, un critère qui sera toujours très imparfait.

Mais peut on encore parler de monnaie dans ce cas ? Ne pourrions nous pas nous passer tout à fait de monnaie par ce biais et n'avoir que le marché ?

Pour échanger, il n'existe que le troc ou la monnaie. Le troc est un moyen d'échange de médiocre qualité. Le troc permet moins souvent de trouver une transaction équilibrée et acceptable entre les deux co-échangeurs. Le troc est donc marginal. Une bonne monnaie est nécessaire à des échanges commerciaux de qualité. Mais il est facile de fabriquer des instruments financiers qui soient de bonnes monnaies pour certains agents économiques.

Posté
citation:

Si l'émission de monnaie reste à l'heure actuelle le monopole des banques centrales et un attribut régalien fondamental, l'émergence de nouvelles formes de marchés financiers a ôté une grande partie de son intérêt au concept de monnaie privée. En effet, le fort développement depuis le début des années 1980 des marchés à terme d'instruments financiers et des autres produits dérivés permet aux entreprises et aux banques de constituer sur mesure et de détenir des titres présentant toute combinaison raisonnable de liquidité et de risque. De ce fait, les échanges de titres sur les marchés financiers ont accaparé une grande partie des bénéfices que pourraient trouver les banques à l'émission de monnaie privée. Le montant quotidien de tels échanges est ainsi supérieur à la totalité de la masse monétaire mondiale, à tel point que certains économistes (Maurice Allais, Joseph Stiglitz,…) estiment que la monnaie est désormais de facto essentiellement privée, les banques centrales n'ayant en quelque sorte plus d'autre choix que de suivre le mouvement global imposé par les banques commerciales.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Monnaie_priv%….A9s_financiers

Oui, voir banque de second rang. http://www.wikiberal.org/wiki/Banque_de_second_rang

La BNP, par exemple, peut émettre des euros sans que ces euros soient garantis par la Banque Centrale. Ainsi les comptes bancaires des clients BNP sont en euro-BNP. Si le client de la BNP paye un fournisseur ayant un compte BNP, des euros-BNP sont virés d'un compte BNP à un autre compte BNP. Ces euros-BNP circulent ainsi comme une "monnaie privée" sans intervention de la Banque Centrale.

Le client de la BNP remet des euros-BNP à son fournisseur dont la banque est HSBC. L'argent sera transféré depuis la BNP jusqu'à la banque HSBC. La BNP doit donc acheter des euros à la Banque Centrale pour virer de l'argent de Banque Centrale à HSBC. Sauf si HSBC reçoit une reconnaissance de dette de la BNP.

Afin d'éviter de limiter l'emprunt de la couteuse monnaie de Banque Centrale, les banques de second rang préfèrent souvent se prêter entre elles à un taux d’intérêt plus faible. Ainsi, ces prêts interbancaires permettent une augmentation de monnaie privée euro-BNP et des autres monnaies privées des autres banques de second rang.

Posté
Oui, voir banque de second rang. http://www.wikiberal.org/wiki/Banque_de_second_rang

La BNP, par exemple, peut émettre des euros sans que ces euros soient garantis par la Banque Centrale. Ainsi les comptes bancaires des clients BNP sont en euro-BNP. Si le client de la BNP paye un fournisseur ayant un compte BNP, des euros-BNP sont virés d'un compte BNP à un autre compte BNP. Ces euros-BNP circulent ainsi comme une "monnaie privée" sans intervention de la Banque Centrale.

Le client de la BNP remet des euros-BNP à son fournisseur dont la banque est HSBC. L'argent sera transféré depuis la BNP jusqu'à la banque HSBC. La BNP doit donc acheter des euros à la Banque Centrale pour virer de l'argent de Banque Centrale à HSBC. Sauf si HSBC reçoit une reconnaissance de dette de la BNP.

Afin d'éviter de limiter l'emprunt de la couteuse monnaie de Banque Centrale, les banques de second rang préfèrent souvent se prêter entre elles à un taux d’intérêt plus faible. Ainsi, ces prêts interbancaires permettent une augmentation de monnaie privée euro-BNP et des autres monnaies privées des autres banques de second rang.

Ce n'est pas du tout comme ça que j'avais compris le paragraphe.

En parlant du "développement depuis le début des années 1980 des marchés à terme d'instruments financiers et des autres produits dérivés", on parle clairement des contrats futures, swaps, options, warrants, mise en pensions etc. Le sous-jacent n'a pas à être nécessairment une devise nationale.

L'idée est que ces intruments financiers jouent pleinement le rôle qu'auraient pu jouer des monnaies privées.

Dans l'absolu, j'ai même personnellement envie d'ajouter les actions elles-mêmes, qui finalement sont en quelque sorte assimilables à de la monnaie. Les entreprises ne rémunèrent-elles pas d'ailleurs de plus en plus souvent leurs cadres avec des actions ou des options d'achat sur ces actions?

C'est un point de vue intéressant amha sur les problématiques monétaires. Dans la finance moderne, les devises nationales ne plus sont que la partie émergée de l'iceberg.

Posté
Ce n'est pas du tout comme ça que j'avais compris le paragraphe.

Oui. Ma réponse était partielle et élémentaire. Votre ajout sur les instruments financiers est nécessaire.

En parlant du "développement depuis le début des années 1980 des marchés à terme d'instruments financiers et des autres produits dérivés", on parle clairement des contrats futures, swaps, options, warrants, mise en pensions etc. Le sous-jacent n'a pas à être nécessairment une devise nationale.

Une monnaie est un instrument financier parmi d'autres. Une monnaie peut se définir aujourd’hui comme un instrument financier non taxé. La monnaie nationale peut se définir comme un instrument financier dont le sous-jacent serait un indice des prix. Ou plutôt, une monnaie nationale est un pseudo instrument financier émis par l'Etat.

Les instruments financiers s’achète et se vendent en utilisant une monnaie nationale. La monnaie nationale influe ainsi beaucoup sur les transactions financières. L'usage d'un instrument financier comme monnaie serait interdit. La monnaie nationale officielle est l'unité de mesure obligatoire des instruments financiers. Cela limite leur rôle de monnaie. Les monnaies privées des banques, par exemple un "euroBNP, utilisent le même valorimètre que la monnaie nationale. Cela limite leur champ d'utilisation.

L'idée est que ces intruments financiers jouent pleinement le rôle qu'auraient pu jouer des monnaies privées.

Une monnaie se définit par un contrat d'émission monétaire. Ce contrat d'émission monétaire indique comment est calculée, ou évaluée, la monnaie. Un instrument financier répond à la même définition. Mais leur rôle est limité par l'obligation de l'utilisation de la monnaie nationale et l'interdiction d'en utiliser une autre.

Dans l'absolu, j'ai même personnellement envie d'ajouter les actions elles-mêmes, qui finalement sont en quelque sorte assimilables à de la monnaie. Les entreprises ne rémunèrent-elles pas d'ailleurs de plus en plus souvent leurs cadres avec des actions ou des options d'achat sur ces actions?

Oui. une SICAV de trésorerie suffisamment grosse pourrait devenir une monnaie plus agréable que la monnaie nationale. Mais le monopole étatique l'interdit. Seule l'interdiction légale interdit qu'il existe d'autres monnaies.

C'est un point de vue intéressant amha sur les problématiques monétaires. Dans la finance moderne, les devises nationales ne plus sont que la partie émergée de l'iceberg.

En imposant une monnaie, l'Etat impose l'étalon de mesure de la monnaie et interdit aux acteurs économiques l'usage d'un autre étalon de mesure de la monnaie, l'usage d'un autre valorimètre de monnaie.

Posté
Oui. une SICAV de trésorerie suffisamment grosse pourrait devenir une monnaie plus agréable que la monnaie nationale. Mais le monopole étatique l'interdit. Seule l'interdiction légale interdit qu'il existe d'autres monnaies.

Vous semblez ne pas comprendre mon propos, qui consiste à dire qu'une action est, de facto, assimilable à une monnaie.

Par exemple, quand je veux acheter un truc qui coute 100€, j'ai besoin de débloquer 100€. Je ne possède pas cet argent sur mon compte, alors je vends une action Hermes à 100€, ce qui me permet d'effectuer l'achat. C'est exactement comme si j'avais vendu 135$ sur le marché des changes pour obtenir 100€. Une action Hermes est assimilable à une monnaie privée émise par la société Hermes, gagée par ses bénéfices annuels et son droit de vote à l'assemblée.

L'état ne peut rien contre ça car il ne se rend même pas compte du caractère monétaire de la plupart des instruments financiers. Il pourra mettre toutes les interdictions qu'il voudra sur le droit de frapper la monnaie, tant que les marchés financiers seront un minimum libres, ça n'aura aucun véritable sens.

Posté
Vous semblez ne pas comprendre mon propos, qui consiste à dire qu'une action est, de facto, assimilable à une monnaie.

Oui. Toute action peut servir de monnaie. Un instrument financier ayant cette action comme sous-jacent serait une meilleure monnaie. Ce qui tue son rôle de monnaie est l'existence d'une taxe sur les échanges. Ou une obligation légale coûteuse.

Par exemple, quand je veux acheter un truc qui coute 100€, j'ai besoin de débloquer 100€. Je ne possède pas cet argent sur mon compte, alors je vends une action Hermes à 100€, ce qui me permet d'effectuer l'achat. C'est exactement comme si j'avais vendu 135$ sur le marché des changes pour obtenir 100€. Une action Hermes est assimilable à une monnaie privée émise par la société Hermes, gagée par ses bénéfices annuels et son droit de vote à l'assemblée.

Oui.

L'état ne peut rien contre ça car il ne se rend même pas compte du caractère monétaire de la plupart des instruments financiers. Il pourra mettre toutes les interdictions qu'il voudra sur le droit de frapper la monnaie, tant que les marchés financiers seront un minimum libres, ça n'aura aucun véritable sens.

L’État met rarement une interdiction formelle. Pour conserver un monopole suffisant, l’État taxe. Une taxe infime suffit à réduire l'usage monétaire d'un instrument financier.

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