Zax Posté 9 février 2011 Signaler Posté 9 février 2011 Bonsoir, Je me demande, dans la poursuite de ma quête de connaissance du libéralisme, pour quel(s) motif(s) certaines personnes n'ayant pas de visées totalitaires, maintiennent une telle emprise de l'Etat sur la société civile. En effet, je pense que l'Etat est nécessaire pour certaines choses, mais pas pour tout. On voit l'Etat partout en France, et je dois dire que moi aussi je commence à étouffer. Pourquoi certains pensent que l'Etat sait mieux que la société civle, que "l'Etat est la conscience claire de la société" (Durkheim) ? Car en effet, si l'Etat peut favoriser le développement très rapide d'un secteur en injectant des fonds, cela ne veut pas dire que l'Etat sache définir ce qui est prioritaire ou non. Pourquoi tout réglementer ? Cela me semble un obstacle, car une norme est faite pour répondre à une situation précise, et si une personne est habituée à suivre les normes, si aucune norme ne convient à la situation à laquelle elle est confrontée, elle n'agit pas. En plus, une réglementation peut faire émerger des problèmes, auxquels on va répondre par de nouvelles réglementations, et ainsi de suite. C'est dramatique.
Esperluette Posté 9 février 2011 Signaler Posté 9 février 2011 Le mécanisme redistributif participe à ces surenchères. Quand on verse du pognon, c'est assez naturel qu'on veuille savoir ce qu'il devient. Là, c'est à l'échelle où chacun reçoit du fric et chacun en donne, l'Etat décidant des prélèvements et des allocations, chacun tirant la couverture pour payer moins et recevoir davantage. Le pognon, on trouve toujours quoi en faire. Comme les conduites des individus se répercutent sur leurs finances et par extension sur celles de tous et chacun via l'Etat, on est en quelque sorte obligés de s'intéresser à ce que chacun fait de son pognon et, par extension, de sa vie.
Zax Posté 10 février 2011 Auteur Signaler Posté 10 février 2011 Le mécanisme redistributif participe à ces surenchères. Quand on verse du pognon, c'est assez naturel qu'on veuille savoir ce qu'il devient. Là, c'est à l'échelle où chacun reçoit du fric et chacun en donne, l'Etat décidant des prélèvements et des allocations, chacun tirant la couverture pour payer moins et recevoir davantage. Le pognon, on trouve toujours quoi en faire. Comme les conduites des individus se répercutent sur leurs finances et par extension sur celles de tous et chacun via l'Etat, on est en quelque sorte obligés de s'intéresser à ce que chacun fait de son pognon et, par extension, de sa vie. A vrai dire, je ne pensais pas spécialement au mécanisme redistributif, mais effectivement cela rentre dans ce que je dis, apparemment. Mais l'Etat nous étouffe beaucoup, par exemple : il est obligatoire de faire un contrôle technique sur sa voiture, de même qu'il est obligatoire d'assurer sa voiture. Si je pense être quelqu'un de très prudent, ou que je me contrefiche de l'Etat dans lequel elle est, pourquoi l'Etat veut-il me forcer à faire un contrôle technique, à aller voir un garagiste, qui finalement peut remercier l'Etat d'avoir mis cette réglementation en place. On doit aussi avoir un permis de conduire pour conduire. Cela peut paraître bête, mais il y a longtemps, j'avais appris à la télévision qu'en Belgique on conduisait sans permis jusqu'en 1967. En France il est obligatoire depuis 1922 (depuis 1893 on parlait de certificat). Or, passer un permis coûte extrêmement cher, et les auto écoles ont le monopole…. On pourrait très bien se dire qu'une personne n'a pas besoin de permis de conduire, peut conduire dès 18 ans, et que si elle cause un dommage à quelqu'un elle paie une amande, ou va en prison selon le cas. On pourrait très bien imaginer que mon père m'apprenne à conduire, par exemple. Autre exemple d'étouffement, les participations dans les entreprises par la Caisse des dépôts et consignations. Il y a peut-être deux semaines, je voyais sur un topic du forum que ladite caisse a des parts dans des tas d'entreprises françaises, dont de très grosses entreprises, comme Areva (ou Veolia, je ne me souviens plus). La liste est très longue. Pourquoi l'Etat veut-il détenir des parts partout, et tout planifier ?
Esperluette Posté 10 février 2011 Signaler Posté 10 février 2011 Ce n'est pas forcément l'Etat en mode systématique et bien organisé, je pense qu'on oublie les gens ayant l'attention du gouvernement (ou des administrations) et qui réussissent à arracher des subventions, des réglementations favorables ou à bénéficier d'un monopole. Il suffit parfois de bien manoeuvrer auprès des bonnes personnes, d'agiter quelques assoces bruyantes, de brandir des concepts apparemment nobles, hop. Il y a pas mal d'indifférents dépourvus d'avis et ne cherchant pas à en acquérir un (perso, les bagnoles, hein…). L'indifférence, ça ne motive pas trop les gens pour agir. Ensuite, une fois devant le fait accompli, ils font les frais de ces campagnes grignotant insidieusement leurs libertés et instaurant l'Etat en arbitre des fonds et par extension des conduites sur tout et n'importe quoi.
Zax Posté 10 février 2011 Auteur Signaler Posté 10 février 2011 Ce désir d'étouffer la société civile vient de Colbert ?
Esperluette Posté 10 février 2011 Signaler Posté 10 février 2011 Je ne sais pas. Ca vient de la démocratie, où tout est négociable.
gdm Posté 14 février 2011 Signaler Posté 14 février 2011 Ce désir d'étouffer la société civile vient de Colbert ? La nature de tout pouvoir politique est de vouloir croître sans cesse. De même que l'entrepreneur cherche à devenir plus riche, l'Etat cherche constamment à devenir plus puissant. Le gouvernant se persuade de savoir mieux que les habitants ce qui leur convient, ce qui convient au pays. Et ensuite, l'Etat se fait un devoir d'imposer ce qui lui semble bien. Il y a pas mal d'indifférents dépourvus d'avis et ne cherchant pas à en acquérir un (perso, les bagnoles, hein…). L'indifférence, ça ne motive pas trop les gens pour agir. C'est le théorème de l'ignorance rationnelle. Chacun évite de consacrer du temps, de perdre du temps sur un sujet qui ne bougera pas quoiqu'on fasse.
Zax Posté 14 février 2011 Auteur Signaler Posté 14 février 2011 La nature de tout pouvoir politique est de vouloir croître sans cesse. De même que l'entrepreneur cherche à devenir plus riche, l'Etat cherche constamment à devenir plus puissant. Le gouvernant se persuade de savoir mieux que les habitants ce qui leur convient, ce qui convient au pays. Et ensuite, l'Etat se fait un devoir d'imposer ce qui lui semble bien. Mais pour dire, comme Durkheim, que "L'Etat est la conscience claire de la société", il faut avoir un mode de pensée très particulier. Même moi, qui pense que l'Etat est nécessaire pour assurer la sécurité (je ne suis pas anarcap), je ne vais pas aussi loin, du moins plus maintenant. Les anciens du forum peuvent témoigner de mon étatisme hyper développé lorsque je suis arrivé.
Hank Rearden Posté 16 février 2011 Signaler Posté 16 février 2011 La nature de tout pouvoir politique est de vouloir croître sans cesse. De même que l'entrepreneur cherche à devenir plus riche, l'Etat cherche constamment à devenir plus puissant. Je complèterais en rajoutant que le mécanisme principal de cette hypertrophie étatique est la prise en compte de l'irresponsabilité d'une portion minoritaire de la population comme prétexte à la règlementation. Autrement dit, on légifère, on met la liberté de la majorité en coupes réglées sous la puissance de l'état au prétexte qu'une minorité montre un comportement irresponsable.
gdm Posté 16 février 2011 Signaler Posté 16 février 2011 Je complèterais en rajoutant que le mécanisme principal de cette hypertrophie étatique est la prise en compte de l'irresponsabilité d'une portion minoritaire de la population comme prétexte à la règlementation. Autrement dit, on légifère, on met la liberté de la majorité en coupes réglées sous la puissance de l'état au prétexte qu'une minorité montre un comportement irresponsable. L'Etat dispose d'un arsenal de procédés de fabrication d'illusions. François Guillaumat les a répertoriées dans sa théorie de l'illusion fiscale. Le prétexte de l'irresponsabilité de quelques uns est un des procédés utilisés par l'Etat pour fabriquer une illusion efficace. Une illusion fiscale, ou illusion étatique accompagne nécessairement toute action entreprise par l'Etat. Aucune action de l'Etat n'est envisageable sans la justifier sur une imposante illusion. Le coût de fabrication des illusions est parfois très important. La fabrication d'une illusion est toujours plus importante à accomplir que l'action apparente de l'Etat. Le but ultime, direct ou indirect, de l'action de l'Etat est toujours la fabrication d'une illusion fiscale.
Yul Posté 18 février 2011 Signaler Posté 18 février 2011 le socialisme, le constructivisme, l'étatisme et la technocratie en général découlent de quelques biais cognitifs et culturels, tous malsains, dont l'un d'eux est la loi de l'instrument: The concept known as the law of the instrument, Maslow's hammer, or a golden hammer is an over-reliance on a familiar tool; as Abraham Maslow said in 1966, "It is tempting, if the only tool you have is a hammer, to treat everything as if it were a nail."[1]Contents [hide] [edit] History The sentiment that people look for cure-alls, and over-use familiar tools, is likely traditional; see panacea. Likewise, the use of a hammer and nail as imagery are likely as old as hammers and nails, or even the use of rocks as tools, which the hammer evokes.[citation needed] The first known statement of the concept was Abraham Kaplan's, in 1964:[2] "I call it the law of the instrument, and it may be formulated as follows: Give a small boy a hammer, and he will find that everything he encounters needs pounding." Maslow's hammer, popularly phrased as "if all you have is a hammer, everything looks like a nail" and variants thereof, is from Abraham Maslow's The Psychology of Science, published in 1966.[1] The hammer and nail metaphor may not be original to Kaplan or Maslow, and has been attributed to Mark Twain, though there is no documentation of this origin in Twain's published writings.[3] It has also been called the law of the hammer,[4] attributed both to Maslow[5] and to Kaplan.[6] The notion of a golden hammer, "a familiar technology or concept applied obsessively to many software problems", has been introduced into the information technology literature in 1998 as an anti-pattern: a programming practice to be avoided.[7] [edit] Related phenomena Other forms of narrow-minded instrumentalism include: déformation professionnelle, a French term for "looking at things from the point of view of one's profession", and regulatory capture, the tendency for regulators to look at things from the point of view of the profession they are regulating. The opposite of using a golden hammer would be using the "right tool for the job".
ph11 Posté 19 février 2011 Signaler Posté 19 février 2011 A vrai dire, je ne pensais pas spécialement au mécanisme redistributif, mais effectivement cela rentre dans ce que je dis, apparemment. Mais l'Etat nous étouffe beaucoup, par exemple : il est obligatoire de faire un contrôle technique sur sa voiture, de même qu'il est obligatoire d'assurer sa voiture. Si je pense être quelqu'un de très prudent, ou que je me contrefiche de l'Etat dans lequel elle est, pourquoi l'Etat veut-il me forcer à faire un contrôle technique, à aller voir un garagiste, qui finalement peut remercier l'Etat d'avoir mis cette réglementation en place. Je dirais probablement pour obliger le conducteur de ne pas avoir d'accident qui pourrait coûter à la sécu obligatoire, tout comme les volontés d'interdiction du tabac ou l'obligation de mettre des atténuateurs de volume dans les bars, qui font que lorsque je joue du jazz en formation semi-acoustique dans un bar à Paris, je dois faire très attention de ne pas monter en volume avec mon saxophone car cela coupe le volume de la basse électrique et le Rhodes qui passent par la sono…
gdm Posté 19 février 2011 Signaler Posté 19 février 2011 Mais pour dire, comme Durkheim, que "L'Etat est la conscience claire de la société", il faut avoir un mode de pensée très particulier. Même moi, qui pense que l'Etat est nécessaire pour assurer la sécurité (je ne suis pas anarcap), je ne vais pas aussi loin, du moins plus maintenant. Les anciens du forum peuvent témoigner de mon étatisme hyper développé lorsque je suis arrivé. Parlez de "conscience claire" est de la poésie, ou de la propagande. L'Etat crée des illusions pour incarner l'idée de patrie, pour incarner l'idée de nation, pour incarner "la société". Afin d'incarner la sécurité, l'Etat a le monopole des moyens de sécurité. L'Etat interdit aux citoyens tout moyen efficace de se défendre contre des agressions sur leurs biens ou sur leur personne. Afin d'incarner la Justice, l'Etat a le monopole des Tribunaux même pour des litiges privés. L'Etat interdit aux particulier le droit de régler leurs litiges par un tribunal convenu d'un commun accord. L'Etat usurpe le pouvoir social, usurpe les fonctions juridiques. L'Etat usurpe son incarnation de la nation, usurpe son incarnation de la société.
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