Déterminisme social et libéralisme

[Dranem]

Bonjour à tous,

 

L'autre jour je débattais avec un ami, et à un moment il me dit que son problème avec les libéraux est qu'on ne prend pas en compte le déterminisme social (à savoir que le libre arbitre de l'individu ne l'est pas vraiment car il est biaisé par son éducation, environnement, etc...) dans nos réflexions. Ce à quoi je répond que je pense que la plupart des libéraux ne nient pas qu'il puisse exister un déterminisme social, mais qu'ils ne jugent pas l'état légitime et efficace pour le corriger (ni même qu'il soit toujours souhaitable de le corriger, mais on parlait plutôt des milieux pauvres et des enfants qui n'en sortent pas car certains choix ne leur viennent pas à l'esprit, du à leur éducation). Cependant lorsqu'il m'a demandé si je connaissais des articles libéraux sur le sujet, je n'en ai pas vraiment trouvé, ou seulement indirectement connectés.

 

Donc ma question est la suivante : Connaissez vous des écrits libéraux abordant le thème du déterminisme social ?

 

Merci

[Hank Rearden]

Les socialistes font toujours l'amalgame entre le libre arbitre et la liberté politique. Le premier concerne les choix d'un individu. Le second l'action des autres sur un individu.

Ces deux libertés ne se recouvrent pas. Le déterminisme individuel est compatible avec la liberté politique.

La liberté du libéral c'est l'absence de coercition, l'absence d'action des autres sur ses propres choix (la liberté politique donc) et ses propres choix eux peuvent être déterminés par une situation sociale (même s' il est possible de penser que le déterminisme individuel n'existe pas ou que le libre arbitre existe)

relire hobbes qui n'était pas libéral mais qui a dit de bonnes choses.

[Gio]

Bonjour à tous,

 

L'autre jour je débattais avec un ami, et à un moment il me dit que son problème avec les libéraux est qu'on ne prend pas en compte le déterminisme social (à savoir que le libre arbitre de l'individu ne l'est pas vraiment car il est biaisé par son éducation, environnement, etc...) dans nos réflexions. Ce à quoi je répond que je pense que la plupart des libéraux ne nient pas qu'il puisse exister un déterminisme social, mais qu'ils ne jugent pas l'état légitime et efficace pour le corriger (ni même qu'il soit toujours souhaitable de le corriger, mais on parlait plutôt des milieux pauvres et des enfants qui n'en sortent pas car certains choix ne leur viennent pas à l'esprit, du à leur éducation). Cependant lorsqu'il m'a demandé si je connaissais des articles libéraux sur le sujet, je n'en ai pas vraiment trouvé, ou seulement indirectement connectés.

 

Donc ma question est la suivante : Connaissez vous des écrits libéraux abordant le thème du déterminisme social ?

 

Merci

Vieux débat. Il y a déjà eu des topics là dessus. Déjà la première réponse à faire est que sa vision du déterminisme social est elle-même déterminée. Ton interlocuteur, où les politiques qu'il soutient, sont eux-même déterminés. Si la population est aveugle et que les politiques sont une élite émancipés qui va imposer à la population sa vision du bonheur contre son gré, il s'agit très clairement d'une dictature. (La démocratie n'a d'ailleurs aucun sens dans ce cadre.)

 

Ensuite, il y a beaucoup d'auteurs à convoquer. Le sociologue Raymond Boudon par exemple. (Un article intéressant sur le sujet.)

[Noob]

Je répondrais tout d'abord que s'il y a bien un coupable dans le rôle du renforcement du déterminisme sociale c'est bien l'état.

Que ce soit dans ces tentatives d'instaurer à l'école de nouvelles méthodes pédagogiques, l'attribution à des bleusailles les collèges les plus problématiques ou encore aujourd'hui les combines pour éviter de noter les élèves pour camoufler l'échec.

Il y a aussi le cantonnement des pauvres dans des zones spécifiques surtout pas trop proches des beaux quartiers des centres villes.

Évidemment on ne le dit pas comme ça, mais on dit qu'il faut construire des logements sociaux.

 

Je rappellerai ici le témoignage d'un ancien dont la maman avait du se battre contre les services sociaux français pour ne pas aller en banlieue.

 

Alors évidemment la solution serait de remplacer les mauvais fonctionnaires des ministères concernés par de meilleurs (forcément c'est toujours l'autre le mauvais), mais force est de constater qu'après des dizaines d'années de promesses de changement, on a toujours pas d'amélioration notable du système. La seule chose à laquelle on assiste est que sous les prétextes de réforme et de mise en oeuvre de programme amélioré, on a surtout organisé le contrôle tatillon du travail des enseignants. On a remplacer la confiance  placée dans le maître et l'initiative personnelle par l'inspection et la paperasse.

[Gio]

Je répondrais tout d'abord que s'il y a bien un coupable dans le rôle du renforcement du déterminisme sociale c'est bien l'état.

Mais l'État est au service du capitalisme, comme chacun le sait.

[Noob]

Raison de plus pour être libéral , 3..2..1, mind blown.

[Elphyr]

Ce post était prévu il y a 14,5 milliard d'années. 

[Gio]

Et le fait qu'on puisse se rendre compte que tout était déterminé depuis le big bang (y compris La danse des canards) était aussi déterminé.

[Johnathan R. Razorback]

Je répondrais tout d'abord que s'il y a bien un coupable dans le rôle du renforcement du déterminisme social c'est bien l'état.

Que ce soit dans ces tentatives d'instaurer à l'école de nouvelles méthodes pédagogiques, l'attribution à des bleusailles les collèges les plus problématiques ou encore aujourd'hui les combines pour éviter de noter les élèves pour camoufler l'échec.

 

Pour une interprétation marxisante du phénomène, lire ceci : http://descartes.over-blog.fr/2014/12/de-l-agora-romaine-a-l-ecole-sans-notes.html

 

Sinon ça me semble plus juste de parler de reproduction sociale ou d'absence de mobilité sociale, plutôt que de déterminisme social qui est un phénomène beaucoup plus large.

[frigouret]

J'ai bien aimé un texte de Émile Armand " Se sentir vivre".

[Gio]

Sinon il y a ce chapitre du livre de Fernando Savater, Éthique à l'usage de mon fils.
(Mais là on repart sur la question du libre-arbitre strico sensus plus que sur la question du déterminisme social...bien que les deux sujets soient liés.)

[Dranem]

Merci pour ces liens, je vais me lire tout ca

 

Sinon ça me semble plus juste de parler de reproduction sociale ou d'absence de mobilité sociale, plutôt que de déterminisme social qui est un phénomène beaucoup plus large.

 

Oui tu as raison, ça collerait plus à ce dont je discutais avec mon ami.

[Gio]

Alors Boudon est ton ami.

Outre ses ouvrages, il y a quelques trucs sur Catallaxia.

[Gio]

Par ailleurs, j'aimerais citer ce message plein de bon sens de Corned Beef, qui répondait à un commentaire sur SensCritique :
 

L'éducation, les pairs, les médias, l'humeur, etc. sont des facteurs qui influencent le choix (y compris le choix que tu as fait d'écrire ton commentaire à l'instant). Ca ne signifie pas que ces choix sont arbitraires, ou imposés, ou illégitimes, ou irrationnels, ou mauvais. Ou qu'il faille employer la force pour les changer. Les changer pour quoi d'ailleurs ? D'autres choix... qui seraient tout autant le produit d'une socialisation particulière. Mais comme c'est celle de celui qui appelle à la révolution des mentalités, subitement, ça devient droit, consenti, légitime, rationnel, bon...

[Johnathan R. Razorback]

François Bégaudeau, "Peut-on s'émanciper de ses déterminismes ?": https://www.youtube.com/watch?v=owPFdSEdSKA

 

[poney]

archéologue