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Les Charmeurs De L'oreille


Alphonse.D

Messages recommandés

Posté

Un peu plus léger et aérien, cette fois…

Portrait

(Paul Verlaine)

O les premiers frimas dans la ville en détresse !

La statue, au square, que l’hiver va flétrir,

Est cause de mon tourment, quoi qu’il en paraisse…

O frêle jeune fille, ô douce à en mourir !…

Le vague tintement de l’heure monotone

Suscite en nos deux cœurs des concerts de soupirs ;

Quelle vaine fureur fait encor se languir

Les saules effeuillés sous un souffle d’automne ?

Posté

Voila un de mes poèmes préféré, qui m'as rendu un grands service, quant j'étais aux lycée j'ai fait croire à ma copine avec qui j’étais en froid, que je l'avais écrit spécialement pour elle et le pire c'est qu'elle m'a cru. Rien que pour ça merci Alfred.

A madame M*** par Alfed de Musset.

Qui avait envoyé par plaisanterie, un petit écu à l'auteur

Vous m'envoyez, belle Emilie,

Un poulet bien emmailloté;

Votre main discrète et polie

L'a soigneusement cacheté.

Mais l'aumône est un peu légère,

Et, malgré sa dextérité,

Cette main est bien ménagère

Dans ses actes de charité.

C'est regarder à la dépense

Si votre offrande est un paiement,

Et si c'est une récompense,

Vous n'aviez pas besoin d'argent.

A l'avenir, belle Emilie,

Si votre coeur est généreux

Aux pauvres gens, je vous en prie,

Faites l'aumône avec vos yeux.

Quand vous trouverez le mérite,

Et quand vous voudrez le payer,

Souvenez-vous de Marguerite

Et du poète Alain Chartier.

Il était bien laid, dit l'histoire,

La dame était fille de roi;

Je suis bien obligé de croire

Qu'il faisait mieux les vers que moi.

Mais si ma plume est peu de chose,

Mon coeur, hélas! ne vaut pas mieux;

Fût-ce même pour de la prose

Vos cadeaux sont trop dangereux.

Que votre charité timide

Garde son argent et son or,

Car en ouvrant votre main vide

Vous pouvez donner un trésor

Posté
Voila un de mes poèmes préféré, qui m'as rendu un grands service, quant j'étais aux lycée j'ai fait croire à ma copine avec qui j’étais en froid, que je l'avais écrit spécialement pour elle et le pire c'est qu'elle m'a cru. Rien que pour ça merci Alfred.

Ah ah ! Moi je faisais le contraire : j'écrivais des poèmes, et je les faisais passer pour des oeuvres de Baudelaire, de Verlaine, de Villon… Et ça marchait !

Posté
Voila un de mes poèmes préféré, qui m'as rendu un grands service, quant j'étais aux lycée j'ai fait croire à ma copine avec qui j’étais en froid, que je l'avais écrit spécialement pour elle et le pire c'est qu'elle m'a cru. Rien que pour ça merci Alfred.

A madame M*** par Alfed de Musset.

Qui avait envoyé par plaisanterie, un petit écu à l'auteur

Vous m'envoyez, belle Emilie,

Un poulet bien emmailloté;

Votre main discrète et polie

L'a soigneusement cacheté.

Mais l'aumône est un peu légère,

Et, malgré sa dextérité,

Cette main est bien ménagère

Dans ses actes de charité.

C'est regarder à la dépense

Si votre offrande est un paiement,

Et si c'est une récompense,

Vous n'aviez pas besoin d'argent.

A l'avenir, belle Emilie,

Si votre coeur est généreux

Aux pauvres gens, je vous en prie,

Faites l'aumône avec vos yeux.

Quand vous trouverez le mérite,

Et quand vous voudrez le payer,

Souvenez-vous de Marguerite

Et du poète Alain Chartier.

Il était bien laid, dit l'histoire,

La dame était fille de roi;

Je suis bien obligé de croire

Qu'il faisait mieux les vers que moi.

Mais si ma plume est peu de chose,

Mon coeur, hélas! ne vaut pas mieux;

Fût-ce même pour de la prose

Vos cadeaux sont trop dangereux.

Que votre charité timide

Garde son argent et son or,

Car en ouvrant votre main vide

Vous pouvez donner un trésor

C'est vrai qu'il est très bon. Musset reste magnifique. Jetez donc un oeil sur cette pièce, si belle et si vraie.

A Mademoiselle ***

Oui, femmes, quoi qu'on puisse dire,

Vous avez le fatal pouvoir

De nous jeter par un sourire

Dans l'ivresse ou le désespoir.

Oui, deux mots, le silence même,

Un regard distrait ou moqueur,

Peuvent donner à qui vous aime

Un coup de poignard dans le coeur.

Oui, votre orgueil doit être immense,

Car, grâce à notre lâcheté,

Rien n'égale votre puissance,

Sinon votre fragilité.

Mais toute puissance sur terre

Meurt quand l'abus en est trop grand,

Et qui sait souffrir et se taire

S'éloigne de vous en pleurant.

Quel que soit le mal qu'il endure,

Son triste rôle est le plus beau.

J'aime encor mieux notre torture

Que votre métier de bourreau.

Posté
Auxquels penses-tu en particulier ?

Je t'en prie…

Si on s'en tient à la forme classique (en laissant de côté le vers libre et le poème en prose auxquels il s'est adonné plus tard), il y a bien sûr Voyelles, le Bateau Ivre, Ma bohème ("Mon unique culotte avait un large trou"), et d'autres que j'ai oubliés…

Posté

Un autre poeme que j'aime beacoup

Elle a passé, la jeune fille,

Vive et preste comme un oiseau:

A la main un fleur qui brille,

A la bouche un refrain nouveau.

C'est peut-etre la seule au monde

Dont le coeur au mien répondrait;

Qui, venant dans ma nuit profonde,

D'un seul regard l'éclairerait! …

Mais non,-ma jeunesse est finie…

Adieu, doux rayon qui m'a lui.

Parfum, jeune fille, harmonie…

Le bonheur passait- il a fui !

Gerard De Nerval "Une allée du Luxembourg" Odettes 1832.

Posté

Un peu de métaphysique pour changer…

Immobilis in mobile

Yves Bonnefoy

Nous marchons dans l’éclair d’une pierre défunte.

L’espace de nul cerf a saigné dans l’argile

Funéraire du vent. O gestes de l’orante.

Le phénix s’est dépris d’une absence de cil.

Un signe hantera nos rivages de mots

Ténébreux, de mort seule. Et la cendre de l’aube

Noircira l’horizon d’une houille de mots

Plus grise, auprès d’un seuil d’écume absente.

Tu renaîtras. Scintillement de nulle usure

Soit le feu de ta voix dans le silence pur

Que l’angoisse du fer illumine de jour.

Corps de sang dévasté aile intime du froid,

Douve, orgueil du néant que la nuit n’atteint pas,

Ton verbe incendiera l’autre face des jours.

Posté

Amour déçu

Guillaume Apollinaire

Sous le pont Alexandre

Coulent tous les égouts

Coulent tous mes dégoûts

Renée me fait attendre

Quelle folie m’a pris

Pourquoi m’en être épris

Les roses qu’elle aimait

S’effeuillent chaque jour

Belles au mois de mai

Sous la rive qui pleure

Tous nos espoirs d’amour

S’effacent fleur à fleur

Dans leurs vases anciens

Des lotus léthéens

Oints de tendre poison

Lèvent leurs fronts pâlis

Ma sirène glissons

Lentement vers l’oubli

Sur le pont Alexandre

Je ne viens plus t’attendre

Posté
Si on s'en tient à la forme classique (en laissant de côté le vers libre et le poème en prose auxquels il s'est adonné plus tard), il y a bien sûr Voyelles, le Bateau Ivre, Ma bohème ("Mon unique culotte avait un large trou"), et d'autres que j'ai oubliés…

Je trouve moi aussi La Bohème très beau, en revanche j'ai plus de difficulté avec Voyelles et le Bateau Ivre, que je ne comprends presque pas par endroits (bien que je connaisse le contexte et le thème)

Posté

Merci pour vos poèmes.

Un nouveau poète, parfois décrié mais souvent aimé, Saint-Amant, bien connu pour son amour de la débauche (et de l'alcool) dont il fait part dans cette pièce:

LA CREVAILLE

Qu’on m’apporte une bouteille

Qui d’une liqueur vermeille

Soit teinte jusqu’à l’ourlet ,

Afin que sous cette treille

Ma soif soit prise au collet.

Laquais, fringue bien ce verre :

Fais que l’éclair du tonnerre

Soit moins flamboyant que lui ;

Ce sera le cimeterre

Dont j’égorgerai l’ennui.

Bacchus aime le désordre ,

Il se plaît à voir l’un mordre ,

L’autre braire et grimacer ,

Et l’autre en fureur se tordre

Sous la rage de danser.

O que la débauche est douce !

Il faut qu’en faisant carousse

Ma flûte en sonne le prix ,

Et que sur Pégase en housse

Je la montre aux beaux esprits.

Celui qui forgea ces rimes ,

Dont Bacchus fait tous les crimes ,

C’est le bon et digne Gros

Qui voudrait que les abîmes

Se trouvassent dans les brocs.

Posté
Un très bon site que j'ai trouvé :

http://www2.wheatonma.edu/Academic/Academi…rench/ViveVoix/

(merci aux Ricains).

En effet, très bon. C'est rare les sites de poèmes récités si complets.

Ce qu'il y a c'est qu'aussi bien dit que le texte puisse être, il ne sera jamais aussi beau que de la façon dont tu peux te le dire dans ton fort intérieur. C'est en cela aussi que je trouve la poésie comme quelque chose de très personnel.

Posté

Cocktail de gens

Jean Cocteau

Le scaphandrier pèle un nuage au gros dos ;

Tout souillé par les robes des statues-torpilles

Le lavoir fait mousser les cris des jeunes filles ;

Midas, le roi Midas, s’y fait prendre en photo.

Les doigts d’un revenant y lancent des rondelles

De cire. Oh ! sommeil rose de la Marne !

L’oracle d’églantine habille l’hirondelle

Lascive avec le col poisseux des gendarmes.

Le pape crie en rêve : « qui a tué le nonce ? »

Tandis que sous le lit se tait la colombe.

Les moulins d’étoiles se font des crocs-en-jambes :

Survient alors la mule ailée qui les dénonce.

Que faire, aile de marbre, contre ces interstices

Par où poussent l’ortie et les grands cirques d’arbres ?

Le buste perpétrait les crimes du solstice,

Mais l’ange a dénoué les lacets des ténèbres.

Posté

Tombeau d’Eros

Stéphane Mallarmé

De sa Beauté future une joie apeurée,

Fille d’un sein pâli, déesse se rêvant,

Parue hier au deuil froid de l’astre, et du levant

Même nonchalamment la méchante curée ;

Hymen, sanglots dont le calice va lavant

De ses roses la lèvre, ou d’une obscure orée

Niant le faible aveu qu’un pur désir maugrée,

Une nymphe s’éveille à un déclin savant !

Parmi l’étale mer tombe une nue au cœur

De qui s’élève encore une analogue sœur,

Génie au tir pervers dont s’affole la cible !

Inextinguible source où s’entend, murmuré,

Quel liquide soupir ! d’une lyre invisible

Le chant du mal armé, hagard et azuré !

  • 2 weeks later...
Posté

Bon, je peux bien vous le dire aujourd'hui, puisqu'on est le 1er avril…

Tous les poèmes que j'ai postés dans ce fil sont des faux (personne ne s'en est aperçu !), ce sont des pastiches que j'ai écrits il y a longtemps.

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