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Le Vermont Et La Secession


Etienne

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Posté

Lu dans Courrier International

Amériques 

ÉTATS-UNIS - Ces anti-Bush qui rêvent de faire sécession 

Le raz de marée républicain aux dernières élections ravive le mouvement sécessionniste en plusieurs endroits du pays. Cette rébellion reste très minoritaire, mais s’appuie sur les fondements de la nation américaine.

Il suffit aujourd’hui d’évoquer le droit à la sécession, le droit d’un Etat à quitter l’Union pour se retrouver au centre d’un ouragan de mépris et de stupeur. Le sécessionnisme, vous dira-t-on, est immoral, c’est une trahison, de la sédition, l’incarnation de la machination avortée d’esclavagistes sudistes dont le rêve absurde est mort en 1865 avec la fin de la guerre de Sécession.

Ce que l’on ne vous dira pas, en revanche, c’est que le sécessionnisme n’a pas toujours été une idée honnie, qu’il touche à l’ess

ence même d’un principe américain certes vanté, mais peut-être dépassé : la rébellion contre l’autorité centrale. Et l’on s’abstiendra également de vous rappeler que c’est une loi fondamentale de l’Amérique, inscrite dans le plus révolutionnaire de nos documents : “Toutes les fois qu’une forme de gouvernement devient destructive”, conseille la Déclaration d’indépendance, “le peuple a le droit de la changer ou de l’abolir et d’établir un nouveau gouvernement.”

Même si la légalité du sécessionnisme est aujourd’hui fragile – et politiquement impossible –, cela n’empêche pas son spectre de se manifester à nouveau, conformément à l’appel à l’autogouvernement contenu dans la Déclaration. Ironie du sort, en 2005, ce sont les nordistes des Etats démocrates qui l’invoquent, ulcérés par leur défaite du 2 novembre dernier. Le mouvement a son épicentre à Charlotte, dans le Vermont, dans la maison de bois de Thomas Naylor, professeur honoraire, agitateur, fondateur et président de la “seconde république du Vermont”. Naylor veut ressusciter le Vermont en tant que nation indépendante, comme entre 1777 et 1791. De sa bande de “rebelles” (la deuxième république du Vermont recense fièrement 125 membres titulaires d’une carte officielle), il dit qu’“ils constituent un mouvement pacifique, démocratique, libertarien, qui s’oppose à la tyrannie d’un pays devenu trop grand, trop centralisé, trop intrusif, trop militarisé, et qui ne répond plus aux besoins des citoyens et des petites communautés”.

Comme les sécessionnistes d’origine, Naylor s’appuie sur les documents fondateurs – la Déclaration d’indépendance et la Constitution des Etats-Unis – pour défendre le principe moral et légal de la sécession. “Nous sommes pris dans l’engrenage d’un système mondial de conquêtes et de destruction qui voit l’Amérique des affaires manipuler et contrôler les vies de millions de gens dont on prétend qu’ils sont libres”, écrit-il dans son Manifeste du Vermont, publié en 2003. “Combien d’Américains, demande-t-il, sont prêts à mourir pour que le monde soit plus sûr pour McDo et Wal-Mart, les Boeing 747, les 4 x 4, Internet, Bill Gates et le reste des 400 Américains les plus riches du classement de Forbes ?”

Faire comme les colons contre le roi George

Ce mouvement en faveur de la deuxième république du Vermont n’a rien d’exceptionnel. On trouve des groupes semblables à Hawaii et en Alaska, lesquels se plaignent d’avoir été contraints d’entrer dans l’Union par la fraude et la coercition. A New York, l’écrivain et militant Jason Flores-Williams, qui a fait parler de lui récemment en tentant de perturber la convention républicaine, veut lancer un mouvement de sécession de la ville de New York qui tiendra “autant d’Andy Warhol que du leader révolutionnaire Thomas Paine”, et prédit que ses “fêtes de la sécession deviendront les événements culturels les plus en vogue de la ville, dont le retentissement sera ressenti du haut en bas de la hiérarchie”.

Flores-Williams aurait peut-être intérêt à entrer en contact avec les gens de la république d’Atlantica, qui rêvent d’une mégapole littorale indépendante allant de Boston à Washington DC. A 4 800 kilomètres à l’ouest, la république de Cascadia souhaite englober l’Oregon, l’Etat de Washington et la Colombie-Britannique [canadienne]. Sur son site web, le groupe lance un avertissement : “Depuis trop longtemps, notre peuple supporte l’indifférence et la condescendance d’un pouvoir distant.”

Un ancien pasteur de Californie, Jeff Morrissette, a proclamé tout récemment la fondation d’une commission d’étude sur la sécession de la Californie, intitulée Move On California. En tant que nation, souligne Morrissette, la Californie représenterait la cinquième économie mondiale – devant la Chine, la France, l’Italie et le Canada. Au nombre des “brimades incessantes”, Morrissette inclut le banditisme éhonté qui a provoqué la crise de l’énergie californienne en 2000 et 2001, à l’issue de laquelle les consommateurs ont dû débourser 9 milliards de dollars de trop. Du “sabotage économique” orchestré par Enron et d’autres opérateurs proches du gouvernement Bush, estime Morrissette. “Je ne suis pas certain que la sécession soit légale ni constitutionnelle, reconnaît-il. Mais je n’hésite à établir un parallèle avec les colons et le roi George. Les colons n’ont pas demandé la permission. Leur indépendance, ils l’ont déclarée, tout simplement.” 

Christopher Ketcham

Salon 

Je ne sais pas si c'est une mascarade, mais en tout cas, ça m'a fait un peu sourire.

Posté

Marrant, je croyais que les libertariens US migraient en masse vers le New Hampshire dans le cadre du Free State Project.

En tout cas ce n'est pas avec leurs 125 membres qu'ils iront loin.

Posté

C'est humain, dans le même temps et ça montre bien les limites de la démocratie : Bush a été élu massivement par les électeurs du Sud et se retrouve à la tête des USA. Il fait passer les lois les plus réacs qui soit, et cela va aller de pire en pire. Je ne suis pas étonné que la population libérale du nord n'accepte pas cette politique. Mais de là à faire sécession…

Les USA sont un pays si vaste qu'on pourrait diviser la poire en deux avec un Président au sud et un Président au Nord. Comme ça, tout le monde partagerait presque les mêmes idées, chacun de son côté.

Posté
Les USA sont un pays si vaste qu'on pourrait diviser la poire en deux avec un Président au sud et un Président au Nord. Comme ça, tout le monde partagerait presque les mêmes idées, chacun de son côté.

Tu me retrouves les descendants de Grant et de Lee, et je t'arrange ça!

Invité Lafronde
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Grant : chef d'Etat-major des troupes de l'Union pdt la guerre de Sécession et 18ème président des E-U dont les deux mandats ont été marqués par les scandales et la corruption, considéré à tort ou à raison comme le pire président américain.

Lee : chef des troupes sudistes pdt la guerre de Sécession, vainqueur à Richmond en 1862 et vaincu à Appomatox en 1865.

Invité jabial
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AMHA ce serait plutôt libertaire que libéral. Je choisis le NH, authentiquement libéral.

Enfin, qui vivra verra.

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