Xav Posté 12 mars 2005 Signaler Posté 12 mars 2005 En parlant des syndicats sur une ML, je suis retourné sur un site que j'avais complètement oublié. L'Institut Supérieur du Travail (http://istravail.com/). Certains articles valent le détour. Extrait de l'un d'eux. http://istravail.com/article89.html Quand la gauche s’identifie au socialisme, les ouvriers ne suivent pas forcémentLa gauche, jadis libérale, s’identifie aujourd’hui au socialisme. Les socialistes n’ont pas cessé de prétendre que les ouvriers, c’étaient eux, qu’ils étaient le parti de la classe ouvrière - ce qui faisait que la classe ouvrière prétendue une avait plusieurs partis, le PS, le PC et divers autres pour l’incarner, qu’ils n’étaient pas seulement au service de la classe ouvrière, mais qu’ils étaient cette classe elle-même, son incarnation politique, sa pensée et sa conscience, sachant mieux qu’elle ce qu’elle est, ce qu’elle pense, ce qu’elle veut et le destin que lui réserve l’Histoire. Admettons que le socialisme réponde au besoin de solidarité qu’éprouvent les ouvriers, à l’aspect rationnel de ce besoin (" nous avons des intérêts communs et il faut agir de concert pour les défendre ") et à son aspect irrationnel (le besoin de communauté dont il est parlé plus haut). Certaines de ses idées et de ses intentions n’ont jamais été largement admises dans les milieux ouvriers , ou, si elles l’étaient verbalement, elles n’avaient aucune influence sur le comportement des individus dans leur vie quotidienne. Dès la fin du XIXème siècle, les marxistes comme Jules Guesde ont compris qu’il fallait abandonner le mot communisme, qui introduisait la communauté des biens jusque dans la vie privée, pour celui de collectivisme, qui signifiait que seuls les instruments de production entreraient dans la propriété commune, le salaire étant maintenu afin que chacun dépense et consomme comme il l’entend, au lieu de recevoir ce dont il a besoin du magasin ou de l’économat communautaire. Cette distinction subtile (dont d’ailleurs la sincérité est loin d’être certaine) a-t-elle réussi à faire de la totalité ou de la majorité des ouvriers des partisans de la propriété collective ou sociale des moyens de production et d’échange, pour user de la formule sacramentelle ? Longtemps, - tant que la grande entreprise ne l’eût pas emporté - le rêve d’un nombre considérable d’ouvriers était de " se mettre à son compte ", de devenir patron eux aussi, ce qui, politiquement (dans la mesure où la politique avait quelque chose à voir en la matière) était un comportement de gauche quand la gauche était libérale, mais est devenu un comportement de droite depuis que la gauche est socialiste. Qui sait si ce rêve ne viendra pas hanter un bon nombre d’ouvriers, maintenant que la réalité nous a démontré que Marx se trompait, que si la concentration capitaliste, pour réelle qu’elle soit - nous sommes à l’ère des mastodontes - n’a pas empêché non seulement la survie mais le développement des petites et moyennes entreprises. En tout cas, socialistes ou non, les ouvriers dans leur immense majorité, aspirent à devenir propriétaires de leur appartement ou, mieux, de leur pavillon individuel, moyen pour eux de garantir leur indépendance et leur sécurité personnelles. Bref, pour reprendre la terminologie sociale des marxistes, la " classe ouvrière " aspire dans son ensemble à devenir une " petite bourgeoisie ". Elle y est d’ailleurs en grande partie parvenue, et l’on ne voit pas en quoi ce serait un mal, sauf pour ceux qui comptaient sur la précarité et la médiocrité de la condition des ouvriers pour mener à bien leurs utopies sociales. Reprenons notre antienne : cette aspiration à la propriété personnelle était politiquement de gauche quand la gauche était libérale ; elle est politiquement de droite maintenant que la gauche est socialiste. La gauche pourra-t-elle redevenir libérale?
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