Aller au contenu

gem

Utilisateur
  • Compteur de contenus

    543
  • Inscription

  • Dernière visite

Tout ce qui a été posté par gem

  1. Un dirigeant, c'est un type qui croit que ce qu'il raconte à une valeur spéciale et unique. Un dirigé, c'est un type qui croit que ce que raconte le dirigeant à une valeur spéciale et unique. Et le serpent se mord la queue : le dirigeant a été choisi, élu, il faudrait qu'il soit fous pour mettre en doute la qualité de son discours. Le dirigé constate que le dirigeant est dirigeant : il faudrait qu'il soit fou pour croire que le dirigeant est là par hasard. Et pourtant, en l'occurence ils sont bien aussi fous l'un que l'autre. Il ne s'agit pas seulement de séparer les pouvoirs, il faut les diviser, les hacher le plus menu possible, leur oter le plus de valeur possible. * multiplier les participants, * les renouveller fréquemment, * les laisser en place peu de temps, * leur laisser un domaine très limité, * les plonger dans un contexte symbolique d'impuissance et d'interdits (décalogue, DDHC, etc.), * les terroriser par des sanctions absurdes et inique à l'issue de leur charge, proportionnelles à leur activité mais aussi à leur inactivité, * les tirer aux sort, plutôt que les élire : la seule présence au pouvoir n'aurait pas valeur de qualité, * etc.
  2. Faux. Le pouvoir exécutif est un pouvoir parce qu'il peut te faire faire ce que tu n'a pas envie de faire. Et sa (prétendue) légalité n'entre pas en ligne de compte. Tous les constitutionalistes savent qu'on ne peut pas légitimer le pouvoir autrement par le fait : un système légal, quel qu'il soit, est un avatar du Baron de Munchausen (épisode où le baron tient en l'air parce qu'il est soutenu par son cheval, tandis que le cheval tient en l'air parce qu'il est tiré par le baron). Illustration célèbre : la validation par le conseil constitutionnel français d'un référendum inconstitutionnel, par le simple fait que le peuple a voté en masse. La suppression du monopole ne résoud pas le moindre problème, pour la simple et bonne raison que ce monopole n'existe déjà pas ! On voit bien tous les jours que des terroristes/résistants usent d'une violence qu'ils prétendent légale, bien plus légale que ce que nous croyons légal. Et les faits leurs donnent parfois raison : après tout, l'Algérie est indépendante. On est dans le symbolique. En effet, nous vivons dans un monde très peuplé, où le pouvoir réel d'un seul individu est négligeable. Par contre, s'il peut convaincre d'autres gens, il peut multiplier sa force par un facteur suffisant pour enfin peser sur les autres. Et, s'il peut les payer de mots, c'est très économique. Séparer les pouvoirs, c'est donc poser des limites symboliques, de sorte que les mots de pouvoir n'ont qu'une valeur limitée. Ces limites sont d'autres mots : le décalogue, la déclaration des droits de l'homme, la mise hors la loi de la guerre, etc. : aussi absurde que cela paraisse et que cela soit, ces mots ont une efficacité. Un enfant bien programmé pour les respecter reste toute sa vie un obstacle à la tyrannie. La séparation des pouvoirs, ce n'est pas un état statique, c'est un mouvement permanent pour séparer encore et toujours le pouvoir ("légitimité", "baraka", etc.) qui a tendance à se concentrer. La fin de l'état n'est pas un objectif, ce n'est même pas une utopie : je le répète encore une fois, ce n'est pas l'état qui fait ou détient le pouvoir, c'est le pouvoir qui fait l'état ; or le pouvoir existera aussi longtemps que les humains, donc pour nous l'état (ou autre avatar) existera toujours.
  3. Je suis toujours un peu géné par les querelles de chapelle, surtout compte tenu de notre importance politique. Mais bon… D'abord, à la base, c'est quoi le "pouvoir" ? La capacité à obtenir des autres qu'il fasse ce qu'on veut qu'ils fassent. Par tous moyens : conviction, négociation, échange, contrainte, etc. Certains moyens étant même pratiquement indecelable (exemple célèbre : technique employer par Nestor pour obtenir d'Achille qu'il reviennent combattre avec les grecs contre Troie) Ensuite, que sont LES pouvoirs ? Traditionnellement, et cela vient du plus profond de la tradition indo-européenne, on en compte trois (législatif, executif, judiciaire). Depuis, on en a rajouter : pouvoir économique, pouvoir médiatique, etc. mais on discute s'il s'agit vraiment de nouveaux pouvoir, ou de nouvelles modalités d'exercice des trois fondamentaux. Vaste et inutile débat. Pour ce qui nous interesse, d'un point de vue libéral, la question est plutôt de définir ce qui relève de la contrainte inacceptable et de la libre négociation mutuellement profitable, quelque soit le type de pouvoir mis en jeu et le champs d'exercice de ce pouvoir. De ce point de vue, il n'y a plus qu'un seul pouvoir. Par ailleurs, nous avons un problème : dans la réalité, le temps passe. Par exemple si, aujourd'hui, j'accepte une somme d'argent pour donner ma maison demain, demain j'aurais intérêt à ne pas respecter ma parole et à conserver et l'argent, et la maison. J'aurais même avantage à consacrer une part de l'argent à la conservation de la maison, par tous moyens (juridique ou pire). Face à cela, il faut bien que quelque part il existe un "pouvoir", que même moi je craind assez pour respecter ma part du contrat. Mais il ne doit pas non plus pouvoir m'imposer autre chose que ce que j'avais accepté à l'avance. Il me semble que ce problème est parfaitement insoluble en raison pure, et que les anar-cap n'ont pas plus la solution que les autres. Ce n'est pas l'Etat qui fait (a) le pouvoir, c'est le pouvoir qui fait l'Etat. C'est d'ailleurs pourquoi, dès qu'un anar-cap dit "à mort l'état", le commun des mortels traduit "vive la mafia" et il s'enfuit en hurlant : à tout prendre, il préfère un mal connu à la certitude d'un mal inconnu mais potentiellement bien pire. Ta question est donc, me semble-t-il, biaisée. En revanche, et paradoxalement, il y a une réponse irrationnelle : le pouvoir de "dieu" est à la fois suffisant pour obliger le respect, et parfaitement nul. Le paradoxe est donc que la seule réponse rationnelle à la limitation du pouvoir est l'appel à l'irrationel divin, à la "foi". A partir de là tu peux faire ce que tu veux, et la sélection naturelle s'applique au système religieux. Sinon, la seule limite au pouvoir, c'est la finitude et l'incertitude de la vie humaine qui l'imposent. Si les hommes étaient immortels (respectivmeent : si leur durée de vie étaient connue à l'avance), il n'y en aurait plus qu'un seul (respectivement : zéro)…
  4. Plus j'y reflechis, plus je deviens anti-démocrate ; explications : La réalité impose que, face à une alternative exclusive, une seule des options soit adoptée. La démocratie permet d'imposer une de ces options, mais elle ne permet pas de dédommager les perdants, ceux qui préféraient l'option éliminée. C'est pourtant ce que la justice et l'équité exigent. Cette remarque est d'ailleurs bien connu : c'est le vieil adage selon lequel la démocratie c'est "cause toujours". Une autre façon de dire la même chose est de remarquer que le vote ne respecte pas le principe "un citoyen = une voix", puisqu'au final les voix de tous les perdants (et même de tous les "gagnants", dans un système représentatif !) sont purement et simplement éliminées. Seul le marché permet une transaction équilibrée, où les "gagnants" doivent convaincre les "perdants" en les dédommageant, à défaut de quoi rien ne se passe. La démocratie est certes un meilleur système que l'autocratie. Et pourquoi ? parce que la démocratie est partiellement un marché : le futur élu est littéralement obligé d'acheter ses voix. Mais c'est un moins bon système que le marché : l'élu achète ses voix une seule fois pour une longue période (plusieurs années) et il n'a besoin que d'une fraction de l'ensemble des voix. Il peut tromper sur la marchandise sans risque, et après il peut sans risque pratiquer l'abus de bien social pour rémunérer ses supporters. Le sens du progrès politique c'est l'augmentation de la part de marché dans le système. Aujourd'hui, les écrits des "démocrates" contre le marché ressemblent aux anathèmes des monarchistes contre la République. Ce qui est finalement assez encourageant.
×
×
  • Créer...