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Plainte D'un Prof à L'égard De L'enseignement


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Trouvé sur le site Les Pères Fondateurs

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Lettre à la Délégation Interministérielle à l'innovation sociale et à l'économie solidaire

Monsieur Sarracanie,

Enseignant en sciences économiques et sociales, j’ai reçu dans mon casier personnel une brochure intitulée « Semaine de la Coopération à l’Ecole ». J’ai pu remarquer à la lecture du support de cours proposé, qu’il s’agissait là de la troisième édition d’une opération lancée par l’OCCE avec le soutien du Ministère de l’Education Nationale et de la Délégation Interministérielle à l’innovation sociale et à l’économie solidaire.

En page 3 de ce support de cours, vous apportez un soutien très appuyé à cette opération, j’imagine donc que vous avez lu l’intégralité de ce support de cours de 20 pages et que vous y avez souscrit tout à fait. Et là je vous avoue mon inquiétude, je préférerais penser que le gouvernement n’a été qu’une dupe dans cette affaire car ce support de cours est proprement scandaleux tant par son parti pris affiché que par les erreurs flagrantes enseignées.

Ce cours d’économie destiné à un public de seconde a été rédigé par Jean-François Draperi, directeur scientifique de l’économie sociale. Sa posture anti-capitaliste se retrouve dans chaque paragraphe de cours dont la démonstration vise à appuyer son paradigme développé en pages 8 et 9 et dont je vous rappelle la teneur :

« Les coopératives économiques : un lieu d’éducation civique

Les valeurs dominantes de la société divorcent des valeurs de l'économie dominante. Les premières rejoignent plus que jamais la devise de la république: liberté, égalité, fraternité; les secondes, au contraire, s'ancrent dans les inégalités, les exclusions et la concurrence jusqu'au conflit.

La société ne dément pas la nécessité de !'efficacité, mais aspire à plus de justice et de solidarité dans l'économie.

Cette situation peut-elle perdurer? Les hommes et les femmes peuvent-ils durablement se motiver à travailler dans des organisations dont les finalités et le fonctionnement sont en contradiction avec les valeurs qu'ils défendent dans la vie quotidienne, en famille, à l'école, dans leur village, leur quartier, leurs associations ?

On peut en douter: l'aggravation, à l'échelle mondiale, de la malnutrition et des maladies endémiques d'une part, l'apparition de nouvelles maladies professionnelles, liées directement ou indirectement au travail et à ses conséquences humaines et écologiques d'autre part, témoignent de l'accroissement des conséquences néfastes d'une économie livrée à elle-même.

Dans ce contexte, deux horizons semblent se dessiner: soit les valeurs de l'économie ultra libérale continuent leur extension et asservissent toujours plus largement les activités sociales au règne du profit, soit, au contraire, la société se donne les moyens de limiter cette extension et tente d'élargir à l'économie les valeurs démocratiques.

Or, l'élargissement des valeurs de la République démocratique à l'économie est précisément le projet du mouvement coopératif.

Né il y a un siècle et demi, en réaction à la violence de l'expansion du capitalisme, le mouvement coopératif s'est développé dans tous les secteurs de la vie économique: agriculture, production, consommation, épargne et crédit. »

Ces quelques a priori amplement déclinés donnent lieu dès la première page du cours a une distinction pour le moins originale opposant 4 types d’entreprises dont l’entreprise privée : « elle appartient à une personne ou à quelques personnes réunissant un capital pour créer une activité économique » très différente de l’entreprise capitaliste : « elle réunit des capitaux privés en vue de les faire fructifier ». A moins que l’on ne parle là d’une entreprise conglomérale, on ne voit pas bien la distinction entre l’entreprise privée et capitaliste tant il est vrai que toute entreprise privée ou capitaliste appartient à quelques personnes (même en cas d’appel public à l’épargne), qu’elle créé une activité économique et qu’elle a pour objet la réalisation d’un profit. Mais Drapieri insiste plus loin sur la différence : « dans l’entreprise privée le responsable est souvent « à son compte » alors que dans l’entreprise capitaliste, c’est le résultat financier qui prime, aussi y est-on très attentif à l’efficacité économique, et généralement à court terme (sic – à expliquer aux créateurs de start-ups), de l’entreprise. »

Un troisième type d’entreprise est présenté : l’entreprise d’économie sociale, « groupement de personnes associées autour d’un projet. Ces personnes associées acquièrent des moyens économiques et financiers pour réaliser un projet commun ». Présentation positive et qui ne distingue pourtant pas cette entreprise de l’entreprise privée ou capitaliste, mais il est dit plus loin que « la finalité n’est pas de gagner le maximum d’argent, mais de répondre à des aspirations partagées par plusieurs personnes. Même salariés, les membres d’une entreprise d’économie sociale ont fréquemment des attentes particulières à l’égard du travail : elles souhaitent faire un travail qui a du sens et qui leur plaît. Ces entreprises sont les outils privilégiés du développement social, local et durable ». Le reste pourra nous faire comprendre qu’il est difficile de faire un travail qui ait du sens dans une entreprise capitaliste.

Je passe sur tout le reste ne voulant pas rendre ce courrier fastidieux mais je tiens à insister sur la publicité qui est faite tout au long de ce support de cours pour les ouvrages de Draperi ainsi que pour le magazine « Alternatives Economiques », participant à cette action et objet d’une présentation dans le document 6 relatif aux SCOP.

A la fin de la lecture de ce cours, il ressort sans nul doute que la démonstration faite à des élèves de seconde vise à salir tout ce que l’on peut assimiler à la notion de capitalisme, valeur présentée comme inconciliable avec celle de démocratie et de la république. En réalité c’est cette démarche qui est inconciliable avec celle des principes de laïcité, supposant la neutralité de l’enseignement. Je ne suis pas seulement enseignant mais aussi parent d’élève et je n’accepte pas qu’un tel cours puisse être imposé aux élèves et à plus forte raison à mes enfants.

Je me permettrai donc d’informer de façon la plus large sur cette opération de propagande indigne de notre école et j’attends de vous des éclaircissements au sujet de votre soutien à cette honteuse opération en rupture même avec les principes de notre école de la république, neutre et ouverte à tous.

Xavier Collet, le 14 mars 2005

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Il faudrait simplement supprimé (ou complètement le renouvellé mais j'y crois pas) les cours d'éco au lycée, parce qu'actuellement, le programme enseignée fait plus de mal que n'importe quel propagande anti-capitaliste.

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Mais… les SCOP et autres COOP ne sont ni plus ni moins que des SARL (avec une autre forme de gérance, moins "hierarchique"), mais elles participent aux memes buts : faire de l'argent, payer ses employés.

pas de quoi en faire un fromage

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Trouvé sur le site Les Pères Fondateurs

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Lettre à la Délégation Interministérielle à l'innovation sociale et à l'économie solidaire

Monsieur Sarracanie,

Enseignant en sciences économiques et sociales, j’ai reçu dans mon casier personnel une brochure intitulée « Semaine de la Coopération à l’Ecole ». J’ai pu remarquer à la lecture du support de cours proposé, qu’il s’agissait là de la troisième édition d’une opération lancée par l’OCCE avec le soutien du Ministère de l’Education Nationale et de la Délégation Interministérielle à l’innovation sociale et à l’économie solidaire.

En page 3 de ce support de cours, vous apportez un soutien très appuyé à cette opération, j’imagine donc que vous avez lu l’intégralité de ce support de cours de 20 pages et que vous y avez souscrit tout à fait. Et là je vous avoue mon inquiétude, je préférerais penser que le gouvernement n’a été qu’une dupe dans cette affaire car ce support de cours est proprement scandaleux tant par son parti pris affiché que par les erreurs flagrantes enseignées.

Ce cours d’économie  destiné à un public de seconde a été rédigé par Jean-François Draperi, directeur scientifique de l’économie sociale. Sa posture anti-capitaliste se retrouve dans chaque paragraphe de cours dont la démonstration vise à appuyer son paradigme développé en pages 8 et 9 et dont je vous rappelle la teneur :

« Les coopératives économiques : un lieu d’éducation civique

Les valeurs dominantes de la société divorcent des valeurs de l'économie dominante. Les premières rejoignent plus que jamais la devise de la république: liberté, égalité, fraternité; les secondes, au contraire, s'ancrent dans les inégalités, les exclusions et la concurrence jusqu'au conflit.

La société ne dément pas la nécessité de !'efficacité, mais aspire à plus de justice et de solidarité dans l'économie.

Cette situation peut-elle perdurer? Les hommes et les femmes peuvent-ils durablement se motiver à travailler dans des organisations dont les finalités et le fonctionnement sont en contradiction avec les valeurs qu'ils défendent dans la vie quotidienne, en famille, à l'école, dans leur village, leur quartier, leurs associations ?

On peut en douter: l'aggravation, à l'échelle mondiale, de la malnutrition et des maladies endémiques d'une part, l'apparition de nouvelles maladies professionnelles, liées directement ou indirectement au travail et à ses conséquences humaines et écologiques d'autre part, témoignent de l'accroissement des conséquences néfastes d'une économie livrée à elle-même.

Dans ce contexte, deux horizons semblent se dessiner: soit les valeurs de l'économie ultra libérale continuent leur extension et asservissent toujours plus largement les activités sociales au règne du profit, soit, au contraire, la société se donne les moyens de limiter cette extension et tente d'élargir à l'économie les valeurs démocratiques.

Or, l'élargissement des valeurs de la République démocratique à l'économie est précisément le projet du mouvement coopératif.

Né il y a un siècle et demi, en réaction à la violence de l'expansion du capitalisme, le mouvement coopératif s'est développé dans tous les secteurs de la vie économique: agriculture, production, consommation, épargne et crédit. »

Ces quelques a priori amplement déclinés donnent lieu dès la première page du cours a une distinction pour le moins originale opposant 4 types d’entreprises dont l’entreprise privée : « elle appartient à une personne ou à quelques personnes réunissant un capital pour créer une activité économique » très différente de l’entreprise capitaliste : « elle réunit des capitaux privés en vue de les faire fructifier ». A moins que l’on ne parle là d’une entreprise conglomérale, on ne voit pas bien la distinction entre l’entreprise privée et capitaliste tant il est vrai que toute entreprise privée ou capitaliste appartient à quelques personnes (même en cas d’appel public à l’épargne), qu’elle créé une activité économique et qu’elle a pour objet la réalisation d’un profit. Mais Drapieri insiste plus loin sur la différence : « dans l’entreprise privée le responsable est souvent « à son compte » alors que dans l’entreprise capitaliste, c’est le résultat financier qui prime, aussi y est-on très attentif à l’efficacité économique, et généralement à court terme (sic – à expliquer aux créateurs de start-ups), de l’entreprise. »

Un troisième type d’entreprise est présenté : l’entreprise d’économie sociale, « groupement de personnes associées autour d’un projet. Ces personnes associées acquièrent des moyens économiques et financiers pour réaliser un projet commun ». Présentation positive et qui ne distingue pourtant pas cette entreprise de l’entreprise privée ou capitaliste, mais il est dit plus loin que « la finalité n’est pas de gagner le maximum d’argent, mais de répondre à des aspirations partagées par plusieurs personnes. Même salariés, les membres d’une entreprise d’économie sociale ont fréquemment des attentes particulières à l’égard du travail : elles souhaitent faire un travail qui a du sens et qui leur plaît. Ces entreprises sont les outils privilégiés du développement social, local et durable ». Le reste pourra nous faire comprendre qu’il est difficile de faire un travail qui ait du sens dans une entreprise capitaliste.

Je passe sur tout le reste ne voulant pas rendre ce courrier fastidieux mais je tiens à insister sur la publicité qui est faite tout au long de ce support de cours pour les ouvrages de Draperi ainsi que pour le magazine « Alternatives Economiques », participant à cette action et objet d’une présentation dans le document 6 relatif aux SCOP.

A la fin de la lecture de ce cours, il ressort sans nul doute que la démonstration faite à des élèves de seconde vise à salir tout ce que  l’on peut assimiler à la notion de capitalisme, valeur présentée comme inconciliable avec celle de démocratie et de la république. En réalité c’est cette démarche qui est inconciliable avec celle des principes de laïcité, supposant la neutralité de l’enseignement. Je ne suis pas seulement enseignant mais aussi parent d’élève et je n’accepte pas qu’un tel cours puisse être imposé aux élèves et à plus forte raison à mes enfants.

Je me permettrai donc d’informer de façon la plus large sur cette opération de propagande indigne de notre école et j’attends de vous des éclaircissements au sujet de votre soutien à cette honteuse opération en rupture même avec les principes de notre école de la république, neutre et ouverte à tous.

Xavier Collet, le 14 mars 2005

Oui……monsieur Collet n'a pas tort. L'erreur ici est de considerer que capitalisme ne rime pas avec solidarité.

Une economie liberale est fait d'hommes QUI ONT LE CHOIX!

Posté

Encore un autre ! Le plus navrant c'est de se dire que tous ces lycéens finiront au chômage, car ils seront incapables d'exercer un métier ou finiront dans la fonction publique… D'ailleurs 1 étudiant sur 2 est au chômage.

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L'Expansion 28/08/2002

Antilibéraux parfois jusqu'à la caricature, les livres d'éco offrent aux

lycéens une vision biaisée de cette matière.

Près de 150 000 lycéens des classes de première et de terminale vont rejoindre cette année la filière « ES » - pour économique et sociale. Un an durant, entre leur professeur et leur manuel, ils vont s'immerger dans un programme savamment élaboré en haut lieu par un groupe d'experts du ministère de l'Education nationale. « Travail et emploi », « investissement, capital et progrès technique », « mécanismes du marché » seront leur lot quotidien, avec, pour la moitié d'entre eux, l'échéance des épreuves du bac en juin. Depuis plusieurs années, une polémique farouche oppose les enseignants et les éditeurs aux milieux économiques : ces derniers déplorent que l'enseignement de cette discipline diabolise l'entreprise et propage une vision unilatérale de la mondialisation. La lecture des principaux manuels publiés par les grands noms de l'édition (Nathan, Bordas, Hatier, Hachette, Bréal) laisse penser

que la polémique va rejaillir de plus belle.

Les milliers de lycéens vont découvrir à travers leur manuel un univers en noir et blanc, privilégiant le manichéisme à la complexité, les explications réductrices, voire simplistes à la nuance. Dans tous ces manuels, par exemple, les salaires sont d'emblée traités sous l'angle de l'inégalité, l'action de l'Etat est décrite uniquement dans sa version keynésienne (exemple, Hatier, première, pages 258 à 263). La mondialisation y est systématiquement illustrée par des photos de pays en développement, assaillis, exploités, acculturés par les multinationales. Coca-Cola (Bordas, terminale, pages 312, 317 ; Bréal, terminale, pages 222, 269), McDo (Bordas, terminale, page 325) et Disney (Bordas, terminale, page 323 ; Hatier, terminale, page 231) sortant comme le trio gagnant de cette démonstration. Chez Hatier, aucune photo de bureau ni de cadre, encore moins de patron. La seule personnalité présente est le chercheur Roberto Di Cosmo (Hatier, première, page 14), qui s'est illustré dans sa lutte anti-Microsoft. Bill Gates est, dans un manuel concurrent (Hachette, première, page 216), le seul grand patron, représenté pour illustrer un article sur le procès Microsoft. Globalement, le ressort principal de ces livres est la lutte des classes, dans sa version ouvrière et précaire : le monde du

travail, par exemple, apparaît uniquement sur des photos d'usines ou de fast-foods

(Hachette, première, page 228 ; Bréal, terminale, pages 67, 69, 83, 85, 149,

160).

Autre exemple significatif : le choix des sources. Ainsi, dans le manuel de terminale de Nathan, la presse dite de gauche est surreprésentée : en 200 pages, Le Monde est cité vingt-trois fois, Alternatives économiques, dix fois. Quant à la presse libérale ou financière, elle est quasi absente : La Tribune a droit à une citation, The Economist, à deux, et Business Week, à une. Le magazine Alternatives économiques, qui développe une critique de la mondialisation, figure parmi les sources récurrentes de tous ces ouvrages, et reconnaît d'ailleurs qu'il fait bénéficier les professeurs de sciences économiques et sociales (SES) de tarifs étudiants, ou qu'il les abonne gratuitement pour dix abonnements recueillis parmi les élèves.

La méthode se révèle d'autant plus pernicieuse que tout ce qui est décrit n'est pas faux, il s'agit simplement d'une version des faits. Ces livres pèchent par omission, en quelque sorte. « Notre but est à la fois d'être pédagogiques et de rentrer dans le cadre du programme officiel », explique une responsable éditoriale qui préfère garder l'anonymat. « Nous nous fions aux années de pratique de nos auteurs, ce sont eux qui choisissent les ressources documentaires. » La plupart des éditeurs que nous avons contactés se sont ainsi défaussés sur leurs auteurs, tous enseignants du secondaire.

Pour expliquer la vision de l'économie véhiculée par les manuels, les enseignants, eux, expliquent que la discipline est entrée au lycée en 1966 et qu'elle a gardé des séquelles de cette époque. Ils revendiquent l'héritage d'une pédagogie fondée sur le débat d'idées, l'étude de documents, le raisonnement inductif (qui part de faits d'actualité pour remonter aux concepts), ainsi que des maîtres à penser venant tant de l'école des Annales de Fernand Braudel (1) que de l'école bourdieusienne. « L'enseignement des sciences économiques et sociales au lycée consiste à former des esprits critiques, à faire en sorte que les élèves se considèrent comme acteurs du monde dans lequel ils vivent », rappelle Edwige Corcia, professeur à Paris et secrétaire générale de l'Association des professeurs de sciences économiques et sociales (Apses), la plus grosse association du secondaire, qui réunit 20 % des professeurs de cette discipline.

Quant aux élèves, bien peu de ceux qui étudient l'économie au lycée poursuivront cette matière au-delà du bac. D'après les statistiques 2001 du ministère de l'Education, parmi les titulaires d'un bac ES seulement 4 % ont opté pour une classe préparatoire aux écoles de commerce et 8 % ont choisi une faculté de sciences éco. Les autres se dirigent principalement vers les facs de sciences humaines et sociales, de droit, les IEP (instituts d'études politiques) ou les IUT.

L'économie au lycée jouerait donc le rôle d'une superéducation civique. Mais notre plongée dans les manuels les plus prisés des 5 000 enseignants de SES en relativise fortement cette prétention à la formation citoyenne. Pour Alessandro Citanna, professeur d'économie titulaire à HEC, « l'économie telle qu'elle est enseignée aujourd'hui se fonde sur des jugements de valeur. On a l'impression qu'on ne donne pas les outils pour que les élèves se fassent leur propre jugement. L'économie est une discipline scientifique, sans aucun jugement de valeur. En France, elle est souvent considérée comme de gauche, et la gestion, comme de droite. Même à HEC, on retrouve ce clivage. Mais ce qui est inquiétant, conclut-il, ce n'est pas que les élèves aient des préjugés sur l'économie, l'entreprise ou les marchés, mais que leurs professeurs en aient. » Sur le terrain, toutefois, le parti pris antilibéral des enseignants s'atténuerait avec le temps : « Les mentalités évoluent, même les soixante-huitards les plus acharnés ont mis de l'eau dans leur vin. Et les nouvelles

générations d'enseignants font un réel effort de pluralité dans leurs ressources

documentaires », note un inspecteur pédagogique régional. Pour preuve, le succès

rencontré par le nouveau manuel des éditions La Découverte, qui en ont confié

la rédaction à 40 économistes et sociologues représentatifs des principaux

courants de pensée contemporains, plutôt qu'à des enseignants. Depuis sa sortie

en 1999, il s'est vendu à 17 500 exemplaires - à titre de comparaison, un

manuel best-seller comme le Bréal pour les classes de première ou le Hatier

destiné aux terminales s'écoulent à 30 000 exemplaires environ en quatre ans de

durée de vie.

Afin de répondre aux nouvelles attentes d'un corps enseignant en pleine évolution, mais surtout à celles des élèves et de leurs parents, les éditions Bréal ont décidé de lancer pour cette rentrée un manuel d'un nouveau genre. Cet ouvrage traite le programme d'économie à travers le prisme d'acteurs de la vie économique. L'introduction de cet « extramanuel » est ainsi constituée de deux textes sur le thème « quelle croissance, pour quoi faire ? » : l'un de Denis Kessler, vice-président du Medef, l'autre de Bernard Cassen, président fondateur du mouvement antimondialisation Attac. Suivent des contributions du patron Antoine Guichard (Groupe Casino) et d'un ancien inspecteur du travail, sur le thème « salariés, flexibles jusqu'où ? ». Le directeur d'une ANPE régionale, le DRH des Chantiers de l'Atlantique, l'économiste de la CGT Jean-Christophe Le Duigou, le patron de France Télécom, Michel Bon, ou encore Susan George, vice-présidente d'Attac, et bien d'autres, ont contribué à cet ouvrage. « Nous sommes partis du hiatus que l'on constate parfois entre les prescriptions des enseignants et les attentes des lycéens. Nous voulions intéresser les élèves tout en leur montrant qu'il n'y a pas une réponse unique à un problème », explique Bertrand Pirel, PDG de Bréal.

L'Institut de l'entreprise, un groupe de réflexion patronal, s'est également engagé dans le débat en mettant en ligne gratuitement sur le site Internet Melchior –(www.melchior-eco.com.fr/)– (http://(www.melchior-eco.com.fr/) des études de cas à l'attention des enseignants d'économie. Animé par Gérard Thoris, professeur en classe prépa, il propose des documents variés sur les grands thèmes du programme : « Face à un vaste programme qui se renouvelle avec l'actualité, les enseignants manquent de temps et de moyens. Ils ne peuvent lire toute la littérature économique et sociale, et les ressources des CDI [centres de documentation et d'information] des lycées sont d'abord destinées aux élèves. D'où l'impression de courir après l'information de qualité. » L'équipe de quinze personnes qui nourrit le site est constituée d'enseignants, mais aussi de cadres, de fonctionnaires. Sur chaque thème, ils font une synthèse de plusieurs sources : textes de chercheurs, chiffres et rapports officiels, rapports annuels des entreprises. Après avoir consulté un dossier en ligne sur la fusion entre Renault et Nissan, un enseignant a confié à Gérard Thoris qu'il lui aurait fallu au moins quinze jours pour réunir cette masse de documentation, le soir, chez lui, avec ses moyens personnels. Les chefs d'entreprise ont ainsi compris qu'il leur appartenait aussi d'apporter des solutions pratiques, et pas seulement des

critiques.

Quatre thèmes, un seul discours

La contestation Les manuels multiplient les photos de manifestations (Hachette, terminale, pages 140, 146, 151, 154 ; Bréal, terminale, pages 361, 364, 368, 491), représentent volontiers José Bové ou l'assaut du McDo de Millau.

La mondialisation Dans le chapitre « Mondialisation, intégration et croissance » (Nathan, terminale, page 156), le premier visuel est un dessin montrant un couple de Pakistanais cousant, à la lumière d'une lampe à pétrole, des ballons de football.

Le rôle de l'Etat Dans « Les fondements de l'intervention des pouvoirs publics » (Hatier, première, pages 258 à 263), seul le point de vue keynésien est exprimé. Aucun auteur néo-classique ou libéral n'est cité.

Les 35 heures

La réduction du temps de travail est déclinée dans des textes sur le rôle de l'Etat dans sa mise en oeuvre, il n'y a rien sur le coût des trente-cinq heures ni sur leur application dans les PME (Hatier, première, pages 374 à 377).

Laure Dumont

Posté

Tout ceci est exact, d'ailleurs j'en profite pour publier ici -Libertarian Kids étant surchargé- un de mes derniers articles abordant le problème :

La propagande au sein de l'Education Nationale

Quel est le meilleur moyen pour maintenir un système basé sur la coercition, le dirigisme économique et le parasitisme chronique ? La solution se trouve dans l’intoxication de masse et ce dès le plus jeune âge.

Les sciences économiques et sociales, matière principale enseignée aux terminales ES dans tous les lycées de France, n’a vu le jour et n’a pu se maintenir uniquement grâce au soutiens d’associations et d’organisations telles qu’Alternatives Economiques[1] – magazine clairement ancré à gauche -, effectivement, les professeurs d’histoire géographie avaient par le passé tenté d’absorber cette matière en l’intégrant à leur programme et ce n’est que grâce aux divers soutiens suscités que les sciences économiques et sociales ont pu continuer à être enseignées au sein de l’Education Nationale.

Le livre lui-même qui est fourni aux élèves est un condensé d’intoxication intellectuelle ; nous seulement nous y retrouvons bons nombres d’économistes et de sociologues membres de magazines – Alternatives Economiques ainsi qu’Alternatives Internationales – ou d’observatoires tels que Inegalites.fr, mais encore le programme structuré par ledit livre est partial au plus au point.

On y enseigne par exemple que la crise de 1929 est due à une défaillance du marché sans analyser le point de vue des auteurs libéraux sur la question. On y enseigne par ailleurs que l’exclusion et l’augmentation de la pauvreté est due aux politiques libérales menées en France depuis les années 1980… A ce stade là nous ne sommes ni dans la théorie économique, ni dans le débat d’idées, nous sommes simplement dans le mensonge et dans la propagande pure et simple.

Il suffit de consulter les chiffres de Vie Publique[2] pour rétablir la vérité. La part de consommation de l’Etat dans le PIB était de 39.3% en 1974 (alors que cette période – les 30 glorieuses – est citée comme étant un exemple d’interventionnisme), de 43.4% en 1975, de 45.5% en 1980, de 51.9% en 1985 puis de 53.5% en 1995. Selon l’OCDE[3], les dépenses publiques sociales, quant à elles, sont passées de 21.1% du PIB en 1980 pour croître continuellement jusqu’en 1993 où elles ont alors atteint 29.5% du PIB ; elles sont depuis lors stabilisées autour de 28% du PIB (28,9% en 1999, 28.3% en 2000, 28.5% en 2001). Si les propagandistes de l’Education Nationale en arrivent à qualifier de libérales de telles politiques qui se traduisent clairement par une augmentation continue de la consommation de l’Etat dans le PIB, c’est soit qu’ils ne savent pas lire – ce dont je doute -, soit qu’ils prennent volontairement des gens – en l’occurrence les lycéens - pour des cons, ce qui semble manifestement être le cas.

De manière générale, les pseudo-économistes et pseudo-sociologues en question manient le paradoxe à volonté ; comme le souligne l’économiste keynésien américain Paul Krugman[4], en France, les politiques clairement keynésiennes sont très facilement qualifiées d’ultra-libérales. Il existe également la tendance inverse – défendue entre autres par Jean-Paul Fitoussi, tout aussi mensongère – qui tend à faire passer des pays comme les Etats Unis pour des exemples d’interventionnisme par rapport à des pays comme la France, suivant alors le discours libéral américain. Les Etats Unis sont certes beaucoup plus interventionnistes dans leurs actes que leur discours – les dépenses publiques se chiffrent au tiers du PIB –, ils le sont néanmoins beaucoup moins que les Etats européens et en particulier la France, où la part de consommation de l’Etat dans le PIB est je le rappelle de plus de 50%.

Enfin, si des économistes et sociologues peu connus comme Denis Clerc, Jacques Généreux, Serge Paugam sont cités à plusieurs reprises, des économistes qui ont eu un rôle majeur au sein de la théorie économique – à l’exemple de Frédéric Bastiat ou encore de Ludwig von Mises – demeurent irrémédiablement absents.

Notes

[1] Alternatives Economiques a dailleurs passé un contrat avec lEducation Nationale pour être fourni quasiment gratuitement (moins de 20 euros par an). Sachant quil sagit dune revue clairement engagée, on peut sérieusement mettre en doute la neutralité de lenseignement professé par ladite Education Nationale.

[2] Vie Publique, http://www.vie-publique.fr/decouverte_inst…/approf_204.htm

[3] OCDE, http://www.oecd.org/dataoecd/56/37/31613113.xls

[4] Slate, http://slate.msn.com/id/1921/

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