ronan Posté 13 décembre 2005 Signaler Posté 13 décembre 2005 Lecture indispensable aux bonaparto-impérialistes, surtout s'ils se proclament "libéraux" de surcroît : Portrait à charge, pamphlet cinglant non dénué d'humour, ce livre longtemps indisponible remet les pendules à l'heure. Attention : Henri Guillemin (1903-1992), grand historien des Lettres, n'est surtout pas un auteur libéral. Ses sympathies allaient plus volontiers au jacobinisme radical qu'au libéralisme bourgeois. Pour les admirateurs de Chateaubriand (sans l'accent circonflexe), Cf. également sa biographie par Guillemin qui interroge la véracité des Mémoires d'Outre-Tombe avec un terrible aplomb et une minutie exemplaire (L'homme des Mémoires d'outre-tombe):
Invité deago Posté 13 décembre 2005 Signaler Posté 13 décembre 2005 ronan a dit : Attention : Henri Guillemin (1903-1992), grand historien des Lettres, n'est surtout pas un auteur libéral. Ses sympathies allaient plus volontiers au jacobinisme radical qu'au libéralisme bourgeois. La chaîne Histoire a diffusé l'an dernier une série d'émissions enregistrées dans les années 60 ou 70 dans lesquelles Henri Guillemin, seul face à la caméra, racontait sa version de la vie de Bonaparte. Outre un dénigrement systématique ad hominem, de Bonaparte, de sa naissance à sa mort, il s'attaquait violemment à sa famille. En même temps, il profitait de la moindre occasion pour faire un éloge vibrant à Robespierre, "ami du peuple". L'impression qui en ressortait était celle d'un historien extrêmement compétent doublé d'un excellent orateur, mais dont les interprétations, fortement politisées et extrêmement subjectives, étaient à prendre avec d'infinies précautions. Si le livre est aussi bien documenté et aussi bien écrit que les émissions, il doit être passionnant.
ronan Posté 13 décembre 2005 Auteur Signaler Posté 13 décembre 2005 deago a dit : La chaîne Histoire a diffusé l'an dernier une série d'émissions enregistrées dans les années 60 ou 70 dans lesquelles Henri Guillemin, seul face à la caméra, racontait sa version de la vie de Bonaparte.Outre un dénigrement systématique ad hominem, de Bonaparte, de sa naissance à sa mort, il s'attaquait violemment à sa famille. En même temps, il profitait de la moindre occasion pour faire un éloge vibrant à Robespierre, "ami du peuple". L'impression qui en ressortait était celle d'un historien extrêmement compétent doublé d'un excellent orateur, mais dont les interprétations, fortement politisées et extrêmement subjectives, étaient à prendre avec d'infinies précautions. Si le livre est aussi bien documenté et aussi bien écrit que les émissions, il doit être passionnant. Ces émissions enregistrées pour la RTBF et/ou la TVSR étaient "interdites d'antenne" comme Guillemin du reste sur tous les canaux de l'ORTF. Je suis ravi de voir qu'elles ne sont plus censurées à présent ! Le problème d'une approche biographique de Bonaparte est qu'il a sciemment créé, entretenu et fait prospérer sa légende en étouffant systématiquement les traces souvent peu flatteuses de la réalité. Nos livres d'écolier, nos monuments, l'histoire officielle de la République (c'est un comble !) jusqu'à l'hagiographie pseudo-scientifique de l'Institut en portent encore la flêtrissure - celle du mensonge puisqu'il faut bien appeler un chat un chat. Guillemin était animé d'une âme vengeresse de procureur de la postérité. En cela, il a choisi d'exposer aussi crûment que possible les falsifications, énormes, systématiques et multiples de l'historiographie bonapartiste officielle - à commencer par celles que Napoléon a dictées en personne. Personnellement, je pense qu'il aurait aller encore plus loin dans la dénonciation des mensonges du personnage et de son régime despotique. A l'échelle du XIXème s., Napoléon est un précurseur français d'Hitler, ni plus ni moins (guerres, pillages, massacres et dépopulations à très grande échelle). Sans l'"épopée" napoléonienne, la France contemporaine serait non seulement infiniment plus démocratique et libérale, mais elle compterait vraisemblablement 10 ou 20 millions d'habitants en plus. Aspect démographique particulièrement déplaisant que Guillemin n'exploite pas, pas plus que les campagnes militaires ou l'économie du régime d'ailleurs. Sa documentation est presque irréprochable, mais son iconoclasme dérange en France. C'est en effet un cas presque unique parmi les historiens français, alors que chez nos voisins l'appréciation du régime et du despote à sa juste valeur a été faite depuis longtemps. Une des caractéristiques principales de Bonaparte selon Guillemin est son pragmatisme foncier et son absence totale de scrupule. On en est réduit à la psychologie individuelle et aux rapports de forces au lieu de l'analyse doctrinaire pour expliquer les mobiles du personnage. Aussi, distinguer l'ad hominem des inconsistances "doctrinales" du bonapartisme, par exemple, est sans objet dans cette approche (révisionniste au sens noble du terme). Concernant la famille, et le système népotique mis en place par Napoléon pour gouverner l'Empire en particulier, Guillemin ne s'attarde pas outre mesure, focalisant ses analyses sur les personnalités les plus saillantes et ne prétendant pas en faire le portrait de famille en y incluant les satrapes dont le nom orne encore aujourd'hui les boulevards périphériques parisiens, ce qui ne serait pas non plus à la gloire du régime et de son créateur àmha. J'ajouterai que la verve du style rend cette lecture très roborative.
Dilbert Posté 13 décembre 2005 Signaler Posté 13 décembre 2005 Le général Bonaparte aurait pu être le George Washington français, il a choisi d'être l'empereur Napoléon. Il a en fait choisi une carrière personnelle (ce qu'il appelle sa destinée, son étoile) pour avoir son nom dans l'histoire, au prix de l'abaissement final du pays (malgré la réorganisation jacobine centralisatrice opérée lors du Consulat). C'est pour moi un excellent exemple de ce que quelqu'un d'intelligent mais dépourvu de principes peut faire avec un appareil d'Etat à son service. Les politiciens actuels sont du même style, eux aussi voudraient laisser leur nom dans l'histoire peu importe à quel prix - mais heureusement ils ont moins de pouvoir. Je comprends très bien la colère de Beethoven à son sujet ("ce n'est donc qu'un homme ordinaire", ou quelque chose du genre, dit-il en raturant sa dédicace de la Troisième).
Dardanus Posté 13 décembre 2005 Signaler Posté 13 décembre 2005 Taine dans les Origines de la France contemporaine (le tome II où se trouve le chapitre sur Napoléon dans la collection Bouquins de Robert Laffont est semble-t-il indisponible sur Amazon.fr) traçait déjà un portrait au vitriol de Napoléon. Citation C'est l'égoïsme, non pas inerte, mais actif et envahissant, proportionné à l'activité et à l'étendue de ses facultés, développé par l'éducation et les circonstances, exagéré par le succès et la toute-puissance jusqu'à dresser au milieu de la société humaine un moi colossal, qui incessamment allonge en cercle ses prises rapaces et tenaces, que toute résistance blesse, que toute indépendance gêne, et qui, dans le domaine illimité qu'il s'adjuge, ne peut souffrir aucune vie, à moins qu'elle ne soit un appendice ou un instrument de la sienne. (…)De la part des républicains, nulle résistance ; au contraire, c'est parmi eux qu'il a trouvé ses meilleurs instruments de règne, sénateurs, députés, conseillers d'état, juges, administrateurs de tout degré. Tout de suite, sous leurs prêches de liberté et d'égalité, il a démêlé leurs instincts autoritaires, leur besoin de commander, de primer même en sous-ordre, et par surcroît, chez la plupart d'entre eux, les appétits d'argent ou de jouissance. (…) "J'ai grandi sur les champs de bataille, et un homme comme moi se f…de la vie d'un million d'hommes." Sa chimère impériale en a dévoré bien davantage : entre 1804 et 1815, il a fait tuer plus de 1 700 000 Français nés dans les limites de l'ancienne France, auxquels il faut ajouter probablement 2 millions d'hommes nés hors de ces limites et tués pour lui, à titre d'alliés, ou tués par lui, à titre d'ennemis. (…) Telle est l'oeuvre politique de Napoléon, oeuvre de l'égoïsme servi par le génie…
Taranne Posté 14 décembre 2005 Signaler Posté 14 décembre 2005 ronan a dit : Personnellement, je pense qu'il aurait aller encore plus loin dans la dénonciation des mensonges du personnage et de son régime despotique. A l'échelle du XIXème s., Napoléon est un précurseur français d'Hitler, ni plus ni moins (guerres, pillages, massacres et dépopulations à très grande échelle). Bonjour la nuance. On croirait lire Claude Ribbe. Près de deux siècles après sa mort, une approche fair and balanced de la geste napoléonienne n'est décidemment pas pour demain… Citation Sans l'"épopée" napoléonienne, la France contemporaine serait non seulement infiniment plus démocratique et libérale Spéculation hasardeuse: avec des "si" on mettrait Paris en bouteille. Napoléon n'a certes pas contribuer à faire de notre pays un phare du libéralisme ni de la démocratie, mais le gâchis était déjà bien entamé quand il arriva au pouvoir. Citation Sa documentation est presque irréprochable, mais son iconoclasme dérange en France. C'est en effet un cas presque unique parmi les historiens français, alors que chez nos voisins l'appréciation du régime et du despote à sa juste valeur a été faite depuis longtemps. Ce qui "dérange" chez Guillemin, c'est qu'il ne soit pas objectif, ce qui pour un historien est ou devrait être la moindre des choses. L'impartialité totale est bien évidemment impossible, mais ce n'est pas une raison pour ne pas essayer. L'approche de Guillemin est l'exact pendant inversé de l'hagiographie bonapartiste: on m'excusera de trouver que ce n'est pas un progrès. Quant à l'indulgence dont feraient preuve les historiens à l'égard du Petit Caporal, elle me laisse perplexe: les manuels d'histoire sont très critiques à son endroit, de même que tous les auteurs un peu sérieux depuis Taine. Même les plus sévères font toutefois preuve de nuance, comme leurs collègues étrangers soit dit en passant.
Dardanus Posté 14 décembre 2005 Signaler Posté 14 décembre 2005 Une citation de Jean Tulard, spécialiste de Napoléon et président annuel de l'Académie des Sciences Morales et Politiques. Citation L'historien est au service de la vérité et non de la morale. Il établit l'exactitude des faits, éclaire les causes d'un événement. (…) Mais il en porte pas d'appréciation sur cet événement. Il peint les hommes, il ne les juge pas. C'est à cette condition que l'histoire ne sera pas la mémoire des vainqueurs.
ronan Posté 15 décembre 2005 Auteur Signaler Posté 15 décembre 2005 Dardanus a dit : Taine dans les Origines de la France contemporaine (le tome II où se trouve le chapitre sur Napoléon dans la collection Bouquins de Robert Laffont est semble-t-il indisponible sur Amazon.fr) traçait déjà un portrait au vitriol de Napoléon. Merci de cette citation, je vois avec intérêt que les évaluations des pertes démographiques attribuées à Bonaparte ont peu varié depuis Taine; les démographes de l'INED donnent aujourd'hui de 1,4 M à 1,5 M décès, naturellement dans les classes d'âge les plus jeunes (partant, les plus prometteuses) dont toute descendance a ainsi été rendue impossible, au grand dam de la France (ne parlons pas de l'Europe ou du Genre humain) Pour Tulard, je trouve sa position plus qu'ambigue : on ne sait s'il rèvère au fond ou s'il déplore le Grand Homme providentiel @Taranne : devrait-on me reprocher que je manque d'indulgence envers le pire despote français des 2 derniers siècles ? En tant que libéral, c'est assez piquant. Je dénonce Napoléon comme il sied à un libéral de le faire àmha. L'approche coût/bénéfices ne parle pas en sa faveur de ce point de vue, mais je peux toujours me tromper. Guillemin est très objectif à sa manière : il confronte les déclarations officielles, les mémoires du grand homme et les manuels ou les traités historiques avec la correspondance et d'autres témoignages de première main; sa partialité consiste à ne relever que les falsifications des premières, mais elles sont tellemement plus significatives que les assertions exactes. Quant à la critique de Napoléon dans les manuels et l'historiographie officielle contemporaine, il suffit de voir l'argument avancé pour que le Chef de l'Etat et son 1er Ministre n'assistent pas à la commémoration d'Austerlitz ces jours derniers : le vilain 1er Consul avait rétabli la traite négrière ! Il suffit aussi d'ouvrir son téléviseur à 21h pour voir la fierté du conservateur du Château de Fontainebleau devant les appartements kitchissimes que s'était fait aménager le tyran (Racines & Ailes). Il suffit enfin d'aller visiter les dernières expositions du Musée du Louvre consacrées au grandiose sacre du Charlemagne des temps modernes ainsi qu'aux salles d'apparat récemment restaurées à grand frais…(et je passe sur les butins de guerres et le fruit des pillages napoléoniens qui emplissent ce plus-grand-musée-du-monde ad nauseam); Bref, nous sommes en pleine dénonciation du "culte de la personnalité" bonapartiste… Des arguments pro domo ?
Dardanus Posté 15 décembre 2005 Signaler Posté 15 décembre 2005 ronan a dit : Pour Tulard, je trouve sa position plus qu'ambigue : on ne sait s'il rèvère au fond ou s'il déplore le Grand Homme providentiel La réponse se trouve dans la citation de mon message précédent. Henri Guillemin n'est pas un historien mais un militant, mieux un croyant. Il adorait Jésus et Robespierre et comme tout bon chrétien combattait Satan, en l'occurence Napoléon. Tulard se contente de faire son travail d'historien, c'est à dire de travailler dans la nuance et non dans l'excommunication. C'est au lecteur de tirer les conclusions qu'il souhaite tirer des faits mis en lumière par le spécialiste. Qui a jamais prétendu que Napoléon était un libéral ? Il n'est cependant pas plus Hitler que Robespierre n'est Lénine. Et cependant, je n'apprécie guère Robespierre… ronan a dit : Pour Tulard, je trouve sa position plus qu'ambigue : on ne sait s'il rèvère au fond ou s'il déplore le Grand Homme providentiel La réponse se trouve dans la citation de mon message précédent. Henri Guillemin n'est pas un historien mais un militant, mieux un croyant. Il adorait Jésus et Robespierre et comme tout bon chrétien combattait Satan, en l'occurence Napoléon. Tulard se contente de faire son travail d'historien, c'est à dire de travailler dans la nuance et non dans l'excommunication. C'est au lecteur de tirer les conclusions qu'il souhaite tirer des faits mis en lumière par le spécialiste. Qui a jamais prétendu que Napoléon était un libéral ? Il n'est cependant pas plus Hitler que Robespierre n'est Lénine. Et cependant, je n'apprécie guère Robespierre…
Legion Posté 15 décembre 2005 Signaler Posté 15 décembre 2005 Tiens, toi aussi tu aime bien l'effet Juvamine.
William White Posté 15 décembre 2005 Signaler Posté 15 décembre 2005 Legion a dit : Tiens, toi aussi tu aime bien l'effet Juvamine. Une sorte de Khano et Khayek, mais en Dardanus et Dardanus. Et concernant le dernier post de Dardanus, je tiens à préciser, que si je suis d'accord avec son premier paragraphe, je suis en total désaccord avec son deuxième.
Taranne Posté 15 décembre 2005 Signaler Posté 15 décembre 2005 William White a dit : Une sorte de Khano et Khayek, mais en Dardanus et Dardanus. Et concernant le dernier post de Dardanus, je tiens à préciser, que si je suis d'accord avec son premier paragraphe, je suis en total désaccord avec son deuxième. Tu penses donc qu'il est approprié de mettre Napo et Adolf sur le même pied?
ronan Posté 17 décembre 2005 Auteur Signaler Posté 17 décembre 2005 Dardanus a dit : La réponse se trouve dans la citation de mon message précédent. Henri Guillemin n'est pas un historien mais un militant, mieux un croyant. Il adorait Jésus et Robespierre et comme tout bon chrétien combattait Satan, en l'occurence Napoléon. Tulard se contente de faire son travail d'historien, c'est à dire de travailler dans la nuance et non dans l'excommunication. C'est au lecteur de tirer les conclusions qu'il souhaite tirer des faits mis en lumière par le spécialiste. Je n'écris pas l'histoire donc ne peux attribuer un tel brevet d'historien à untel ou untel. Je me borne à dinstinguer entre les chroniqueurs qui relatent de leur point de vue contemporain, et les autres historiographes qui interprètent les sources. Parmi ces derniers, on trouve des mystificateurs et des démystificateurs : je prèfère par goût personnel les seconds, des Guillemin plutôt que des Tulard. Dardanus a dit : Qui a jamais prétendu que Napoléon était un libéral ? Il n'est cependant pas plus Hitler que Robespierre n'est Lénine. Et cependant, je n'apprécie guère Robespierre…La réponse se trouve dans la citation de mon message précédent. Henri Guillemin n'est pas un historien mais un militant, mieux un croyant. Il adorait Jésus et Robespierre et comme tout bon chrétien combattait Satan, en l'occurence Napoléon. Tulard se contente de faire son travail d'historien, c'est à dire de travailler dans la nuance et non dans l'excommunication. C'est au lecteur de tirer les conclusions qu'il souhaite tirer des faits mis en lumière par le spécialiste. Qui a jamais prétendu que Napoléon était un libéral ? Il n'est cependant pas plus Hitler que Robespierre n'est Lénine. Et cependant, je n'apprécie guère Robespierre… Tu remarqueras que j'ai précisément dénié le qualificatif de libéral à Guillemin (avec son accord posthume). En revanche, on trouve des libéraux (prétendus tels) qui s'offusquent du manque d'hommage rendu à leur Empereur liberticide pour les commémorations d'Austerlitz… Tu as bien raison de laisser le lecteur choisir en fin de compte : c'est la seule attitude libérale àmha. NB : en raffraîchissant mes souvenirs de lecture, je me vois obligé d'amender mon appréciation sur Tulard. Il est en effet plus proche de Guillemin qu'on ne le croit généralement, témoin cette page extraite d'un site bonapartolâtre (Cf. La légende Noire) : http://www.napoleonicsociety.com/french/anneemondiale.html
Dilbert Posté 17 décembre 2005 Signaler Posté 17 décembre 2005 ronan a dit : En revanche, on trouve des libéraux (prétendus tels) qui s'offusquent du manque d'hommage rendu à leur Empereur liberticide pour les commémorations d'Austerlitz… Le nationalisme est un virus difficile à éliminer, même pour ceux qui se disent libéraux.
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