Aller au contenu

Alternative Libérale – Critique Du Manifeste


(V)

Messages recommandés

Posté

Alternative Libérale – Critique du Manifeste

> http://www.alternative-liberale.fr/pour_un…ve_liberale.pdf

Puisque des promoteurs d’Alternative Libérale ont invités les membres du forum à lire leur manifeste sur leur site, je suppose qu’ils peuvent s’attendre à des réactions. Et parmi ces réactions, à des critiques. Voici la mienne :

1.

« Las des querelles de clans et des rencontres prétendus impossibles, nous voulons réunir dans l’action politique tous les amoureux de la liberté. »

Le tout début, qui marque quand même la première impression :

Le premier mot : « las ». Ca commence sur un état négatif, et non une dynamique positive. On a l’impression d’entendre quelqu’un d’agacé, de lessivé, qui ne sait plus trop quoi faire, qui fait une ultime tentative mais qui est prêt à renoncer si vraiment ça ne marche pas…

Ensuite, à quelles « querelles » est-il fait référence ? Quels sont ces « clans » ? S’agit-il des quelques associations libérales françaises, qui ont pu fricoter mais qui se sont éloignées, LC et l’ADEL par exemple ? S’agit-il des « tendances » telles qu’on peut les trouver sur ce forum ? En tout cas, de quoi qu’il s’agisse je doute fort que le grand public en ait eu le moindre écho. Ce manifeste ne s’adresse-t-il qu’à une poignée d’« initiés » ?

« Amoureux de la liberté » : autant éviter d’utiliser le mot « liberté », juste une question d’honnêteté intellectuelle (c’est comme Dieu, il ne faut pas le nommer).

2.

« Nous voulons que notre pensée retrouve la place qu’elle n’aurait jamais du perdre dans le débat politique de notre pays : celle d’une philosophie de la liberté et de l’épanouissement individuel, gagnante pour tous. »

La deuxième phrase.

« Notre pensée » ? Quelle pensée ? Il faudrait l’avoir explicitement mentionnée au préalable : libéralisme. Le seul nom du parti, indiqué dans le titre, ne suffit pas.

Ensuite, cette phrase est beaucoup trop longue, indigeste, elle mêle beaucoup trop d’idées à la fois. La scinder en deux phrases serait un minimum.

Enfin, c’est une erreur de parler d’« épanouissement ». Le libéralisme vise à l’émancipation, le libéralisme vise à émanciper les individus du pouvoir qui les oppresse. L’émancipation, c’est combattre les immixtions du pouvoir dans notre vie privée. Dans un souci d’épanouissement, par contre, on peut très bien réclamer du pouvoir qu’il contrôle toujours plus « les autres », ou qu’il nous alloue les moyens de nous « sentir bien ».

En fait, la distinction entre épanouissement et émancipation est la même que celle entre liberté positive et liberté négative, ou encore « droit à » et « droit de ».

3.

« Porteurs d’un libéralisme éthique, refusant l’utilitarisme, les conservatismes et l’inertie sociale-démocrate, nous sommes la nouvelle génération libérale. »

(deuxième phrase du troisième paragraphe, page 3)

C’est quoi ce truc ????!!! Encore une fois, à qui s’adresse ce manifeste ? Ce tout petit passage qui évoque des débats philosophiques très profonds contraste fort avec le reste, plutôt creux, fait de phrases qui sonnent bien sans renvoyer à des projets très concrets.

C’est quoi un « libéralisme éthique » ? Qu’est-ce que ça peut bien être ? Autant parler de « libéralisme giga-love » (pour rependre les mots du LMDM), on comprend presque mieux.

« Refusant l’utilitarisme » : référence à un courant économico-politico-philosophique souvent mal compris, et surtout dont le nom est quasiment inconnu pour qui ne s’est jamais trop intéressé à l’éco-la-pol-ou-la-philo.

« Les conservatismes » : on parle de quoi, de courants philosophiques ou d’attitudes politiques ? C’est très différent. Ce genre de grands mots - « utilitarisme », « conservatisme », etc. - ne prend son sens que dans l’expression d’une pensée parfaitement ordonnée. Il faut être plus rigoureux au risque d’être taxé d’incohérence.

« inertie sociale-démocrate » : on pourrait penser qu’il est fait référence à une autre attitude politique, mais parler d’inertie renvoie à l’idée d’un système déjà en place. Ca devient vraiment trop confus. Même remarque que pour « les conservatismes ».

4.

Et la fin, ce sur quoi on reste…

« Démocratie refondée, Société libérée, Justice retrouvée, Prospérité enfin… »

Pourquoi associer un adjectif à chacun de ces termes, qui désigne déjà un idéal, une finalité en soi ? Ces adjectifs plombent des mots qui sont tellement beaux, qui sont déjà si complets !

« Démocratie refondée » : qu’est-ce que ça veut dire, « fonder la démocratie » ? Pourquoi « re » fondée ? Elle a déjà été fondée ?

« Société libérée » : la société, c’est précisément le support de libération des individus qui composent cette société. La « libérer » ne veut pas dire grand-chose. A la limite la « reconnaître », reconnaître l’existence d’une entité distincte de l’Etat, la société civile, et qui peut donc s’opposer à lui.

« Justice retrouvée » : parce qu’on l’avait perdu ? Parce qu’on l’avait déjà trouvé ? La justice ne se trouve pas : elle s’applique ou elle s’impose.

« Prospérité enfin… » : c’est juste moche. Et alors qu’aux autres est associé un adjectif, celui là rien. Comme si c’était le seul qui se complétait lui-même…

Cette formule qui je pense est sensée sonner comme un slogan devrait être carrément allégée.

« Démocratie, Justice, Liberté, Prospérité », ça peut être largement suffisant.

Bon, je livre ces quelques remarques vraiment à tout hasard, j’aimerai juste qu’elles soient perçues non comme une attaque mais plutôt comme la manifestation de mon envie, de mon souci d’aider. Peut-être que les responsables d’AL n’ont que faire d’un petit avis isolé comme le mien, d’un petit avis d’un petit con ou que sais-je encore. Mais qu’ils se disent seulement que si quelqu’un l’exprime, c’est que d’autres peuvent le partager, qui plus est si ils sont totalement étrangers à quelque « réseau » libéral.

Avez-vous seulement fait lire ce manifeste à des gens qui ne se réclament pas du libéralisme, voire à des gens qui prétendent ne pas avoir d’opinions politiques particulières, ou encore à des gens simplement rencontrés dans la rue ?

Posté

Et moi avec ceux avec qui j'étais à Saint Jean de Luz on m'a balancé que c'était un manifeste attrape-tout, que tout le monde pouvait s'y reconnaître, et surtout qu'il ne proposait pas de solutions concrètes…

Mais c'est vrai qu'il faut insister là-dessus et être dans le concrêt, non dans l'abstrait : pourquoi les gens vont voter pour nous et pas pour d'autres ? Qu'est-ce qui changera s'ils votent pour nous ? Parce que bien sûr, tout changera, d'une manière ou d'une autre, si demain nous remportons les élections. Ce sont les bonnes questions, me semble-il. Il faut donner aux gens envie de voter pour nous, susciter le désir, en somme. Si l'opinion n'est pas convaincue elle ira faire son marché ailleurs.

Posté

(au passage, il y a eu un probleme avec le premier envoi, mon message etait tronque, mais le probleme est maintenant repare.)

Posté

Je partage les critiques de Valentin. Il faut éviter les -ismes et utiliser des mots simples ("moins d'état", "le pouvoir aux gens"…). C'est de toute façon un exercice très difficile. Le libéralisme politique est un oxymore, invendable, impossible à expliquer clairement, qui tantôt se noie dans le marécage "juste milieu-faut pas choquer le prolo", tantôt dérape dans l'atlantisme, le conservatisme, voire le nationalisme pour certains.

Un manifeste libertarien (minarchiste ou anarcap) c'est nettement plus facile à faire, car ce qui se conçoit bien s'énonce clairement…

Vous ne voulez pas faire un parti libertarien ? Tant pis, vous n'échapperez pas à la madelinisation !

Posté

Ouah Valentin t'es dur sur les détails techniques ! Ceci-dit je pense réellement qu'un tel texte mériterait d'être conçu dans un wiki assez ouvert. Moi je serai bien partant pour y réfléchir. Enfin bon.

Sinon pour ma part c'est sur le fond et c'est l'axe prospérité qui me chagrine. Comme je l'avais expliqué il y a quelques jours. Ces propositions-là :

Une économie prospère est le fondement de toute ambition sociale
(…) Nous voulons une croissance forte (…) Nous voulons encourager l'initiative économique et la création de richesse (…)

… c'est du productivisme. Personnellement je ne vois pas de quoi l'Etat se mèle à vouloir à tout prix une croissance forte pour augmenter son PIB. Je ne suis pas d'accord sur ce point. Pas sûr que je vote pour un programme qui contient une telle ligne directrice.

Enfin dans l'immédiat ça ne m'empêchera pas de donner un coup de main.

Posté
On pourra toujours régler les détails techniques. Rien n'est perdu :icon_up:

Je rapelle que ce n'est qu'un manifeste, qui est là pour donner notre philosophie globale. Il n'a pas vocation à en dire plus que ce qu'il dit là…

Posté

l'idée de le faire lire à des non libéraux qui ne s'intéressent pas à la politique est excellente et devrait, à mon avis, être systématisée à toute production de la part des libéraux

Invité jabial
Posté

Putain, on croirait lire du (autocensuré pour n'insulter personne).

C'est dingue ça.

Quelle loghorrée!

On dirait une explication de texte.

C'est quoi ton but quand tu tapes du AL? T'es payé pour?

Invité Lafronde
Posté
« Refusant l’utilitarisme » : référence à un courant économico-politico-philosophique souvent mal compris, et surtout dont le nom est quasiment inconnu pour qui ne s’est jamais trop intéressé à l’éco-la-pol-ou-la-philo.

« Les conservatismes » : on parle de quoi, de courants philosophiques ou d’attitudes politiques ? C’est très différent. Ce genre de grands mots - « utilitarisme », « conservatisme », etc. - ne prend son sens que dans l’expression d’une pensée parfaitement ordonnée. Il faut être plus rigoureux au risque d’être taxé d’incohérence.

Pourquoi reprocher à ce manifeste de verser dans l'usage d'un vocabulaire dont le sens échappe au néophyte ("refusant l'utilitarisme") tout en fustigeant par ailleurs la vulgarisation de "conservatisme"? Ne reprochons pas à AL une chose et son contraire.

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×
×
  • Créer...