La Fougère Posté 17 mars 2006 Signaler Posté 17 mars 2006 Concernant : Matrioshki, Le trafic de la honte : L'intégrale saison 1 - Coffret 5 DVD Pas vu; c'est la série dont se glorifie la télé publique flamande. Il semblerait que les acteurs soient assez bons, non ? Oui, bons acteurs et bon scénario. (…) je ne serais pas aussi catégorique que Jabial. +1 Je pense néanmoins que le quotidien misérable des filles dans leur pays d'origine a été très exagéré et que ce qui motive ces filles c'est plus de gagner du fric que de "s'en sortir". Le mot qui revient très souvent pour définir les filles, en Roumanie et Bulgarie notamment, c'est "materialistic". Ce n'est pas le cas ou beaucoup moins plus au nord, Hongrie, Ukraine, Pologne, Tchéquie, Slovaquie Dans la série on nous donne une vision relativement nuancée du début à la fin et quel que soit le sujet. On n’a pas affaire à du grand banditisme mais plutôt une «entreprise familiale», des petits truands sans envergure. Dans la réalité on sait que c’est souvent le point de départ de nombreux débutants : mise de fond de départ plus faible que pour la drogue, beaucoup moins de risques aussi… Ce trafic est envisagé comme un tremplin vers d’autres activités et comme une vache à lait (comme on dit en économie). Au moins une des filles sait pertinemment qu’elle vient là pour se prostituer (il y en a aussi). Certaines filles sont tuées (dans la réalité leur exécution/exemple est souvent beaucoup moins soft). Elles sont, ou se sentent, piégées : passeport confisqués, dettes, etc… (très courant). La police traditionnelle est relativement désarmée (évoqué), surtout quand les filles sont déplacées tous les trois mois (à peine évoqué et c’est dommage). Importance de la presse dans l’évolution des politiques sur ces questions (plus ou moins évoqué)… etc. Bref beaucoup de points positifs. La force du scénario est de montrer comment le piège se referme tout doucement (dans le cas très soft qui est évoqué). J’ai été un peu déçu tout de même car on aurait pu faire un balayage plus large du spectre qu’offre la réalité : D’un extrême : les filles qui viennent volontairement pour se prostituer et qui se prostituaient déjà là bas… A l’autre extrême : les filières Albanaise (par exemple) où les filles partent pour un boulot de secrétaire et se retrouve dans la périphérie des grandes villes à se prostituer dans des conditions sordides après passage en maison de dressage (plus ou moins long selon leur résistance)… Sans parler des mineures (entre 15 et 18)… ou encore des filières africaines (Afrique noire). Concernant le côté « bons sentiments », il faut bien comprendre que l’objectif (affiché) était de faire de l’audience et en particulier auprès des cibles potentielles. Je rappelle que les deux premiers épisodes sont diffusés à l’est auprès de ce public avec discussion derrière. En allant trop loin dans le réalisme, on aurait un blocage, voire du déni de réalité… En choisissant l’approche glamour, ils atteignent deux objectifs a priori contradictoires : Susciter à la fois l’intérêt des victimes potentielles et celui de leur bourreau/client. @Jabial Je veux bien avoir une vision libérale de la prostitution. Ici on sort de ce cadre et si l’on parle de trafic d’êtres humains, ce n’est pas par volonté de propagande… mais on est probablement d’accord sur ce point. Concernant cette "oeuvre", vous avez vu de la propagande là où je vois une volonté de prévenir par une approche glamour plutôt habile. Dommage. (…)Bon et pour revenir plus ou moins à la discussion, sur la prostitution et le trafic humain en République Tchèque : http://radio.cz/en/issue/76574 Je manque de temps en ce moment pour lire le document. Pourriez vous nous en donner une idée ? Si vous avez d’autres liens sur le sujet, je suis preneur. (Ma connaissance du sujet ne vient pas d’Internet mais de la presse traditionnelle). Sinon je crois que l’on est dans le sujet : Il est plus que probable que le directeur de l’établissement ait pensé aux sirènes que représente ce genre de contrat pour les filles de son école… et aux déconvenues qui se cachent derrière le plus souvent. Je peux donc comprendre sa réaction même si elle est difficilement justifiable, et très maladroite, dans la mesure où elle entre dans la logique de l’exemple, tellement plus facile que celle de la pédagogie et de la prévention.
Fredo Posté 18 mars 2006 Signaler Posté 18 mars 2006 Concernant le côté « bons sentiments », il faut bien comprendre que l’objectif (affiché) était de faire de l’audience et en particulier auprès des cibles potentielles. Je rappelle que les deux premiers épisodes sont diffusés à l’est auprès de ce public avec discussion derrière. En allant trop loin dans le réalisme, on aurait un blocage, voire du déni de réalité… En choisissant l’approche glamour, ils atteignent deux objectifs a priori contradictoires : Susciter à la fois l’intérêt des victimes potentielles et celui de leur bourreau/client.Sinon je crois que l’on est dans le sujet : (…) Il est plus que probable que le directeur de l’établissement ait pensé aux sirènes que représente ce genre de contrat pour les filles de son école… et aux déconvenues qui se cachent derrière le plus souvent. Je peux donc comprendre sa réaction même si elle est difficilement justifiable, et très maladroite, dans la mesure où elle entre dans la logique de l’exemple, tellement plus facile que celle de la pédagogie et de la prévention. Tout à fait d'accord. Il y a longtemps qu'on connaît ce processus en psychologie, illustré par des expériences sur l'influence des messages. Important si l'on veut vraiment faire de la sensibilisation ou de la prévention. A vouloir trop choquer notre "esprit/cerveau" au lieu de réagir progressivement à l'intensité d'images violentes ou très chargées d'affect, finit par engendrer un phénomène de rejet passé un certain seuil. On obtient alors le contraire de l'effet souhaité. Il faut aussi se souvenir que chez les "jeunes" (jusqu'à la vingtaines d'années) le cerveau n'a pas encore fini sa maturation, et les réseaux de connexions entre cortex préfrontal et système limbique ne sont pas encore terminés. Autrement dit les liens entre "raison" et "pulsions émotionnelles" + mémoire affective sont encore flous. Difficulté à bien évaluer les risques, sentiment de toute puissance, refus ou difficulté à mesurer les conséquences des actes, tendance à une vision égocentrée, etc. Plus simplement, comme le dit la sagesse populaire, les "jeunes" sont plus insouciants (prise de risque) et plus irresponsables.
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