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«le Libre Accès Au Savoir Tient Du Bien Public Mondial»


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Ce combat est celui des libéraux. Ne le laissons pas aux anti-libéraux qui n'ont pas d'autres bons arguments pour convaincre. Ce serait du gachi ! Et c'est l'occasion de montrer que le libéralisme n'est pas un relaie pour les multinationales, et qu'il n'hésite pas plus à les soutenir qu'à les combattre quand c'est nécessaire.

Par Christian LOSSON

QUOTIDIEN : Mercredi 13 septembre 2006 - 06:00

Le dernier ouvrage de Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie 2001, est un livre contre le «fanatisme du marché». Un autre monde (1) est un nouveau réquisitoire contre une mondialisation déséquilibrée. Illustration avec l'enjeu des droits de propriété intellectuelle (PI).

La propriété intellectuelle est-elle la face cachée de la mondialisation ?

Les déséquilibres de ce régime de droits exclusifs sont parmi les pires déviances du capitalisme actuel. Parce qu'il est question de vie ou de mort, comme on le voit dans la lutte pour des copies de médicaments à bas prix. Les hommes ou les brevets ? La faute originelle : avoir laissé aux ministres du Commerce et aux multinationales le soin de façonner les trips [en français, Adpic ­ aspects des droits de propriété intellectuelle touchant au commerce ­, ndlr], en 1994. La PI est intégrée au commerce, pas à l'environnement ni aux normes de travail.

Vous le dénoncez, mais à l'époque vous étiez le conseiller de Clinton à la Maison Blanche !

Il faut voir le lobby formidable des multinationales du médicament et de l'industrie culturelle. Pourtant, on se battait nationalement pour élargir l'accès aux soins d'exclus américains. On était contre les trips, mais à l'arrivée on a préféré faire gagner les «sans-couverture sociale américains» plutôt que les «firmes pharmas». Mais les «firmes pharmas» ont gagné contre les «malades africains». Ils ne votent pas, eux…

Et, quinze ans après, rien n'est réglé…

Tous les pays n'ont pas la puissance du Brésil, qui a menacé de copier des médicaments antisida avant de voir le prix des originaux divisé par dix. Les multinationales ont toujours peur de laisser exporter des génériques de pays riches ou de laisser les pays pauvres en produire. Elles invoquent le coût de la recherche et développement ? Mais elles dépensent plus en pub sur les pilules de confort de vie. Elles redoutent que des génériques soient réexportés vers les pays riches ? En fait, elles craignent la réaction des consommateurs s'ils voyaient l'écart entre les prix que les firmes leur demandent et le prix réel. Elles ont baissé leurs prix pour mieux tenir leurs brevets.

La propriété intellectuelle favorise-t-elle la privatisation du savoir ?

L'Etat finance la recherche fondamentale, le privé met les médicaments sur le marché. Une sorte d'impôt, vu le fossé entre le coût de production (marginal) et le prix à la vente (phénoménal). Le risque de verrouillage du savoir se multiplie. Prenez la course à la brevetabilité des gènes humains : Myriad Genetics, qui a breveté deux mutations du gène du cancer du sein, a exigé que les labos à but non lucratif qui travaillent sur le dépistage paient un droit de licence ! L'idéologie simpliste de la PI peut affecter le rythme des innovations. On l'a vu avec le dépeçage de Netscape, navigateur concurrent de Microsoft, ou l'obligation pour le créateur du BlackBerry (terminal de poche, ndlr) de payer 600 millions de dollars à la firme qui avait acquis le brevet. Début XIXe, ces mêmes brevets avaient failli tuer l'avion ou l'automobile…

Mais les pays occidentaux ont combattu la PI pour se développer, comme ils ont usé du protectionnisme !

C'est comme donner un «coup de pied dans l'échelle» qui a permis de grimper. On le voit encore dans les subventions. On interdit à la Jamaïque de subventionner son lait, pas aux Etats-Unis. Le système actuel de la PI cherche à restreindre l'utilisation des savoirs. Pourtant, comme le disait Jefferson, ex-président américain, le savoir est comme une bougie : «Quand elle en allume une autre, sa lumière ne faiblit pas.» Le libre accès au savoir ­ les tenants de l'architecture ouverte, comme Linux ou Mozilla le savent ­ tient du bien public mondial ! Une obligation morale. Maintenir la PI dans les pays pauvres sur les médicaments, c'est pourtant du lose-lose, un truc de perdant dans les deux sens. Les firmes n'y gagnent rien, les pauvres perdent tout.

«Toutes les idées originales reposent sur des idées antérieures», écrivez-vous. On peut donc copier, voire contrefaire avant d'être créatif : on l'a vu avec les dragons asiatiques ?

Ils ont fait, comme le Japon ou la Corée, de la rétro-ingénierie : créer un objet différent avec des fonctionnalités identiques à l'objet de départ sans contrefaire de brevet. D'autres, comme la Chine, sont souples sur la contrefaçon. Mais là, l'enjeu n'est pas une question de survie. Dans le droit d'auteur, l'équilibre coût-bénéfice est compliqué, même si le protéger soixante-dix ans après la mort de l'auteur est ridicule. Idem avec la bataille autour du téléchargement gratuit de films ou de musique, l'équilibre est ténu.

Comment lutter contre la biopiraterie, le brevetage de ressources naturelles ?

Compliqué, car les trips ont été façonnés pour le business. Si l'on veut introduire de l'équité, empêcher le brevetage du riz Basmati (Inde), du rosy periwinkle (Madagascar) ou du quinoa (Bolivie), il faut pousser les firmes à payer, via la bioprospection et un partage des bénéfices. Pousser aussi les Etats-Unis à ratifier la convention de Rio sur la biodiversité. Permettre aussi une vraie transparence sur les 120 000 brevets annuels ! On est allé trop loin.

L'un des apôtres de la PI, Bill Gates, peut-il et défendre les brevets pour Microsoft et sa fondation pour l'accès à la santé ?

Gates, comme Rockfeller, utilise l'argent de son monopole illégal pour de bonnes causes, mais cela ne justifie pas la culture du monopole. On peut voler l'argent et le rendre aux pauvres, cela rend-il le délit moins mauvais ? Et, avec sa fondation, faire l'impasse sur la solution cruciale : toucher aux droits de propriété intellectuelle.

(1) Fayard, 451 pp., 22 €.

http://www.liberation.fr/actualite/economie/204050.FR.php

© Libération

Posté

Fin de l'article de The Economist sur le dernier livre de Joseph Stiglitz :

But if the writing is crisp, the arguments are a little soggy. Mr Stiglitz assumes the worst of markets, the best of governments—except, of course, his own. Too often, he wants to have it both ways: his distaste for the IMF has made him suspicious of all technocratic bodies, even to the point where he questions the case for independent central banks. But at the same time he wants to set up international tribunals to rule on unfair tax competition, for example, or health standards. He says that debt relief for the poorest countries is “simply a matter of accounting”, because they could not repay anyway. But he also wants to argue that the burden of red ink has crippled them.

Despite his years in policy circles, he remains an artist of the impossible. Among his proposed solutions, he says that every country should open its markets to any economy that is both smaller and poorer. And any nation that does not impose a carbon tax to combat global warming should face tariffs from other countries that do. He argues that the dollar's role as the world's reserve currency gives America an exorbitant privilege—the ability to borrow heavily and cheaply from the rest of the world—and that Asia's determination to hoard dollars forces America to exploit this privilege. His proposal for “global greenbacks”, an alternative reserve currency issued not by one country, but by international fiat, is inspired by Keynes's intriguing idea of an international clearing union. But if Keynes couldn't usher the idea into reality, Mr Stiglitz certainly can't.

“Making Globalisation Work” is not a bad book but it arrives after books that are better. Jagdish Bhagwati's arguments are more convincing (“In Defence of Globalisation”), Paul Blustein's reporting is more reliable (“And the Money Kept Rolling In and Out”) and Martin Wolf provides a better guide to the economic research (“Why Globalisation Works”). That Mr Stiglitz, a great and original theorist, should spend his time writing a “me-too” globalisation book rather proves his point that markets sometimes misallocate resources.

Joe has another go

Posté

La dernière phrase de l'artcile est géniale.

That Mr Stiglitz, a great and original theorist, should spend his time writing a “me-too” globalisation book rather proves his point that markets sometimes misallocate resources.

:icon_up:

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Ce combat est celui des libéraux. Ne le laissons pas aux anti-libéraux qui n'ont pas d'autres bons arguments pour convaincre. Ce serait du gachi ! Et c'est l'occasion de montrer que le libéralisme n'est pas un relaie pour les multinationales, et qu'il n'hésite pas plus à les soutenir qu'à les combattre quand c'est nécessaire.

Je reprendrai un commentaire d'un certain Marc, à ce même article :

Nobel demago

Le titre de cet article commence de manière surprenante pour illustrer la position d'un détracteur du système des brevets « Le libre accès au savoir tient du bien public mondial ». Je précise que lorsque quelqu'un dépose un brevet l'intégralité de son contenu est obligatoirement divulgué et ouvert au public. Voilà qui est transparent, non ? Le propriétaire d'un brevet possède les droits d'exploitation commerciale de ce brevet et pas un droit de cacher les détails de son invention ! Je précise que cette information est de plus en plus accessible grâce au développement de bases de données gratuites et intégrales sur le net par la volonté même des offices délivrant les brevets. J'utilise régulièrement ces données pour mes recherches que je publie régulièrement et comme je n'en fait pas une exploitation commerciale je contribue au savoir public mondial sans être inquiété. Une autre déclaration surréaliste « La PI est intégrée au commerce, pas à l'environnement, ni au droit du travail », effectivement la PI régule l'utilisation commerciale des inventions, c'est la fonction de ce droit. De même qu'un code du travail existe et des droits relatifs à la protection de l'environnement ! L'exercice de l'un n'empêche pas l'exercice des autres. A propos de « biopiraterie », sachez qu'il est interdit de breveter des découvertes, une variété naturelle de plantes, des animaux ! Savez vous de plus que le droit à la PI autorise les états à s'attribuer des licences gratuites sur des médicaments pour des raisons de santé publique ? Ce prix Nobel semble faire la confusion entre le droit et l'application du droit, cela parasite complètement un débat nécessaire sur la PI et son application. Je citerai un exemple bien connu : l'ONU n'avait pas autorisé les USA à attaquer l'Irak. Est-ce le droit international qui est mauvais ou l'application de ce droit ? Mercredi 13 Septembre 2006 - 10:32

Posté

Que les arguments et proposition de Stiglitz soient discutables ne change rien au fait que les droits de PI sont une belle connerie et que leur renforcement constant est dû au lobbying d'industriel à qui ils permettent de se faire des couilles en or.

Posté
Que les arguments et proposition de Stiglitz soient discutables ne change rien au fait que les droits de PI sont une belle connerie et que leur renforcement constant est dû au lobbying d'industriel à qui ils permettent de se faire des couilles en or.

Mais là où je voulais en venir est qu'on ne défend pas une position défendable avec des arguments bidons.

Accessoirement, je me méfie toujours un peu d'un type récupéré par des gauchistes encroûtés. Pour ceux qui le veulent, un petit papier.

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Mais là où je voulais en venir est qu'on ne défend pas une position défendable avec des arguments bidons.

Accessoirement, je me méfie toujours un peu d'un type récupéré par des gauchistes encroûtés. Pour ceux qui le veulent, un petit papier.

Si Stiglitz avait rencontré plus de libéraux conséquents, il ne se serait peut-être pas fait récupéré par les alter-mondialistes…

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Oups. Je crois bien que tu as raison.

Mais si keynes débarquait aujourd'hui en France, je suis sur qu'il se ferait traiter de libéral :-/

Keynes se disait new liberal :icon_up:

Maintenant je pense que Keynes ca represente un peu l'etat d'esprit du PS modere en ce moment, plus que Marx en tout cas. Les Francais sont rarement marxistes et plutot Keynesiens dans l'ensemble j'ai l'impression.

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Maintenant je pense que Keynes ca represente un peu l'etat d'esprit du PS modere en ce moment, plus que Marx en tout cas. Les Francais sont rarement marxistes et plutot Keynesiens dans l'ensemble j'ai l'impression.

Un peu plus atteints que juste keynesiens je dirais.

Posté
Un peu plus atteints que juste keynesiens je dirais.

Ils commettent le meme genre d'erreur. Augmenter les salaires pour augmenter la consommation, faire une politique de relance, des grands travaux, les 35 heures yada yada yada.

Avec ca une legere couche marxiste (il faut partager les profits etc)

Plus le service public (si c'est nous qu'on le fait ce sera forcement mieux)

Posté
Ils commettent le meme genre d'erreur. Augmenter les salaires pour augmenter la consommation, faire une politique de relance, des grands travaux, les 35 heures yada yada yada.

Avec ca une legere couche marxiste (il faut partager les profits etc)

Plus le service public (si c'est nous qu'on le fait ce sera forcement mieux)

Absolument.

J'envie les gauches des autres pays.

Posté
Absolument.

J'envie les gauches des autres pays.

Serait-ce à dire qu'ils sont plus adroits ?

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