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Scandale Organisé Autour Des Propos Du Pape


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Si c'est celui de Fabius, il peut l'attendre longtemps.

Par plan B je fais plutôt l'hypothèse d'une offensive archaïsante du pape, qui viserait à faire émerger un catholicisme de combat : celui-là même qui était celui de Heidegger et qui imprègne une culture traditionnaliste bavaroise détestant le kantisme, la modernité et les lumières.

Dans ce but, le plan consisterait dans un premier temps à réintroduire la théologie dans le cercle de la raison, à la faire admettre comme une science parmis parmis les autres, et à promouvoir une interprétation littérale des évangiles.

Or cela une revient à une régression par rapport à la séparation kantienne de la Raison et de la foi, via un retour à Saint-Thomas, et une mise en avant des thèmes de la contre-réforme. Ce serait aussi un retour à un stade pré-spinoziste.

L'ennemi serait donc moins l'islam qu'un christianisme libéral et cosmopolitique, reposant sur le libre-arbitre et l'individualisme.

Par cette manoeuvre, le pape veut essayer de convaincre que la Raison est fondée à s'occuper des problèmes de la foi, tout en luttant contre les fondements universalistes des lumières. S'il réussit à consolider la constitution dogmatique, l'autorité apostolique serait ainsi légitimée pour légiférer dans les domaines les plus divers de la vie sociale.

Dans un second temps, le but ultime de cette offensive pourrait être sur un plan politique, destiné à lutter contre l'influence grandissante des sectes évangélistes et du protestantisme libéral.

Mais ce n'est là qu'une hypothèse personnelle, qui a l'avantage de donner un sens à l'attitude étrange du souverain pontife.

nb : Un fait curieux, à part les extrêmistes du FN ou les traditionnalistes excités du MPF, le seul homme politique français a avoir pris la défense de Benoit XVI est l'ex-trotskiste Jospin :

"Contre toute attente, Lionel Jospin a en revanche souligné dimanche soir que le Pape n'avait pas à «s'excuser». Invité du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, l'ancien premier ministre a jugé «paradoxal qu'une partie de ceux qui demandent des excuses sont ceux qui, par ailleurs, menacent et trouvent légitime d'utiliser l'islam au nom de la violence». Pour Lionel Jospin, «on n'a pas de raison de s'excuser devant ces gens-là, même s'il faut éviter de froisser les musulmans»."

-> http://www.lefigaro.fr/international/20060…l_embarras.html

Posté

PS: concernant les "formes" à mettre. Je suppose que le discours du pape ne s'adresse pas au crétin moyen, incapable de le comprendre, les gens à qui il s'adresse sont tout à fait capable de comprendre son idée sans qu'il ait besoin de l'illustrer par des citation qui fourniront un prétexte à des abrutis pour foutre la merde.

Posté

C'est le fond du message qui déplait, pas la forme.

Or, il me semble que le fond mérite d'être énoncé.

@ free jazz : tu devrais écrire des livres, Dan Brown a gagné une fortune avec ce genre d'élucubrations !

Posté

EDIT:

Et pour que les choses soient claires, je ne dis pas que le pape doit s'excuser de ses propos qui sont l'expression d'une opinion tout à fait respectable. Je dis qu'il a manqué de diplomatie.

Posté
…l'hypothèse d'une offensive archaïsante du pape…

Hypothèse parfaitement gratuite si l'on lit les ouvrages de Benoît XVI.

…détestant le kantisme, la modernité et les lumières. […] L'ennemi serait donc moins l'islam qu'un christianisme libéral et cosmopolitique, reposant sur le libre-arbitre et l'individualisme.

Analyse on ne peut plus fausse de la position du Pape. Samuel Gregg, directeur de recherche auprès de l'Acton Institute, commente l'influence de Tocqueville sur le Pape actuel, Benoît XVI :

http://www.acton.org/ppolicy/comment/article.php?article=309

Alors qu'il n'était encore que le cardinal Ratzinger, il révéla en 1992, à son entrée à l'Académie des Sciences Morales de l'Institut de France, la forte impression que lui causa le livre de Tocqueville. Ratzinger insista sur le fait que les sociétés libres ne peuvent se soutenir sans une adhérence générale à des convictions éthiques communes, et souligna l'appréciation de Tocqueville sur la manière dont le christianisme protestant put jouer ce rôle aux États-Unis. Récemment, Ratzinger exprima également son admiration sur la manière dont furent réglées les relations Église-État aux États-Unis.

Par ailleurs, dans son encyclique Deus Caritas Est, le Pape rappelle :

L’État qui veut pourvoir à tout, qui absorbe tout en lui, devient en définitive une instance bureaucratique qui ne peut assurer l’essentiel dont l’homme souffrant – tout homme – a besoin : le dévouement personnel plein d’amour. Nous n’avons pas besoin d’un État qui régente et domine tout, mais au contraire d’un État qui reconnaisse généreusement et qui soutienne, dans la ligne du principe de subsidiarité, les initiatives qui naissent des différentes forces sociales et qui associent spontanéité et proximité avec les hommes ayant besoin d’aide.
Posté
EDIT:

Et pour que les choses soient claires, je ne dis pas que le pape doit s'excuser de ses propos qui sont l'expression d'une opinion tout à fait respectable. Je dis qu'il a manqué de diplomatie.

Personne ne pourra me suspecter d'être anti-musulman, mais quand tu entends la manière dont les musulmans qualifient le christianisme (dont la Bible aurait été "falsifiée" par exemple) et le peu de tolérance religieuse (oh charmant euphémisme…) envers les juifs et les chrétiens dans les pays musulmans, je trouve un peu fort de café de s'exiter pour si peu.

Il y a bien là deux poids/deux mesures.

Posté
C'est le fond du message qui déplait, pas la forme.

Or, il me semble que le fond mérite d'être énoncé.

Si j'en croie l'analyse que j'ai citée (et que je vais essayer de scanner), le fond du problème est un peu plus subtil que "la religion islamique est irrationnelle et violente", et je doute que les excités qui font tous ce foin soient capables d'y comprendre quelque chose.

Personne ne pourra me suspecter d'être anti-musulman, mais quand tu entends la manière dont les musulmans qualifient le christianisme (dont la Bible aurait été "falsifiée" par exemple) et le peu de tolérance religieuse (oh charmant euphémisme…) envers les juifs et les chrétiens dans les pays musulmans, je trouve un peu fort de café de s'exiter pour si peu.

Il y a bien là deux poids/deux mesures.

Bien sûr il y a deux poids/deux mesures ! Pourquoi ne pas le prendre en compte, vu qu'il est irréaliste de faire évoluer cette situation sans un travail de fond ?

Posté
Si j'en croie l'analyse que j'ai citée (et que je vais essayer de scanner), le fond du problème est un peu plus subtil que "la religion islamique est irrationnelle et violente", et je doute que les excités qui font tous ce foin soient capables d'y comprendre quelque chose.

Si j'ai bien compris Benny, il dit que l'Islam se fourvoie en considérant que Dieu est totalement transcendant et serait donc même au-delà de la raison, parce que cette dévalorisation de la raison ne laisse comme seule possibilité de convaincre que la coercition.

Difficile de faire plus libéral, soit dit en passant.

Bien sûr il y a deux poids/deux mesures ! Pourquoi ne pas le prendre en compte, vu qu'il est irréaliste de faire évoluer cette situation sans un travail de fond ?

Eh bien c'est ce qu'il fait.

Quelques manifs, ce n'est pas la fin du monde.

Même Ahmadinedjad a fait comprendre qu'il trouvait qu'il n'y avait pas de quoi fouetter un chat.

En fait il n'y a que les tarés qui s'excitent.

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Si j'ai bien compris Benny, il dit que l'Islam se fourvoie en considérant que Dieu est totalement transcendant et serait donc même au-delà de la raison, parce que cette dévalorisation de la raison ne laisse comme seule possibilité de convaincre que la coercition.

Oui, et dit comme ça, les excités n'y comprennent plus rien.

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Euh … les fanatiques en question n'ont rien compris non plus. Enfin … tu as peut-être raison sur le fait que les conséquences n'ont rien de dramatique.

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EDIT:

Enfin un truc est clair au moins, contrairement à ce que certains on prétendu plus haut : le discours du Pape ne s'adressait pas qu'à son auditoire du moment. C'est clairement un appel aux autorités religieuses de l'Islam à réfléchir sérieusement sur les causes de ses dérives actuelles. La question que je me posais plus haut, c'est de savoir si la manière dont est fait cet appel n'est pas une façon de l'illustrer par les réactions qu'il va susciter chez certains fanatiques.

Invité jabial
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Attends ! T'as lu le texte du discours ? Comment tu veux mettre plus les formes que ça ?

:icon_up:

Les assos de lutte contre le sida savent que les cathos ne vont pas s'armer de fourches pour aller empaler le premier militant anti-sida venu. Oui, j'ai lu le discours, et je persiste à croire que c'est assez maladroit.

J'arrive pas à croire que des libéraux rejettent la faute de menaces et de chantage anti liberté d'expression sur sa victime. Je rêve quoi.

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J'arrive pas à croire que des libéraux rejettent la faute de menaces et de chantage anti liberté d'expression sur sa victime. Je rêve quoi.

Je n'arrive pas à croire qu'on continue à faire cette réflexion à chaque fois que quelqu'un essaye de dire autre choses que des évidences.

Exemple : ta copine va se promener en minijupe en afghanistan, elle manque de se faire lapider, tu vas lui dire : "c'est bien ma chérie, tu es dans ton droit, les intégristes sont des barbares" ?

J'en doute, tu lui diras sûrement qu'elle est complètement inconsciente, ce qui n'enlève rien à la culpabilité des agresseurs.

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Si j'ai bien compris Benny, il dit que l'Islam se fourvoie en considérant que Dieu est totalement transcendant et serait donc même au-delà de la raison, parce que cette dévalorisation de la raison ne laisse comme seule possibilité de convaincre que la coercition.

Excuse moi, mais veux-tu dire par là que parce que la coercition est mauvaise (notion morale a priori indépendante de la notion de Dieu) alors on doit en déduire que Dieu n'est pas transcendant ? Que vient faire dieu ici ? Comment faire une telle déduction ? A moins qu'il n'y ait un présupposé qui m'ait échappé…

Je précise que je suis athée, mais pas "de combat", et que cette question relève d'un désir sincère de comprendre ce que tu as voulu dire… :icon_up:

Quelques manifs, ce n'est pas la fin du monde.

Même Ahmadinedjad a fait comprendre qu'il trouvait qu'il n'y avait pas de quoi fouetter un chat.

En fait il n'y a que les tarés qui s'excitent.

Tout à fait d'accord.

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Excuse moi, mais veux-tu dire par là que parce que la coercition est mauvaise (notion morale a priori indépendante de la notion de Dieu) alors on doit en déduire que Dieu n'est pas transcendant ? Que vient faire dieu ici ? Comment faire une telle déduction ? A moins qu'il n'y ait un présupposé qui m'ait échappé…

Je précise que je suis athée, mais pas "de combat", et que cette question relève d'un désir sincère de comprendre ce que tu as voulu dire… :icon_up:

C'est surtout Ben 16 qui dit ça, si j'ai bien compris le fil. Mélo synthétise.

Posté
C'est surtout Ben 16 qui dit ça, si j'ai bien compris le fil. Mélo synthétise.

Oui oui c'est vrai, je sais, pardon de ne pas l'avoir précisé. Mais ma question demeure… :icon_up:

Posté
Excuse moi, mais veux-tu dire par là que parce que la coercition est mauvaise (notion morale a priori indépendante de la notion de Dieu) alors on doit en déduire que Dieu n'est pas transcendant ?

J'avoue ne pas du tout avoir compris cela comme ça…

Par ailleurs je n'ai pas décelé cette question du positionnement de la raison dans les propos du Pape, à mon sens il n'a fait que poser une réflexion des plus légitimes.

De toutes manières il me semblerait plutôt étrange qu'un homme d'Eglise s'interroge sur ce positionnement, la raison humaine ne pouvant être que subordonnée à Dieu en tant que créateur. Quand à l'usage de cette raison, l'homme est libre d'en user à sa guise, seul le cadre et des repères sont donnés.

Pour en revenir au propos de Benoît, je trouve l'extrait de Manuel II très intéressant puisqu'il se place dans un contexte suivant plusieurs siècles de violence islamique dont l'empire Byzantin était victime.

Il précède de peu la chute de cet empire et le début de l'évolution du monde moderne occidental, ce qui peut permettre légitimement, en prenant en compte la distance temporelle qui nous sépare du XVème siécle, de se demander si les islamistes (j'entends extrémistes) abandonneront un jour l'usage de la violence. i.e est-ce que le "jiad" est inhérent à l'islam et indissociable de la lecture (dans l'absolu, si c'est possible) du Coran.

Les réactions montrent qu'il y a peu d'espoir, ou alors que le chemin est encore long. Une réaction posée et argumentée aurait été bien plus rassurante.

Posté
J'avoue ne pas du tout avoir compris cela comme ça…

Par ailleurs je n'ai pas décelé cette question du positionnement de la raison dans les propos du Pape, à mon sens il n'a fait que poser une réflexion des plus légitimes.

De toutes manières il me semblerait plutôt étrange qu'un homme d'Eglise s'interroge sur ce positionnement, la raison humaine ne pouvant être que subordonnée à Dieu en tant que créateur. Quand à l'usage de cette raison, l'homme est libre d'en user à sa guise, seul le cadre et des repères sont donnés.

As-tu lu l'exposé en entier ?

Invité jabial
Posté
Exemple : ta copine va se promener en minijupe en afghanistan, elle manque de se faire lapider, tu vas lui dire : "c'est bien ma chérie, tu es dans ton droit, les intégristes sont des barbares" ?

J'en doute, tu lui diras sûrement qu'elle est complètement inconsciente, ce qui n'enlève rien à la culpabilité des agresseurs.

Il y a une autre façon de raisonner, qui est de dire qu'il faut au contraire envoyer des jeunes filles militaires armées jusq'aux dents en Afghanistan se promener en mini-juppe pour nettoyer la raccaille selon le principe du bateau-piège. A une époque, de la même manière, on avait pensé à faire se promener des agentes de police avec un sac à main dans les zones où les arracheurs sévissaient, avec ou sans piège à rat dans le sac. Un membre de ma famille que je ne nommerai pas à indiqué que la méthode était bonne mais que le piège à ours était préférable.

Posté
Exemple : ta copine va se promener en minijupe en afghanistan, elle manque de se faire lapider, tu vas lui dire : "c'est bien ma chérie, tu es dans ton droit, les intégristes sont des barbares" ?

Cette comparaison avec le discours de Benoît XVI est vraiment des plus capillotractées.

Posté
As-tu lu l'exposé en entier ?

Oui, quel passage pose la problématique du positionnement de la raison? (je l'ai probablement râté)

Sur l'extrait de Manuel ça ne me semble pas explicite du tout.

Posté
Cette comparaison avec le discours de Benoît XVI est vraiment des plus capillotractées.

Ce n'est pas une comparaison avec le discours de Benoit XVI, c'est un exemple destiné à Jabial qui ne conçoit pas qu'on puisse émettre un jugement moral sur l'opportunité d'une action au delà du simple jugement juridique : droit/pas droit, coupable/victime. Tu comprendras que pour Jabial, il faut un peu forcer le trait ! :icon_up:

Oui, quel passage pose la problématique du positionnement de la raison? (je l'ai probablement râté)

Sur l'extrait de Manuel ça ne me semble pas explicite du tout.

L'affirmation décisive dans cette argumentation contre la conversion au moyen de la violence est : ne pas agir selon la raison est contraire à la nature de Dieu. L'éditeur Théodore Khoury commente : pour l'empereur, un Byzantin qui a grandi dans la philosophie grecque, cette affirmation est évidente. Pour la doctrine musulmane, en revanche, Dieu est absolument transcendant. Sa volonté n'est liée à aucune de nos catégories, fût-ce celle du raisonnable. Dans ce contexte, Khoury cite une œuvre du célèbre islamologue français R. Arnaldez, qui explique que Ibn Hazn va jusqu'à déclarer que Dieu ne serait pas même lié par sa propre parole et que rien ne l'obligerait à nous révéler la vérité. Si cela était sa volonté, l'homme devrait même pratiquer l'idolâtrie.
Posté

Merci Wapiti.

Il me semble étrange de vouloir "classifier" le degré de transcendance, pour moi soit Dieu l'est soit il ne l'est pas (dernière solution pour le moins étrange pour un religieux)

Admettre qu'il n'est pas au-dessus de la raison humaine c'est adopter une conception purement humaine de Dieu et rejeter la conception de son caractére absolu.

C'est donc bien le message initial qui importe, et en ce sens nous sommes en droit de nous demander si l'islam peut dépasser une violence qui est inscrite dans ses génes, via le jihad notamment.

Posté
Admettre qu'il n'est pas au-dessus de la raison humaine c'est adopter une conception purement humaine de Dieu et rejeter la conception de son caractére absolu.

Euh, je ne suis pas sûr d'avoir bien compris …

C'est donc bien le message initial qui importe, et en ce sens nous sommes en droit de nous demander si l'islam peut dépasser une violence qui est inscrite dans ses génes, via le jihad notamment.

Justement, il me semble que BXVI suggère que ce n'est pas le cas à condition d'utiliser la raison pour comprendre le Coran.

Dans le 7e dialogue édité par le professeur Khoury (‘dialexis’, «controverse»), l’empereur en arrive parler du thème du ‘djihâd’ (guerre sainte). L’empereur savait certainement que dans la sourate 2, 256, il est écrit : «Pas de contrainte en matière de foi» – c’est l’une des sourates primitives datant de l’époque où Mohammed lui-même était privé de pouvoir et se trouvait menacé.

Mais l’empereur connaissait naturellement aussi les dispositions inscrites dans le Coran – d’une époque plus tardive – au sujet de la guerre sainte.

Posté
Euh, je ne suis pas sûr d'avoir bien compris …

Cf toutes les récentes discussions où les non-croyants requièrent une démonstration de Dieu de la part des croyants.

Pour moi Dieu ne peut être prouvé parcequ'il est forcément transcendant, l'homme n'ayant accès qu'à ce qui est dans la sphére "laissée" par Dieu. La raison est donc forcément dans cette sphére et ne peut prétendre dépasser ce qui l'a crée.

Bien sûr c'est une conception croyante, admettant la base d'un Dieu tout-puissant.

Justement, il me semble que BXVI suggère que ce n'est pas le cas à condition d'utiliser la raison pour comprendre le Coran.

Le problème est en fait purement humain, la parole de Dieu n'étant pas plus violence chez les musulmans que chez les chrétiens.

Personnellement je fais confiance à l'homme pour dépasser les dogmes qu'il s'est imposé, la raison étant ici l'alliée de l'évolution. Il est bien sûr possible d'en douter à l'heure actuelle, tout comme les interrogations sur la nature de la chrétienté étaient légitimes au XVIIIème.

Posté
Merci Wapiti.

Il me semble étrange de vouloir "classifier" le degré de transcendance, pour moi soit Dieu l'est soit il ne l'est pas (dernière solution pour le moins étrange pour un religieux)

Admettre qu'il n'est pas au-dessus de la raison humaine c'est adopter une conception purement humaine de Dieu et rejeter la conception de son caractére absolu.

C'est donc bien le message initial qui importe, et en ce sens nous sommes en droit de nous demander si l'islam peut dépasser une violence qui est inscrite dans ses génes, via le jihad notamment.

Benoit XVI réactive une problématique classique de la scolastique du XIIè siècle, tranchée lors des conciles de Soisson ( De Unitae et Trinitae, 1121) et de Sens (Introductio as Theologiam, 1141). Il ne fait en cela que réaffirmer des positions visant à condamner la profusion des théologies philosophiques hétérodoxes dans le débat sur les universaux (thématique qui engendrera celle sur la formation des idées). L'enjeu est d'éviter deux écueils "scientistes" :

1. Si Dieu est absolument transcendant, alors la compréhension du logos divin par la dialectique est impossible et le mystère doit être écarté de la foi. Ce qui conduit au scepticisme dont le kantisme est l'aboutissement le plus radical. Le statut de la théologie devient alors une historiographie, comme chez Harnack.

Je cite le discours de Ratisbonne :

"Mais il était accepté par tous, dans l'ensemble de l'université, qu'à l'encontre d'un scepticisme aussi radical, il était nécessaire et raisonnable de s'interroger sur Dieu en usant de la raison, dans la tradition de la foi chrétienne."

"En ce sens, l'exégèse historico-critique du Nouveau testament, a permis à la théologie, selon Harnack, de retrouver sa place à l'intérieur de l'université. Pour lui, la théologie est essentiellement historique et donc rigoureusement scientifique.

Pour ainsi dire, ce qu’elle découvre sur le chemin de la critique de Jésus est l’expression de la raison pratique, par conséquent elle peut prendre sa vraie place à l'université. Derrière cette pensée réside l’auto-limitation moderne de la raison, qui a trouvé son expression classique dans les "Critiques" de Kant, mais qui en même temps s'est trouvé radicalisée par la découverte des sciences naturelles."

" La métaphysique apparaît comme un principe dérivé d'une source extérieure, de laquelle la foi doit être libérée en sorte qu'elle redevienne totalement elle-même. Lorsqu'il affirma qu'il devait s'écarter de la pensée pour faire place à la foi, Kant allait au bout de ce processus avec une radicalité que les réformés n'auraient jamais pu prévoir.

Il a ainsi ancré la foi exclusivement dans la raison pratique, lui déniant l'accès à la réalité dans son ensemble."

"La transcendance et l’altérité de Dieu sont placées si haut que notre raison, notre sens du vrai et du bien ne sont plus d'authentiques miroirs de Dieu, dont les possibilités mystérieuses nous restent éternellement inaccessibles et cachées derrière ses décisions effectives."

2. Si Dieu est commensurable avec les catégories de l'entendement, alors la raison peut appréhender adéquatement la substance divine par la méthode dialectique. Par conséquent Dieu ne peut enfreindre les règles de la logique.

C'était la position des hyperdialectitiens issus du néo-platonisme, qui voulaient appliquer les catégories de l'entendement à la Trinité. Ce qui conduit à une théologie scientifique et rationaliste. Or d'une part cette position interdit toute place au mystère et au surnaturel. D'autre part elle dénie aux clercs le droit de s'occuper des questions d'éthique et de morale, au profit des philosophes, dialecticiens et des logiciens. On peut voir cette dérive rationaliste de la théologie dans le fil Platon-> Porphyre-> Boèce-> Guillaume de Conches-> Abélard.

Il s'agit donc de relégitimer l'église, comme je le signalais hier, dans sa fonction législatrice sur les questions de moeurs.

Je cite : "On présuppose d'un côté la structure mathématique de la matière, à savoir sa rationalité interne, qui rend possible de la comprendre et de l’utiliser comme force effective : pour ainsi dire, ce présupposé fondamental est l’élément platonicien de la compréhension de la nature. Il y a d'un autre côté la capacité de la nature à servir nos intérêts, sur laquelle seule la vérification ou la falsification par l’expérience peut apporter une certitude. "

" En second lieu, il est important de noter pour nos réflexions que de par sa nature même, cette méthode exclut la question de Dieu et la fait apparaître comme non scientifique ou préscientifique. Nous nous trouvons par conséquent devant un rétrécissement du rayon de la science et de la raison, ce qui doit être mis en question.

Nous y reviendrons. Constatons d'abord que toute tentative pour faire de ce point de vue une théologie "scientifique", réduit le christianisme à un fragment misérable. Plus encore, l’homme lui-même en est diminué. Car les questions spécifiquement humaines sur nos origines et notre destinée, les questions soulevée par la religion et l'éthique, ne trouvent alors plus de place dans le champ de la raison communément définie par la "science".

Il est intéressant de voir que la partie liée à la critique de l'islam dans la conférence du pape concerne le point 1 de sa critique. C'est sur cette articulation entre islam, scepticisme et violence, qu'il faut discuter si les propos de Benoit XVI sont conformes à la réalité des cultures et des pensées islamiques. À mon avis, il est clair qu'il se trompe lourdement, et feind d'ignorer toute la tradition théologique dialectique musulmane. Dans quel but ?

-> http://permanent.nouvelobs.com/europe/20060918.OBS2371.html

NB: ceux qui ont qualifié mon analyse d'élucubrations ne se sont visiblement pas donné la peine de lire le texte de Ratisbonne en entier.

Posté
Benoit XVI réactive une problématique classique de la scolastique du XIIè siècle, tranchée lors des conciles de Soisson ( De Unitae et Trinitae, 1121) et de Sens (Introductio as Theologiam, 1141).

Euh… tu permettras que l'on puisse être surpris par ce type d'entrée en matière, le XIIème c'est quand même un peu loin non?

Je trouve étrange que tu comprennes ce discours comme un retour à un questionnement qui n'a plus sa place aujourd'hui, la comparaison avec le XIIème est totalement anachronique à mon avis.

Les interrogations dans ce discours touchent à la place de l'Eglise dans la vie des hommes et au moyen de les ramener sur le chemin de Dieu.

Vouloir concilier la Foi et la Raison comme étant nécessairement inclu dans un même ensemble ne mène à rien. La transcendance de Dieu n'est nullement incompatible avec la rigueur scientifique, c'est une question de niveau, souligné à merveille en son temps par Einstein lui-même pour expliquer sa constante cosmologique.

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