Taranne Posté 16 septembre 2006 Signaler Posté 16 septembre 2006 L'Express du 14/09/2006Le Pen, suite et finpar Christophe Barbier Le chef du FN ne pourra gagner en 2007, mais il peut précipiter le pays dans une crise de régime insoluble es jeunes citoyens qui voteront pour la première fois en avril 2007 sont nés après la présidentielle de 1988. Jean-Marie Le Pen obtint alors 4 376 742 voix, soit 194 096 de moins qu'en 1995 et 427 971 de moins que le 21 avril 2002. Pour cette classe d'âge, Le Pen est enraciné dans le paysage politique, cactus dans le jardin à la française de notre démocratie. Il n'a jamais été banal, mais il est devenu familier. La France s'est accommodée du Front national, elle a appris à vivre avec, à s'en servir même pour punir les grands partis ou hurler son malaise à la face de l'Europe. Tactique ou contamination? Rapport de force autocontrôlé par le peuple ou «lepénisation des esprits»? C'est là le phénomène politique le plus important des vingt-cinq dernières années, autant que la fin des idéologies, plus que la flétrissure du communisme, la floraison de l'écologie ou la métamorphose du PS en parti de gestion. Et pourtant, le FN n'a jamais détenu aucun autre pouvoir que celui de nuire. Ni ministère, ni région, ni force parlementaire durable, à peine quelques équipées municipales aux fortunes diverses, plus proches des Pieds nickelés que de la dream team. Quoi qu'il arrive au printemps prochain, Le Pen ne sera pas élu président de la République. Parce qu'il ne sera jamais crédible et qu'il sera toujours nocif, plus dangereux qu'idoine. L'extrême droite est en France comme le monstre dans le loch Ness: de ses eaux troubles, elle surgit, terrorise, fait couler beaucoup d'encre puis replonge sans dominer la terre ferme, jusqu'à son prochain avatar. Royalistes, antidreyfusards, ligueurs et cagoulards, vichystes, poujadistes, émules de l'OAS ou thuriféraires de l'Occident ont nourri ce feuilleton, gavé de frayeurs et de fantasmes, épicé de nationalisme viril, d'antisémitisme crasse ou de paganisme illuminé.L'intuition décisive de Le Pen fut d'entasser la vieille quincaillerie - fleur de lys, francisque et casque colonial - pour en faire un socle à son thème fétiche: l'immigration. Il ajouta sa gouaille tribunitienne, relevée d'une logomachie efficace qui mit nos maux en mots. Ce verbe inflammable, embrasé aux spots des télévisions, lui sert depuis vingt-cinq ans de torche pour ses revues de troupe et ses harangues à bavures ciblées. Et l'idéologie se cache derrière les néologismes. Quand il parle, il fauche; quand il se tait, il moissonne. L'actualité, presque sans cesse au fil des ans, a semblé en effet lui donner raison. Il fut le prophète de nos malheurs, mit le doigt dans nos plaies. Mais jamais les événements n'ont validé la moindre de ses propositions. Même en pleine épidémie, un croque-mort ne fait pas un médecin. C'est pourquoi, après 2007, il vivra son crépuscule de caudillo, quand le verbe s'essouffle, que le tribun devient pantin et fait plus rire que peur. Entre Lear et Ubu, il verra alors fille et dauphin se disputer les dépouilles. D'ici là, la bombe Le Pen demeure amorcée. Elle peut souffler le pays d'un nouveau 21 avril, elle peut aussi, comme un engin à fragmentation, cribler tout le calendrier électoral. Imaginons que Le Pen n'obtienne pas les 500 signatures nécessaires à sa candidature: criant à la censure, il lancerait ses troupes en guérilla dans la campagne présidentielle pour affaiblir le «faux» président qui en sortirait vainqueur, imposteur à la nation, puisque près de 5 millions d'électeurs auraient été privés de leur champion. Puis les législatives seraient le terrain de sa vengeance électorale, avec pour but de priver le président de majorité. Le Pen n'a aucune chance de gagner la présidentielle, mais il peut précipiter le pays dans une crise de régime insoluble. En vérité, il n'a jamais été aussi menaçant. L'Express du 14/09/2006Le parti de la colèrepropos recueillis par Romain Rosso Pascal Perrineau, directeur du Centre de recherches politiques de Sciences po, est spécialiste de l'électorat du Front national. Il répond à L'Express Pourquoi Jean-Marie Le Pen est-il plus haut dans les sondages qu'il y a cinq ans? Tous les éléments qui ont permis à Jean-Marie Le Pen de faire un score important en 2002 sont toujours d'actualité. Le malaise des grands partis politiques demeure, les inquiétudes économiques et sociales persistent dans les catégories populaires et l'interrogation identitaire exprimée par les Français lors du référendum sur la Constitution européenne n'a pas fléchi. On ne peut donc pas s'étonner que Le Pen s'en nourrisse aujourd'hui comme hier. Quelle est la principale explication du vote Le Pen? La majorité des électeurs continuent de voter pour exprimer leur malaise et rejeter le personnel politique de droite et de gauche, accusé de toutes les incapacités. Mais la plupart ne veulent pas voir Le Pen à l'Elysée. 2002 en a été la preuve. Le président du Front national n'a pas montré qu'il était capable de sortir de la marginalité et de l'enclavement d'un parti qui n'est pas dans une stratégie d'alliance. Justement, Marine Le Pen veut crédibiliser le FN en proposant des solutions… Il ne suffit pas d'un polissage du discours et d'une opération de lifting politique pour quitter subitement le champ de la protestation, dans lequel le FN s'est enkysté depuis trente ans. D'abord, parce que c'est un parti de dénonciation, qui utilise beaucoup la logique du bouc émissaire. La culture de gouvernement y est faible. De même, nombre d'électeurs préfèrent un mouvement par lequel la colère, voire le scandale, s'exprime plutôt qu'un parti qui serait l'appendice d'une droite de gouvernement qu'ils abhorrent. Nicolas Sarkozy n'a donc pas fait bouger les lignes? Pour la première fois, la droite classique semble avoir trouvé un candidat qui rogne ou, du moins, enraie la dynamique de Le Pen. Ainsi, dans une enquête de la Sofres datant de juillet, 29% des électeurs de Le Pen, en 2002, disent qu'ils vont voter pour le président de l'UMP. Très peu, en revanche, se prononceraient en faveur de Villepin ou de Chirac. Tout un aspect du discours de Sarkozy parle à une minorité des électeurs lepénistes et à une frange de la droite qui s'est radicalisée. Pour l'instant, sinon Le Pen serait encore plus haut. Jusqu'où peut-il aller? Dans ces circonstances, il lui sera difficile de sortir de ce niveau de 15 à 20%. 2002 est, à cet égard, un bon étalon. Même quand il est seul face à Jacques Chirac, récupérant des voix des chasseurs et celles de Bruno Mégret, il n'a progressé que de 1 point par rapport au premier tour. Si Le Pen ne recueillait pas les 500 signatures, quelles seraient les conséquences sur le comportement des électeurs? On imagine mal qu'un des principaux courants politiques français soit privé d'expression électorale. Si tel devait être le cas, le mieux placé pour récupérer une partie sensible de cet électorat en déshérence serait Nicolas Sarkozy, plus attractif que Philippe de Villiers, dont les efforts répétés de séduction électorale ne semblent pas aboutir. L'Express du 14/09/2006La carte de Marinepar Romain Rosso 'est son heure de vérité. Jean-Marie Le Pen a confié à sa fille Marine la direction stratégique de sa dernière campagne présidentielle - Bruno Gollnisch, n° 2 du FN en titre, n'est responsable que de son exécution. De sa réussite ou de son échec pourrait dépendre son propre avenir dans la course à la succession. Avec sa nouvelle silhouette Taillefine et ses escarpins pointus, Marine Le Pen, 38 ans, véhicule une image actuelle et branchée, presque people! Elle passe chez Thierry Ardisson, discute avec les auditeurs de Beur FM, déjeune ou dîne en ville, blague avec ses collègues de droite comme ceux de gauche du conseil régional d'Ile-de-France, où elle préside le groupe FN, et n'a pas besoin de garde du corps. Elle affirme avoir reçu plus de 800 mails de sympathie après la sortie de son autobiographie, A contre-flots (Grancher). Bref, si elle suscite la curiosité, y compris chez des gens peu politisés, son entreprise de banalisation et de crédibilisation du FN est une autre paire de manches. Car, avant de séduire les électeurs, elle doit d'abord convaincre son parti. Ses positions tolérantes sur l'homosexualité et l'avortement ont déjà fait suffoquer les catholiques traditionalistes. Elle va plus loin, aujourd'hui, en présentant le FN comme le défenseur de la République. L'idée est née il y a deux ans au vu des positions successives du ministre de l'Intérieur sur le droit de vote des étrangers, la double peine et la création du Conseil français du culte musulman. «On se demandait comment la classe politique avait réussi à nous mettre de côté, raconte Marine. Or je considère que le plus dangereux, c'est Sarkozy, car il met à bas tous les principes républicains.» Il ne restait plus qu'à trouver un lieu et une occasion: ce sera Valmy, le 20 septembre. «Ce sera une pantalonnade, ironise un proche de Gollnisch. Personne ne se souvient de Valmy et ce n'est pas une préoccupation des Français.» «Je joue le rôle de démineur», explique Marine. Pour la campagne, elle a constitué une petite équipe d'une demi-douzaine de chefs d'entreprise extérieurs au FN, afin d' «expertiser» de nouvelles idées «pragmatiques». Comme celle, par exemple, consistant à réserver une partie des emplois de la fonction publique aux plus de 45 ans, pour résoudre le chômage des cadres. Mais elle doit balayer les préjugés internes: «Pas facile d'expliquer que les RMistes ne sont pas tous des assistés volontaires, que les homos ne sont pas tous pour le mariage, que les fonctionnaires ne sont pas tous des glandeurs et les patrons, tous des saints», soupire-t-elle, avec une grande liberté de parole. «Moi, je m'en fous, je prends tous les risques», assume la benjamine de Le Pen. Mais, au Front, beaucoup l'attendent au tournant de sa prétendue modernité.
William White Posté 16 septembre 2006 Signaler Posté 16 septembre 2006 Et l'homme en question de s'en venter sur son nouveau site internet. En effet, enfin une couverture de lui souriant dans un journal plutôt neutre!
Ash Posté 16 septembre 2006 Signaler Posté 16 septembre 2006 Au sein de la politique française, Lepen a ceci de particulier qu'il représente à la fois son évolution et son blocage (ce dont il contribue volontairement).
Libérus Posté 18 septembre 2006 Signaler Posté 18 septembre 2006 "Imaginons que Le Pen n'obtienne pas les 500 signatures nécessaires à sa candidature: criant à la censure, il lancerait ses troupes en guérilla dans la campagne présidentielle pour affaiblir le «faux» président qui en sortirait vainqueur, imposteur à la nation, puisque près de 5 millions d'électeurs auraient été privés de leur champion." S'il n'obtient pas les 500 signatures, à mon avis, il ne se passera rigoureusement rien. Barbier joue à se faire peur. "Puis les législatives seraient le terrain de sa vengeance électorale, avec pour but de priver le président de majorité. Le Pen n'a aucune chance de gagner la présidentielle, mais il peut précipiter le pays dans une crise de régime insoluble." Oui. Priver le nouveau président d'une majorité, c'est une possibilité. Quoique dans l'hypothèse d'un président de droite, j'imagine mal Le Pen appelant officiellement à voter à gauche. Tout se ferait en sous-main. Et c'est quoi "la crise de régime insoluble"? Une nouvelle cohabitation, tout simplement.
h16 Posté 18 septembre 2006 Signaler Posté 18 septembre 2006 Allez, soyons fous : Le Pen n'obtient pas ses 500 signatures, Ségo et Sarko se font virer au premier tour. Yeeeeeeeees, là, ce serait rock'n'roll.
Xav76 Posté 20 septembre 2006 Signaler Posté 20 septembre 2006 Allez, soyons fous : Le Pen n'obtient pas ses 500 signatures, Ségo et Sarko se font virer au premier tour. Yeeeeeeeees, là, ce serait rock'n'roll. Et qui serait le vainqueur?
h16 Posté 20 septembre 2006 Signaler Posté 20 septembre 2006 Et qui serait le vainqueur? Personne. La démocratie poussée à son but ultime : que des perdants.
A.B. Posté 20 septembre 2006 Signaler Posté 20 septembre 2006 Et qui serait le vainqueur? AL, avec le soutient de Confederation Paysanne et des Trosktises au second tour. Parallelement a ca l'entropie de l'Univers diminuera tout d'un coup de 50% et il se mettra a pleuvoir des ramen se materialisant a 1000 metres d'altitude par condensation.
Invité jabial Posté 20 septembre 2006 Signaler Posté 20 septembre 2006 AL, avec le soutient de Confederation Paysanne et des Trosktises au second tour.Parallelement a ca l'entropie de l'Univers diminuera tout d'un coup de 50% et il se mettra a pleuvoir des ramen se materialisant a 1000 metres d'altitude par condensation.
Marchange Posté 20 septembre 2006 Signaler Posté 20 septembre 2006 AL, avec le soutient de Confederation Paysanne et des Trosktises au second tour.Parallelement a ca l'entropie de l'Univers diminuera tout d'un coup de 50% et il se mettra a pleuvoir des ramen se materialisant a 1000 metres d'altitude par condensation.
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