Serge Posted February 4, 2007 Report Posted February 4, 2007 Les médecins sont de plus en plus conduits à prendre des décisions médicales susceptibles d'abréger la vie de leurs patients très agés. D'après l'enquête d'Eureld (European End-of-Life Decisions) menée dans six pays européens, un quart à la moitié des décès font l'objet d'une décision médicale de ce type.Il s'agit principalement de la mise en oeuvre de traitements de la douleur susceptibles d'abréger la vie. D'autre part, les décisions médicales avec intention explicite de hâter la mort concernent de 2% à 21% des décès. Elles consistent soit : - à ne pas mettre en oeuvre ou à arrêter un traitement - à administrer ou prescrire des substances létales Patients ou familles sont généralement associés à cette décision. L'euthanasie par administration d'une substance létale reste rare.
Roniberal Posted February 5, 2007 Report Posted February 5, 2007 J'aimerais attirer l'attention sur ce passage à la fin de la page 3: "Ainsi, même lorque l'intention de mettre un terme à la vie du patient est explicite, celui-ci ou les membres de sa famille ne sont pas toujours impliqués dans le processus de prise de décision, et les autres soignants ne sont pas toujours consultés". Consternant…
Serge Posted February 5, 2007 Author Report Posted February 5, 2007 J'avoue ne pas trop savoir quoi penser de cette enquête. Les chiffres sont choquants. Par ailleurs, aucun médecin n'admettrait avoir trucidé un patient alors que "ces pays (B,NL) n'avaient pas encore légalisé l'euthanasie au moment de l'enquête", prendre en compte "la possibilité ou la certitude" qu'un traitement médical hâterait la mort du patient alors que c'est l'inverse qui peut se produire,… Ils font passer les toubibs pour des bourreaux et d'autre part on sait tous qu'il y a de moins en moins de respect pour la vie humaine, surtout avant les longs week-end comme dirait Melodius.
LaFéeC Posted February 7, 2007 Report Posted February 7, 2007 Mouais, faut il laisser les personnes mourantes souffrir sous prétexte que le traitement anti-douleur peut tuer… Je crois que la mort relève d'une décision personnelle. Ma grand mère est décédée la semaine dernière, elle a choisi d'aller chez des soeurs qui respecteraient son souhait de non traitement (ni douleur ni maladie). Elle avait passé un mois à l'hopital local, là elle est décédée en 3 jours.
Ash Posted February 7, 2007 Report Posted February 7, 2007 Le non traitement n'est pas de l'euthanasie.
LaFéeC Posted February 7, 2007 Report Posted February 7, 2007 Non, je pensais au passage "la mise en oeuvre de traitements de la douleur susceptibles d'abréger la vie."
gaelsendai Posted February 7, 2007 Report Posted February 7, 2007 L'administration d'antidouleurs - notament dans le cas d'insuffisance respiratoire - accélère en effet l'asphixie du coeur, sans doute car elles permettent inconsciement de relacher l'effort respiratoire. Mais là, l'échelle de temps est la semaine ramenée à quelques jours. Dire que réduire une durée de vie de quelques jours c'est de l'euthanasie, c'est stupide. Il faut faire un tour au service oncologie d'un hopital pour s'en rendre compte. Le décès d'une personne agée et d'une personne jeune atteinte d'une maladie mortelle sont très différents. Le lâcher-prise - étape nécessaire au moment où une personne est en train de s'éteindre - se passe de façon très différente en fonction de l'âge. Un médicament peut permettre d'aider cette étape fondamentale et difficile.
Roniberal Posted February 7, 2007 Report Posted February 7, 2007 Mouais, faut il laisser les personnes mourantes souffrir sous prétexte que le traitement anti-douleur peut tuer… Tout dépend de la conception que l'on a de la vie humaine. La nouvelles maxime d'essence soc-dem, "il y a des vies qui ne méritent pas d'être vécues", m'écoeure au plus haut point. Par ailleurs, dans le contexte actuel, il faut être naïf pour croire que l'euthanasie sera strictement encadré: Ronnie Hayek vient de pondre deux beux billets sur CPS à ce sujet, relatant l'"histoire de l'euthansaie en Belgique". Apparemment, les politiciens belges avaient promis que l'euthanasie ne serait possible que dans certains cas bien délimités, mais il semblerait que des dépressifs aient été "suicidés" récemment par des médecins. Et aujourd'hui, l'euthanasie infantile ferait débat. Bref, c'est toujours la même chose: dès qu'on commence à transgresser un principe sacré, fût-ce à la marge, cela ouvre des portes bien plus grandes à l'avenir… Je crois que la mort relève d'une décision personnelle. La différence est, qu'en l'espèce, c'est la "main" d'un autre qui entraîne la mort… Dire que réduire une durée de vie de quelques jours c'est de l'euthanasie, c'est stupide. Mais à partir de quel "seuil" peut-on alors parler d'euthanasie? Pourquoi "quelques jours" ne seraient pas suffisants pour qualifier l'acte d'euthanasie?
Catastrophe Posted February 8, 2007 Report Posted February 8, 2007 Mais à partir de quel "seuil" peut-on alors parler d'euthanasie? Pourquoi "quelques jours" ne seraient pas suffisants pour qualifier l'acte d'euthanasie? En fait, on ne peut parler d'euthanasie que lorsque l'acte pratiqué par le médecin a pour but la mort du patient. Tout acte visant à diminuer la douleur du patient, même s'il aboutit à accélérer la mort du patient n'est jamais qualifié d'euthanasie. Pour te situer, en Belgique, même les plus farouches opposants à l'adoption de la loi relative à l'euthanasie ne condamnent pas de telles pratiques (catholiques compris). Ca relativise beaucoup la "nécessité" de l'euthanasie qui résulte souvent d'une carence au niveau des soins palliatifs.
José Posted February 8, 2007 Report Posted February 8, 2007 La nouvelles maxime d'essence soc-dem, "il y a des vies qui ne méritent pas d'être vécues", m'écoeure au plus haut point. C'est pourtant une maxime que j'adopte sans aucune difficulté, tout en précisant que je ne prononce que sur ma propre vie. En effet, je suis le seul à pouvoir juger si ma vie mérite d'être vécue. Partant, je n'ai aucun problème avec l'euthanasie, pour moi, dès lors qu'elle devient une forme de suicide assisté.
Catastrophe Posted February 8, 2007 Report Posted February 8, 2007 C'est pourtant une maxime que j'adopte sans aucune difficulté, tout en précisant que je ne prononce que sur ma propre vie. En effet, je suis le seul à pouvoir juger si ma vie mérite d'être vécue. Partant, je n'ai aucun problème avec l'euthanasie, pour moi, dès lors qu'elle devient une forme de suicide assisté. Le problème, c'est que dès que le législateur s'en mèle, il ne se contente pas d'établir un cadre formel pour s'assurer du consentement du suicidé, il détermine les cas ou ce suicide peut se produire. L'Etat instaure donc une différence entre les vies qui valent la peine d'être vécues et les autres auquelles on peut choisir de mettre fin … La loi belge est le parfait exemple de cette dérive qui me semble très grave. Les débats récents sur l'élargissement de l'euthanasie aux mineurs montrent que l'euthanasie est de plus en plus considérée comme un acte de charité plutôt que l'expression d'un véritable choix personnel.
José Posted February 8, 2007 Report Posted February 8, 2007 …dès que le législateur s'en mèle, il ne se contente pas d'établir un cadre formel pour s'assurer du consentement du suicidé, il détermine les cas ou ce suicide peut se produire. De fait, ma position est celle d'une non-ingérence complète de l'État dans ce qui ressort uniquement de la vie privée.
melodius Posted February 8, 2007 Report Posted February 8, 2007 Ma grand mère est décédée la semaine dernière, elle a choisi d'aller chez des soeurs qui respecteraient son souhait de non traitement (ni douleur ni maladie). Elle avait passé un mois à l'hopital local, là elle est décédée en 3 jours. Voilà la manière humaine et digne de gérer ce type de problème. Et remarquez que ce sont donc des bonnes soeurs qui ont permis à cette dame de mourir comme elle l'entendait.
LaFéeC Posted February 8, 2007 Report Posted February 8, 2007 Voilà la manière humaine et digne de gérer ce type de problème. Et remarquez que ce sont donc des bonnes soeurs qui ont permis à cette dame de mourir comme elle l'entendait. Ma gd mère était catho "à mort", c'est elle qui a demandé à partir là-bas. Et sa souffrance était pour elle la souffrance de Jésus sous sa croix (c'est elle qui me l'a dit!) Encore une fois, l'essentiel est que SON CHOIX est été respecté. Si mon choix, c'est de demander à prendre une pilule de MDMA ou une dose de morphine pour planer un dernier coup avant de mourir, j'aimerais qu'il soit respecté aussi.
Guest jabial Posted February 8, 2007 Report Posted February 8, 2007 Voilà la manière humaine et digne de gérer ce type de problème. Et remarquez que ce sont donc des bonnes soeurs qui ont permis à cette dame de mourir comme elle l'entendait. En soi, ça ne m'étonne pas. Les gens qui sont sur le terrain sont de toute façon rarement aussi puristes que leur hiérarchie ; j'en veux pour preuve la défense (privée mais plus récemment publique) du préservatifs par des religieux en Afrique depuis des années.
Catastrophe Posted February 8, 2007 Report Posted February 8, 2007 En soi, ça ne m'étonne pas. Les gens qui sont sur le terrain sont de toute façon rarement aussi puristes que leur hiérarchie ; j'en veux pour preuve la défense (privée mais plus récemment publique) du préservatifs par des religieux en Afrique depuis des années. En la matière, le fait d'être sur le terrain ne change rien. L'Eglise catholique s'oppose a l'acharnement thérapeutique et ne condamne pas le recours aux anti-douleur même s'ils ont pour conséquence une mort plus rapide. Sur ce point, il n'y a pas de hiatus entre la doctrine catholique et la pratique.
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