(V) Posted March 4, 2007 Report Posted March 4, 2007 LQR : la propagande du quotidien ? Voici un petit livre très diffusé dans les milieux gauchistes, qui a fait pas mal de bruit a sa sortie. L’auteur, Eric Hazan, entend démasquer l’effet le plus puissant de l’ordre ignoble aujourd’hui imposé au monde. Cet effet, ce ne sont pas des discours isolés, des tracts, des affiches ou des drapeaux : c’est la langue elle-même, avec laquelle on parle, on communique, avec laquelle on pense… instaurant l’ordre jusque dans nos propres têtes. « LQR » : cet acronyme intriguant désigne précisément cette nouvelle langue, la Lingua Quinta Respublicae (que l’on peut traduire par « Langue de la Cinquième République »). Pour exprimer la puissance de cet outil, l’auteur n’hésite pas à directement introduire son ouvrage par un parallèle avec le mensonge de l’Allemagne hitlérienne : « De 1933 à 1945, Victore Klempere, professeur juif chassé de l’université de Dresde, tient un journal où il décrit la naissance et le développement d’une langue nouvelle, celle de l’Allemagne national-socialiste. Sauvé de l’extermination par son mariage avec une "aryenne" (…), il publie son texte en 1947 sous le titre LTI – Notizbuch Eines Philologen, où LTI sont les initiales de Lingua Tertii Imperii, la langue du IIIe Reich. » (p.11) Ainsi donc, Ve République et IIIe Reich, même combat ! L’auteur n’exprime pas simplement un parallèle entre LTI et LQR, mais sous-entend bien jusqu’à une filiation. Un peu gros tout de même… Mais si je ne m’en rends pas compte, c’est que je dois être complètement endoctriné. Heureusement, Eric Hazan est là pour me montrer la voie. Nous sommes toujours à l’intro, au tout début de l’intro d’ailleurs, et un paragraphe plus loin l’auteur nous donne une première clef : « La LQR a atteint son plein développement, devenant au cours des années 1990 l’idiome du néolibéralisme, dernier en date des avatars du capitalisme. » (p.12) Ah ! Voilà ! Cet ordre qu’il s’agit de démasquer, c’est le « néolibéralisme » ! LQR, parce que la Ve République, mis en place par De Gaulle, est néolibérale. Tout le monde le sait ici, le général était un horrible néolibéral ! Et le lien est désormais tout à fait évident avec le nazisme, qui rime si bien avec néolibéralisme… Nous sommes donc au troisième paragraphe seulement : je m’accroche. Deux pages plus loin, l’auteur nous livre une autre caractéristique de la LQR : « La LQR n’est pas née d’une décision prise en haut lieu, pas plus qu’elle n’est l’aboutissement d’un complot. Elle est à la fois l’émanation du néolibéralisme et son instrument. Plus précisément, elle résulte de l’influence croissante, à partir des années 1960, de deux groupes aujourd’hui omniprésents parmi les décideurs de la constellation libérale, les économistes et les publicitaires. » (p.14) Impossible d’identifier l’auteur exclusif de la LQR. C’est là tout le drame ! L’ennemi est diffus, c’est une « constellation », il nous enveloppe à notre insu, nous en devenons nous-mêmes les complices implicites ! Il n’y a pas, comme dans les films de science-fiction où il faut résister contre une invasion d’extra-terrestres, de « cellule mère » à détruire en particulier : tout est à détruire ! La vie entière, le monde total devient le champ immense de la lutte fondamentale qui se joue entre les forces citoyennes du bien et les forces du mal néolibéral. Il faut toutefois faire un peu plus attention aux économistes et aux publicitaires, les premiers étant tous à la solde du néolibéralisme, comme le savent bien les étudiants en économie du forum, et les seconds incarnant l’expression essentielle de cet odieux système… – D’ailleurs, il leur arrive parfois de se démasquer eux-mêmes, rappelez-vous la perle de Patrick Le Lay, cité p.26. (non non, il ne s’agissait pas d’ironie ou de cynisme, il s’agissait bien du plan de conquête des esprits par la pub et la télé… une « preuve » selon l’auteur…). Bon, mais concrètement, la LQR, c’est quoi ? Quels mots, quelles expressions, quelles formules ? Nous connaissons leurs caractéristiques, il faut maintenant les relever dans le texte et la parole ou quotidien. L’auteur commence son inventaire avec deux mots qui lui semblent « exemplaires » : « Parmi les mots essorés, il en est deux dont l’émiettement du sens me parait exemplaire : ce sont social et modernité. Que le premier ne veuille plus rien dire aujourd’hui, j’en veux pour preuve la manchette du Figaro du 20 septembre 2004 : annonçant le remplacement de Jiang Zemin par Hu Jintao à la tête de l’armée en Chine, le journal de Dassault titrait « Social : quand la Chine se réveille ». Il fallait un mot avant les deux points et l’allusion au livre d’Alain Peyrefitte, gloire du Figaro d’autrefois. Social faisait l’affaire à peu de frais et sans aucun sens. Social(e) est un mot ancien qui a longtemps signifié de façon neutre : qui appartient à, ou qui relève de la société. C’est ainsi que dans Le Contrat social Rousseau parle de lien social, de pacte social… » (p.53) C’est assez piquant de relever la dérive de l’adjectif « social », que l’on doit à la gauche, aux socialos, qui ont réussi à le faire amalgamer à socialiste. Une « mesure sociale », aujourd’hui, c’est nécessairement une mesure « socialo-étatiste ». Au sens originel, une mesure libérale, anti-étatiste, contraire aux principes du socialisme, peut bien être parfaitement « social ». Tout comme « libéral », au sens premier du terme, signifie « qui a trait à la liberté ». Oui, liberté et société sont compatibles, non libéral et social ne sont pas antinomiques. C’est bien au discours dominant de gauche que nous devons cette dérive sémantique, et c’est un suppôt de sa forme la plus extrême qui vient nous faire la leçon ! Par ailleurs, notons les sources médiatiques à travers desquelles l’auteur relève les mensonges de la LQR : Le Figaro bien sûr… A partir de là, il vous reste une centaine de pages dans ce goût-là. Un concentré de malhonnêteté. Je n’en relève pas plus car il me faudrait citer tout le bouquin. Le plus ironique, c’est que l’auteur s’excite sur n’importe quel terme biaisé par le filtre de la LQR (acronyme évoquant pourtant irrésistiblement LCR), « société civile », « transparence », « démocratie », « politique », « gouvernance », « croissance », « diversité », « réforme », « couches défavorisées »… sur lesquels il tombe à répétition dans… Le Figaro, Le monde, TF1… les seuls médias auxquels nous nous soumettons tous, parce qu’il n’en existe pas d’autres et que nous ne discutons aucune des infos qu’ils relayent… Il y a pourtant un mot, qu’il utilise à outrance tout au long de l’ouvrage, mais qu’il ne prend jamais la peine de définir clairement (une seule ligne dans une petite note de bas de page). Néolibéralisme. Répété plusieurs dizaines de fois jusqu’au point final ! Néolibéral, néolibéralisme, néolibéraux, libéraux, libéral, libéralisme… Encore, encore et encore. Le seul vrai terme construit de toutes pièces et utilisé à des fins de propagande avouée, qui subit toutes les dérives que les seuls à l’utiliser (les gauchistes) veulent bien lui impulser. Mais jamais, jamais défini… si ce n’est comme une nouvelle forme de… nazisme ! Ce mot constitue pourtant à lui tout seul la vraie nouvelle langue de distorsion des esprits : la Lingua Gauchistae Conneriae…
h16 Posted March 4, 2007 Report Posted March 4, 2007 Notons que Langue de la Cinquième République fait justement LCR. Gosh !
(V) Posted March 6, 2007 Author Report Posted March 6, 2007 Notons que Langue de la Cinquième République fait justement LCR. Gosh ! Bien vu, d'ailleurs c'est peut-être la première et vraie raison de la traduction de l'expression en latin, pour éviter LCR plus que pour renvoyer à la formule de Victore Klempere..
Etienne Posted March 19, 2007 Report Posted March 19, 2007 Peut-être s'agit-il d'une référence à ceci : http://es.wikipedia.org/wiki/Movimiento_V_Rep%C3%BAblica ?
Legion Posted March 20, 2007 Report Posted March 20, 2007 C'est le genre de livre qui me fait dire que finalement, l'autodafé, c'est peut être pas complètement mauvais.
Dardanus Posted March 20, 2007 Report Posted March 20, 2007 C'est le genre de livre qui me fait dire que finalement, l'autodafé, c'est peut être pas complètement mauvais. C'est le genre de propos qui me fait dire que finalement, la censure, c'est peut être pas complètement mauvais.
Guest jabial Posted March 20, 2007 Report Posted March 20, 2007 Aucun livre ne m'a jamais faire dire ça, même Mein Kampf, alors c'est pas un chiffon de papier qui y arrivera.
Legion Posted March 20, 2007 Report Posted March 20, 2007 Vos réactions sont bizarres : qui y a-t-il de mal à utiliser un livre comme combustible si on l'a payé ? Surtout, que, vu la qualité de l'ouvrage, je pense que s'en servir comme bois de chauffage, c'est encore l'usage le plus valorisant qu'on puisse en faire. Prochain sujet pour le forum philo : L'autodafé peut-il être libéral si on a acheté en bonne forme les livres qu'on brûle ?
Guest jabial Posted March 20, 2007 Report Posted March 20, 2007 Bien sûr que oui… mais quand on parle d'autodafé, on ne parle pas de gens qui brûlent leur propre propriété.
pankkake Posted March 20, 2007 Report Posted March 20, 2007 C'est libéral, sauf si tu enfume tes voisins.
Legion Posted March 21, 2007 Report Posted March 21, 2007 C'est libéral, sauf si tu enfume tes voisins. Et si mes voisins sont des saumons ?
Fredo Posted March 21, 2007 Report Posted March 21, 2007 Vos réactions sont bizarres : qui y a-t-il de mal à utiliser un livre comme combustible si on l'a payé ? Surtout, que, vu la qualité de l'ouvrage, je pense que s'en servir comme bois de chauffage, c'est encore l'usage le plus valorisant qu'on puisse en faire.Prochain sujet pour le forum philo : L'autodafé peut-il être libéral si on a acheté en bonne forme les livres qu'on brûle ? Oui, j'en ai déjà d'ailleurs fait un un jour. Suite à un conseil trouvé (c'est amusant) dans un livre d'alchimie ! (Si tu veux accéder à l'oeuvre et à la vraie cognoissance, il te faudra même brûler ces livres après les avoir étudiés) ! J'ai pris tous les livres débiles, pseudo-scientifiques, etc., que j'avais et qui avaient encombré un temps mon esprit d'informations inutiles, et ai fait un grand feu au fond du jardin.
pankkake Posted March 21, 2007 Report Posted March 21, 2007 Et si mes voisins sont des saumons ? Hmmm… ça dépend de s'ils ont un canapé mangeur d'homme ou pas.
h16 Posted March 21, 2007 Report Posted March 21, 2007 Hmmm… ça dépend de s'ils ont un canapé mangeur d'homme ou pas. Miam, des saumons sur canapés
pierreyves Posted March 28, 2007 Report Posted March 28, 2007 Bien sûr que oui… mais quand on parle d'autodafé, on ne parle pas de gens qui brûlent leur propre propriété. Mais est-ce qu'il serait libéral d'acheter tous les bouquins existants d'un titre pour les détruire ?
h16 Posted March 29, 2007 Report Posted March 29, 2007 Mais est-ce qu'il serait libéral d'acheter tous les bouquins existants d'un titre pour les détruire ? Complètement idiot, en tout cas, ça c'est sûr.
Dardanus Posted March 29, 2007 Report Posted March 29, 2007 Parfois on pète le feu, d'autres fois, on craque facilement…une allumette.
Guest jabial Posted March 29, 2007 Report Posted March 29, 2007 Mais est-ce qu'il serait libéral d'acheter tous les bouquins existants d'un titre pour les détruire ? Quoique légal, ce serait très probablement impossible : il se trouvera bien une personne pour refuser de vendre, or pour faire une transaction il faut être deux. Il se trouvera sans doute aussi un C. (personne que je connais ) qui trouvera l'affaire intéressante et imprimera en masse ce titre juste pour te le revendre, prétendant en "trouver" d'autres à chaque fois - et bien sûr à chaque fois plus cher. Sans parler des réimpressions à la demande de lecteurs potentiels.
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