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Ivan Le Terrible Dans Le 93


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Les jeunes des cités inquiets d'une possible victoire de Nicolas Sarkozy

LE MONDE | 29.03.07 |

Dans leurs têtes, il y a désormais comme un compte à rebours : combien de jours avant que Nicolas Sarkozy ne devienne président de la République ? Car il ne fait presque aucun doute, pour ces jeunes adultes de la cité des 3 000 à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), que le candidat UMP l'emportera le 6 mai prochain, surfant sur l'image d'une jeunesse des banlieues qui serait dangereuse, image encore renforcée par les violences à la gare du Nord à Paris, mardi 27 mars.

Dans cet univers masculin, la peur est un sentiment qui ne s'avoue normalement jamais. Mais, l'angoisse est trop forte : cette quinzaine de jeunes - que l'on a régulièrement rencontrée, depuis un an, au coeur de leur cité - n'a jamais été aussi inquiète.

Quelques mois auparavant, on les entendait encore lancer des insultes bravaches sur Nicolas Sarkozy qu'ils promettaient de ridiculiser. Aujourd'hui, le coeur n'y est plus. Ils pensent maintenant aux conséquences concrètes d'une victoire du candidat UMP. "Sarkozy qui gagne, ça veut dire cinq ans devant nous, sans espoir", explique un lycéen de 20 ans, qui réclame un anonymat total pour ne pas risquer d'être reconnu.

"LES POLICIERS SE SENTIRONT DES AILES"

Pour eux, l'accès de violence de la gare du Nord n'est qu'un épisode parmi d'autres des conflits entre jeunes et policiers - le sujet de préoccupation majeur quand on habite dans une cité sensible et que l'on porte survêtement, baskets, cagoule ou casquette. "Sarkozy comme ministre de l'intérieur a donné carte blanche aux policiers. Quand il sera président, il n'y aura plus aucune limite", se désole un jeune commerçant de 22 ans, qui n'accepte de donner que son surnom, "Ptipek". Leur crainte, c'est le sentiment de toute-puissance que pourraient ressentir les "keufs" avec l'élection de Nicolas Sarkozy. "Les policiers se sentiront des ailes, surtout les pires" , explique Rachid, âgé d'une vingtaine d'années, en refusant lui aussi de donner son nom.

Chose totalement inconcevable auparavant, la menace Sarkozy est présentée, par quelques-uns, comme plus dangereuse pour eux, enfants d'immigrés, que celle d'un Jean-Marie Le Pen. Cela ne signifie pas qu'ils voteront en faveur du candidat d'extrême droite mais traduit leur désarroi et la crainte que Sarkozy mette ses promesses à exécution. De ce point de vue, le candidat UMP a réussi à se construire une image de politicien volontariste, y compris parmi ces jeunes : "Il a la dalle, comme on dit ici. Il en veut et quand il dit qu'il veut faire quelque chose, il le fait", s'inquiète ainsi "Ptipek", rendant un hommage involontaire à l'ancien ministre de l'intérieur.

Ils savent aussi très bien quel rôle joue la banlieue dans l'élection : la victoire de Nicolas Sarkozy sonnerait aussi, à leurs yeux, comme une forme de référendum "anti-racaille". Jusque dans leurs familles : "Mon père va voter Sarkozy pour avoir plus d'ordre" , signale, par exemple, Jalil, lycéen en seconde générale.

FINI LES "BÊTISES"

"Sarkozy a joué le rôle du cow-boy qui allait s'occuper du Far West. Il a foutu la merde avec ses déclarations, puis il a dit qu'il allait tout nettoyer", souligne Brahim, 20 ans, intérimaire à Roissy, qui votera "sans doute", comme la plupart de ses camarades, pour Ségolène Royal.

Ceux qui avaient participé aux violences urbaines affirment s'être progressivement calmés en prenant de l'âge.

Karim (son prénom a été changé), 19 ans, que l'on avait vu jeter des pierres sur des CRS en patrouille en octobre 2006 ( Le Monde du 26 et du 30 octobre 2006), pense en avoir fini avec les "bêtises" grâce à la découverte d'un métier qui l'intéresse. "J'ai eu mon dernier procès, après c'est fini" , assure-t-il en revenant d'une audience où il a écopé de travaux d'intérêt général pour un vol. Si Sarkozy est élu, lui qui avait participé aux émeutes de 2005 affirme qu'il ne bougera pas.

Ce sont les plus jeunes qui ont repris le flambeau des violences contre les policiers. "Ça pétera si Sarko gagne, mais on peut pas savoir comment, ni quand" , note le lycéen. L'engagement politique des 18-25 ans - tous sont inscrits et affirment vouloir voter - ne se traduit pas au-delà du bulletin glissé dans l'urne. Notamment pour tenter d'apaiser les adolescents. "Même si on leur disait quelque chose, ils n'écouteraient pas", relativise Karim.

Avec ses copains, il regarde avec scepticisme la reconstruction, au bout de la rue, de l'antenne de police partiellement détruite pendant les émeutes de 2005. Eux, qui parlent favorablement de la "police de proximité", ne doutent pas un instant que le bâtiment fera rapidement l'objet de tentatives d'incendie

Posté

C'est Le Monde dans toute sa splendeur…

Quand je pense qu'il y a des abrutis opur gober ce qu'il s'y écrit…

Et pourquoi pas étudier la mondialisation avec Le Monde diplo ? :icon_up:

On devrait organiser les émeutes des gens qu'en ont marre d'être gavés de conneries.

Je retourne lire Dantec.

Posté
  Jo a dit :
Ils savent aussi très bien quel rôle joue la banlieue dans l'élection : la victoire de Nicolas Sarkozy sonnerait aussi, à leurs yeux, comme une forme de référendum "anti-racaille". Jusque dans leurs familles : "Mon père va voter Sarkozy pour avoir plus d'ordre" , signale, par exemple, Jalil, lycéen en seconde générale.

Voilà le point important. Si réellement toutes ces petites frappes ont à ce point peur de lui, et que leurs pères par contre le plébiscitent, je trouve que c'est un argument de poids en faveur de Sarko.

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