Invité Arn0 Posté 28 avril 2007 Signaler Posté 28 avril 2007 Mais il dit lui-même qu'il a rempli de tels questionnaires dans le passé sans mouffeter. C'est bien le signe qu'il y a un élément nouveau qui est intervenu, et cet élément nouveau c'est simplement qu'il n'aime pas les frères jumeaux. Il me semble que la nouvelle loi est assez différente : Cette loi veut soumettre aux procédures de lustration entre 400 000 et 700 000 individus. Un institut spécial, portant le nom d'Institut de la mémoire nationale, est devenu le dépositaire des archives de la police et a obtenu le droit de porter des jugements sans que la justice puisse s'en charger. Les journalistes, ainsi que les enseignants, y sont aussi soumis.
Libérus Posté 28 avril 2007 Signaler Posté 28 avril 2007 Il me semble que la nouvelle loi est assez différente :"Cette loi veut soumettre aux procédures de lustration entre 400 000 et 700 000 individus. Un institut spécial, portant le nom d'Institut de la mémoire nationale, est devenu le dépositaire des archives de la police et a obtenu le droit de porter des jugements sans que la justice puisse s'en charger. Les journalistes, ainsi que les enseignants, y sont aussi soumis." Ca fait deux erreurs , pour être poli. Sauf annulation par la Cour constitutionnelle, il sera constitué au sein de l'Institut de la Mémoire Nationale (IPN) un pool juridique constitué d'une centaine de magistrats spécialisés. On peut comparer cela, si vous voulez, à notre pool anti-terroriste, ou à notre pool financier. Je précise que sauf à découvrir à cette occasion des crimes ou délits relevant du droit commun, les personnes mises en cause risquent au maximum de perdre leur poste pendant dix ans. La deuxième erreur (Bayrou est tombé dans le panneau) est que cela concerne tous les enseignants du supérieur, mais en aucun cas tous les enseignants du primaire et du secondaire (ça ferait vraiment beaucoup de monde !). Seuls les directeurs d'établissements sont concernés. Vous vous demandez peut être pourquoi moi qui enseigne en université je ne m'indigne pas contre cette lustration ? Je vais vous répondre franchement : dans la Pologne communiste beaucoup de postes de professeurs ont été obtenus en écrasant les concurrents sous le rouleau compresseur du parti (pas nécessaire pour cela d'être soi-même dans le parti). A mon avis, ceux qui ont fait une carrière académique normale, en travaillant comme des bénédictins dans leur spécialité, n'ont rien à craindre de cette procédure. Bref, il y a beaucoup de désinformation dans cette affaire. On prétend que Geremek a été démis de son mandat. C'est un mensonge. Il ne peut pas l'être sans que son immunité soit levée par le dit Parlement. EDIT/ J'apporte une correction. Le pool dont j'ai parlé sera constitué de magistrats enquêteurs. On dit dans la loi : "procureurs". S'ils trouvent motif, ils renverront l'interéssé devant le tribunal ordinaire de sa circonscription. On est très loin de ce qu'affirme Geremek. Le problème des journalistes n'est pas clair. En effet la loi fait référence à la notion de journaliste au sens de la loi de 1984 (autrement dit de journaliste du secteur public ?) Pour répondre à Taranne : Les écrivains et les cinéastes ne sont pas concernés. Cependant Wajda pourrait l'être s'il exerce des fonctions dans une commission officielle ou s'il enseigne dans un institut supérieur (ce que je n'ai pas vérifié).
Harald Posté 1 mai 2007 Signaler Posté 1 mai 2007 Mais il dit lui-même qu'il a rempli de tels questionnaires dans le passé sans mouffeter. C'est bien le signe qu'il y a un élément nouveau qui est intervenu, et cet élément nouveau c'est simplement qu'il n'aime pas les frères jumeaux. C'est bien son droit. Mais pourquoi alerter toute l'Europe pour exprimer ce qui n'est qu'un malaise ? Je ne suis pas d'accord avec ça. La loi de 1997 qu'il a d'ailleurs votée et respectée en s'astreignant tous les 5 ans à remplir sa déclaration ne concernait au mieux que 30.000 personnes. Le nouveau texte lui démultiplie le flicage puisque l'on peut tabler sur 400.000 à 700.000 polonais de fliqués. En plus, pour reprendre une des sources citée par Schnappi: En outre, les archives de la SB sont très incomplètes – 80 % en ont été détruits – et ne sont nullement une source fiable d’information. Les agents de la SB ont souvent falsifié des données, ont manipulé leurs informateurs et leurs contacts, et parfois se sont lourdement trompé. Des individus qui ont eu accès à leurs propres dossiers ont rapporté une multitude d’affirmations inexactes, incomplètes, ou tout simplement mensongères. Prendre les documents créés par le SB comme une source de la vérité absolue, c’est adopter la vision du monde de cette institution. En outre, comme le souligne le journaliste Andrzej Jacyna, de nombreuses personnes ont pu commettre à leur insu des actes définis par la loi comme soumis a la lustration. Une réponse honnête a la question « Est ce que vous aviez collaboré avec la SB ? » sera souvent : « Je ne sais pas. » Plus précisément, ces 80% sont à partager entre la destruction et le transfert à Moscou, dans les caves du FSB. Il y a fort à parier que ce sont les dossiers les plus intéressants qui s'y trouvent. Encore que: Rzeczpolita, considéré comme le deuxième journal polonais quant à son audience, a publié, à partir de documents récemment déclassifiés des Services Secrets polonais, les conclusions d’une enquête lancée en 1992 concernant les membres des partis d’extrême droite «pouvant mettre en danger la démocratie».La conclusion de cette enquête, selon des propos attribués au Colonel Jan Lesiak qui dirigeait à l’époque les services chargés de l’enquête serait la suivante en ce qui concerne Jaroslaw Kaczynski : «Il est recommandé de conclure que Jaroslaw Kaczynski est investi dans une relation homosexuelle durable et nous savons qui est son compagnon.» L’information a été reprise par le principal quotidien polonais, la Wyborcza Gazeta, ainsi que par un réseau de télévison privé, la TVN24. La semaine dernière, l'ancien Président Lech Walesa a répété à la télévision polonaise une blague au sujet de l'homosexualité de l’actuel premier ministre qu'il avait faite il y a 13 ans au cours d’un interview à la télévision publique polonaise TVP1 où il avait dit que les jumeaux Kaczynski étaient venus à sa fête d'anniversaire et que "Lech ètait venu avec son épouse et Jaroslaw avec son mari." Plus sérieusement, en septembre 2005 Jaroslaw Kaczyński déclarait « Si mon frère gagne, je serai obligé de renoncer au poste de Premier ministre. Ce serait inacceptable pour les Polonais que deux frères occupent les deux principaux postes de l'État ». L'expérience a prouvé le contraire. En outre, leur gouvernement est ouvertement réactionnaire et s'appuie sur des éléments de la droite radicale. A contrario de nombreux pays qui se sont dotés de lois semblables, mais réfléchies, je pense comme Geremek que le pouvoir s'est doté d'un instrument de flicage, mal foutu certes, mais néanmoins dangereux et qui ressemble quelque peu à l'appareil communiste tant il ne semble pas réellement indépendant du pouvoir.
Taranne Posté 1 mai 2007 Signaler Posté 1 mai 2007 Le problème de la fiabilité des sources est effectivement important, et avait été soulevé par la chroniqueuse russe de Arrêt sur Images. C'est à mon avis la plus grande objection à une loi de ce type. Concernant l'homosexualité présumée de Jaroslaw Kaczynski, il faut être prudent: les polonais étant notoirement hostiles à "l'amour qui ne dit pas son nom", une accusation de ce type est le meilleur moyen de torpiller un rival dangereux, et les services secrets de quelque pays qu'ils soient ne travaillent pas pour l'amour de la vérité…
Serge Posté 1 mai 2007 Signaler Posté 1 mai 2007 Concernant l'homosexualité présumée de Jaroslaw Kaczynski, il faut être prudent: les polonais étant notoirement hostiles à "l'amour qui ne dit pas son nom", une accusation de ce type est le meilleur moyen de torpiller un rival dangereux, et les services secrets de quelque pays qu'ils soient ne travaillent pas pour l'amour de la vérité… Parce qu'il est célibataire, qu'il vit chez sa maman et qu'il adore les chats …
Harald Posté 2 mai 2007 Signaler Posté 2 mai 2007 Le problème de la fiabilité des sources est effectivement important, et avait été soulevé par la chroniqueuse russe de Arrêt sur Images. C'est à mon avis la plus grande objection à une loi de ce type. Concernant l'homosexualité présumée de Jaroslaw Kaczynski, il faut être prudent: les polonais étant notoirement hostiles à "l'amour qui ne dit pas son nom", une accusation de ce type est le meilleur moyen de torpiller un rival dangereux, et les services secrets de quelque pays qu'ils soient ne travaillent pas pour l'amour de la vérité… Il n'y a pas que cela. La loi de 2007 implique ipso facto la déchéance des droits professionnels dès lors que la déclaration est considérée comme fausse ou qu’on refuse de la signer : il n’ y a pas de place pour la défense puisque le seul élément à charge est le refus de la déclaration ou la constatation du mensonge. La question est alors : où est la preuve ? Récemment, dans l'affaire Matyjek la Cour Européenne des Droits de l'Homme a donné raison à Matyjek, la Cour ayant conclut, je cite " que la procédure de lustration dirigée contre le requérant, considérée dans son ensemble, n’était pas équitable ". Le terme d’équitable fait référence à l’article 6 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme, paragraphes 1 et 3, selon lesquels « toute personne a droit à ce que la cause soit entendue équitablement, publiquement et dans un délai raisonnable […] et de disposer du temps et des facilités nécessaires à la préparation de sa défense ». Le problème était que l’accusé n’avait pas accès à toutes les pièces retenues à charge contre lui et qu’il n’avait pu ainsi préparer sa défense.
Serge Posté 9 mai 2007 Signaler Posté 9 mai 2007 Lech Kaczynski : "Si la loi de lustration est annulée, il faut ouvrir les archives communistes"LE MONDE | 09.05.07 | 11h49 • Mis à jour le 09.05.07 | 14h26 Une nouvelle loi controversée de lustration impose à l'élite polonaise de déclarer avoir ou non collaboré avec la police politique communiste, sous peine de licenciement. Le 25 mars, elle a déclenché un tollé au Parlement européen après que l'eurodéputé Bronislaw Geremek eut annoncé qu'il pourrait perdre son mandat pour avoir refusé de déposer sa déclaration. Comprenez-vous son geste ? Je l'ai compris, mais je le juge d'une façon critique. Je reconnais les mérites de M. Geremek. Mais je ne peux pas approuver son geste qui nuit à la Pologne. La manifestation de M. Geremek a créé une impression absurde qu'en Pologne la démocratie est menacée. Notre pays doit résoudre les problèmes que d'autres Etats post-communistes ont résolus il y a plus de quinze ans. Je ne vois aucune atteinte à la dignité de qui que ce soit. Notre loi est plus douce que celle qui fut à l'œuvre en Allemagne, par exemple. Si le tribunal constitutionnel, qui se réunit du 9 au 11 mai, reconnaissait la loi comme anticonstitutionnelle, renonceriez-vous à la lustration ? J'en serais profondément attristé. Cela signifierait que les citoyens n'ont pas le droit de connaître ce passé totalitaire, ce régime qui était dépendant de l'impérialisme soviétique. Si le tribunal, sous l'influence de divers intérêts et de diverses modes, en venait à déclarer cette loi illégale, ce serait regrettable, mais nous devrions nous y plier. Il faudrait alors que j'accepte ce que j'ai refusé jusqu'à présent : soutenir une nouvelle loi qui proposerait l'ouverture totale des archives de la sécurité communiste. Ces dossiers, ces informations sensibles, deviendraient alors propriété publique.
Taranne Posté 10 mai 2007 Signaler Posté 10 mai 2007 Si le tribunal, sous l'influence de divers intérêts et de diverses modes, en venait à déclarer cette loi illégale, ce serait regrettable, mais nous devrions nous y plier. Il faudrait alors que j'accepte ce que j'ai refusé jusqu'à présent : soutenir une nouvelle loi qui proposerait l'ouverture totale des archives de la sécurité communiste. Ces dossiers, ces informations sensibles, deviendraient alors propriété publique. Mais les Polonais (et le reste du monde) ne demandent que cela! En quoi est-ce donc si compliqué?
Ash Posté 10 mai 2007 Signaler Posté 10 mai 2007 La fiabilité des informations est pour le moins incertaine. La lustration était plus commode et respectueuse des libertés individuelles.
Serge Posté 10 mai 2007 Signaler Posté 10 mai 2007 Mais les Polonais (et le reste du monde) ne demandent que cela! Sondage du jour sur Onet.PL - Internet - Votants : 96766 En cas d'ouverture totale des archives de la sécurité communiste, pensez-vous que vous vous intéresserez à leur contenu ? Tak : 29 % Nie : 67 % NSP : 4 % Cela prouverait bien que ça en vaut la peine.
Taranne Posté 11 mai 2007 Signaler Posté 11 mai 2007 Pologne: le tribunal constitutionnel censure une partie de la loi de lustration[11/05/2007 19:44] VARSOVIE (AP) -- Le tribunal constitutionnel, la plus haute instance judiciaire de Pologne, a censuré vendredi plusieurs parties de la controversée loi de lustration qui exige que plus de 700.000 personnes, dont des journalistes et des hommes politiques, rendent des comptes sur d'éventuelles collaborations passées avec la police politique de l'ère communiste. Cette décision semble infliger un sérieux revers au gouvernement du Premier ministre Jaroslaw Kaczynski, frère jumeau très contesté du président Lech Kaczynski, dont le parti Droit et Justice, est l'auteur du texte. Cette nouvelle loi de «lustration», entrée en vigueur le 15 mars, a notamment été dénoncée par l'ancien dissident de Solidarnosc et ancien ministre des Affaires étrangères polonais Bronislaw Geremek, un député européen, qui refuse de se soumettre au texte. AP
Cochon Posté 12 mai 2007 Signaler Posté 12 mai 2007 Il est naturel de demander aux criminels de se dénoncer, je ne vois rien de malsain là dedans. Salam Ca dépend lesquels: le parlement polonais aurait fait passer la même loi sur les anciens collaborateurs du nazisme ou les complices des dictatures latino-américaines, on peut penser que le parlement européen n'aurait pas eu la même réaction. Il est bien connu que les cocos étaient des humanistes en action dont les erreurs n'entament pas le bon fond :-)
Harald Posté 12 mai 2007 Signaler Posté 12 mai 2007 La fiabilité des informations est pour le moins incertaine. La lustration était plus commode et respectueuse des libertés individuelles. Je ne vois pas en quoi les libertés individuelles sont respectées dès lors que l'Institut de la Mémoire Nationale peut statuer sur telle ou telle personne. La loi de 2007 implique ipso facto la déchéance des droits professionnels dès lors que la déclaration est considérée comme fausse ou qu’on refuse de la signer: il n’y a pas de place pour la défense puisque le seul élément à charge est le refus de la déclaration ou la constatation du mensonge. La question est alors : où est la preuve ? Récemment, dans l’affaire Matyjek la Cour Européenne des Droits de l’Homme a donné raison à Matyjek, la Cour ayant conclu, je cite ” que la procédure de lustration dirigée contre le requérant, considérée dans son ensemble, n’était pas équitable “. Le terme d’équitable fait référence à l’article 6 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme, paragraphes 1 et 3, selon lesquels " toute personne a droit à ce que la cause soit entendue équitablement, publiquement et dans un délai raisonnable […] et de disposer du temps et des facilités nécessaires à la préparation de sa défense ". Le problème était que l’accusé n’avait pas accès à toutes les pièces retenues à charge contre lui et qu’il n’avait pu ainsi préparer sa défense.
xavdr Posté 17 mai 2007 Signaler Posté 17 mai 2007 Il me semble que l'on passe un peu à côté de l'argumentation, en tout point remarquable, de Geremek.Il commence par rappeler que la Pologne n'a pas véritablement ouvert l'accès à ses archives de l'époque communiste, à la différence de l'Allemagne. Il s'ensuit qu'aucune forme de justice ne peut utiliser les informations qui y seraient présentes (par exemple pour poursuivre un collaborateur particulièrement actif) et que la loi dont il est question crée une espèce de juridiction parallèle, complètement indépendante de la justice démocratique, à laquelle seuls certains citoyens seraient soumis. De ce point de vue, un libéral normalement constitué ne peut que réprouver cette loi. Il serait intéressant de savoir si des procès fondés sur l'ouverture des archives de la Stasi ont eu lieu en Allemagne et ce qu'ils ont donné. J'avoue mon ignorance totale à ce sujet. Il me semble que c'est la voie à suivre en Pologne, plutôt que de confier ces archives à un institut "indépendant" (pas du pouvori politique semble-t-il) qui n'est finalement qu'une institution arbitraire supplémentaire. Je ne pense pas que l'argumentation de GEREMEK soit "en tout point" "remarquable" au sens de "louable". Quand on veut éviter une loi, on traine des pieds puis quand on ne peut éviter qu'elle ne surviene alors qu'elle s'annonce inévitable, on fait passer une loi réduite puis finalement quand la loi dont on ne voulait pas est votée, on hurle à l'atteinte aux principes fondamentaux. De ce point de vue, les auteurs de la Révolution de Velour polonaise sont sans doute beaucoup plus ambigüs que la plupart de nos contemporains l'imaginent. Néammoins la question des droits de la défense est évidemment essentielle avant l'application de sanctions officielles. Je ne sais pas si le contenu de la nouvelle loi de lustration qui vient d'être enpartie invalidée est en la matière si criticable que GEREMEK ne le prétend. Ainsi Liberus mentionnait l'existence de magistrats instructeurs au sein de l'IPN organisme créé fin 1998 dans la foulée de la loi de lustration de 1997. En tout état de cause, la Pologne est un état de l'UE et à ce titre reconnaît la prééminence des décisions de la cour des droits de l'homme européenne, dont Harald vient de nous rappeler la décision négative concernant une application de ladite loi de lustration. Pour bien comprendre l'origine de cette loi, il faut comprendre la nature de la matière 1ère, à savoir les archives de la police secrête communiste. ( cf. le récent Café Liberté de Paris sur ce sujet, avec sur le blog pas mal d'hyperliens ) Il y a quelques différences importantes entre les archives de la Stasi et celle du SB polonais. - A la Chute du Mur la Stasi n'a réussi à détruire que 18 km d'archives (dont 15 000 sacs en cours de lente reconstitution) et en a laissé 140 km intactes. Cela a permis de rendre publiques les archives. - A la Chute du Mur, la SB, 4 fois plus importante que la Stasi n'a laissé "que" 80 km d'archives, de nombreuses de ses archives ayant disparu, détruites ou emportées e.g. à l'étranger, (et/ou en raison de méthodes du SB polonais recourant moins aux écrits que la Stasi ???). Dans de nombreux cas (80% prétendent certaines sources) on connait les informateurs mais on ignore le détail de la collaboration entre un informateur et la police secrete. D'où la loi de 1997 et celle de 2007 prévoyant que les personnes brigant une charge sensible doivent déclarer la nature de leur éventuelle collaboration. Si les archvies ne disent pas le contraire tout va bien ; si les archives disent le contraire et qu'on s'en apperçoit il y alors procédure judiciaire. Pour les collabos non avoués, c'est, ironie du sort… une sorte de roulette russe. Evidemment, dans de telles circonstances, rendre les archives simplement publiques, ce serait d'une part se priver d'un formidable outil de révélation et de dénoyautage des réseaux communistes e d'autre part prendre le risque que des collaborateurs menteurs face à la police politique ne soient mis dans même sac que des collaborateurs authentiquement zélés. Actuellement les archives sont accessibles par les vicitimes et par les magistrats instructeurs des dossiers de lustration. D'après un responsable de l'IPN il faudrait 10 ans de travail aux équipes de l'IPN pour établir les dossiers de lustration complet de toutes les personnes occupant des postes ou professions concernées par la loi de 2007. Une grandemajorité de polonais sont de plus en plus écoeurés de découvrir que les réseaux issus des rangs du communisme sont parvenus à capter par des trafics d'influence une grande part du fruit des dénationalitions et des politiques industrieles d'état. Voila l'une des principales raisons de la montée en popularité d'une grande lustration, plus ambitieuse que celle excessivement modeste, de 1997. Un dernier point : si j'ai bien compris, la loi de 1997 écartait de la désignation d'informateurs de la police secrêtes les collaborateurs dont il ne serait pas prouvé que leurs renseignement aient nominativement et concrêtement nuit à quelqu'un. Cette loi de 1997 semble donc très laxiste, presque une loi de convenance. De la part de GEREMEK, cela ne m'étonne qu'à moitié. J'aimerai bien avoir plus d'information sur sa période communiste des anées 1950 et 1960. D'après ses détracteurs, il écartait systématiquement des responsabilités académiques les non communistes. A cette époque, détaché à l'étranger, il avait selon toute vraissemblance signé un document de collaboration avec la police secrête. A l'époque il semblait vouloir réformer le commuisme de l'intérieur. Durant les anées 1980 il a rejoint solidarité et été emprisonné au coté de WALESA. Mais le pouvoir communiste faisait partie de ceux qui choisissent parmi leur adversaires ceux qu'ils veut promouvoir. Dans ce cadre, la révolution de velour poloaise n'est peut-être pas un hasard, et le succès financier des communistes après la Chute du Mur peut-être le signe d'un plan de pérestroïka-reconversion muri,voire négocié, cyniquement d'avance. Avec des bénéficiaires qui seraient devenus des hommes libres ? Espérons-le, mais c'est difficile à garantir. Voila pourquoi je pense qu'une loi de lustration de grande ampleur et plus tonique que celle de 1997 mérite d'exister en Pologne, ce qui n'empêche pas que pour toute sanction officielle de portée significative (e.g. interdiction d'exercer sa profesion d'origine quand celle-ci n'est pas au coeur de l'état régalien ou du fonctionnement incontournable de la démocratie), en l'absence de menace immédiate sur la pérénité de la puissance régalienne non totalitaire, il soit nécessaire de préserver les droits de la défense. Après, (mais après seulement, à mon opinion) il faudra aussi penser à une loi d'amnistie, de façon à éliminer le pouvoir résiduel des tiers détenteurs de preuves, notamment ceux qui ont détourné les archives. Cette amnistie devrait être assortie d'une publication (déjà prévue par laloi de 2007) de pans entiers des archives (? liste des collaborateurs avec nature présumée de leur collaboration, assortie d'une procédure d'information préliminaire et de révision contradictoire ?). En tout cas, on a l'impression que la Pologne aperdu une bonne douzaine d'années par rapport au timing optimum dans cette histoire de lustration. Voici un excellent article du diploweb sur la lustration en Pologne.
xavdr Posté 17 mai 2007 Signaler Posté 17 mai 2007 En relisant mon message précédent, je me dis que ma réaction vis-à-vis du passé communiste de GEREMEK prête à confusion. Mettons nous dans la peau de GEREMEK. IL débute sous les couleurs du communisme et semble essayer de le réformer de l'intérieur vers moins de violence interne tout en le servant avec sectarisme. Quand cela devient évident que le communisme se maintient uniquement par l'oppression (1956, prise d'indépendance hongroise écrasée par l'armée rouge), GEREMEK persévère puis (1968, Printemps de Prague) prend ses distances avec le communisme. Il s'investit au sein de Solidarnosk, avec Lech WALESA, est un des artisan de la Révolution de Velour qui voit la fin du communisme sans bain de sang (en contrepartie d'une certaine indulgence… laquelle ? jusqu'à quand ?) et devient un héro national en Pologne. Dès lors, c'est très tentant de l'imaginer, au coté des acteurs de la Révolution de Velour, en train d'en assurer le "service après-vente", en fasant preuve d'une très grande indulgence envers ses anciens camarades de parti. Il n'y aura pas ou peu de poursuites judiciaires pour les crimes passés des communistes polonais. La Pologne tente tout de même de faire reconnaitre le génocide ou sociocide dont elle a été victime de la part des soviétiques (plus de 1M de polonais de l'élite de toutes origines et tendances y compris communistes déportés et exterminés, cf. articles d'Alexandra VIATTEAU disponibles sur le Diploweb) avant le régime communiste polonais. Le peuple polonais veutune loi de lustrtion, mais le système politique piétine au long des années 1990. En 1997, une loi de lustrtion très, très précautionneuse au bénéfice des collaborateurs est votée. Les réseaux communistes continuent de faire main basse sur l'économie polonaise. La grogne monte au sein de la popultion. L'indulgence envers l'ancien système n'est pas le point de vue de la nouvelle génération de responsables politiques qui ne sont pas lié à la Révolution de Velour. Une loi de lustration plus ambitieuse, plus vaste dans ses cibles, peut-être aussi moins garante des droits de la défense est votée, mais elle controversée et plusieurs articles essentiels de cette loi sont rejetés par la cour constitutionnelle polonaise le 10 mai 2007. Une nouvelle loi est enpréparation, qui pourraitinclure la publication masive des archives de la SB. Autant j'approuve in abstracto l'argumentation de GEREMEK quand il met en garde contre l'absence de jugement contradictoire, la mise en place d'une police de l'Histoire, etc., autant je comprend que les Polonais souhaitent ne pas avoir des collabos pour recteurs ou pour gestionnaires des marchés publics et souhaitent savoir si leur avocat l'a été ou pas, et commencent à s'émouvoir des attermoiment de l'ancienne génération d'hommes politiques qui a négocié la Révolution de Velour semble-t-il au prix excessif d'une insuffisante décommunisation des réseaux d'influence.
Etienne Posté 19 mai 2007 Signaler Posté 19 mai 2007 La Révolution de Velour, c'était en Tchécoslovaquie et non en Pologne.
Bellegarrigue Posté 20 mai 2007 Signaler Posté 20 mai 2007 La Révolution de Velour, c'était en Tchécoslovaquie et non en Pologne. En Pologne c'était les wajdaïens Homme de marbre et de fer…
Serge Posté 25 juillet 2007 Signaler Posté 25 juillet 2007 Tout un symbole, évidemment. L'Institut de la Mémoire Nationale a choisi la Place de la liberté à Poznań, pour exposer le visage de 98 agents qui ont oeuvré pour les services de sécurité (SB) entre 1945 et 1990. On peut découvrir pour chacun d'entre eux … le cv complet, les diplômes obtenus ( ex. : cours du soir à l'Institut du marxisme-leninisme ), des documents secrets manuscrits ( ex. : autorisation de départ à l'étranger ), des déclarations sur l'honneur ( rendre service sans compter à la république démocratique ),… Dès le lendemain, les jeunes du SLD ( le parti des anciens bolchos resté longtemps au pouvoir ) ont manifesté leur "mécontentement" en présentant le visage des hommes de l'actuelle IVème république.
Patrick Smets Posté 26 juillet 2007 Signaler Posté 26 juillet 2007 98 agents ?! c'est pas beaucoup, je trouve… je croyais qu'un système totalitaire nécessitait plus de monde.
Serge Posté 26 juillet 2007 Signaler Posté 26 juillet 2007 Il y a des "expositions" dans d'autres villes de Pologne. A Poznań, ce n'est que pour les agents de la région de Poznań. Et puis, ce n'est sans doute qu'un début.
José Posté 26 juillet 2007 Signaler Posté 26 juillet 2007 Et puis, ce n'est sans doute qu'un début. Et j'imagine qu'il ne s'agit que des cas où l'on est sûr à 200%.
Serge Posté 26 juillet 2007 Signaler Posté 26 juillet 2007 Et j'imagine qu'il ne s'agit que des cas où l'on est sûr à 200%. Plutôt, oui. L'IPN donne pas mal de détails. Je passerai y refaire un tour demain, tiens.
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