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L'opinion


Harald

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Posté

Ce qui suit n'engage que moi, mais j'en ai plus qu'assez des enquêtes d'opinion. Je ne voudrais plus " savoir " ce que " pensent " les Français sur tout et n'importe quoi. Quand un journaliste n'a pour seule argumentation que de nous délivrer un sondage, j'ai envie de vivre sur une île déserte, s'il en reste, avec la Bible et une seule phrase de Roland Barthes : " La science va vite et droit en son chemin ; mais les représentations collectives ne suivent pas, elles sont des siècles en arrière, maintenues stagnantes dans l'erreur par le pouvoir, la grande presse et les valeurs d'ordre. " (Barthes 1957).

C'est le divorce entre " épistémé " et " doxa ". Qu'en savent-ils, les Français, heureux de dire leur opinion, si par exemple, la libération conditionnelle est bonne ou mauvaise ? En quoi cela m'intéresse-t-il d'apprendre qu'une masse est censée penser quelque chose ? A force de répondre à tout bout de champs, ne laisse-t-on pas certains avoir le monopole de la question ? Le but n'est-il pas qu'on ne s'en pose plus aucune, de questions ?

Qui peut ignorer les effets dangereux d'affirmations massives comme, en son temps : " les Français sont à 60% pour la peine de mort " ? Effet d'entraînement, effet de délégitimation d'une pensée différente, diffusion de la croyance que " tout est simple ", que tout se résout par un choix clair, qu'une pensée complexe est forcément à jeter dans le sombre marécage de l'intellectualisme.

Les Hébreux voulaient un Roi paraît-il. L'opinion se braquait contre Samuel qui lui avait reçu l'avis contraire de Dieu. Ils ont eu un Roi, puis un deuxième, et cela a commencé à se déliter.

La Doxa a été contre Jésus. Forte de sa souveraineté, elle s'est aussi élevée contre les juifs, les musulmans, et contre bien d'autres catégories, avec cette funeste conjugaison : " ils sont ".

La Doxa n'est pas notre amie. La démocratie dite d'opinion est probablement l'exact opposé de l'idée démocratique originelle, axée sur la parole et la force de conviction.

Pasteur Robert Philipoussi

Posté
Ce qui suit n'engage que moi, mais j'en ai plus qu'assez des enquêtes d'opinion. Je ne voudrais plus " savoir " ce que " pensent " les Français sur tout et n'importe quoi. Quand un journaliste n'a pour seule argumentation que de nous délivrer un sondage, j'ai envie de vivre sur une île déserte, s'il en reste, avec la Bible et une seule phrase de Roland Barthes : " La science va vite et droit en son chemin ; mais les représentations collectives ne suivent pas, elles sont des siècles en arrière, maintenues stagnantes dans l'erreur par le pouvoir, la grande presse et les valeurs d'ordre. " (Barthes 1957).

C'est le divorce entre " épistémé " et " doxa ". Qu'en savent-ils, les Français, heureux de dire leur opinion, si par exemple, la libération conditionnelle est bonne ou mauvaise ? En quoi cela m'intéresse-t-il d'apprendre qu'une masse est censée penser quelque chose ? A force de répondre à tout bout de champs, ne laisse-t-on pas certains avoir le monopole de la question ? le but n'est-il pas qu'on ne s'en pose plus aucune, de questions ?

Qui peut ignorer les effets dangereux d'affirmations massives comme, en son temps : " les Français sont à 60% pour la peine de mort " ? Effet d'entraînement, effet de délégitimation d'une pensée différente, diffusion de la croyance que " tout est simple ", que tout se résout par un choix clair, qu'une pensée complexe est forcément à jeter dans le sombre marécage de l'intellectualisme.

Les Hébreux voulaient un Roi paraît-il. L'opinion se braquait contre Samuel qui lui avait reçu l'avis contraire de Dieu. Ils ont eu un Roi, puis un deuxième, et cela a commencé à se déliter.

La Doxa a été contre Jésus. Forte de sa souveraineté, elle s'est aussi élevée contre les juifs, les musulmans, et contre bien d'autres catégories, avec cette funeste conjugaison : " ils sont ".

La Doxa n'est pas notre amie. La démocratie dite d'opinion est probablement l'exact opposé de l'idée démocratique originelle, axée sur la parole et la force de conviction.

Pasteur Robert Philipoussi

Messieurs, chapeau bas : un sage !

Posté

Pas bien compris l'idée de divorce entre épistémé et doxa.

Posté
Pas bien compris l'idée de divorce entre épistémé et doxa.

Entre savoir et opinion il y a un fossé que la démocratie moderne (d'opinion) tend à creuser de plus en plus. On demandera d'ailleurs plus volontiers leur opinion à ceux qui ne savent pas.

Posté

Au demeurant, ce relativisme est un des problèmes qui ont été suscités par l'émergence du libéralisme (i.e. l'opinion et la "tolérance" doivent primer sur la Vérité doctrinale).

Posté
Au demeurant, ce relativisme est un des problèmes qui ont été suscités par l'émergence du libéralisme (i.e. l'opinion et la "tolérance" doivent primer sur la Vérité doctrinale).

'' La tolérance, il y a des maisons pour cela ''.

Paul Claudel

La tolérance définit, entre autres, la capacité d'une personne à accepter une chose avec laquelle elle n'est pas en accord. Tout finit par se valoir, et ce qui compte en définitive c'est le choix personnel. Il n'y a plus de vrai, plus de faux, plus de bien, plus de mal. La tolérance telle qu'elle est comprise par nos contemporains est devenue une valeur absolue, elle a stérilisé la pensée pour faire place à la pensée unique, au politiquement correct.

Tant que l'on n'aura pas compris que la tolérance ne peut s'exercer qu'à partir de valeurs de référence, ce que réfutent les faiseurs d'opinion, les moutons auront encore de beaux jours pour continuer à bêler.

Posté
- Tu te rends compte que 75% des gens pensent comme lui ?

- Et alors ?

- Ben c'est la majorité !

- Eh ben voilà ! C'est la majorité ! C'est la majorité ! Laquelle, d'abord ? Celle qui pensait que la terre était plate ? Celle qui est pour la peine de mort ? Ou bien celle qui se met une plume dans le cul parce que c'est la mode ?

Posté

C'est vrai qu'une opinion n'indique que peu sur les convictions et les raisons qui la fondent, mais c'est justement cela qui fonde la tolérance. Comment juger une opinion si on ignore les raisons qui la fondent ?

Posté
'' La tolérance, il y a des maisons pour cela ''.

Paul Claudel

La tolérance définit, entre autres, la capacité d'une personne à accepter une chose avec laquelle elle n'est pas en accord. Tout finit par se valoir, et ce qui compte en définitive c'est le choix personnel. Il n'y a plus de vrai, plus de faux, plus de bien, plus de mal. La tolérance telle qu'elle est comprise par nos contemporains est devenue une valeur absolue, elle a stérilisé la pensée pour faire place à la pensée unique, au politiquement correct.

+1. La tolérance est aujourd'hui vue comme une vertu alors qu'elle n'est en fait qu'une mesure (on parle bien de la tolérance d'un pont).

Posté
J'aurais un peu les mêmes reproches à formuler à l'encontre d'Internet et du 2.0.

Pourtant Internet permet l'expression de toutes les opinions, même des plus minoritaires. Je ne vois pas ce qu'on peut reprocher à Internet dès lors que l'accès est libre, que chacun peut librement s'exprimer. Qu'il existe une opinion majoritaire, cela est inévitable.

Posté
Entre savoir et opinion il y a un fossé que la démocratie moderne (d'opinion) tend à creuser de plus en plus. On demandera d'ailleurs plus volontiers leur opinion à ceux qui ne savent pas.

Sans compter que les sondages de ce type ont une dimension généralisante, "60% des Français pensent que" devenant souvent "les Français pensent que".

Pourtant Internet permet l'expression de toutes les opinions, même des plus minoritaires. Je ne vois pas ce qu'on peut reprocher à Internet dès lors que l'accès est libre, que chacun peut librement s'exprimer. Qu'il existe une opinion majoritaire, cela est inévitable.

Disons simplement que certains ont tendance à confondre "liberté d'expression" et droit de chier en public.

Invité Arn0
Posté
+1. La tolérance est aujourd'hui vue comme une vertu alors qu'elle n'est en fait qu'une mesure (on parle bien de la tolérance d'un pont).

:icon_up:

Posté
C'est le divorce entre " épistémé " et " doxa ". Qu'en savent-ils, les Français, heureux de dire leur opinion, si par exemple, la libération conditionnelle est bonne ou mauvaise ? En quoi cela m'intéresse-t-il d'apprendre qu'une masse est censée penser quelque chose ? A force de répondre à tout bout de champs, ne laisse-t-on pas certains avoir le monopole de la question ? Le but n'est-il pas qu'on ne s'en pose plus aucune, de questions ?

J'approuve et j'en rajoute. Non seulement on pose de plus en plus de questions inutiles mais en plus on exige de plus en plus de réponses. Cela me semble encore pire. On force les gens à avoir un avis sur des sujets dont ils ont au mieux entendu parler quelques secondes et sur lesquels ils n'ont du dépenser plus d'un dixième de seconde de temps CPU.

C'est le terrible primat du slogan journalistique de base : "le public a le droit de savoir" poussé à l'extrème. Il s'agit d'une perversion de la liberté d'expression qui en devient une contrainte : vous êtes sommés de répondre alors que la liberté d'expression stipule juste que votre réponse (ou le refus de votre réponse) ne doit pas être censurée. De là toutes les dérives où l'on voit les politiques publier leurs fiches d'impôts etc.

Posté
J'approuve et j'en rajoute. Non seulement on pose de plus en plus de questions inutiles mais en plus on exige C'est le terrible primat du slogan journalistique de base : "le public a le droit de savoir" poussé à l'extrème. Il s'agit d'une perversion de la liberté d'expression qui en devient une contrainte : vous êtes sommés de répondre alors que la liberté d'expression stipule juste que votre réponse (ou le refus de votre réponse) ne doit pas être censurée. De là toutes les dérives où l'on voit les politiques publier leurs fiches d'impôts etc.

Si je devais illustrer cette opinion je prendrais pas l'exemple de la feuille d'impôt des politiques, surtout en France.

Pas mal de personnalités politiques ont travaillé que quelques années, le reste du temps elles ont vécu du bénéfice financier de leur mandat, bref quand on fait de la politique une profession et que l'on vit encore plus que les fonctionnaires de l'impôts payé par les petites gens, il est normal que le public ait connaissance de ces revenus.

Prenons quelqu'un comme J. Chirac, c'est hallucinant, il aura vécu et ammassé une fortune (dont un petit manoir de 3 fenêtres !) uniquement que par le biais de la politique et de l'impôt. Sans founir aucun travail en contrepartie.

Posté
Qui peut ignorer les effets dangereux d'affirmations massives comme, en son temps : " les Français sont à 60% pour la peine de mort " ? Effet d'entraînement, effet de délégitimation d'une pensée différente, diffusion de la croyance que " tout est simple ", que tout se résout par un choix clair, qu'une pensée complexe est forcément à jeter dans le sombre marécage de l'intellectualisme.

C'est la logique démocratique.

Comme on le sait, il n'y a pas de vérité, il n'y a que des opinions particulières qui toutes entre elles se valent. Cependant, on ne peut faire l'économie d'une idée pour guider l'action. Donc il n'y a qu'à faire la somme des opinions particulières, et ce qui ressort est légitimé par la force du nombre - de toute façon, on le sait, la vérité n'existe pas.

Peu importe pourquoi le troupeau va à gauche plutôt qu'à droite, l'important c'est qu'il y aille.

Posté
Prenons quelqu'un comme J. Chirac, c'est hallucinant, il aura vécu et ammassé une fortune (dont un petit manoir de 3 fenêtres !) uniquement que par le biais de la politique et de l'impôt. Sans founir aucun travail en contrepartie.

Je suis très, mais alors très loin, d'être un thuriféraire du Chi, mais là je trouve que tu y vas un peu fort. Déjà grâce à lui plus de service militaire.

En plus en présentant les choses comme ça, si on est cohérent on ne peut pas lui reprocher le monceau de conneries (voilà tu me fais penser au principe du précaution et comme je l'ai en travers de la gorge je ne peux plus avaler mon café) accumulées dans ce douzénat vu qu'il n'aurait rien fait :icon_up:

Posté
Déjà grâce à lui plus de service militaire.

C'est vrai que ça c'est cool. Quoique le mieux aurait été une liberté de choix, en donnant à ceux qui auraient voulu faire leur service la possibilité de le faire.

En plus en présentant les choses comme ça, si on est cohérent on ne peut pas lui reprocher le monceau de conneries accumulées dans ce douzénat vu qu'il n'aurait rien fait :icon_up:

:doigt:

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