Taranne Posté 26 décembre 2007 Signaler Posté 26 décembre 2007 Et c'est bien entendu sur Rue89 Bruni, Sarkozy et la confusion des deux "corps du roi"Par Jean Matouk (Economiste) 10H43 24/12/2007 Au-delà du rire, la honte! Un sentiment que d’aucuns jugeront ringard, mais ma première réaction à la nouvelle de la liaison de Nicolas Sarkozy et du top model Carla Bruni a été la honte. La honte aujourd’hui d’être un citoyen français représenté à l’étranger par Nicolas Sarkozy. M’est revenue tout de suite à l’esprit la distinction de l’historien Kantorowivz entre les deux "corps du roi"; le corps sacerdotal, celui par lequel il incarne la collectivité, et le corps réel, celui qui mange, boit , aime. La distinction s’applique évidemment aussi aux présidents et chefs de gouvernement et, plus encore, à Nicolas Sarkozy, qui prétend renforcer les pouvoirs présidentiels. Comme le souligne Régis Debray dans sa récente "Obscénité démocratique", il faut au sommet de l’Etat, au Prince, un certain apparat, une certaine solennité, le respect de certains rites. Même s’il n’est plus -et c’est heureux- de droit divin, il participe du "bouclage" de la société au-dessus d’elle-même, sans lequel elle se délite; c’est le rôle du "corps sacerdotal" du roi. Bernard Henri-Levy le remarquait récemment: tous les prédécesseurs de Nicolas Sarkozy maintenaient une distinction claire entre le premier et le second "corps", pour que la majesté du premier ne soit pas atteinte par les éventuels écarts, en tous cas, le caractère commun du second. Des bruits multiples ont couru sur les écarts de Jacques Chirac et de Valery Giscard d’Estaing. La France a appris à la fin du second septennat la double vie de François Mitterrand et sa fille cachée. Mais ils savaient, les uns et les autres, maintenir la distance qu’il faut entre leur vie privée et leur rôle symbolique. Avec l’actuel président , les deux "corps du roi" deviennent indistincts. Le peuple participe au corps réel. Il vit, en direct, les querelles de ménage et les séparations. Le voici maintenant qui vit, tout aussi en direct, le "collage" du Prince avec une nouvelle compagne. A quand le coït en direct? Si, encore, ce collage avait été vraiment révélé par une indiscrétion de journaliste, une photo "volée" à l’une des entrées secondaires de l’Elysée, dans un autre palais de la République ou dans un hôtel. Mais c’est à Disneyland que le Président a clairement organisé la révélation, à côté de Mickey, Minie et Popeye, qui n’ont rien de vulgaire en eux-mêmes, mais qui, n’ayant rien à voir avec les frasques présidentielles, contribuent , malgré eux, à ridiculiser un peu plus le corps sacerdotal. D’aucuns affirment qu’il fallait faire oublier les honneurs assez scandaleusement accordés à Khadafi et les pitreries bédouines de ce dernier, par un autre évènement médiatique. Raté! Les deux évènements médiatiques se renforcent et se complètent dans l’atteinte portée à la majesté de la République. Décidément, aujourd’hui, je préfèrerais être espagnol, allemand, anglais, et même américain, que français.
roubachov Posté 26 décembre 2007 Signaler Posté 26 décembre 2007 Et c'est bien entendu sur Rue89 Je l'ai déjà dit ci et là, mais ce qui m'agace profondément au terme de près de neuf mois de présidence Sarkozy, c'est la pipolisation de plus en plus flagrante de la scène politique, déjà bien engagée au soir de son élection à la vue des invités figurant en compagnie de l'heureux élu … C'est vraiment la maladie de l'homme politique en régime démocratique: vouloir ressembler à ses électeurs ou, plus exactement, faire croire à ceux-ci, souvent plongés dans une vie morose et des difficultés personnelles non négligeables, que les hommes politiques ont une vie pas si différente de leurs mandants: comme ceux-ci en effet, ils disent aimer passer une soirée familiale devant un DVD, déjeuner avec des amis, aller à Disneyland, voyager, voire avoir une femme pour la famille et une autre pour le sexe, etc. Sorry, mais ce n'est pas la fonction première de l'homme public. En son temps, Georges Pompidou était autrement plus discret et crédible lorsqu'il se reposait en compagnie son épouse Claude des affres du pouvoir …
Invité Arn0 Posté 26 décembre 2007 Signaler Posté 26 décembre 2007 C'est vraiment la maladie de l'homme politique en régime démocratique: vouloir ressembler à ses électeurs ou, plus exactement, faire croire à ceux-ci, souvent plongés dans une vie morose et des difficultés personnelles non négligeables, que les hommes politiques ont une vie pas si différente de leurs mandants: comme ceux-ci en effet, ils disent aimer passer une soirée familiale devant un DVD, déjeuner avec des amis, aller à Disneyland, voyager, voire avoir une femme pour la famille et une autre pour le sexe, etc. Je savais pas que le Français moyen prenait des jets privés et sortait avec des mannequins.
Ash Posté 26 décembre 2007 Signaler Posté 26 décembre 2007 Par Jean Matouk (Economiste) 10H43 24/12/2007 Drôle de précision vu la teneur de l'article. Une recherche : http://lexilis.free.fr/bio_matouk.htm Jean Matouk : Il faut ralentir volontairement la croissance mondiale http://contreinfo.info/article.php3?id_article=485 -> con.
roubachov Posté 26 décembre 2007 Signaler Posté 26 décembre 2007 Je savais pas que le Français moyen prenait des jets privés et sortait avec des mannequins. Bien entendu que non, mais c'est justement mon propos. En clair: l'homme moyen se sent valorisé, lui qui a voté pour X, que celui-ci mène une vie qui transfigure un peu la sienne, comme il le serait en lisant dans France Dimanche le recit des succès amoureux de tel ou tel animateur télé. Un autre point qui me parait critiquable chez Sarkozy, c'est ses relations invétérées avec les milieux d'affaires, au moins depuis l'époque Balladur. Je suis persuadé que cela lui jouera des tours. Maintenant, soyons de bon compte: je ne m'attendais pas au grand soir de la révolution libéralo-conservatrice en le soutenant, mais je pense qu'à la différence d'un Chirac, il veut vraiment réformer la France.
Tremendo Posté 26 décembre 2007 Signaler Posté 26 décembre 2007 Ce Jean Matouk est un de ces bons gros étatistes, où la Fraaaaaaaaaance est au-dessus de tout. Sarko fait ce qu'il veut de ses nuits étoilés dans le désert d'égypte avec la belle carla, ce qui me dérange c'est qu'ils aillent en vacances avec notre pognon, ceci dit tous les fonctionnaires logiquement le font.
roubachov Posté 26 décembre 2007 Signaler Posté 26 décembre 2007 Sarko fait ce qu'il veut de ses nuits étoilés dans le désert d'égypte avec la belle carla, ce qui me dérange c'est qu'ils aillent en vacances avec notre pognon, ceci dit tous les fonctionnaires logiquement le font. Mais, à mon avis, lesdits fonctionnaires ne vont qu'une fois dans leur vie à Luxor. Un Président de la République, député depuis vingt ans, ministre à trois reprises ces quinze dernières années, a pu, peut et pourra emmener ses fiancées d'un moment ou de toujours à des destinations un peu plus haut de gamme que ne peut le faire décemment l'assistant administratif de base.
Timur Posté 26 décembre 2007 Signaler Posté 26 décembre 2007 "C'est peut-être un peu choquant que le président de la République utilise les moyens privés de quelqu'un qui détient des médias", a avancé de son côté le président (PS) de la région Ile-de-France Jean-Paul Huchon sur RTL. "C'est un peu ennuyeux, ça fait un peu italien", a-t-il noté. Et puis, "pour les Français qui aujourd'hui ont un peu de mal à joindre les deux bouts (…) je ne suis pas sûr que ce soit très habile".Associated Press. Rappel: http://www.liberation.fr/actualite/societe/236263.FR.php
Saucer Posté 26 décembre 2007 Signaler Posté 26 décembre 2007 Ces gens-là sont un repoussoir d'excellente qualité. Ils arrivent à me le rendre sympathique, notre chef des tas.
Toast Posté 26 décembre 2007 Signaler Posté 26 décembre 2007 J'ai beau ne pas apprécier du tout la "politique spectacle" façon Sarkozy, il n'en demeure pas moins que pas mal de personnalités PS ont apparemment joué au concours de la remarque la plus stupide. Préféreraient-ils que Sarkozy finance ses escapades avec les derniers publics ?
Sous-Commandant Marco Posté 26 décembre 2007 Signaler Posté 26 décembre 2007 Venant d'un parti politique longtemps dirigé par le père d'une enfant illégitime ayant nommé à Matignon l'une de ses nombreuses maîtresses et qui compte encore dans ses rangs un certain nombre de coureurs de jupons frénétiques, les critiques des socialistes sont en effet d'une grande hypocrisie.
phantom_opera Posté 27 décembre 2007 Signaler Posté 27 décembre 2007 Marrant cette histoire de corps sacerdotal, Le Pen avait sorti exactement le même argument contre la présidence de Sarko prétendant que le chef de la Nation ne pouvait être qu'un Français de souche. Cette notion de corps du chef de l'Etat intemporel me semble plus proche de l'extrême-droite que de la gauche.
Harald Posté 27 décembre 2007 Signaler Posté 27 décembre 2007 Le problème des français, c'est qu'ils ont une relation particulière avec le pouvoir. Ils ne supportent pas l'idée d'avoir un roi à la tête du pays tout en entretenant une sorte de fascination pour les ors et le faste de la république et ce d'autant plus volontiers que le chef de l'Etat fera preuve d'une certaine condescendance à leur égard. Ils élisent un homme nécessairement partisan tout en refusant que ce dernier puisse l'être par la suite. Ils élisent un homme du commun tout en souhaitant que ce dernier se comporte comme un prince.
roubachov Posté 27 décembre 2007 Signaler Posté 27 décembre 2007 Le problème des français, c'est qu'ils ont une relation particulière avec le pouvoir. Ils ne supportent pas l'idée d'avoir un roi à la tête du pays tout en entretenant une sorte de fascination pour les ors et le faste de la république et ce d'autant plus volontiers que le chef de l'Etat fera preuve d'une certaine condescendance à leur égard. Ils élisent un homme nécessairement partisan tout en refusant que ce dernier puisse l'être par la suite. Ils élisent un homme du commun tout en souhaitant que ce dernier se comporte comme un prince. Analyse d'une sagesse tout montaignienne
Alxandr Posté 2 janvier 2008 Signaler Posté 2 janvier 2008 Je l'ai déjà dit ci et là, mais ce qui m'agace profondément au terme de près de neuf mois de présidence Sarkozy, c'est la pipolisation de plus en plus flagrante de la scène politique, déjà bien engagée au soir de son élection à la vue des invités figurant en compagnie de l'heureux élu … C'est vraiment la maladie de l'homme politique en régime démocratique: vouloir ressembler à ses électeurs ou, plus exactement, faire croire à ceux-ci, souvent plongés dans une vie morose et des difficultés personnelles non négligeables, que les hommes politiques ont une vie pas si différente de leurs mandants: comme ceux-ci en effet, ils disent aimer passer une soirée familiale devant un DVD, déjeuner avec des amis, aller à Disneyland, voyager, voire avoir une femme pour la famille et une autre pour le sexe, etc. Sorry, mais ce n'est pas la fonction première de l'homme public. En son temps, Georges Pompidou était autrement plus discret et crédible lorsqu'il se reposait en compagnie son épouse Claude des affres du pouvoir … Je partage tout à fait cette analyse (et notamment la sympathie envers ce bon vieux Pompidou), mais simultanément j'applaudis Sarko dans son délire peopolitique, car je crois qu'il y glisse sciemment une dose massive de désacralisation de la fonction de chef de l'Etat. Ce n'est pas comme une Ségo qui joue à la citoyenne vertueuse, compatissante, pure et sacrifiée. C'est au contraire un bonhomme qui laisse médiatiser son goût de la richesse la moins raffinée, des hot-dogs avec Bush, ou encore d'un week-end à Disneyland avec celle sur qui tout Français mettrait volontiers la main ! Je crois que Sarko est un gros malin, et cette peopolisation, avant de rechercher la fascination du beauf, est d'abord un pied de nez au Mitterrandisme (sacralisation et déification du président, représentant des 'forces de l'esprit' sur terre !). Si nos citoyens en arrivent à comprendre que l'Etat n'est qu'un outil au service des hommes, et dirigé par d'autres hommes qui n'ont pas de fantasmes plus élevés que les leurs, la réforme est en vue ! Je suis peut-être trop optimiste, mais je crois sincèrement que Sarkozy joue sur les deux tableaux à la fois, comme perché sur une corde tendue au-dessus du vide. Et je ne suis pas mécontent que cela exaspère !
free jazz Posté 2 janvier 2008 Signaler Posté 2 janvier 2008 M’est revenue tout de suite à l’esprit la distinction de l’historien Kantorowivz entre les deux "corps du roi"; le corps sacerdotal, celui par lequel il incarne la collectivité, et le corps réel, celui qui mange, boit , aime. La distinction s’applique évidemment aussi aux présidents et chefs de gouvernement et, plus encore, à Nicolas Sarkozy, qui prétend renforcer les pouvoirs présidentiels.Comme le souligne Régis Debray dans sa récente "Obscénité démocratique", il faut au sommet de l’Etat, au Prince, un certain apparat, une certaine solennité, le respect de certains rites. Même s’il n’est plus -et c’est heureux- de droit divin, il participe du "bouclage" de la société au-dessus d’elle-même, sans lequel elle se délite; c’est le rôle du "corps sacerdotal" du roi. Bernard Henri-Levy le remarquait récemment: tous les prédécesseurs de Nicolas Sarkozy maintenaient une distinction claire entre le premier et le second "corps", pour que la majesté du premier ne soit pas atteinte par les éventuels écarts, en tous cas, le caractère commun du second. L'auteur dénature ici la pensée de ce grand classique de philo politique qu'est "The King's two bodies", pour prendre les choses par le bout qui arrange son petit rappel à l'ordre collectiviste. En effet Kantorowicz (qu'il n'est pas capable d'orthographier correctement) a montré cette constante héritée du moyen-âge: le chef de l'Etat est traditionnellement en occident persona mixta, possédant un corps naturel et un corps politique inséparables, principe qui permet d'assurer la représentation du peuple et la continuité de la souveraineté en tant que fiction. Il est absurde de prétendre qu'il s'agirait d'une division ou d'une séparation nette, comme si le souverain devait accomplir un sacerdoce en se confondant avec sa fonction de façon désincarnée, ce qui correspondrait à une vision mystique et dangereuse du pouvoir. Effacer la vie personnelle, escamoter le corps sensible pour ne mettre en lumière que la seule personnalité juridique tendrait à sacraliser le chef en le présentant comme un monarque absolu. C'est pourquoi on retrouve ce genre de monisme juridique pendant la période de l'absolutisme sous l'ancien régime ou pendant la dictature jacobine de 1793, où le corps de l'homme nouveau républicain se substitue par le régicide au corps individuel du roi. De plus cette tentation absolutiste du souverain républicain rendrait le président complètement irresponsable, ce qui empêcherait la justice de le juger pour des actes commis en dehors de sa fonction. Pour aller plus loin, les socialistes sont de fieffés hypocrites, car ils sont les premiers à se repaître des frasques médiatiques de Sarko et de sa vie de cour, épiant chacun de ses faits et gestes pour donner chacun leur petit commentaire baveux et faussement indigné, comme s'ils n'avaient que cet os à ronger pour tromper leur nullité actuelle. Bien loin d'être honnêtes, leurs critiques résultent d'un véritable culte de la personnalité, une irrepressible fascination du pouvoir, probablement un produit attavique de leur collectivisme forcené en quête de guide suprême - et ce sont les mêmes qui dénoncent sans rire la "dictature médiatique" du prèz.
Apollon Posté 3 janvier 2008 Signaler Posté 3 janvier 2008 L'auteur dénature ici la pensée de ce grand classique de philo politique qu'est "The King's two bodies", pour prendre les choses par le bout qui arrange son petit rappel à l'ordre collectiviste. En effet Kantorowicz (qu'il n'est pas capable d'orthographier correctement) a montré cette constante héritée du moyen-âge: le chef de l'Etat est traditionnellement en occident persona mixta, possédant un corps naturel et un corps politique inséparables, principe qui permet d'assurer la représentation du peuple et la continuité de la souveraineté en tant que fiction. Il est absurde de prétendre qu'il s'agirait d'une division ou d'une séparation nette, comme si le souverain devait accomplir un sacerdoce en se confondant avec sa fonction de façon désincarnée, ce qui correspondrait à une vision mystique et dangereuse du pouvoir. Effacer la vie personnelle, escamoter le corps sensible pour ne mettre en lumière que la seule personnalité juridique tendrait à sacraliser le chef en le présentant comme un monarque absolu. C'est pourquoi on retrouve ce genre de monisme juridique pendant la période de l'absolutisme sous l'ancien régime ou pendant la dictature jacobine de 1793, où le corps de l'homme nouveau républicain se substitue par le régicide au corps individuel du roi. De plus cette tentation absolutiste du souverain républicain rendrait le président complètement irresponsable, ce qui empêcherait la justice de le juger pour des actes commis en dehors de sa fonction. Pour aller plus loin, les socialistes sont de fieffés hypocrites, car ils sont les premiers à se repaître des frasques médiatiques de Sarko et de sa vie de cour, épiant chacun de ses faits et gestes pour donner chacun leur petit commentaire baveux et faussement indigné, comme s'ils n'avaient que cet os à ronger pour tromper leur nullité actuelle. Bien loin d'être honnêtes, leurs critiques résultent d'un véritable culte de la personnalité, une irrepressible fascination du pouvoir, probablement un produit attavique de leur collectivisme forcené en quête de guide suprême - et ce sont les mêmes qui dénoncent sans rire la "dictature médiatique" du prèz.
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